ROY dans ACTUFOOT
Dans quel état d'esprit te laisse la défaite contre Lyon ?
Elle me laisse certains regrets sans demeurer une énorme déception. Mon
sentiment est partagé entre l'aspect assez positif d'avoir participé à une belle
rencontre face à un adversaire brillant et celui d'être passé à côté de quelque
chose. Sans rougir de la défaite, nous n'avons pas fait un grand match, non
plus!
Que vous manque-t-il pour
réussir dans ce type de match ?
J'ai envie de dire qu'il nous manque beaucoup de choses pour être au niveau de
ces équipes sur la durée d'un championnat, mais, sur une rencontre, on a prouvé
que l'on pouvait rivaliser. On a toujours été lucides sur nos capacités, c'est
pourquoi on ne s'est jamais comparé aux ténors de la L1. Par contre, cet écart
peut être balayé sur un rendez-vous. Nos qualités de groupe nous permettent de
pouvoir réaliser un résultat face à n'importe quel adversaire. C'est pour cela
que nous restons confiants même à l'approche des grandes échéances.
Comment se présente la fin de
saison pour le club ?
Je crois que la superbe première partie de saison et le fait d'atteindre notre
objectif rapidement nous a inconsciemment démobilisés. À l'avenir, il est
impératif de s'inscrire sur la durée pour afficher des ambitions...En ce moment,
ça ne tourne pas ! Il faut une remise en question de l'ensemble du groupe. Nous
devons nous demander si c'est juste passager ou si ce n'est pas plutôt le fruit
d'une addition de petits moins dans l'attitude de chacun, qui entraîne ces
résultats. Nous devons avoir une réflexion individuelle et collective pour
rebondir.
L'ambiance risque d'être chaude
au Louis 2 avec un stade entièrement acquis à votre cause, comment aborder ce
derby ?
J'ai déjà vécu plusieurs fois cette situation avec l'Olympique de Marseille et
cela c'est souvent bien passé. Bénéficier d'un soutien massif lorsque l'on joue
à l'extérieur, en ayant la grande majorité du stade acquis à sa cause, est
indéniablement un plus. C'est donc une chance dans la période difficile que nous
traversons actuellement de pouvoir compter sur l'appui de nos nombreux
supporters pour ce déplacement. Un derby est un match idéal pour se relancer,
mais attention à ne pas se faire « danser sur le ventre » car Monaco est en
grande forme. Nous devons retrouver nos vertus et la passion autour de ce match
peut nous y aider.
Un résultat positif à Monaco
n'ajouterait-il pas une légère déception à l'échec lyonnais ?
Je le répète, c'est délicat de regretter quoi que ce soit. Davantage que la
rencontre face à Lyon, ce sont les matches contre Sochaux, Nantes et Troyes qui
nous ont fait à un moment ou à un autre peut-être rater le coche. Nous allons
nous fixer un objectif entre nous jusqu'à la fin de saison, car notre groupe a
besoin de cela pour se sublimer. De ce fait, un résultat à Monaco nous
relancerait certainement. L'effectif est sain, il vit bien ensemble, même si
cela ne débouche pas forcément sur des résultats toujours positifs. Faisons-nous
violence, oublions les derniers matches, et gagnons à Monaco pour finir en
trombe la saison.
En définitive, qu'est-ce qu'il
faut faire pour gagner un derby ?
C'est le genre de rencontre où il y a beaucoup d'envie et de passion des deux
côtés. On a coutume de dire qu'il faut d'abord s'imposer physiquement avant de
pouvoir imposer son jeu, mais cette recette est valable pour tout match de haut
niveau. On avait réussi à bien gérer l'aller au Ray en marquant les premiers et
je pense qu'une nouvelle fois dimanche, l'ouverture du score sera décisive.
C'est inté-1 ressant de se sentir en danger avant un tel match car on a souvent
su répondre présent dans les moments difficiles. Mais tous les scénarios sont
possibles, et c'est ce qui fait le charme du football.
