Cédric Varrault:
"Porter le brassard n'a pas fait de moi un sénateur"
Extrait
Comment se passe cette reprise ?
Ça va... Je n'ai plus
mal, c'était le but de ne plus ressentir de douleur pour mon retour. Moralement,
ça fait vraiment du bien.
Tu as donc profité de
ta fracture du péroné et d'une indisponibilité portée à un mois pour te faire
des adducteurs et chasser un mal récurrent depuis plusieurs mois. Comment ça
s'est passé ?
Eh bien, de suite après
ma blessure au péroné, j'ai été plâtré. Concernant mes adducteurs, je souffrais
depuis décembre 2004 et déjà en début de saison, les médecins m'avaient dit que
si la douleur ne partait pas, il faudrait que je me fasse opérer. Du coup, comme
l'évolution n'était pas bonne, on a décidé de privilégier l'intervention
chirurgicale sachant que cela ne prolongerait mon indisponibilité que de
seulement deux semaines.
Tu as donc fait d'une
pierre deux coups...
C'est ça. Je suis resté
plâtré dix jours. Puis, au bout de quinze jours, je suis passé sur le billard.
Après l'opération, j'ai passé deux semaines allongé sans pouvoir ni me lever ni
m'asseoir. Je ne vous cache pas que c'était assez long. Ensuite, le programme
avant la reprise comprenait deux semaines de rééducation pour un total de six
semaines de convalescence.
Finalement, en
viens-tu à penser que ta blessure au péroné a été un mal pour un bien ?
C'est un peu ça.
Aujourd'hui, je ne ressens plus de gêne, ça me change la vie car avant
l'opération, c'était permanent. Je ne pouvais plus tirer dans le ballon
correctement, à froid, il me fallait un temps fou pour accélérer sans avoir mal,
dès que je prenais un appui sur ma jambe droite, j'avais une appréhension. Ça
devenait très difficile. Là, je ne sens plus rien, c'est une libération !
Retrouver le groupe a également dû te faire du bien, non ?
Beaucoup, oui. Dès que
j'ai pu remarcher, je suis allé au centre d'entraînement pour voir tout le
monde. Après deux semaines d'immobilisation, ça m'a fait un bien fou de revoir
mes coéquipiers même si je ne pouvais pas encore jouer. Je n'ai donc pas besoin
de vous dire que c'était encore mieux dès que j'ai repris l'entraînement.
Comment as-tu vécu de
rester en marge de la compétition ?
C'était assez difficile,
mais j'ai suivi de près le parcours de l'équipe. J'ai vu les matchs à la télé et
dès que j'ai pu me déplacer, je suis allé au Ray. Le jour même de ma sortie de
l'hôpital, je suis allé voir le match contre Bordeaux.
En quelle mesure le club t'a-t-il apporté son soutien moral ?
Tout le monde m'appelait,
des dirigeants aux joueurs en passant par les secrétaires, j'ai même été surpris
de tous les encouragements que j'ai reçus et le nombre de personnes préoccupées
par ma guérison. Dans ce type de période, c'est toujours une grande bouffée
d'oxygène. Mentalement c'est vraiment important parce qu'une blessure fait
toujours pointer le doute en soi. On se pose plein de questions, on se demande
si ça va aller, si on pourra retrouver l'intégralité de ses capacités... Tous
les joueurs connaissent ça et tous n'ont pas bénéficié d'un tel soutien. J'en
profite d'ailleurs pour remercier tout le monde. Je mesure la chance que j'ai de
pouvoir compter sur ces précieuses marques d'encouragement.
Il faut dire aussi
que Cédric Varrault qui se blesse, ce n'est plus un petit jeune du club, mais le
capitaine. Ne penses-tu pas que ce statut a fait évoluer l'attention qui t'est
portée au club ?
Je pense qu'il s'agit plus d'une question d'ancienneté que le fait de porter le brassard. Cela fait pas mal de temps que je porte le maillot rouge et noir, et toute cette attention est pour moi le signe que l'on m'apprécie au club. J'en suis très heureux.
As-tu pu faire des choses que tu n'as pas le temps de faire habituellement ?
