Anther Yahia:
"Mon souvenir? Le retour de blessure de Ronaldo... "
Extrait
Comment s'est passé ta découverte de Nice ?
Tout s'est bien passé.
J'étais venu quelques fois avec ma femme lorsque je jouais à Bastia. J'avais
donc déjà une petite idée de cette ville. C'est un endroit que j'apprécie
énormément. C'est une cité méditerranéenne avec tout ce que ça représente comme
avantage. Vous savez, voir la mer tous les jours quand on a vécu une partie de
son adolescence à Sochaux, ça ne peut pas laisser insensible. De plus Nice est
une ville très chaleureuse. Malgré la taille de l'agglomération, on a toujours
l'impression de se situer facilement. Cependant, il est certain que je n'ai pas
encore eu le temps de tout visiter. Je suis assez casanier. J'aime bien partager
des moments de détente chez moi aux côtés de ma femme.
Quand tu es arrivé
sur Nice, il a fallu que tu cherches un appartement et surtout ta femme n'a pas
pu te rejoindre de suite. Cela n'a pas été trop dur ?
Effectivement, j'ai logé
à l'hôtel durant quelques semaines. Ma femme a un magasin sur Bastia. Et je ne
voulais pas qu'elle vienne dans la précipitation. Je voulais d'abord trouver un
appartement. II est vrai que ce sont toujours des moments difficiles d'être dans
une nouvelle ville sans sa femme. Surtout que nous avons des liens très forts et
que je partage tout avec elle. On va dire que cela a été un passage de solitude
pénible. Heureusement, j'ai pu avoir un appartement assez rapidement et elle a
pu me rejoindre. Un vrai soulagement et surtout un grand bonheur.
Passer de Bastia à Nice. Il n'y a pas eu un gros changement au niveau du climat
?
C'est sûr. Je suis passé du soleil... au soleil. (rires).
Tu es né à Mulhouse. Mais tu entames ta cinquième année dans le Sud. Est-ce que tu te considères maintenant comme un Sudiste ?
J'ai toujours eu une
grande affection pour les villes du Sud. Je suis algérien et j'y ai vécu durant
7 ans. De l'âge de 3 ans à l'âge de 10 ans. Donc, je me considère, de par ma
culture, mon éducation et mon caractère comme un méditerranéen. De plus les 4
années passées à Bastia m'ont beaucoup marqué. J'ai évolué en Corse de 18 à 22
ans. Ce sont des âges très particuliers dans une vie, notamment au niveau de la
maturation. J'y ai rencontré ma femme et de nombreux amis. Le Sud et mon destin
semblent liés. Je me sens entièrement sudiste en effet.
Dans quel club as-tu
été formé ?
J'ai été formé au FC
Sochaux. J'ai évolué 7 ans au sein de ce club. Le passage a été très important
au niveau de ma formation. Nous avons eu d'excellents entraîneurs comme
Blacquart, Rezeau, Gillo... C'était assez fabuleux. D'ailleurs, je n'ai gardé
que des bons souvenirs de là-bas.
Sochaux a toujours
été réputé pour avoir un bon niveau de formation. Que peux-tu nous en dire ?
C'est du haut niveau.
Nous étions logés dans un château. Il y avait une multitude de terrains. Les
infrastructures étaient vraiment magnifiques. C'était une sorte de petit
Clairfontaine. Nous étions dans les meilleures conditions pour apprendre. Le FC
Sochaux, c'est vraiment le luxe de la formation...
En 1999-2000, tu es parti à l'inter de Milan, un des plus grands clubs d'Europe,
alors que tu étais encore très jeune. Dans quelles conditions s'est effectué ton
transfert ?
Le FC Sochaux m'avait
proposé un contrat espoir. J'avais espéré pouvoir obtenir un peu plus de
garanties. De plus, issu d'un milieu plus que modeste j'avais une énorme envie
de réussir. L'Inter de Milan m'a proposé un projet intéressant. J'ai donc opté
pour l'Italie. Ils m'avaient détectés au cours de mes matchs avec la sélection.
lis sont également venus me voir jouer avec la CFA. Et apparemment je convenais
à leur besoin.
