ROY : " je suis ambitieux pour Nice"

 

                                                          

 

Eric, vous devez être ravi de la performance défensive de  votre équipe à Lens.


Effectivement, on ne voulait pas encaisser de but, contrairement à ce qui s'était passé lors des quatre précédents matches. En début de saison, l'imperméabilité défensive constituait notre force, et on avait à cœur de retrouver cet atout. De plus, " Malek " (Cherrad), qui a fait un gros match en étant positionné seul devant, aurait pu marquer ce but qui aurait signifié une grosse performance de notre part. Bon, on revient quand même avec un match nul récolté sur la pelouse d'une équipe très physique. Mais ce nul ne nous rapporte pas beaucoup de points.


Surtout qu'il s'agit pour vous du quatrième d'affilée...


Notre gros péché est de ne pas avoir gagné à domicile face à Sochaux (2-2, 27ej.), ni face à Nantes (1-1, 29e.j). Mais, si on regarde plus attentivement le déroulement de ces rencontres, on peut se dire qu'à la mi-temps du match contre Sochaux on aurait signé pour un tel résultat, car on était menés 0-1 et on jouait à dix contre onze. Contre Nantes, le score est assez logique, surtout qu'on a souffert en seconde période. Mais, si on prend le nul à Bastia (1-1, 28e j.), l'équipe en forme du début d'année, ou celui à Lens, invaincu en Championnat en 2003, il s'agit quand même de bons résultats. Maintenant, devant nous, on a trois matches qui s'annoncent excitants et très difficiles : on accueille Lyon, on va à Monaco et on reçoit Auxerre. Après, on pourra pratiquement dresser un bilan et savoir si on peut espérer quelque chose, car il s'agit de concurrents directs.


Ne pas accrocher une place d'honneur serait-il décevant ?


Depuis qu'on a acquis le maintien, tout ce qui vient est du bonus. Donc, la déception pourrait venir du fait que le bonus qu'on espère vivre se transforme en rien du tout et qu'on termine dans le ventre mou du classement. Ça nous frustrerait forcément par rapport à tout ce qu'on a accompli en début de saison. Mais si on veut être un petit peu réaliste, on peut se dire qu'on aurait signé pour une douzième place l'été dernier, ce qui aurait déjà été un beau pied de nez adressé à tous les pronostics.


On vous voyait, en effet, davantage concourir pour le maintien que pour l'Europe...
 

A partir du moment où on a atteint assez vite notre but premier, c'est-à-dire le maintien, tout le monde s'est laissé aller à espérer que ça continue. On a donc parlé d'une qualification européenne. Malgré tout, on a toujours dit que la fin de saison serait plus difficile que le début, et c'est ce qui arrive : au niveau comptable, on est en dessous de ce qu'on a accompli depuis l'entame du Championnat. Mais on ne peut pas toujours être fringant. On doit encore s'améliorer.


« DÉSORMAIS, LE CLUB VIT DANS L'ESPOIR »


La marge de progression de votre équipe est-elle importante ?


J'ai de l'ambition pour cette équipe parce que je pense qu'elle est en devenir et qu'elle a des qualités. J'espère qu'on ira le plus loin et le plus haut possible. Mais il faut s'en donner les moyens et que tout le monde soit dans le même état d'esprit, car la saison n'est pas terminée. Je dirai même qu'elle ne fait que commencer, si on veut espérer quelque chose de plus. Il faut donc tout mettre en œuvre pour y parvenir et garder l'état d'esprit du début de saison.

Est-il difficile à conserver ?


Lors de la seconde période face à Nantes, il y avait, peut-être eu un petit relâchement. Dans l'état d'esprit, on ne s'y était pas retrouvé. Mais, à Lens, on a répondu contre une équipe athlétique en faisant preuve de beaucoup d'abnégation et de solidarité. Il s'agit d'une victoire morale pour nous car il serait facile de se relâcher et de dérouler jusqu'à la fin de la saison, puisqu'on a atteint ce fameux objectif que constituait le maintien.. Moi, je n'ai pas une telle mentalité et je compte l'insuffler au groupe. Même s'il est jeune, il doit apprendre à gagner, et c'est en match qu'on acquiert cet instinct de vainqueur qui permet de progresser et d'obtenir des résultats sur le long terme. Ici, il faut essayer de bâtir progressivement quelque chose de sérieux et de durable.


