Bruno Valencony:
"Je me verrais continuer"
Extrait
Avant de passer à des choses plus sérieuses, peux-tu nous expliquer ton secret qui fait que tu sois toujours un des Niçois les plus cotés à l'applaudimètre ?
Quand tu n'es plus trop
dans l'actualité, tu fais naturellement moins la une des journaux, donc il est
clair que ça fait plaisir de voir régulièrement des marques d'affection de la
part du public. Après, comment l'expliquer ? Je pense que mes 9 ans passés ici y
sont pour beaucoup. Aussi bien là coupe de France, la remontée, le sauvetage,
que les mois de galère où il fallait être présent alors que les dirigeants ne
l'étaient pas. Mais ça reste difficile de s'expliquer ça à soi-même... (il
réfléchit) Je pense que les supporters qui font tout pour le club se sont rendus
compte au fil des années passées sous le maillot rouge et noire que j'avais le
même état d'esprit. Durant toute cette période à l'OGC Nice, j'ai toujours pensé
plus au club qu'à moi-même.
Si lors de notre
élection de fin d'année Florian Jarjat a été élu par l'ensemble du groupe comme
le plus « démodé », tu es arrivé en deuxième position dans le classement. Un
petit commentaire ?
C'est clair qu'après
cette élection, on s'est bien allumé... et d'ailleurs Flo a pas mal morflé ! En
fait, j'ai été assez étonné parce que je ne me fais pas chambrer habituellement,
ça doit être dû à mon âge, ils n'osent pas (rires). Mais sinon, je ne prête pas
trop attention à cette distinction parce que je ne suis pas du genre à arriver
au stade habillé en top model, contrairement à certains, dont on taira les
noms... J'ai une philosophie un peu différente, pour moi le principal, c'est de
plaire à sa chérie !
Plus sérieusement,
derrière toi les jeunes poussent à la porte du groupe professionnel avec Hilaire
Munoz et le jeune international Hugo Lloris. Quelle est ta position vis-à-vis
d'eux ?
Ce n'est pas pareil pour
les deux parce qu'Hilaire est moins jeune. Mais c'est vrai que voir arriver Hugo
avec nous cette année m'a fait bizarre. Je le voyais débarquer tout petit le
mercredi pour apprendre à faire des prises de balle. Il arrivait tout juste à
capter les ballons. L'année dernière, je l'ai même entraîné lorsque j'avais pris
en charge une partie des entraînements de gardien. Et cette année, j'ai vu
débarquer ce grand garçon avec nous. Mais pour en revenir à la question, le fait
qu'ils s'affirment de plus en plus est une source de motivation supplémentaire
pour moi. Je pense que c'est bien pour tout le monde, aussi bien pour eux que
pour moi. D'ailleurs, pour être encore plus performant cette année-là,
j'ai arrêté d'entraîner comme je le faisais la saison dernière parce que je me
suis rendu compte que cela me fatiguait. Je pense que ma blessure au genou la
saison dernière est due en grande partie à cette double activité de joueur et
d'entraîneur. Et comme je n'ai pas l'habitude de tricher, j'ai décidé durant
l'intersaison de me passer de l'un pour continuer à me consacrer pleinement au
terrain.
N'est-ce pas difficile de trouver un juste milieu entre un rôle d'ancien, «
grand frère », et celui de concurrent pour une place de deuxième gardien ?
Pas à partir du moment où
la concurrence est saine. Il y a un ordre établi avec Damien comme numéro un et
moi comme numéro deux, mais il ne faut pas se reposer là-dessus. Toute place se
mérite, donc je fais tout pour mériter la mienne.
Et vis-à-vis de
Damien Grégorini, quel rôle as-tu joué lorsqu'il traversait une période délicate
en début de saison ?
Je n'ai pas joué de rôle
spécial, Damien a été bien conseillé et appuyé par Pio (Pionetti, l'entraîneur
des gardiens) et le staff. Après, je pense que l'ensemble du groupe lui a
témoigné son soutien chacun à sa manière. Mais dans ces moments-là, il est
important de rester naturel pour montrer à la personne que rien n'a changé. Je
savais que Damien serait assez solide pour s'en sortir.