As-tu effectué un match avec l'équipe première ?
Je me suis entraîné toute
la saison avec l'équipe première. J'ai effectué tous les matchs amicaux. Une
bonne partie titulaire d'ailleurs. Et ensuite j'ai été remplaçant lors de
certaines rencontres officielles. Notamment en coupe UEFA et en super coupe
d'Italie. Ce qui m'a surtout marqué, c'est que vous évoluez avec les plus grands
joueurs du monde. Concernant des anecdotes, j'en ai à la pelle. Je me
souviens , par exemple, que Pirlo était le roi de la playstation (rires!) Je me
rappelle également du retour de Ronaldo après sa blessure. C'était
extraordinaire. Il exécutait des passements de jambes à une vitesse incroyable.
Je me demandais comment ça devait être avant sa blessure (rires). Un phénomène,
le seul et l'unique, là devant mes yeux.... Ce qui était également
impressionnant, c'est qu'on ne devait pas le toucher pendant les entraînements.
On avait peur de le bousculer. II ne fallait surtout pas prendre le moindre
risque par peur qu'il se blesse de nouveau. Je venais, tout simplement, de
côtoyer la plus grande star mondiale. Le reste du temps j'ai évolué avec la
Primavera. D'octobre à juin. J'y ai même inscrit une dizaine de buts.
Malheureusement cette année-là, Lippi a été limogé. Et c'est ce dernier qui
avait souhaité ma venue. Donc, je vous laisse imaginer après la difficulté pour
vous faire de nouveau une petite place.
Il te reste des souvenirs ou des anecdotes concernant certains joueurs ?
(rires). Ronaldo, Zamorano, Blanc, Cordoba, Zanetti, Seedorf, Pirlo,... Vous voulez que je continue (rires) !
Les structures sont-elles au niveau de la réputation du club ?
Je peux vous assurer que
les structures et l'organisation, c'est du très haut niveau. Je ne parlerai même
pas des terrains, de la salle de musculation, des vestiaires... Tout est
exceptionnel. Nous avions tous nos chambres au sein du centre d'entraînement. On
pouvait y faire la sieste entre les séances, où même y dormir le soir si on ne
voulait pas rentrer Tout est fait pour que vous soyez dans des conditions
optimales. La seule chose à laquelle vous devez penser, c'est le football.
Qu'est-ce qui t'a le
plus impressionné dans le calcio ?
En dehors des joueurs, c'est l'engouement du peuple Italien. Le football c'est une religion. Le match du dimanche est un instant sacré (rires). Il faut vraiment l'avoir vécu pour s'en rendre compte. C'est inimaginable. Le Calcio c'est une passion poussée à l'extrême. Le jour des entraînements, on se croirait en match tellement il y a de supporters (rires). Un monde à part...
Ce n'est pas trop difficile de rebondir sur le plan psychologique après un passage dans un grand club comme celui là ?
Je n'ai pas réellement vécu mon départ comme une désillusion. Je savais en arrivant en Italie que je n'avais pas forcément la possibilité de m'imposer immédiatement. J'étais là pour apprendre et pour progresser. C'était du bonus. J'ai vécu cette saison de façon extraordinaire et j'ai énormément évolué.
Tu es ensuite passé au SCB. C'était sous forme de prêt ?
Après le licenciement de
Lippi, l'inter de Milan m'a prêté à Bastia avec une option d'achat.
La première année
était en quelque sorte une saison de découverte de la ligue 1?
J'ai effectué 15 matchs,
coupe et championnat compris. Cela m'a permis de prendre certains repères et de
découvrir la Ligue 1. Le club de Bastia souhaitait me conserver à la fin de
cette saison car il avait été satisfait de ce que je lui avais apporté. Cela
correspondait bien avec le besoin de stabilité que je recherchais, donc j'ai
accepté. Ils m'ont proposé un contrat de 4 ans dans la foulée.
Parle-nous de ton
arrivée en Corse ?