Combien de derbys as-tu joué
dans ta carrière ?
Pas mal. De mes débuts à Nice, à une époque où se croisaient Monaco, Cannes,
Marseille et Toulon au Lyon-St Etienne jusqu'à dimanche, c'est vrai que j'en ai
souvent joué ! Ces matches appartiennent souvent davantage aux supporters qu'aux
joueurs... On se respecte et on reste dans la plupart des cas dans le cadre du
football. N'oublions pas que le sport demeure notre fonds de commerce. Il y a
trois points en jeu comme dans une autre rencontre, la seule différence provient
de l'issue souvent aléatoire avec plus de surprises que dans une rencontre
classique.
Petit retour en arrière et séquence nostalgie : quel est pour toi le derby le
plus chaud auquel tu as participé ? En France ?
Lyon-St Etienne. C'est un vrai derby avec tous les excès que cela comporte. Une
-encontre race aux Stéphanois a particulièrement marqué mon esprit car j'avais
inscrit l'unique but de la rencontre sur une frappe détournée. Mais
personnellement j'essaye de ne pas me laisser trop envahir par ces sentiments et
cette passion. Je relativise l'événement et comme lors de chaque rencontre j'ai
tout simplement envie de faire plaisir aux supporters.
En Angleterre ?
Sunderland-Newcastle. C'est un des « chauds » derbys du nord de l'Angleterre. Il
y a souvent des débordements entre supporters en marge de ce type de rencontre.
Outre-Manche, le contexte est un peu différent puisque tous les matches sont
vécus avec énormément d'intensité, sur et en-dehors du terrain.
En Espagne ?
Atletico Madrid-Rayo Vallecano. À Madrid, il n'y a qu'un seul vrai derby et il
oppose bien sûr le Real à l'Atletico. Le Rayo est le petit club de la ville, le
club familial que tout le monde aime bien. Mais je me souviens d'un match
particulier en coupe d'Espagne où l'on gagne là-bas devant 60 000 spectateurs.
Cette rencontre face à Monaco
devrait déterminer un peu plus votre fin de saison, déterminera-t-elle la suite
de ta carrière ?
Quoi qu'il arrive, je resigne un an de plus(c'est fait depuis hier), alors si je
peux fêter cette prolongation par une victoire. Mon ambition est d'aller le plus
haut possible. Nous glissons dans une spirale négative et je ne vois pas
pourquoi cette période moins euphorique devrait remettre quelque chose en cause.
La saison est belle
autant que notre histoire. Les retrouvailles avec le Ray, l'amour de tous les
Niçois pour cette aventure ou le bonheur d'être ensemble sont autant de
paramètres qui me poussent à continuer. Nous allons essayer maintenant de
renverser le cours du championnat et réussir l'exploit de ramener un petit truc.
Pour ça, il faut gagner !
Est-ce que l'OGC Nice peut
s'inscrire sur la durée ?
C'est mon souhait. L'OGC Nice a beaucoup compté dans ma vie par le passé et si
je suis revenu, c'est pour apporter ma pierre à l'édifice. L'objectif est de se
maintenir les trois ou quatre prochaines années pour pouvoir structurer le club
progressivement. Il est sûr que les derniers événements survenus concernant le
Grand Stade ne sont pas de bon augure, mais le club a besoin de se doter d'un
tel équipement. C'est une priorité, au même titre que la construction d'un
centre d'entraînement. Il est difficile de mener une politique sportive
ambitieuse sans infrastructure. Mais pour cela il faut de l'argent et une
volonté commune de la part de tous les acteurs locaux de
voir grandir l'OGC Nice. Nous avons des dirigeants sensés, qui font leur
maximum. Nous devons donc nous, joueurs, les aider en ayant des résultats, ce
que nous essayons de faire.
Cette année, votre groupe semble
avoir fédéré tous les supporters et bénéficié d'un réel engouement de la part de
tout le peuple niçois. Quelle est la raison de ce changement ?