Ce qui n'a pas toujours été le cas, notamment lors de vos débuts au club.


Il est vrai que, lorsque j'ai quitté Nice en 1992, le club avait de gros soucis financiers; on était même restés quelques mois sans toucher nos salaires. Je suis alors parti à Toulon, où j'ai d'ailleurs vécu des problèmes identiques. Heureusement, actuellement, la situation extra sportive du Gym est saine : on possède un environnement favorable, qui permet de ne penser qu'au football. Il est très confortable de voir que des dirigeants essayent de pérenniser le club et de construire quelque chose après quelques années d'immobilisme : si beaucoup d'argent a été investi ces dernières saisons, quasiment rien n'a été fait au niveau des structures. Les dirigeants ont l'ambition de commencer par là, et c'est la première des choses à faire.


Serait-on au début d'une nouvelle ère ?

Maintenant, tout est possible, alors qu'à une époque on avait l'impression que jamais rien ne serait possible. On vit dans l'espoir, on sent qu'il y a une réelle envie et des gens sérieux derrière. Avant, ça n'existait pas, on se contentait de replâtrer. En tant que Niçois, j'ai envie que ce club ait une identité propre et devienne le porte-drapeau de la ville, ce qui passe par des résultats et la création de structures, pour que l'OGCN s'inscrive durablement en Ligue 1.

C'est votre cœur de Niçois qui parte...

J'ai été formé au Gym et j'ai été très frustré de partir à cause du dépôt de bilan, Je n'avais pas dans l'idée de faire toute ma carrière ici, mais au moins une grande partie, en jouant au plus haut niveau.On ne m'en a pas donné l'opportunité. Alors, pouvoir revenir et apporter ma pierre à l'édifice est une très grande fierté. Si je pouvais apporter une petite contribution à la construction de ce club, ce serait une grande satisfaction avant la fin de ma carrière.


Ce serait la plus belle des façons de boucler la boucle ?


Il est évident que si j'avais pu tracer une carrière idéale, elle se serait conclue chez moi. Revenir ici est certainement un grand cadeau, et c'est aussi un clin d'œil du destin assez extraordinaire que Maurice Cohen me l'ait proposé en tant que président du Gym. C'était en effet mon entraîneur au Cavigal de Nice lorsque j'étais poussin.


«MON HISTOIRE EST QUAND MEME UNE BELLE HISTOIRE »


Dans quelles circonstances avez-vous retrouvé le club de vos débuts parmi l'élite?
A l'intersaison, j'étais libre et je m'entraînais seul à Nice. Au bout d'un moment, j'ai demandé à Maurice si je pouvais rejoindre le groupe afin de parfaire ma condition. Il m'a rappelé en me disant que Gernot (Rohr) m'accueillait avec grand plaisir. Après le premier entraînement collectif, Gernot est venu me demander si je voulais les accompagner cette saison, et l'affaire s'est conclue assez rapidement. Pour moi, c'était la solution idéale.


Vous allez donc conclure chez vous une carrière qui a décollé sur le tard. Avez-vous des regrets ?


A cause des problèmes financiers qui n'ont pas facilité ma progression sportive, je n'ai réellement pu m'exprimer dans une équipe forte qu'à vingt-six ans. C'était à Lyon, où je pouvais ne penser qu'au football. C'est réellement là-bas que j'ai touché du doigt le milieu pro. Il est évident que, si je n'avais pas perdu deux ou trois ans, ma carrière aurait été autre. Mais je n'ai pas plus de regrets que ça, et ça ne m'a pas empêché d'aller à Marseille. Ma trajectoire passait par là. Je n'ai pas fait de centre de formation et je suis arrivé à Nice à dix-neuf ans. C'est mon histoire, et c'est quand même une belle histoire. »