L'interview fleuve de Gernot à Actufoot*
Vous avez atteint la barre fatidique des 42 pts , à qui va votre première pensée?
Ma première pensée va sans aucun doute au club et à toutes les personnes qui ont oeuvré à sa survie Pour continuer et avoir un capital nécessaire à l'avenir, il fallait se sauver. La structure commence maintenant à être sereine et je suis quasiment certain que le club va s'installer sur la durée à ce niveau.
De nombreux observateurs vous voyaient décrocher,
mais l'OGC Nice est encore là et bien là aux avant-postes. Que cela vous
inspire-t-il ?
Vous savez, on y croit toujours quand on travaille. Mais c'est vrai que notre
situation actuelle est tout de même inattendue. Lors de l'ouverture du
championnat, on souhaitait surtout obtenir le nombre de points nécessaires au
maintien le plus rapidement possible et il se trouve qu'on est aux avant-postes
à une dizaine de journées de la fin. Ce que je retiens surtout de notre parcours
jusqu'à aujourd'hui, c'est la régularité dont l'équipe a fait preuve, mais pour
le moment on n'a pas envie de faire de bilan ou de se pencher sur le « pourquoi
du comment » de notre parcours. On va tenter de continuer sur la même dynamique
en prenant les matches les uns après les autres. Regardons devant et la fin de
saison.
Comment voyez-vous la fin de
saison ?
Je la vois avec optimisme, sauf bien entendu blessures, suspensions ou malchance
à répétition. Nous avons montré suffisamment de solidité depuis le début pour
pouvoir bien terminer ce championnat. Il nous tarde même d'entamer le sprint
final contre les gros bras. Il n'y a rien de plus agréable pour un footeux, qui
plus est pour un promu. Ces trois derniers mois apparaissent vraiment comme un
dernier défi pour le groupe. Pour y arriver, il est impératif que l'on garde le
cap pour tout donner sur la fin. En gros, nous sommes dans le coup comme cinq ou
six autres équipes.
Vous semblez avoir façonné
l'équipe à votre image, un panache de rigueur et d'enthousiasme. Etait-ce votre
volonté en début de saison ?
J'ai surtout essayé de trouver des joueurs en qui je pouvais avoir confiance.
C'est pour cela que mon choix s'est porté sur des personnes que je connaissais
et dont
je savais les prétentions financières abordables pour le club. Cela fait depuis
que je suis arrivé à Nice, c'est-à-dire à peu près deux ans, que je suis des
joueurs susceptibles de correspondre à nos critères et surtout de s'adapter au
contexte niçois. Pour réussir ici,
un joueur doit
être fort moralement pour ne
pas se trouver
perturbé par toutes les
toutes les sollicique
peut rencontrer un jeune homme sur la Côte d'Azur. Je crois que les garçons qui
viennent d'arriver (Mionnet et Bakari), y compris Die, rentrent dans cette
logique. On espère connaître la même satisfaction avec eux qu'avec tous ceux qui
nous ont rejoints depuis plus d'un an.
Les spécialistes tentent d'expliquer le jeu niçois
en le comparant à d'autres styles. Dernièrement on a pu lire que Nice avait un
jeu à l'anglaise, qu'en pensez-vous...
Je n'ai pas le sentiment que nous ayons un jeu à l'anglaise. Je ne crois pas que
les spectateurs du Ray aient l'impression de voir l'OGC Nice pratiquer, ce que
l'on appelle communément, le « kick and rush ». Nous ne nous contentons pas
d'envoyer des longs ballons devant en jouant à la retombée. Défensivement, il y
a peut-être des similitudes avec le jeu anglais dans l'engagement physique dans
les duels, mais pas dans la construction. C'est un jeu à la « niçoise »basé sur
la solidarité et la proximité entre les joueurs sur le terrain. Sur les coups de
pied arrêtés par exemple, tout le monde attaque et tout le monde défend. Un jeu
à l'anglaise non, à la niçoise oui !
La première victoire est sans doute la nouvelle image du club. Avec votre
expérience, comment l'installer maintenant sur la durée ?
Cette nouvelle image découle d'un travail de qualité générale. Vous savez, il
paraît tellement difficile de façonner une image que le résultat d'aujourd'hui
est en tous points fantastique. C'est comme si on avait réussi tous ensemble à
faire pousser quelque chose sur de la terre brûlée. L'osmose entre l'équipe et
son public en est le meilleur exemple. Mais l'équilibre reste encore fragile.
Nous devons encore accomplir beaucoup de choses et faire preuve d'humilité pour
pérenniser les efforts consentis depuis 6 mois. Le reflet de notre parcours peut
perdre de son éclat au
moindre dérapage ou comportement irresponsable d'une entité du club...
