Gilbert Stellardo

 

"Nous avons besoin de temps..."

 

Extrait

 

 

Comment avez-vous vécu la gifle reçue à Lille ?

Mal ! C'est un match à oublier, tout en retenant les leçons de cette cuisante défaite. Il s'agit de notre plus mauvais match depuis le début de saison. Je ne mettrai la faute sur aucun joueur en particulier parce que l'on a assisté à une déroute collective. C'est l'erreur que l'on peut accepter une fois dans une saison. Mais il faut positiver et se dire que c'est également arrivé à Auxerre ou Rennes et qu'ils ont su se relancer.

Vous étiez-vous préparé à un début de saison difficile sur un plan des résultats ?

Oui... (il réfléchit) Pour moi jusqu'à Lille, je n'étais pas très heureux des résultats, mais satisfait de l'équipe dans son ensemble, dans le jeu pratiqué. On sait que dans le football, il faut être patient. Après les changements survenus durant l'intersaison, tout ne pouvait pas se faire en un jour. J'espère que la déroute de Lille marquera la fin de notre période difficile.

Comment expliquez-vous que les promesses sportives entrevues dans le jeu mettent du temps à se matérialiser au niveau comptable ?

Aujourd'hui, on cherche encore la véritable équipe. Nous n'avons pas trouvé la bonne alchimie entre un football offensif et un bon équilibre. Des fois, on veut trop jouer et l'on n'est pas assez rigoureux et accrocheur. Tout en gardant des idées de jeu, il faut absolument retrouver ce qui faisait notre force par le passé.

Justement, que répondez-vous aux personnes qui vous reprochent que l'équipe actuelle n'ait pas de meilleurs résultats que celle entraînée par Gernot Rohr ?

Avec Antonetti, nous sommes partis pour trois ans et sans aucun acquis des trois saisons que nous venions de vivre. Aujourd'hui, notre ambition est de construire une équipe sur trois ans pour être européen. Avec Gernot Rohr, il y avait dix nouveaux joueurs lors de chaque intersaison et nous n'avons pas fini à une meilleure position la troisième année que celle de la remontée. Ce n'était pas une vision à long terme qui l'animait. Et même si les résultats mettent un peu de temps à arriver cette saison, cela fait longtemps que nous n'avions pas vu du « football » au stade du Ray. Comme l'ont dit certains joueurs eux-mêmes, ils n'ont plus l'impression d'être au « Club Med » quand ils viennent à l'entraînement. C'est pour ça que je reste confiant en l'avenir. Nous savons ce qu'il manque à l'équipe 2004-05, et d'ailleurs je peux vous confier qu'un jour nous recruterons le n°10 que tout le monde nous réclame, et ce jour-là nous aurons franchi un autre palier... Mais aujourd'hui, le groupe à la disposition de Frédéric Antonetti a les moyens d'atteindre les objectifs que nous avons fixés.

Pour la première fois depuis la remontée, on sent que le Gym a une pression de résultats, en ne se contentant plus seulement du maintien. N'est-ce pas aussi ce nouveau statut que les joueurs ont du mal à assumer ?

C'est vrai que nous avons annoncé dans les vestiaires en début de saison que nous ne visions plus la 17e place cette année, mais la première moitié de tableau... et les joueurs auront « les carottes » en rapport en fin de saison. Les joueurs doivent assimiler que le coach veut mettre en place un football offensif, mais ils doivent aussi avoir conscience que l'OGC Nice n'est pas devenu la huitième merveille du monde en l'espace d'un été. Sans la hargne, on ne pourra pas parvenir à nos fins.

N'attendez-vous pas plus des recrues de l'intersaison ?

Aujourd'hui, nous ne sommes pas déçus, ni des joueurs, ni de la mentalité, ni de leur moralité. Ce n'est pas en deux mois que nous pouvons les juger. Il faut du temps pour qu'ils s'adaptent, que tout le groupe assimile les principes de jeu d'Antonetti. Je considère que le recrutement a été réussi.

N'avez-vous pas le sentiment qu'il manque un leader, comme pouvait l'être José Cobos ?

