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              Gernot Rohr à Nice matin 04/11

 

- Gernot Rohr, à l'instant du coup franc de la 94*, vous pensez quoi ?

 

 « II y avait plein de signes pour y croire encore. Everson, au moment de se saisir du ballon, il a une telle conviction... Avant de centrer, on dirait un rugbyman pour une transformation. Il fait un pas en avant, deux en arrière, il répète le mouvement deux fois ! J'ai vu mes gars monter tous à l'attaque et il y avait Pancho, on connaissait son jeu de tête, il en avait déjà marqué des buts comme ça, à Marseille et à Louent. Voilà, on a tout risqué, on a réussi. Quand le ballon est allé au fond, dans les poitrines, ça a cogné très fort... »

 

 

-Pour une expression à la mode, est-ce le nouveau « match référence » du Gym?

 

« Oui, sans doute. Le 3-0 de Lille reste un exemple de match très bien maîtrisé, mais là, ce n'était pas le même adversaire. Avant la rencontre, dans les vestiaires, j'ai plutôt parlé du PSG à mes joueurs, d'essayer de reproduire ce que nous avions réussi au Parc, en jouant sans complexe, sans subir. Notre première mi-temps lyonnaise, elle est parfaite. On ne recule pas, on se crée la première occasion (Yoann Bigné devant Coupet) et on marque sur un joli contre ».

- A la pause, qu'avez-vous dit?

 

« De faire comme si l'on était menés 1-0, de continuer à aller de l'avant. Mais Lyon a repris de façon très forte, Sidney Govou a été intenable, ils ont exprimé toute la classe qu'on leur connaît. Quand notre meilleur « duelliste », Noé Pamarot, a per­muté pour surveiller Govou, le feu s'est tout de même calmé. Un aspect décisif est d'avoir gagné la bataille du milieu de terrain, à partir d'un jeu collectif basé sur une circulation du ballon précise. Sur le plan techni-co-tactique, mes joueurs ont été impeccables, ils ont pris le des­sus sur des Lyonnais pourtant revanchards. Et je note que même lorsqu'il y a une absence de marque (ndir : Everson à Nantes, Eric Roy à Lyon), mon groupe ne se désunit pas ».

 

- Toute la rencontre, on vous a vu debout devant votre banc de touche, don­nant du geste et de la voix...

« Oui, le match était tellement intense, émotionnellement, c'était difficile de tout garder à l'intérieur. Debout, je peux me libérer un peu, faire des gestes, dans ces cas-là, je me sens mieux. Cantonné sur le banc, sous la guérite, je crois que j'au­rais souffert de claustrophobie ».

- Everson a été phénoménal. Si vous deviez retenir une de ses actions ?

« Je revois son tacle sur le côté gauche, quand il jette son corps dans la trajectoire de Muller pour récupérer et ressortir le ballon proprement. Cette action était symbolique dans le match, elle a sonné le glas de la révolte lyonnaise. Il y avait une telle conviction dans ce tacle... Pour être sincère, je me suis un peu reconnu joueur ! ».

- Certains observateurs ont noté que Nice aurait pu aussi bien remporter ce match ?

 

« A 1-1, si la reprise de Serge Ayeli va au fond au lieu de per­cuter la transversale, il est pro­bable que Lyon aurait eu du mal à se remettre de ce deuxième coup de massue. La victoire, en effet, aurait été envisageable. Mais il faut aussi analyser les choses avec le recul, se dire que l'OL a sans doute souffert des efforts fournis contre l'Ajax. La réaction de Paul Le Guen après la rencontre ? Il a été très fair-play, comme à son habitude. Il m'a dit qu'on avait mérité d'obtenir ce résultat ».

 

- Le bilan de la soirée ?

 

« On possède désormais treize points d'avance sur le premier reléguable, Montpellier. L'écart n'a jamais été aussi grand, à nos yeux, c'est hyper important. Quelquefois, on me parle des résultats d'Auxerre. Ce n'est pas ma préoccupation. On a tenu tête à tous les gros. Mais on gardera toujours les pieds sur terre. Pour nous, l'aventure continue. On n'oublie jamais la chance de disputer de tels matches, dans de tels stades. Aujourd'hui, on a réussi quelque chose de fort, de pré­cieux : avoir créé une équipe, une vraie.

C'est un grand bonheur ».