L'incroyable histoire d'Anthony Scaramozzino
Extrait
Tout d'abord, comment se passe ton retour ?
Ça va... C'est un peu
difficile, mais j'essaie de garder le moral. J'ai la santé, c'est le principal.
Comme j'avais dû suspendre mon contrat avec l'QGC Nice pour pouvoir être prêté,
je n'ai pu réintégrer le club officiellement, donc pour l'instant je m'entraîne
avec la CFA en attendant de voir si je vais pouvoir retrouver un club pour finir
la saison. En tout cas j'apprécie de retrouver ma famille et mes amis.
Alors, je suis rentré en France.
Revenons sur ce passage à Gillingham. Que s'est-il passé pour toi là-bas ?
En restant poli, je me
suis tout bonnement fait avoir sur les termes du contrat. En gros, si je ne
jouais pas, je n'étais pas payé ! Et comme le club est actuellement dans une
importante crise financière, le président et le coach ne se parlaient plus et ce
dernier a fini par être viré. Tout ça n'a pas arrangé ma situation et j'ai passé
mon temps à m'entraîner en attendant en vain qu'on daigne me faire jouer. Depuis
que je suis parti, je n'ai pas touché un centime ! Tous les frais, l'hôtel, les
repas, les transports, tout a été à ma charge ! Au bout d'un moment c'était
devenu complètement ingérable. Je ne peux pas accepter ça ! J'ai donc pris un
avocat et je vais intenter un procès contre le club de Gillingham. En attendant
que la procédure soit lancée, j'ai quand même continué à me présenter aux
entraînements sur les conseils de mon avocat. Nous ne voulions pas donner
d'arguments aux dirigeants pour qu'ils m'accusent d'avoir rompu le contrat. Dès
que tout a officiellement été lancé, ce sont eux qui ne voulaient même plus que
je m'entraîne ni avec la première ni avec la réserve.
C'est quand même
incroyable de se retrouver dans une telle situation ! Aujourd'hui tu n'as donc
plus aucune rémunération ?
Rien ! Comme on dit, je
suis rentré une main devant, une main derrière. Comme j'avais quitté mon
appartement de Nice, je n'ai pu, sans garantie financière, retrouver un
logement. Aujourd'hui, je vis chez mes parents, je n'ai plus rien, je ne suis
pas payé et en plus je n'ai pas le droit au chômage car mon contrat avec Nice
est juste suspendu. Je suis allé voir l'Assedic et on m'a confirmé que dans ma
position actuelle je ne peux bénéficier de rien.
As-tu trouvé du
soutien pour t'aider à surmonter cette passe difficile ?
Auprès de mes proches,
principalement mes parents et ma copine. Heureusement qu'ils sont là... Je tiens
aussi à remercier Roger Ricort et Gérard Buscher qui ne me laissent pas tomber.
Le premier m'a assuré qu'il ferait son possible pour m'aider à trouver un club
pour finir la saison et le second m'a permis de reprendre l'entraînement avec la
CFA.
On imagine que cette
expérience a dû te faire grandir d'un coup...
C'est sûr qu'à vingt ans,
quand on connaît une telle situation on s'endurcit Rayon maturité je peux vous
dire que j'en ai pris un sacré coup ! J'ai fait une erreur et je peux vous dire
que je la paie très cher Maintenant, je m'accroche à ce qui me reste et
notamment la possibilité de continuer à jouer. Pour certains c'est banal, pour
moi c'est presque devenu un privilège. Cela démontre qu'en football tout va
vraiment très vite. Il y a deux ans, je débutais en L1 et aujourd'hui je n'ai
plus rien !
La morale de cette histoire ?
Il y a vraiment des gens
malsains dans le football. Tout le monde le sait, mais tant que l'on n'a pas
touché du doigt le problème, on ne pense pas que cela peut nous arriver de se
faire autant arnaquer. C'est pour cela qu'aujourd'hui, j'apprécie le simple
bonheur de m'entraîner, de reprendre goût au football. Je veux pratiquer mon
métier simplement, avoir la chance de m'exprimer et si possible trouver un club
rapidement pour ne pas perdre à nouveau six mois. Quoi qu'il en soit je
reprendrai au Gym la saison prochaine. Il me restera deux ans de contrat, mais
ce serait très difficile de devoir encore attendre des mois pour repartir de
l'avant.
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