Cédric Varrault:
"Aujourd'hui, le gym c'est ça"
Extrait
Comment expliques-tu ce
revirement de situation par rapport à un début de
championnat poussif ?
Je pense... Enfin, l'expliquer d'est pas évident, non plus. m'est difficile... Je crois simplement que c'est un tout. Blessés, suspensions, départs, manque de repères, buts dans les arrêts de jeu, tout ce qui vous plonge dans le doute au même moment. Avant de juger, il fallait attendre que l'équipe prenne forme. Une fois que l'amalgame entre tous les nouveaux a été fait, on peut voir que nous sommes devenus compétitifs. L'arrivée de Jankauskas et d'Agali a également boosté notre attaque et rééquilibré l'équipe. Ils ont le même profil que Lillian et Kaba lors des deux premières années. Leur puissance physique nous soulage et apporte vraiment du poids offensif. Après, c'est plus facile de dérouler derrière...
Une victoire à domicile qui chasse une victoire à l'extérieur... La série continue tout comme la montée en puissance de l'équipe...
Oui, on peut dire ça... Nous restons surtout sur une série de trois victoires d'affilée qui amènent de la confiance au groupe. C'est bien mieux d'être dans cette position. Aujourd'hui, être sixième ex-aequo démontre vraiment que le groupe a su répondre présent au moment opportun.
Les trois points face à Toulouse illustrent pleinement ce changement avec un match parfaitement ficelé et maîtrisé...
Nous avons tout
simplement retrouvé les valeurs qui ont fait notre force pendant deux ans. Nous
marquons au bon moment et après, nous avons su gérer le résultat sans prendre de
but. Tout le monde tire dans le même sens et cela se voit dans la gestion d'une
rencontre. On forme à nouveau un vrai bloc et comme nous pouvons marquer à tout
moment, toute l'équipe joue en confiance. Les nouveaux se sont parfaitement
intégrés et ils commencent à être rodés. 50% de l'effectif a été renouvelé et
c'est certain que la mise en place ne pouvait se faire automatiquement. Les gens
comprennent peut-être mieux maintenant pourquoi personne n'a paniqué !
De quelle manière
s'organise la nouvelle tendance offensive de l'équipe ?
Je pense que c'est un ensemble de paramètres qui ont incité le coach à donner une autre tournure à l'équipe. On voyait bien qu'offensivement, nous avions du mal à marquer. Le recrutement a été mené dans ce sens. Le résultat semble surprenant car on sent que sur chaque action, nous sommes dangereux. Il y a des solutions et du mouvement. Ce système avec une pointe et deux ailiers apporte vraiment de nouvelles possibilités offensives. Mais ce qu'il faut souligner pour expliquer la bonne organisation réside davantage dans le positionnement de Marama et Seb qui défendent énormément. Ils vont vite, débordent et pressent, mais défendent également. Je tiens à le préciser car ce n'est que par un soutien défensif efficace que cette organisation reste valable. Le secret est que nous sommes toujours bien en place.
Défensivement, il y a tout de même un besoin d'attention particulière...
C'est certain. Derrière,
on se consacre davantage aux tâches défensives, à notre
rôle de défenseur. Avant dans un 3-5-2, il n'y avait qu'un homme dans les
couloirs. Aujourd'hui, il y en a 2. Chacun joue avec ses qualités et ses
consignes. La mienne est de d'abord défendre comme les autres défenseurs. Il y a
donc moins d'exigences offensives. Le coach nous en demande aussi moins et la
priorité pour nous, c'est de défendre...
À ce sujet, quel est
le discours du coach ?
C'est exactement ce que
je suis en train de dire. Nous devons rester concentrés et penser d'abord à
défendre. À l'occasion, nous pouvons créer un décalage évidemment, mais
l'important reste d'asseoir l'équipe dans un fauteuil derrière. Après il ne faut
pas s'emballer. Ce n'est pas parce que depuis trois rencontres, nous jouons avec
deux ailiers que ce schéma sera le nôtre toute la saison. Tout dépend aussi de
la configuration de l'équipe adverse. Jusqu'à présent, on a joué à plat car que
ce soit Rennes, Monaco ou Toulouse, tous n'avaient qu'une pointe. Contre
Strasbourg, cela peut évidemment changer par rapport à la présence de Niang et
Pagis...
Pour la première fois, tu as évolué à droite. Une nouvelle préférence ?
Difficile de vous
répondre. Un droitier est forcément plus à l'aise à droite. Après, on n'évolue
pas deux ans dans le couloir gauche sans avoir de repères. Je ne fais pas de
fixation sur mon poste. Mon positionnement n'est pas grave, car cette
polyvalence contribue à parfaire ma formation.
Justement. Quel
regard portes-tu sur cette polyvalence ?
Pour moi, c'est un atout.
Quand on débute en L1. un joueur doit progresser et tout apprendre du métier.
