Cédric Varrault
"Je suis fier"
Extrait
Cédric, la défaite face à Saint-Étienne ne vous laisse-t-elle pas que des regrets ?
C'est vrai. Comme
beaucoup de monde, nous voulions absolument sortir vainqueurs à domicile. On
s'est tous accroché à cette idée et forcément au bout, il y a une sacrée
déception. Après, il reste tout de même certains motifs de satisfaction, car le
contenu de chaque rencontre au Ray est bon depuis le début de saison...
Au fait, de but en blanc, pourquoi avez-vous perdu ce match ?
Je pense qu'aujourd'hui
chaque erreur d'inattention se paie cash. On prend un but d'entrée et ensuite
tout s'enchaîne négativement. On se découvre, ils défendent bien et au final, on
laisse pas mal d'énergie sans parvenir à égaliser. Je ne mentirai pas en disant
que ce n'est jamais évident d'affronter une équipe recroquevillée en défense.
Contrairement à ce
que l'on pouvait penser, le coach semble ne pas vous avoir soufflé dans les
bronches dans le vestiaire ?
Vous n'étiez pas là à la
mi-temps, à mon avis ! Non, sincèrement, le coach nous a secoué pour que nous
réagissions. Ensuite, en fin de match, c'est vrai qu'il nous a simplement dit
que nous avions fait tout ce que nous pouvions et que nous n'avions presque rien
à nous reprocher.
Nous sommes assez
d'accord sur cette vision des choses concernant les 3/4 du match. Après, on a
tout de même senti une sorte de démission collective dans les dix dernières
minutes...
Ils étaient tous derrière
! Au bout d'un moment, ça arrive de te sentir impuissant au cours d'un match et
de ne pas trouver de solutions. Malheureusement, c'est la loi du foot et c'est
ce qui s'est passé samedi.
C'est dommage, il y
avait une belle deuxième place à accrocher...
Alors là, oui. Si on
ajoute les points perdus contre Nantes, je crois qu'on mériterait au moins trois
points de plus. Mais bon, avec des si...
Penses-tu que vous
avez laissé passer votre chance dans ce championnat ?
Non, non... Le chemin est
encore long dans les deux sens. D'ailleurs, il est impossible de dresser un
bilan après six journées. Il suffit que nous fassions un résultat à Lille pour
élever une nouvelle fois nos ambitions. Avec la victoire à trois points, il peut
tout arriver. Ce championnat est tellement serré qu'il ne faut faire le point
qu'à quelques encablures de la fin. Il peut réellement tout se passer à
condition d'enchaîner les résultats.
Peut-on parler de blocage à domicile ?
Non, là encore, je ne
suis pas d'accord. C'est simplement des circonstances défavorables sur les
derniers matches à domicile qui font penser que nous avons des difficultés à la
maison. En voyant les chiffres, c'est frustrant. Après, je crois que les
supporters ont compris qu'avec plus de réussite et de concentration, nous
pouvons réussir une bonne saison.
Pour revenir au
match, nous trouvons que vous vous êtes fait un peu bouger sur le terrain...
(Il prend son temps,
l'air assez vexé)... Non, je ne crois pas. Ils ont mis des coups, c'est certain.
Après, c'est vrai que nous n'avons pas gagné assez de duels...
... (Nous le coupons)
Y a-t-il un manque d'agressivité ou est-ce une volonté de trop jouer au ballon
qui l'emporte ?
Oui, c'est peut-être ça.
Nous avons une équipe qui produit du jeu. Forcément, on ne pense pas à chercher
à faire mal et défendre la bave aux lèvres. Voir les flèches de devant assurer
le spectacle met tout le monde dans l'ambiance ! C'est vrai qu'en réfléchissant,
je me rends compte qu'il faudrait que nous soyons plus méchant, et ce, dans le
bon sens du terme. Je prends l'exemple de la chevauchée de Fae, lorsqu'il
égalise pour Nantes. Nous sommes tous conscients qu'il fallait peut-être faire
une faute intelligente à 40 mètres de la cage. Disons simplement que ça part
d'un bon sentiment de notre part au départ (rire) !
Ne faut-il pas
davantage protéger les Koné et autres Vahirua qui ramassent à tous les matches ?
Oui, c'est sûr qu'il est
important de les protéger. Mais que voulez-vous qu'on fasse ? À part discuter
avec les arbitres pour leur mettre la pression, nous sommes coincés. Pour
essayer d'être honnête, je comprends aussi les défenseurs. Ils doivent être
sacrément énervés de voir nos " petits " les rendre fous sans arrêt. Je sais de
quoi je parle, on s'entraîne ensemble (rire) !
Dans le jeu, l'équipe
suscite énormément d'espoir. Est-ce l'aspect le plus important de ce début de
saison ?
C'est sur cet aspect que
le coach insiste en ce moment. Il nous répète que ça va venir et qu'il ne faut
pas s'inquiéter. Nous devons continuer dans ce sens. Nous gommerons
progressivement toutes ces petites erreurs qui nous pénalisent en ce moment. Le
travail va finir par payer et l'on voit que dès que l'adversaire joue le jeu,
comme à l'extérieur, nous sommes très dangereux.
Physiquement, où en
êtes-vous ?