Pas vraiment. Il faut
savoir que pendant quinze jours, je ne pouvais que téléphoner ou regarder la
télé. Je me suis aussi perfectionné à la Playstation, mais je n'ai pas tant joué
que ça finalement. En fait, j'ai eu pas mal de douleurs post-opératoires et j'ai
pris pas mal de médicaments. Du coup, j'étais un peu dans le cirage. Je ne
m'attendais pas à avoir aussi mal.
Sur le strict plan médical, comment s'est passée ta convalescence ?
Très bien vu que nous
sommes exactement dans les temps de rémission prévus à la base et que je n'ai
plus mal. J'ai retrouvé le groupe six semaines après l'avoir quitté, j'ai rejoué
en compétition avec la CFA, c'était un peu dur physiquement, vu que je n'avais
qu'une semaine d'entraînement, mais ça y est, je suis reparti !
Retrouver le
championnat CFA a dû te rappeler quelques souvenirs de jeunesse non ?
C'est sûr, mais cette
fois ci, je ne faisais plus partie des jeunes (rire). Ça m'a fait bizarre
d'ailleurs, mais avec François Grenet qui était le seul pro à redescendre avec
moi, ça s'est très bien passé. Rien de tel que la compétition pour retrouver le
rythme. Car au bout d'un moment, les entraînements ne sont plus assez efficaces
pour ça.
Aujourd'hui, ta
blessure est donc rangée au rayon des mauvais souvenirs, mais pourquoi avoir
traîné le mal pendant près d'un an ? N'aurais-tu pas dû opter plus tôt pour
l'opération ?
L'opération est toujours
le dernier recours. Tant qu'on n'est pas obligé de passer par là, si on peut
l'éviter, ce n'est que mieux. C'est ce que j'ai essayé de faire en privilégiant
l'approche médicale plutôt que chirurgicale. Mais je ne pense pas que j'aurais
tenu jusqu'à la fin de la saison. Au fil du temps, c'est devenu une évidence.
Étant resté en
contact avec lui, en as-tu discuté avec Everson à qui il est arrivé la même
mésaventure et qui lui ne s'est pas fait opérer ?
Oui, je l'ai eu plusieurs
fois au téléphone. Il m'a dit que lui aussi avait traîné, mais que depuis
l'opération, il se sentait beaucoup mieux. Il m'a conseillé d'opter pour cette
solution. Mais j'en ai aussi parlé avec Cyril Rool et Flo Jarjat qui, eux, ont
préféré observer une longue période de repos et n'ont plus connu de soucis
depuis. Mais des problèmes d'adducteurs, beaucoup de joueurs en ont. Chaque cas
est différent, mais quand la douleur devient intenable, l'opération finit par
devenir inéluctable. Là, j'avais mal en dormant, en me levant, après les matchs
c'était le calvaire.
Cette blessure n'est
pas aussi la conséquence de trois dernières saisons bien pleines pour toi ?
C'est sûr que j'ai fait
beaucoup de matchs depuis quatre ans. On m'avait d'ailleurs prévenu qu'en raison
de ma raideur, je connaîtrais ce genre de problème. Ça s'est vérifié.
Sur le plan sportif,
au regard de l'éclosion de Rod Fanni, la concurrence est là. As-tu eu peur de
perdre ta place ?
C'est la loi du foot ! Personne ne peut prétendre être irremplaçable. La concurrence a toujours fait partie du jeu. Si on ne l'accepte pas, on n'avance pas. Perdre sa place quand on est blessé, c'est un risque tout à fait logique.
En même temps, Cédric Varrault n'est plus le petit jeune qui démarre. Ton retour est aussi celui du capitaine... Et alors ?
Ça ne veut rien dire !
Dans tous les clubs il y a des joueurs cadres qui se font prendre la place.
Quand vous êtes absent pour quelque raison que ce soit, vous avez toujours tort.
Beaucoup de joueurs confirmés ont été poussés vers la sortie par des jeunes à
qui on avait fait appel pour les remplacer. Je n'échappe pas à cette règle.
Porter le brassard n'a pas fait de moi un sénateur.
Quel regard as-tu
posé sur le parcours de l'équipe durant ton absence ?