Durant cette période
passée comme doublure depuis maintenant plus de deux saisons, tu as dû être
sollicité par de nombreux clubs...
Oui, mais je me suis
aussi aperçu dans la démarche des clubs que beaucoup étaient persuadés que
j'avais envie de rester à l'OGC Nice et que j'y avais ma reconversion assurée.
Même si ce n'est pas faux, c'est marrant qu'il se dégage une telle image de moi.
Mais si j'ai de moins en moins de propositions, il en reste tout de même encore
quelques-unes.
Qu'est-ce qui t'a
fait privilégier l'OGC Nice ?
C'est un tout, c'est
difficile de répondre à cette question comme ça, mais je pourrais citer
l'atmosphère, l'ambiance, les dirigeants, les supporters ou encore la confiance
placée en moi. Quand tu arrives dans un nouveau club, tu ne sais jamais à quoi
t'attendre, alors que là, comme on le disait précédemment, je bénéficie d'une
super image et je sais qu'il existe un projet intéressant avec des dirigeants
motivés. Si l'on fait cette analyse, il n'y a pas beaucoup à réfléchir, la
décision est très vite prise.
Face à Beauvais, tu
joueras une de tes dernières rencontres sous les couleurs rouge et noire. Est-ce
une chose à laquelle tu penses ?
Ça fait trois ans que je
me dis ça lorsque je rentre sur le terrain. Mais pour être honnête ça me ferait
vraiment « chier » que le dernier de ma carrière se déroule à Beauvais, sur un
terrain de CFA, pour une élimination en Coupe de France. À choisir, je
préférerais que cela se passe au Stade de France en mai prochain (rires)... En
fait, psychologiquement, je ne suis pas dans cet état d'esprit. Là, je ne pense
qu'à une chose la qualification pour le prochain tour, et si par malheur nous
sommes éliminés, je me préparerais pour être prêt le cas échéant. Mais même si
je me sens encore pleinement joueur et en pleine possession de mes moyens, j'ai
conscience que chaque match peut être le dernier.
La Coupe de France
est-elle une priorité cette saison dans le discours des dirigeants ?
Je pense que pour toutes
les équipes, chaque année, la coupe de France est un objectif. Mais c'est vrai
que vu notre position en championnat et le fait que nous soyons éliminés de la
coupe de la Ligue, naturellement cette compétition devient un objectif
intéressant à jouer. La saison dernière, nous avions été éliminés aux
pénalties à Toulouse. Cette année, les dirigeants n'ont pas eu de discours
particulier, mais nous avons tous envie de vivre une belle aventure. Pour
autant, le groupe ne perd pas de vue qu'après la rencontre de ce week-end à
Beauvais, il y aura cinq à six matchs de championnat très importants qui vont
s'enchaîner. Et malgré tout, la priorité reste là...
Retrouver Beauvais
qui avait été un de vos concurrents directs pour la montée lors de la saison
2001-02 est un clin d'oeil du destin. Justement, quel regard portes-tu sur
l'évolution du club depuis cette accession arrachée de haute lutte ?
Justement, quand on voit
l'évolution d'autres clubs, on se rend compte que tout peut aller très vite. Ce
qu'on a fait en trois ans est exceptionnel. En 2002 à cette date, Beauvais était
devant nous en championnat et si on peut ne jamais oublier ça, ce serait bien.
C'est sur des analyses comme celle-là qu'on se rend compte du chemin parcouru et
surtout de la vitesse à laquelle il l'a été. Il faut donc savoir faire preuve
d'indulgence à certains moments. Le club est constitué aussi bien au niveau
administratif que sportif de gens motivés et tous décidés à construire quelque
chose de grand. Le plus important est là. Sinon, j'ai le sentiment que le club
évolue également lorsque des joueurs de Lyon, Nantes, Porto ou des
internationaux débarquent à Nice. Mais au-delà de ça, c'est l'enthousiasme que
manifestent ces joueurs qui est encourageant. Les Balmont, Bisconti, Agali et
autres Vahirua se plaisent ici... ils se régalent. Cela prouve que l'on n'est
pas un club bas de gamme. Il ne nous manque que les structures pour évoluer et
franchir un nouveau palier.