Nous sommes bien dans le
coup. On s'est bien préparé. C'est vrai qu'il faut toujours du temps pour
digérer une préparation. Nous accusons peut-être le coup. Mais quand on
travaille comme on l'a fait, vous finissez toujours par le voir sur le terrain.
Ça paye forcément un jour. Nous verrons à l'automne, mais je sens que l'on est
costaud.
Et toi ?
Oui, ça va. Je suis de
mieux en mieux, mais ce n'est pas à moi de juger de mes performances. Je me sens
bien.
Ressens-tu encore des
douleurs aux adducteurs ?
Oui, après les matches de
temps en temps. Ne me demandez pas comment ça se fait, je n'en sais rien. C'est
certainement le contrecoup de l'effort après chaque match...
La rumeur d'une
opération est-elle fondée ?
Non. Si je ne suis pas
encore totalement guéri de ma pubalgie, nous sommes loin d'une opération. Les
médecins ont juste évoqué cette possibilité, il y a quelques semaines. On m'a
parlé qu'à force, il fallait peut-être y songer Je ne songe pas encore à cette
éventualité tout de suite, mais en cas de rechute, il faudra peut-être m'y
résoudre. En tous les cas, ce n'est pas d'actualité.
Est-ce que tu as
davantage de pression sur les épaules aujourd'hui ?
Non, pas spécialement.
Même avec le poids du
brassard sur les épaules ?
Ça s'est... différent.
J'ai peut-être eu une pression supplémentaire au début. Il fallait surtout que
je sois à la hauteur.
Ton attitude a-t-elle changé depuis que tu es capitaine ?
Oui, il y a des choses en
plus à faire et je dois aussi forcer ma nature au cours de certaines occasions.
C'est stressant au début car tu fais attention à tout. Ensuite, ça passe comme
tout le reste. Je dois simplement être irréprochable et montrer l'exemple.
Surtout dans le vestiaire ?
C'est certain qu'il est
important que je force ma nature à l'intérieur du groupe. À la base, je suis
assez introverti. Ensuite, les choses se font naturellement. Nous avons la
chance d'avoir des leaders naturels dans l'équipe. Il n'y a pas de hiérarchie.
Les anciens prennent la parole. Moi aussi. C'est le seul changement, car avant
je ne le faisais pas.
Comment sont tes rapports avec les autres dans le vestiaire ?
Là, encore rien n'a
changé. C'est toujours pareil, mis à part que je signe la feuille de match.
Et l'échauffement, tu
le prends en main avant le match...
Non, vous plaisantez ! Il
y a un préparateur pour ça, nous ne sommes plus en poussins...
Y a-t-il plus de
responsabilités avec le coach ?
Non, d'ailleurs, il ne me
sollicite pas pour ça. Le coach a ses idées et je ne crois pas qu'il ait besoin
de quelqu'un pour les appliquer.
Passer après José
Cobos, ce n'est pas évident aussi...
C'est délicat dans la
mesure où il a tenu un rôle emblématique depuis la remontée. Il était
incontournable sur et en dehors du terrain. Maintenant, je ne me vois pas faire
du José. Je reste comme je suis et j'essaie de rester le même. C'est déjà tout
un programme (rire) !
Tu es davantage sollicité...
Oui, seulement par les médias. Avant, j'avais toujours droit à des questions « space », souvent, parce que je venais de faire une erreur d'ailleurs (rire) ! Après, sur l'extérieur, c'est le néant par rapport à José.
Quelle réponse fais-tu à ceux qui disent qu'il manque un patron sur le terrain ?
Je les rassure en disant qu'il n'en manque pas, j'ai aussi du caractère. Simplement, cela ne sert à rien de gueuler dans tous les sens et passer pour l'agitateur de service. Je ne me vois pas aller au-delà de ce qu'on me demande. Vous savez, l'impact sur le terrain, ça se construit aussi...
As-tu les épaules pour être un leader sur le terrain ?
Oui.
Revenons au terrain.
Ton rôle de latéral a-t-il changé avec le nouveau coach ?
On nous demande de
participer davantage au jeu. Le coach veut qu'on dédouble, que l'on apporte au
niveau offensif. C'est un équilibre à trouver sachant que l'on est passé à
quatre derrière.
Qu'est-ce qui te
manque encore ?
Du charisme, vous me
l'avez dit tout à l'heure (rire) !
Justement à ce sujet,
dans la rue, sens-tu un changement à ton égard ?
Non.
Une pression
supplémentaire ?
Non.
Au fond de toi,
capitaine du Gym : ça représente quoi ?
Je suis fier. Je n'ai pas
suivi le chemin habituel dans la mesure où je n'ai jamais intégré un centre de
formation. Je suis arrivé au Gym à 18 ans et j'ai connu beaucoup de choses ici.
Être capitaine, je ne vois ce que je pouvais espérer de plus. C'est une
apothéose dans ma jeune carrière. Je ne m'attendais pas à ce qu'on m'accorde
cette confiance.
Personne ne t'a encore posé la question : tu bénéficiais d'un bon de sortie l'an
dernier. Et l'an prochain ?
Il me reste trois ans de
contrat. Nous n'en avons pas parlé. D'ailleurs, cela ne sert à rien puisque tout
le monde m'annonçait partant en juin dernier et que je me retrouve capitaine
d'une belle petite équipe.
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