J'ai le sentiment que les gens se retrouvent dans cette équipe. Nous véhiculons
des valeurs de combativité, de don de soi que les Niçois apprécient. Il est
important de continuer dans le sens de ce qui est né cette saison et de
développer une identité. Nous devons donner une culture au club pour que chaque
joueur, qui revêtira un jour le maillot rouge et noir, se fonde dans le moule.
Les couleurs doivent sublimer les individualités. Des choses, comme l'hymne «
Nissa la bella », sont des moments forts qu'il faut cultiver. Certains clubs qui
n'ont pas les moyens d'avoir de grands talents parviennent à avoir des résultats
en puisant des ressources dans leur identité (comme l'Athletic Bilbao en
Espagne).
À ce sujet, es-tu pour ou contre
l'Intertoto ?
Le joueur qui a vécu une longue saison et qui a l'intention de profiter de ses
vacances dirait non ! Mais celui qui voudrait découvrir une compétition
européenne, dirait oui ! Vous savez, on apprend toujours de ce type de match,
cela peut être une expérience supplémentaire pour le groupe en permettant de
découvrir d'autres horizons... Je ne pense pas qu'elle puisse influer sur le
parcours en championnat, la réussite de Sochaux comme la déconvenue de Troyes
cette année en témoignant. Les clubs trouvent souvent cette excuse, même s'il
demeure important de laisser du repos aux joueurs.
À trente-six ans, qu'est ce qui
passe par la tête d'un joueur à quelques mois d'une fin de saison ?
D'abord, j'aurai trente-six ans seulement en début de saison prochaine (rire) !
Tout simplement, je rentre sur le terrain pour prendre le maximum de plaisir et
vivre ma passion pleinement.
Un décalage avec tes jeunes
coéquipiers se fait-il sentir?
Pas tant que ça... Je me rends juste compte qu'ils peuvent aussi bien avoir des
attitudes infantiles, que très matures ! Le changement provient du mode de
fonctionnement de cette nouvelle génération. Imaginez que j'ai déjà joué contre
Gernot ! Les règles étaient différentes... Mais j'apprends à évoluer avec mon
temps. La volonté de gagner elle ne change pas ! Avec l'âge, ma haine de la
défaite est nettement plus exacerbée, j'ai beaucoup de mal à enchaîner la
semaine quand on n'arrive pas à gagner...
Quand on se rapproche de la fin
de sa carrière, les questions sur son avenirs doivent se faire de plus en plus
présentes ?
C'est vrai et d'ailleurs j'ai déjà eu deux, trois propositions. Je souhaite
rester dans le
football et pourquoi pas au sein du club. On en a déjà discuté un petit peu avec
le Président et c'est vrai qu'après avoir apporté ma pierre à l'édifice en tant
que joueur, j'aimerais continuer de l'autre côté de la barrière. Je commence à
m'intéresser au fonctionnement du club, je pose des questions. Mais je vis très
sereinement cette évolution et ma future reconversion.
Dans quel domaine va ta
préférence ?
Il est encore tôt pour m'avancer à ce niveau là. Il est évident qu'avant
d'envisager ma reconversion, j'essayerai de parfaire ma formation à tous les
niveaux. Il faut comprendre tous les rouages d'un club et cela passe par une
attention régulière. Je ne me vois pas entraîner une équipe pour l'instant, je
pense toucher divers domaines avant de trouver ma voie...
Sollicités un maximum sur un
plan sportif, les sportifs le sont moins sur certains faits
marquants de l'actualité. Alors que penses-tu des événements actuels ?
Je suis triste, comme tout le monde. Malheureusement, les problèmes financiers
ou sociaux sont répandus dans de nombreux pays. Ce constat est difficilement
acceptable, mais je n'ai pas spécialement envie de réagir sur ce genre
d'événements. Je porte simplement un regard de citoyen.