Sammy Traoré:
" Je n'ai jamais douté..."
Extrait
Semaine contrastée entre les éliminatoires avec le Mali et la rencontre de championnat avec le Gym...
Oui, c'est certain que...
Les conditions n'étaient pas forcément
identiques ! Quoi que si vous regardez bien, il pouvait y avoir quelques
similitudes d'un côté une défaite avec des incidents et de l'autre, une
rencontre qui aurait pu avoir une incidence « aussi »pour la suite (rire) !
Il y a eu diverses versions de la tournure des événements : l'une laisse penser que les joueurs n'ont pas été mis en danger et l'autre fait part d'une inquiétude pour certains dans leur volonté de rejoindre, à l'avenir, la sélection...
Je pense que nous avons tous eu plus ou moins la même version. Nous étions sur place. Par contre, il est vrai que les interprétations divergent. C'est tout. Je ne crois pas que les joueurs étaient visés à travers les débordements. La foule en voulait surtout aux arbitres, qui ont eu quelques décisions assez douteuses et aux membres de la fédération. Maintenant, c'est aux joueurs intéressés de prendre la décision qu'il faut et de se décider s'ils veulent continuer à jouer pour le Mali. Pour le moment, il est encore trop tôt pour se lancer dans de grandes analyses. Nous sommes éliminés de toutes les compétitions (CAN et Coupe du Monde) et il n'y aura aucune échéance avant trois ans. Je vous rappelle que le premier du groupe s'envolait pour la Coupe du Monde et les trois premiers se qualifiaient directement pour la prochaine Coupe d'Afrique des Nations. Si mes calculs sont bons, ça fait quasiment trois ans sans compétitions !
Est-ce la fin d'une génération ?
Vous plaisantez ? Non,
sincèrement, le groupe en place est trop jeune pour arriver à ce type de
conclusions. Par contre, je crois que c'est la fin d'une époque "administrative
". Ca, j'en suis persuadé ! Les dirigeants en place n'ont aucune chance d'être
reconduits et c'est peut-être une nouvelle ère qui va s'ouvrir. D'ailleurs, le
vent du changement avait déjà commencé à entourer l 'équipe puisque Maladine
Koné, le patron d'Airness, venait d'être nommé comme une sorte d'« ambassadeur
de l'équipe nationale ». L'arrivée de l'équipementier signifiait le début d'une
restructuration avec des nouveaux maillots et des objectifs revus à la hausse...
Avec du recul,
qu'est-ce qui n'a pas tourné rond dans ces éliminatoires ?
Toutes ces incertitudes
qui ont plombé l'ambiance autour de l'équipe. Regardez en six matches
d'éliminatoires, nous avons connu, trois coaches, c'est énorme ! Il y a un
problème à ce niveau, c'est indéniable. Il s'est passé trop de choses à la fédé
pour que l'équipe en sorte indemne sur le terrain. Je ne vous raconte même pas
les histoires de détournements d'argent, cela serait forcément trop long à
raconter...
L'attente
n'était-elle pas trop importante autour de vous ?
Je pense que l'attente était tout à fait légitime. Vous vous rendez compte de la richesse de notre effectif (NDLR : contre le Togo, Pierre Lechantre, l'entraîneur français du Mali alignait l'équipe suivante : Mahamadou Sidibé, Cédric Kanté, Adama Coulibaly, Brahim Thiam, Sammy Traoré, Mahamadou Diarra, Soumâila Coulibaly, Seydou Kéita, Mohamed Lamine Sissoko, Frédéric Kanouté et Mamadou Bagayoko), c'était normal que les gens espèrent au minimum une qualification pour la CAN. Au final, notre seule excuse réside dans un certain manque de réussite tout au long des éliminatoires. Que ce soit les arbitres ou les conditions de match, la poisse ne nous a pas lâché. Maintenant, je ne veux pas trouver des excuses et cacher quoi que ce soit, c'est une grande désillusion. J'espère simplement que nous fassions comme la Côte d'Ivoire, qui avait raté le train de 2002 et qui écrase tout aujourd'hui. Il y a des bases solides et un projet intéressant. À moi de savoir si j'adhère ou pas, mais ce n'est pas urgent de prendre une décision.
Sans parler de la déception sportive et avec un vent de patriotisme, cela ne te dérange-t-il pas davantage pour l'image de ton pays ?
C'est vrai que l'on n'aime jamais entendre des choses désagréables sur son pays. Pire encore, j'imagine les éternels commentaires, type « toujours pareil en Afrique » ou « avec eux, cela ne changera jamais là-bas ». Ensuite, il ne faut pas focaliser dessus, c'est fait, c'est fait... Et on passe à autre chose. C'est comme ça !
Et puis... La Coupe du monde 2010, c'est peut-être trop lointain pour espérer une participation à l'événement que footballeur rêve de disputer ?