Il est clair qu'il manque un homme mûr, mature, capable d'avoir du recul dans les moments chauds et à la fois de sonner la révolte quand les circonstances le demandent... comme le faisait José Cobos. À ce niveau, José n'a pas été remplacé. Mais il y a autre chose qui me dérange, lorsque je vois des joueurs prendre des cartons non pas pour des fautes, mais pour contestation. Ce sont des choses inadmissibles.

La blessure de Bisconti ne va-t-elle pas vous inciter à prendre un joker ?

Nous ne l'avons pas du tout envisagé pour le moment. On a l'impression d'être correctement garni dans chaque ligne, même s'il apparaît pour le moment une fragilité défensive. Mais si l'avenir montre que nous avons besoin d'un joker, nous le prendrons.

Justement, n'avez-vous pas le sentiment qu'il manque dans le collectif un milieu de terrain technique capable de créer des décalages, du profil d'un joueur comme Éric Carrière ?

C'est vrai que pour le moment le jeu manque de liant entre les lignes. L'absence d'un vrai n°10 se fait sentir, mais le profil de l'équipe a longuement été étudié durant l'intersaison. On pourrait même estimer qu'il nous manque plus que ça, mais comme je vous le disais précédemment nous sommes dans la première année d'un groupe qui sera renforcé chaque année et qui devra arriver à maturité dans trois ans avec une qualification européenne.

Avez-vous utilisé durant cette intersaison toute l'enveloppe que vous aviez allouée aux transferts ?

Nous sommes déjà au-delà de ce que nous nous étions fixé. Avec des joueurs comme Koné, Yahia, Camara ou Bagayoko, nous avons opté pour un recrutement d'avenir. Durant cette intersaison, nous avons encore beaucoup recruté de jeunes et bons joueurs. À partir de la saison prochaine, nous pourrons nous concentrer sur l'achat de deux ou trois éléments de très grande qualité qui nous permettront de monter d'une catégorie encore.

Après les incidents d'arbitrage survenus lors de Bordeaux-Lyon et tout le tapage médiatique autour de ce match (qui reste incomparable à ce qu'a subi Nice depuis le début de saison), n'avez-vous pas le sentiment que le Gym n'est toujours pas considéré au niveau national ?

Tout à fait... et je le dis depuis longtemps. Nous sommes considérés comme le club du « bout de la France »... L'OGC Nice est mal traité. Quoi qu'on en dise, les grands clubs sont toujours protégés.

Lorsque l'on voit ce qui se passe sur tous les stades de France, notamment à Paris et Marseille, est-ce normal d'être sur le point d'avoir le terrain suspendu ?

Je profite de cette question pour vous faire part de mon plus grand regret. Il concerne une minorité de personnes qui se disent supporters et qui viennent au stade pour se battre. Contre Saint-Étienne, j'ai vu une personne être évacuée la tête en sang après avoir reçu une bouteille sur la tête. Je ne peux pas accepter de voir ça dans un stade, et encore moins au Ray. Je vais tout faire pour éradiquer ce phénomène et que les supporters puissent venir au stade en famille. Mon rêve serait d'avoir un stade sans grillage, comme c'est le cas en Angleterre.

À l'image d'un Aulas d'une mauvaise foi incroyable à la fin du match de Bordeaux qui se plaignait de l'arbitrage en sa défaveur, ne devriez-vous pas être plus agressif dans votre mode de communication ?

Je ne crois pas que par l'agressivité, on changera les choses. Des sanctions existent, puisque même si cela n'a rien changé pour nous, l'arbitre de Nice-Sochaux a été mis à pied. Je pense même au contraire que cela pourrait se retourner contre nous. Il y a une sorte d'auto-défense des arbitres lorsqu'ils se sentent « agressés ». Par contre, cela n'est pas valable pour les vedettes (il fait allusion aux gros clubs) qui, sur un plan médiatique, attaquent avant d'être attaquées... comme l'exemple que vous citez de M. Aulas. C'est pour ça que je pense que la vidéo doit servir de juge-arbitre.