Penses-tu que l'OGC
Nice ait les moyens de ses ambitions en se fixant l'objectif d'être un des
grands clubs français dès la fin de la décennie ?
Comme je le disais au
début de la question précédente, tout peut basculer rapidement. Il faut donc
faire attention à chaque détail. Il suffit de regarder les difficultés actuelles
d'un club comme Nantes. Même avec des installations de tout premier plan, un
centre de formation réputé et un budget conséquent, on n'est jamais à l'abri de
rien. Il faut toujours garder ça en tête. Mais il est indéniable qu'une fois que
nous aurons les infrastructures, il sera possible d'être encore plus ambitieux
dans le recrutement et dans l'approche des sponsors. Et si les choses continuent
à évoluer dans le bon sens, il n'y a pas de raison que l'OGC Nice ne devienne
pas un des clubs français qui compte.
À la fin de la
saison, ton contrat arrive à son terme. Comment se dessine ton avenir ?
Comme toutes les fins de
saison quand tu as un contrat d'un an... Personnellement, la tête et les jambes
vont bien et je me verrais continuer naturellement. Même si je suis démodé par
rapport aux autres quand j'arrive au stade (rires), je pense avoir toujours ma
place au sein du groupe.
Peut-on imaginer te
voir partir pour vivre une dernière aventure en tant que joueur ?
Je ne partirai pas si on
me propose de garder ce poste de doublure. Même si c'est frustrant, on travaille
toujours pour être prêt le cas échéant. On fait partie intégrante de la vie du
groupe, on se sent joueur à 100%. Il faudra donc voir avec les dirigeants.
Jusqu'à aujourd'hui, leur discours en fin de saison m'a toujours convaincu.
Maintenant, si l'on me dit que l'on ne veut plus de moi sur le terrain, je
réfléchirais... Mais ce n'est pas moi qui ferais le premier pas de partir.
Quitter le navire maintenant ne serait-il pas une grosse déception après ton
implication pour que le Gym existe au plus haut niveau lors de l'été 2002 ?
Si j'arrêtais de jouer
cette année, je sais que le Président me proposerait quelque chose. Mais si je
me sens de continuer en fin de saison et que les dirigeants ne me proposent
rien, je ne sais pas quelle sera ma décision. Je n'espère pas que j'aurai à
partir pour me faire plaisir encore un ou deux ans, mais si c'était le cas, ce
ne serait en aucun cas quitter le navire. Quoiqu'il arrive, je vois mon
après-carrière en rouge et noir. Mais je le répète, je me sens bien dans la
tête, physiquement, avec le groupe... Je ne me sens pas encore arrêté !
Continuer l'aventure
rouge et noire dans l'encadrement est donc ta priorité dans le futur ?
C'est le souhait du
Président. Il m'a demandé de passer les diplômes pour m'y préparer et il ne m'en
reste plus qu'un à obtenir, mais je ne pourrai le faire qu'une fois que je serai
entraîneur. À ce niveau, on est sur la même longueur d'onde.
À ce sujet, t'es-tu
déjà entretenu avec tes dirigeants ?
Nous avons eu un
entretien avant la trêve. Le discours n'a pas changé depuis que les nouveaux
dirigeants ont repris le club. Ils veulent que je reste, que ce soit en tant que
joueur ou autre. C'est très valorisant pour moi, mais c'est là aussi que réside
le flou (rires). Et si ce n'était que de moi, je crois que vous avez compris que
j'aimerais l'an prochain continuer avec le groupe, avant peut-être de passer
dans son encadrement.
En cette période de
vœux, que peut-on te souhaiter pour la fin de saison ? Et pour après ?
Si on ne parle uniquement
que du sportif, ce sera de réaliser un super parcours en Coupe de France et de
prolonger encore l'aventure en tant que joueur. Et d'un point de vue plus
général, d'avoir la santé et de profiter au maximum des instants présents. Quand
on voit actuellement les événements dramatiques en Asie, je me dis que je suis
doublement privilégié. Je pense que nous le sommes quasiment tous à la base dans
ce pays, et encore plus lorsque l'on exerce notre métier. La catastrophe de
Furiani m'avait déjà fait réellement prendre conscience de tout ça il y a
quelques années, et l'actualité me l'a rappelé.
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