J'aurai... 33 ans. Ça va encore, non ?
Oui, surtout que tu les auras pour de bon en étant né à Paris (rire) !
Eh oui... C'est vrai.
Vous me donnez des idées. Imaginez-moi avec un 23 ans marqué sur ma carte
d'identité au lieu des 28 actuels (rire)... Tiens! Je n'avais jamais pensé à ça
! Bon, maintenant c'est trop tard. Mais de toute façon, même sans ça, je compte
continuer à jouer. Regardez José du haut de ses 37 ans !
Quoique à l'allure où
tu progresses, c'est possible d'espérer être dans les 22 ?
Vous n'avez pas fini de
me porter la poisse ?
Heureusement, la
conclusion a été différente samedi contre l'ASSE que face au Togo...
Je ne le vois pas de
cette façon. J'arrive vraiment à différencier les événements. Dès ma descente de
l'avion, je rentrais déjà dans une logique maintien.
Heureusement, la conclusion a été différente samedi contre PASSE que face au
Togo... Je ne le vois pas de cette façon. J'arrive vraiment à différencier les
événements. Dès ma descente de l'avion, je rentrais déjà dans une logique
maintien. Je suis assez fataliste et quand c'est passé, c'est passé... Par
contre, en revenant mardi, je me suis retrouvé en pleine préparation. Je n'ai
donc pas eu le temps de cogiter avec un épilogue, comme vous le dites, bien plus
heureux...
Est-ce que la
victoire vous met définitivement à l'abri pour le maintien ?
Non. Je ne crois pas les dés soient définitivement jetés. Rien n'est acquis dans ce championnat. Mais bon ! d'un autre côté, je nous vois mal lâcher maintenant et nous effondrer en perdant tous les matches. Un nul héroïque à Lens, une victoire face à Caen, voilà l'affaire pliée. Je suis persuadé que nous pouvons en plus grappiller ici ou là des points après, histoire de finir en roue libre pour de vrai.
As-tu douté à un moment ?
Sur quoi le maintien ou
le match face à SaintÉtienne ?
Le maintien ?
Jamais. Je n'ai jamais douté. Nous avions la capacité pour nous en sortir. Dans le vestiaire, nous étions unanimes à ce sujet. A un moment donné, l'équipe a vraiment trop manqué de chance et de réussite pour que la roue ne tourne pas. Que ce soit dans le jeu ou au niveau des résultats, il y a toujours eu des événements qui ont accéléré les défaites. Tout est question de confiance aussi, quand vous enchaînez, forcément le doute s'installe et les jambes flanchent un peu. Mais ce n'est pas pour cette raison que vous perdez totalement votre football...
La sérénité que tu affiches depuis quelques rencontres : c'est une question de caractère ou une lente montée en puissance ?
Alors là ? Je crois qu'au
niveau du caractère, je me laisse vite griser. Et encore, j'aimerais jouer
encore plus facile. Jouer en confiance, ça vous change un homme sur le terrain !
Après, je ne vous apprendrai rien, mais il est plus facile d'être à l'aise quand
tu sais que tu devrais selon toute vraisemblance enchaîner les matches, que de
te dire qui si tu te loupes, tu sautes ! Et puis, je fais aussi avec les
consignes du coach et là question rigueur allemande (rire)... Je vais me faire
tuer (rire) !
Que penses-tu de
cette tirade : retour dans l'axe, retour gagnant..
Difficile de la
commenter. Je dirai simplement que j'ai toujours joué là. Ce n'est pas que je
sois plus à l'aise dans l'axe, c'est juste une réponse par rapport à ce début de
continuité à un poste que je connais. J'ai souvent été baladé de partout. Pour
le bien de l'équipe et le mien car je ne demandais qu'à jouer et progresser.
Après, je ne fais pas de fixette, non plus... Je donne ce que j'ai, sans me
prendre la tête. Maintenant, en étant dans l'axe, on me pardonnera moins de
choses. A force de clamer que c'est l'endroit où j'ai été formé, je n'ai
pratiquement pas d'autre solution que d'assurer !
A ce sujet, nous
avons une question ambiguë à te poser : la relation avec Pancho, titulaire
depuis deux ans à ce poste, a-t-elle changé ?
La question ne me dérange pas. Pancho, c'est... Disons simplement qu'à un moment le coach voulait un mec au milieu qui rameute les troupes et qui mobilise tout le monde. Comme on dit dans le jargon, c'est un « chien » au milieu. Il ne lâche jamais rien. Je vous rappelle aussi qu'il évoluait à ce poste avec Lorient, il n'y a pas si longtemps. C'est sans doute pour cette raison que le coach l'a placé à cet endroit sur le terrain. Il nous a fait un bien fou et je ne cache pas que cela m'a permis aussi de monter d'un cran. Vous savez, j'arrive à parler de cette façon car nous sommes vraiment proches avec Pancho. J'ai une complicité quasiment unique avec lui. Il n'y a pas de soucis, il dépasse le stade de la concurrence sur le terrain. C'est un frère, un ami et il le restera, même si c'est vrai qu'il préfère redescendre dans l'axe défensif à terme.