Je n'ai pas du tout été
surpris par la Corse. Bien au contraire. L'ambiance et les mentalités
concordaient complètement à mon tempérament. Je me suis fondu dans le moule très
rapidement. Je vivais très simplement et j'ai su me faire apprécier. Vous savez
il ne faut pas toujours se fier aux préjugés. Il est certain qu'il y a
quelquefois des excès. Mais c'est toujours une minorité. Les Corses sont des
gens honnêtes qui ont leurs convictions. Ils attendaient donc la même chose de
la part de leur équipe. Il fallait tout donner et ne jamais tricher. Après on
pouvait regarder les gens dans les yeux et c'est comme cela que l'on obtenait le
respect. Je suis d'ailleurs resté très touché par mon passage sur l'ile. J'y ai
vécu des moments extraordinaires et je me suis fait énormément d'amis.
As-tu une anecdote
qui t'a marqué au cours de tes années bastiaises ?
Je n'ai pas véritablement
d'anecdote. Bon, il est vrai que les passages dans le couloir qui mène au
terrain avant les matchs, sont toujours des instants particuliers (rires). Et
puis quand vous rentrez sur la pelouse avec un chant corse et tous les
supporters qui chantent.. .ça vous met la chair de poule. C'était vraiment
exceptionnel.
Quels souvenirs
gardes-tu du SCB ?
Je n'en garde que des
bons. Si ce n'est la dernière année où nous avons été relégués. C'était un
moment très difficile à accepter.
On va faire une
parenthèse sur l'équipe nationale. As-tu connu des sélections nationales dans
les catégories de jeunes ?
J'ai été sélectionné en
équipe de France 16 ans, 17 ans et 18 ans.
Ensuite pourquoi avoir opté pour l'Algérie ?
Si j'avais pu aller en
sélection algérienne dans les sélections de jeunes, j'y serais allé. Attention,
je ne dénigre pas du tout la France et j'ai été fier de porter le maillot
français. Mais l'Algérie pour moi, ça représente quelque chose de très fort.
J'ai vécu là-bas de nombreuses années et j'y ai mes racines. J'ai des souvenirs
inoubliables de l'Algérie et des moments passés avec ma famille. C'est une
partie de ma vie. J'aime ce pays et je suis honoré et heureux de le représenter
et d'essayer d'apporter de la joie à ce peuple. Et puis, vous ne pouvez pas vous
imaginer la fierté de mon père au moment de l'hymne national, quand il vient me
voir jouer avec la sélection algérienne.
L'équipe d'Algérie ne s'est pas qualifiée pour le mondial. Il y a pourtant un
bon potentiel mais il semble y avoir des problèmes un peu plus profonds : staff,
organisation,... ?
Je pense que l'équipe
d'Algérie manque de stabilité. En 2004 nous avions effectué une bonne Coupe
d'Afrique des Nations. Après ça, tout a été chamboulé. Changement de joueurs, de
staff,... Ce n'était pas forcément idéal pour aborder les qualifications au
Mondial. Pour la suite je pense que l'Algérie possède une bonne génération de
joueurs nés en 1982/1983 et qu'il faut essayer de construire avec eux. On a
besoin d'avoir une ossature solide. Il faut penser à construire et à trouver de
la continuité. J'espère de tout mon coeur que la situation va s'arranger. Tout
le peuple est derrière nous. Un des derniers matchs que nous avons effectués, il
y avait 90 000 spectateurs dans un stade qui ne peut contenir 80 000 personnes.
Cela nous fait vraiment mal de décevoir tous ces gens.
Bon, on ne va pas te
rappeler des mauvais souvenirs. Cette saison, tu as choisi l'OGCN. Qu'est-ce qui
a influencé cette décision ?
C'est en grande partie
Frédéric Antonetti qui a déterminé mon arrivée sur la Côte. Il voulait que je
vienne. Il avait déjà participé à ma venue en Corse à l'époque de Bastia. J'ai
donc fait le choix de signer à Nice. Ensuite, le projet du club m'a totalement
convaincu car il coïncide avec mon envie de progresser et de construire. C'est
une aventure ambitieuse que je voulais vivre.