Votre silence par rapport aux incidents récents fait-il partie d'une stratégie pour espérer intégrer un jour les instances nationales ?

Aujourd'hui, Maurice Cohen a gagné la confiance de ses pairs au niveau national. Mais je pense que nous franchirons la prochaine étape lorsque nous aurons un stade de niveau international et quand nos supporters sauront mieux se tenir. Ces deux choses font partie de la grandeur d'un club. Mais pour évoquer les instances, j'ai l'impression qu'au niveau de la Ligue, l'OGC Nice est bien perçu.

Pour vous, les actionnaires de quel club peuvent servir d'exemple ?

Je citerai Auxerre pour la rigueur financière et Lyon pour la réussite de l'OL à tous les niveaux, la façon dont ils sont parvenus à faire grandir ce club. Mais d'une façon générale, je trouve qu'aujourd'hui tous les clubs français, du plus petit au plus grand, sont bien gérés. Le foot français a trouvé sa place dans le sport professionnel.

Samedi, c'est le « grand » derby. Est-ce aussi une rencontre particulière pour un actionnaire ?

Non, pour l'actionnaire, elle n'est pas particulière. Par contre par la proximité. et l'image de Monaco, elle l'est pour les joueurs et les supporters...

Quel regard portez-vous sur les événements qui se sont déroulés cette semaine chez votre voisin princier ?

Quand j'ai entendu les déclarations de Deschamps, je me suis rappelé celles de Gernot Rohr quand il disait qu'à « Nice, c'était pas clair... ». Mais je fais confiance à Michel Pastor pour qu'il replace rapidement l'AS Monaco au niveau du standing qui est le sien.

Dans le football business d'aujourd'hui, prenez-vous la démission de Didier Deschamps comme le signe d'un gentleman ?

Je ne sais pas dans quelles conditions, elle a été faite... S'il est parti de sa propre initiative, c'est d'une grande élégance. Par contre, s'il est parti après un arrangement financier, l'image ne serait pas la même.
 

Et que pensez-vous des 9 millions d'euro réclamés par Vahid Halilhodzic au PSG...

C'est le vrai problème du foot, on signe des CDD sans objectif à réaliser, donc s'il n'y a pas de faute pour licencier, on se retrouve face à ces sommes astronomiques.

La dernière ligne droite pour la désignation du constructeur du Grand Stade est engagée. Avez-vous votre mot à dire dans ce choix ?

Nous n'avons pas à nous immiscer dans le choix, mais comme celui qui sera choisi aura l'obligation d'être en accord, il y aura forcément une convergence...

Quels arrangements devrez-vous trouver avec l'entreprise qui remportera l'appel d'offre ?

Cela est défini dans le cahier des charges auquel nous avons activement participé pour sa rédaction. Le principal pour nous est que le stade nous convienne dans son agencement (deux niveaux, pelouse proche du terrain,...), tout comme le centre d'entraînement que la société victorieuse devra également construire.

Des rumeurs font état d'un rapprochement toujours possible avec l'AS Cannes. Sont-elles fondées ?

Non, malheureusement. On s'est aperçu que les supporters des deux camps ne le souhaitaient pas. Dommage, car on a besoin d'un partenariat avec un club de Ligue 2 (à terme) pour que nos jeunes talents puissent s'aguerrir avant de pouvoir postuler à une place dans notre équipe première. Aujourd'hui, les mentalités ne sont pas prêtes pour ce partenariat, mais que les gens aient conscience que l'on ne fera pas un grand club à Nice, si l'on ne concerne pas toute la population de Menton à St-Tropez.

Pour finir, une autre rumeur... Il se murmure que vous auriez fait un « faux-plan » au milliardaire russe de Chelsea Abramovitch...

En effet, un jour, une personne m'a appelé en me disant que M. Abramovitch m'attendait deux heures plus tard dans un endroit défini. Je lui ai simplement répondu que j'avais moi aussi un emploi du temps très chargé, mais que ce serait un plaisir de le rencontrer un autre jour.

  

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