Malgré ce caractère affirmé, tu es resté tranquille pendant la période mouvementée que le Gym a connue. Pourquoi ce retrait ?
Il y a des choses qui ne
nous regardent pas. Les divergences entre l'administratif et le staff dépassent
même notre stade de compétence. Et puis, ils sont assez grands pour régler tout
ça sans connaître mon opinion ! Les joueurs ne restent que des employés. Je vous
rappelle que jouer au ballon, c'est aussi un métier ! Déjà qu'il est parfois
délicat de le faire correctement, alors se mêler de choses qui ne concernent pas
nos prestations...
Au final, n'est-ce
pas difficile pour vous, joueurs, de prendre parti ?
C'est toujours difficile de prendre parti.
Je vais être plus précis. Y-a-t-il des risques à trop s'aventurer dans des déclarations ?
De toute façon, le foot
est comme ça ...Si tu la fermes, rien ne t'arrive. Si tu l'ouvres, on s'occupe
de toi. Je n'invente rien, c'est comme en politique.
En fin de saison, que va-t-il se passer pour toi ?
Des vacances et des
vacances. Je ne veux pas penser à autre chose aujourd'hui. Je vous rappelle
quand même que ça fait trois ans que j'en ai pas pris. Ma femme a même oublié ce
que c'était ! Je vous rappelle aussi qu'il me reste deux ans de contrat et que
je suis chez moi ici, même si j'étudierai aussi les propositions qui me seront
faites.
Est-ce que le départ
ou non de Gernot Rohr peut changer la donne ?
Non. S'il part, ce n'est
qu'un cycle qui se termine. Il y aura un autre coach, une autre vision, un autre
projet.... Mais les joueurs seront, eux, encore là, car je n'en connais pas
beaucoup en fin de contrat. Si le coach s'en va, il y a tellement de choses qui
peuvent être remises en cause qu'il est difficile de parler de ce qui va
changer. Après, c'est une réponse honnête, car on sait que, dans le foot, rien
n'est acquis. C'est comme ça. Il peut tout arriver à tout moment.
As-tu rencontré les
dirigeants pour faire le point ?
Nous ne sommes pas
pressé. Ni eux ni moi. Ils verront mon manager en temps voulu. Mais je vous
répète aussi qu'il n'y a pas d'urgence non plus et que je ne déciderai pas un
départ sur un coup de tête. Il faut juste discuter et faire le point.
À 28 ans, il s'agit
aussi de signer un contrat intéressant...
Je vous arrête tout de
suite : je ne pense pas que je signerai dans les prochains mois mon dernier
contrat. J'ai le temps et je ne suis pas usé par le foot. De par ma formation,
il me vient automatiquement un oeil différent. Je n'enchaîne pas les saisons
depuis l'âge de 16 ans avec une certaine lassitude mentale. Je reste un mec neuf
à ce niveau. Même si j'ai commencé en National à 18 ans et demi, ce n'était pas
dans la même mentalité. Nous étions entre potes, dans ma ville, chez moi et je
ne comprenais pas trop que je m'apprêtais à en faire mon métier.
C'est peut-être aussi
le moyen de signer un long bail avec le Gym et ne pas avoir à prouver une
nouvelle fois...
Tout est possible. Je
peux un jour choisir un autre challenge que celui du Gym. Cependant, si je pars,
c'est réellement à contrecœur. Je suis vraiment bien dans ma peau sur la Côte.
En dehors de ces
questions embarrassantes, nous voulions avoir des nouvelles de Noé Pamarot,
assez sérieusement touché à un genou...
Ouais... Il y a mieux comme nouvelle, c'est sûr... Je crois qu'il s'est fait les croisés et pour de bon. On parle d'une rupture au mieux partielle et au pire totale avec opérations et tout le reste. Je suis dégoûté car il marchait bien. C'est mon pote et ça fait toujours mal d'apprendre un truc pareil, surtout que c'est la deuxième fois dans sa carrière. Mais il est fort, il ne devrait pas avoir de problème pour s'en remettre. Je peux vous dire un dernier mot?
Oui.
Je voudrais qu'on arrête
de parler de Cédric Varrault comme le plus beau mec de l'équipe. Nous n'arrivons
plus à le tenir. J'aimerais aussi rajouter un mot pour dire qu'il faudrait d'ici
à fin de l'année organiser un concours officiel pour régler ces histoires de
PlayStation avec Flo, Marama et les autres pseudo-câids de PES 4...
Nous en prenons note
Sammy. Il suffit de trouver un créneau.
On compte sur vous d'ici
à la fin de l'année ?
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