J'ai eu la chance d'évoluer à plusieurs postes, mais davantage... Je dirais,
j'ai eu la chance d'évoluer dans de nombreux systèmes différents. À droite, à
gauche, dans l'axe, plus haut, plus bas, au marquage, en zone... Ce n'est jamais
pareil. À l'avenir, je serai donc susceptible de m'adapter plus facilement et
ce, dans toutes les circonstances, avec une gamme assez complète.
Est-ce réellement un
avantage dans une carrière ?
Non... Inversement, je ne crois pas que cela soit bénéfique sur du long terme. Il faut également une stabilité à un poste. Je vous l'accorde. Disons qu'à un moment, il est important de se spécialiser pour passer un cap. Mais je n'en suis pas encore là.
D'un point de vue personnel, de quelle manière as-tu vécu le début de saison ?
Sans me poser de
questions. J'ai joué pratiquement toutes les rencontres et j'ai donc pu voir
l'évolution de l'équipe. J'ai assisté à la mutation du onze de départ
sans pour autant que cela me surprenne. Il ne servait à rien de s'affoler si
tôt. Personnellement, je me concentrais davantage sur mon état physique pour
essayer de répondre présent. Je sais que dans une saison, il m'arrive deux gros
coups de pompe, après la préparation et durant l'automne. Je rentre donc dans ma
deuxième période où j'ai l'habitude d'accuser le coup. J'essaie de m'accrocher
pour continuer à répondre présent. Cela sera déjà suffisant pour moi.
Au moment du départ de ton pote Pamarot, est-ce que tu t'es senti orphelin ou tenté par un départ ?
Vous savez, les choses se
font ou pas. Elles se sont faites pour Noé, tant mieux. La seule chose qui
m'inquiétait, c'était la perte d'un tel joueur. Noé, c'est mon pote et il a des
caractéristiques défensives que personne n'a. Après, je n'ai pas tiqué plus que
ça sur son départ. J'ai juste perdu un pote, mais comme on s'appelle souvent...
Il y a pire comme situation. Je suis avant tout super content pour lui. Il
s'éclate là-bas et son équipe marche très bien. Je ne peux donc que souhaiter sa
réussite. Il aurait sans doute pensé de la même façon pour moi. C'est ma
philosophie. Je joue au
foot. Point. Les histoires de transferts et le reste ne m'intéressent que si les
choses sont à deux doigts d'être faites. Avant, cela ne me chamboule pas plus
que
ça, car il peut tout se passer en un rien de temps.
Tottenham, Lecce... Les sollicitations existaientelles concrètement ?
Oui, car maintenant,
c'est du passé. Lecce a réellement contacté le club et envoyé une
proposition. Le président a jugé que ce n'était pas suffisant. Je n'ai pas
cherché à en savoir plus à partir du moment où le club mettait son veto. Il me
reste des choses à apprendre et n'oubliez pas que ce n'est que ma troisième
saison parmi l'élite.
Pendant cette période, tu as prolongé ton contrat. L'as-tu fait avec l'obtention d'un bon de sortie en juin 2005 ?
Non, pas forcément. Il
faudra voir si un club propose ce que le club veut avant de faire des plans sur
la comète ! En ce qui concerne ma prolongation, les choses se sont déroulées
comme les dirigeants me l'avaient promis. Ils m'ont simplement remis à
niveau par rapport aux autres. Au niveau de la grille salariale, les choses sont
claires entre tous. Il y a différents échelons. Les jeunes, les titulaires, les
nouveaux etc... Comme j'ai tout de même participé à pas mal de matches depuis
trois ans, il était normal que je ne fasse plus partie « des petits jeunes » à
ce niveau-là (rire) !
Les perspectives
futures et notamment le nouveau stade peuventelles t'inciter à prolonger
l'aventure en rouge et noir ?
Oui. J'ai tout de même un
contrat qui court jusqu'en 2008. II me reste 4 ans de contrat et c'est assez
long pour que j'évite de me voir absolument partir en juin prochain. Je marche à
l'affectif avec des projets concrets. Depuis trois saisons, le maintien est
notre objectif. Il me convient et nous sommes en passe de le réaliser pour la
troisième année. Si demain, les projets sont de bâtir une équipe pour l'Europe
et si je suis inscrit dans ce projet, pourquoi voulez-vous que j'aille chercher
ailleurs ce qu'il y a chez moi !
Suis-tu les aléas au sujet du Grand Stade ?
Je sais juste qu'il
existe de grosses polémiques à ce sujet. Enfin, je lis ça dans les journaux. Le
dossier semble compliqué et de toute façon, il n'y a aucun
intérêt pour que je rentre dans ce type de considérations. Je ne pense pas que
mon avis change beaucoup de choses. Mais c'est certain qu'un grand stade laisse
rêveur...