Depuis les tribunes, on a
toujours une vision différente, un regard plus global sur les choses. Malgré
tout, cela reste assez fidèle à ce que l'on ressent sur le terrain. Je trouve
que l'équipe joue plutôt bien, ce sentiment, je l'avais aussi quand je jouais,
reste à conclure tout ce travail offensivement, ce que nous avons encore du mal
à réaliser. J'ai vraiment la sensation qu'il ne manque pas grand chose pour
monter d'un cran.
Depuis les tribunes,
tu as dû entendre certaines remarques difficiles à avaler non ?
On n'entend pas que des
choses sympas, mais je le comprends quelque part. Le public se rend au stade
pour assister à un beau spectacle. Et comme ce n'est pas toujours le cas, il est
parfois déçu et le fait savoir. Moi aussi quand je vais voir un mauvais match,
je ne suis pas content. C'est logique. Par contre, attaquer l'homme au-delà du
sportif, je trouve ça complètement inutile et négatif. Il ne faut pas confondre
les choses. Un gars peut être mauvais, même s'il se donne à fond. Quand on
s'entraîne tous les jours avec une équipe, on comprend des choses que le public
lambda ne comprend pas. On connaît les gars, on sait qu'ils ne lâchent rien.
Après, on ne peut pas toujours être au top.
Que répondrais-tu à
ceux qui pensent que ce Gym-là manque de caractère ?
Qu'il ne faut pas
confondre caractère et engagement physique. Du caractère, l'équipe n'en manque
pas ! Personne n'a peur de dire quoi que ce soit... Ça veut dire quoi manquer de
caractère ? Qu'on se fait marcher dessus ? Mais cela n'a jamais été le cas !
C'est trop vague comme critique... Que l'on me dise qu'à certain moment on a
manqué d'engagement, je l'accepte car cela a été le cas à plusieurs reprises et
notamment sur le
dernier match de championnat à Metz. On en parle d'ailleurs, on prend conscience
de cette réalité car le fait est là. Mais ce n'est pas une question de
caractère.
Et ceux qui pensent
que tu es peut-être trop introverti pour porter le brassard ?
Que si on m'a donné le brassard, c'est à la fois que je ne le suis pas tant que ça et que je dois encore faire des efforts dans ce domaine. Après, c'est un rôle nouveau pour moi et toute évolution ne se fait pas comme ça. À mes débuts, je me faisais tout petit, ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui. J'ai quand même une petite expérience derrière moi désormais.
En tout cas, tu sembles plus à l'aise aujourd'hui avec les médias, as-tu fait des efforts particuliers dans ce domaine ?
Pas particulièrement,
juste qu'aujourd'hui je maîtrise mieux cet aspect du métier. C'est normal, là
aussi l'expérience joue son rôle. Mais bon, même plus jeune, je n'ai jamais
refusé de parler aux médias et je pense que chaque fois que j'en ai eu
l'occasion, je n'étais pas plus introverti que ça.
En juin 2004, tu as
re-signé au club pour quatre ans. Regrettes-tu ce choix et notamment quand Noé
Pamarot te raconte ses exploits en Premier League avec Tottenham ?
Pas le moins du monde ! Ce n'est pas que j'ai des oeillères, je sais qu'ailleurs il y a aussi des choses bien, que la carrière est courte et qu'il faut en profiter, mais le Gym c'est mon club ! Participer à la construction d'une grande équipe à Nice, c'est quelque chose qui me tient à cœur. C'est vrai que nous avons connu des moments délicats en 2005, mais ça va de mieux en mieux et je suis persuadé que nous avons de belles heures devant nous.
Quelles sont tes ambitions aujourd'hui ?
Retrouver les sensations d'avant ma blessure, avec la conviction que nous avons une équipe pour réaliser de belles choses.
Être le capitaine du Gym dans son nouveau stade dans deux ans, est-ce une chose qui te fait vibrer quand tu penses aux années futures ?
Mais l'être aujourd'hui me fait déjà vibrer ! Après, c'est certain que j'adhère complètement à ce projet de stade qui sera la base d'un grand club à Nice.
Quel nom donnerais-tu à ce fameux stade ?
Là, vous me prenez un peu de court... Franchement, je ne vois pas. J'ai peur d'oublier quelqu'un d'important. Pourquoi pas le stade Cédric Varrault ? Bien entendu je plaisante! (rire) Vous me donnez un joker (rire) ?
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