Quels sont tes rapports avec Antonetti ?
Il a avec moi exactement
des mêmes rapports qu'il a avec les autres joueurs. Ce sont des relations
normales d'entraîneur-joueur.
Tu t'attendais à quel genre de club ?
On m'avait un peu parlé
de l'OGCN comme d'un club spécial. Cependant, j'ai toujours eu comme principe de
prendre mes responsabilités. J'assume entièrement mes choix. Je voulais avoir ma
propre opinion. Voir les choses par moi-même. Et je n'ai pas été déçu.
Tu sembles t'être intégré rapidement ?
J'ai fait comme j'ai pu
et je pense effectivement m'être bien intégré. Le groupe s'est ouvert à moi.
Tous les joueurs ont été très accueillants. Et je les en remercie. Il y a une
très bonne ambiance. C'est toujours plus facile quand tout le monde tire dans le
même sens.
Il y a des choses qui t'ont marqué depuis ton arrivée ?
Pas véritablement. Mis à part que j'ai l'impression que gens tombent vite dans l'excès par rapport à certaines interprétations. On passe vite de très bon à très mauvais. Malgré cela le club possède de bonnes structures et tout le monde est très sympa.
Tu connaissais déjà certains joueurs de cette équiipe ?
On va dire que Sammy
Traoré était le seul joueur avec lequel j'avais un peu sympathisé car on s'est
rencontré pas mal de fois. Que ce soit en championnat ou avec les sélections
nationales.
Après un bon début de
saison, une légère blessure genou est venue freiner ta progression. Résultat :
tu as perdu ta place de titulaire. Ce sont toujours des moments difficiles ?
Il est vrai que cette
petite gêne au genou m'a contrarié. Je n'ai pas voulu me mettre en danger et
mettre l'équipe en péril. Je n'ai pas joué contre Le Mans et Monaco. Je suis
ensuite rentré en cours de jeu face à Marseille, et j'ai joué le match de Lens.
J'ai essayé de tout donner. Mais c'est le coach qui fait ses choix et il faut
les respecter. Cela fait partie du jeu. Maintenant il me reste plus qu'à bosser
deux fois plus pour regagner une place de titulaire.
Le fait qu'il y ait
cette concurrence, cela oblige à toujours donner le meilleur de soi. Donc
rechercher toujours son meilleur niveau ?
Il est certain qu'une
concurrence saine nous oblige à ne pas nous endormir sur nos lauriers. C'est ce
qui fait avancer les choses car nous devons en permanence être à la recherche de
l'excellence. Par conséquent tous les joueurs se donnent à fond pour montrer
qu'ils peuvent jouer.
Comment tu juges le potentiel de ce groupe ?
Nous avons un très bon
potentiel. Je pense que nous pouvons réaliser beaucoup de choses intéressantes.
Mais il faut le prouver sur le terrain. On l'a assez dit. Il faut être capable
d'être plus réguliers et ramener un maximum de bons résultats. On va donc
continuer à bosser car le travail paye toujours. Il faut également s'armer de
patience et ne pas brûler les étapes. Le seul problème, c'est que le football
n'est pas patient...
Vos objectifs
aujourd'hui sont-ils toujours semblables à ceux du début de saison ?
Les objectifs n'ont
toujours pas changé. On essaye de faire de notre mieux et on tirera les
conclusions à la fin.
Le championnat est encore long.
Et ce public niçois ?
C'est un public.. .qui
pousse. Il a un vrai engouement pour son équipe. On ne veut pas le décevoir. Il
nous suit partout et nous aide énormément. Je remercie d'ailleurs tous les
supporters car c'est vraiment quelque chose de très important de se sentir
soutenus. Et puis ce Huis-clos. C'est beau. On avait l'impression que les
supporters étaient dans le stade. C'était assez surréaliste.
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(4 ème partie) Retour sur les incidents de Nice-Auxerre avec l'interview d'un supporter Et toute l'actu du foot
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