En tant que Mentonnais et régional de l'équipe, le Gym a-t-il les moyens, à terme, de remplir une enceinte de 32 000 places ?
Tout dépendra des
résultats et de la montée en puissance de l'équipe. Nice est tout de même la
cinquième ville de France. Je ne me fais pas de soucis. Il y a un engouement
derrière le Gym. Si le club continue sur sa lancée, cette euphorie sera
pérennisée. Après pourquoi jouer petit bras ? Arriver à remplir régulièrement
une enceinte de 32 000 places peut s'avérer être un beau challenge aussi.. .En
tout cas, j'y crois.
À la fin août, est-ce
que tu as pensé avoir fait le mauvais choix ?
Non. Je vous répète que j'évite toujours de me prendre la tête. Je n'ai jamais pensé à partir. Plus encore, je n'ai jamais douté. Quand tu vis dans le groupe et que tu assistes à son évolution, il est facile de comprendre de l'intérieur si ça va venir ou pas.
La suite t'a confirmé à un nouveau statut dans cette équipe. Te sens-tu comme un des leaders ?
Tout est question de caractère. Avant moi, il y a des anciens. Même si nous ne sommes pas nombreux à avoir connu la montée, cela ne m'autorise pas à m'afficher dans le vestiaire. Je n'ai pas non plus la même expérience que d'autres. Je vous le dis, j'apprends encore de ce côté-là aussi...
Dans ta vie quotidienne, rien ne semble avoir changé en trois ans. Est-ce une façon de se protéger ?
Peut-être, mais c'est avant tout un trait de caractère. Il y a énormément de gens qui cogitent autour du foot. Difficile de donner toute sa confiance à des personnes que vous ne connaissez pas. Avec ma famille et mes amis d'enfance, c'est plus facile. Nous avons un passé commun. Ils me permettent également de ne pas m'enflammer. Côté médias, sans les fuir, j'évite de me mettre en avant. Sans dire que cela ne m'intéresse pas, vous ne me verrez jamais chercher à ête sur une photo par exemple. Je préfère rester discret. Par contre, je suis ouvert avec les gens qui m'abordent dans la rue. Je discute et ne fuis jamais la conversation. Mais c'est vrai qu'au niveau médiatique, j'évite d'en faire trop.
Le monde pro est-il si versatile ?
Je dirais davantage qu'il
est assez spécial. Les gens attendent beaucoup de nous. Il faut être armé et
expérimenté pour faire face sans pression. Quand tout va bien, vous êtes les
plus forts du monde et au moindre problème, les plus gros tocards de la terre...
Il n'y a jamais de demi-mesure. En début de saison, on nous voyait déjà en D2
dans la plupart des journaux nationaux... C'est simple : soit on vous taille,
soit on vous enflamme... C'est donc assez particulier. Le foot est pour moi une
passion et tout ce qui l'entoure n'en fait pas forcément partie à la base.
À t'écouter, tu ne
feras pas de vieux os dans le milieu après...
Je suis davantage dans l'esprit amateur. Mais il est trop tôt pour tirer des conclusions sur mon après-carrière. Je suis encore jeune et puis, j'ai encore le temps de jouer avant de me poser ce type de questions, non ?
Côté affectif : que penserais-tu d'un Menton-Nice en Coupe de France ?
Ouh là ! Pas mal, non ?
Je les suis régulièrement en PHA car j'ai de nombreux amis et
cousins dans l'équipe. Par contre, en DH, l'équipe a beaucoup évolué et je ne
connais pas tout le monde. Sans forcément anticiper sur un Menton-Nice, je
souhaite vraiment qu'ils aillent le plus loin possible.
Pour vous aussi, un parcours en Coupe serait magique. Peut-être le moyen de conclure l'histoire d'amour avec le public du Ray ?
Un soutien de fou, vous
voulez dire... Je pense qu'ils ont douté un peu au début, mais se sont accrochés
pour toujours nous soutenir. C'est fort ! Pour moi, une anecdote résume ce qui
se passe à Nice. Contre Toulouse, sur un arrêt de jeu, un joueur que j'avais au
marquage s'est approché et m'a glissé : " Ça tue ici!," et fièrement, je lui ai
répondu que oui. Il m'a juste dit avant que le jeu reprenne : « Quel plaisir de
jouer dans un stade comme ça !» Aujourd'hui, le Gym, c'est ça. Une équipe une
ambiance et un public, un club qui vit...
Vous vous parlez
souvent sur le terrain ?
Non, non... Certaines
fois, sur des actions comme ça ou lors d'un arrêt de jeu.
Dommage que Bassila
(ils s'étaient battus lors du Strasbourg-Nice l'année de la remontée) soit
absent car vous auriez pu échanger quelques mots...
Ce n'est pas sympa de
conclure sur ça (rire) ! C'est un début de carrière et des gestes à vite
oublier. Quand je vous dis que je manque encore d'expérience...
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