Que manque-t-il à l'OGC Nice
pour lutter chaque année avec les meilleurs ?
Un grand stade, mais cela va venir. Sinon au niveau sportif, il faut un peu de
continuité. J'espère que l'on va pouvoir conserver la même ossature d'équipe la
saison prochaine pour pouvoir continuer à progresser. Un groupe ne parvient pas
à maturité en quelques semaines, mais au bout de plusieurs années. Les grandes
équipes se forgent avec le temps et nous avons encore un effectif jeune et
perfectible. Nous devons donc en garder une grande majorité et incorporer
quelques éléments pour le bonifier encore un peu plus.
La réussite actuelle risque de
limiter l'aide des grands clubs lors de la prochaine intersaison, quelle option
choisir ?
Tout dépendra de notre fin de saison. Si les clubs « prêteurs » atteignent leur
objectif et finissent "Je prévois de devant nous sans accroc, des possibilités
s'ouvriront à nous. Mais si on accroche quelque chose, il est évident que l'on
ne nous fera plus de cadeaux. On a bien vu les réactions des uns et des autres
pendant le merca-to. En cas de coupe d'Europe, les prix vont s'envoler en ce qui
nous concerne. Néanmoins, on ne focalise pas sur ses diverses hypothèses. On
verra bien en fin de saison comment s'y prendre...
Pourquoi avoir anticipé la venue
de Cédric Mionnet ?
C'est vrai que son arrivée était prévue pour juillet, mais nous avons eu
l'opportunité de le prendre au mercato et nous l'avons saisie. Et je peux vous
dire que nous avons bien fait
Depuis combien de temps le
suiviez-vous ?
Cela fait 3/4 ans que je le suis. J'ai toujours bien aimé son comportement, sa
générosité et surtout l'impact qu'il pouvait avoir sur un groupe. Il colle
parfaitement à la nouvelle image du club. Progressivement, il fait sa place dans
l'équipe, même si avec Malek (Cherrad), nous avons trouvé notre point de
fixation en attaque que l'on cherchait depuis le début de saison.
Et pour la venue d'Oumar Bakari
?
Je le connaissais depuis mon passage à Créteil où il avait joué contre nous avec
Wasquehal. Il avait alors 19 ans et je dois avouer qu'il m'avait vraiment tapé
dans l'œil. Je l'ai donc suivi depuis et nous l'avons contacté par
l'intermédiaire de Laurent Bonadeï, un de mes collaborateurs.
La notion de groupe est
importante, est-ce pour cette raison que vous avez choisi de ne pas donner suite
à la possible arrivée de David Ginola ?
La venue de Ginola à Nice a principalement été une invention médiatique, et
peut-être même un peu la sienne aussi. Personnellement, je lui ai simplement dit
lorsque je l'ai rencontré de travailler physiquement de son côté et que la porte
n'était pas fermée. Mais de là à dire qu'il a été proche de l'OGC Nice à un
moment donné, la marge est trop importante. Pour être honnête, on n'a jamais
sérieusement envisagé sa venue.
Par contre, vous sembliez croire
beaucoup en Pedersen ?
Nous avions réellement envie de le prendre. C'est un grand joueur qui a été très
honnête avec nous. Il m'a dit simplement qu'il n'avait peut-être plus la
capacité de consentir les efforts pour aller chercher quelque chose dans ce
championnat.Avec un genou usé et un age avancé , il bne se sentait plus de
devoir investir autant.Il ne venait pas parcourir les terrain de golf de la Côte
d'Azur.Il a été tres correct dans son discours.Son séjour m'a permis tout de
même de présenter quelqu'un d'intéressant qui sera notre relais dans les pays
Scandinaves...
En parlant de joueur que vous
connaissez bien, Everson ne serait-il pas devenu la cible des entraîneurs
adverses par hasard ?
Vous avez peut-être raison. Je crois que c'est Joël Muller qui a commencé par
faire une individuelle en plaçant Blanchard sur Everson. Dernièrement,
l'impression s'est confirmée avec le traitement particulier accordé par
Celestini à Marseille et Coco Michel contre Guingamp. Il fallait s'attendre à ce
type de traitement qui vise aussi Pitau. Les résultats aidant, on se méfie
davantage de cette équipe niçoise. En ce qui concerne « Evi », je pense que lui
non plus ne fait pas de cadeau... D'ailleurs pour le match de Sochaux, il m'a
glissé dernièrement : " Coach, vous me laissez au marquage de Pedretti que je
lui montre un peu ce que signifie de jouer au Ray!»...
À votre niveau, n'est-il pas
délicat de donner suite à toutes tes sollicitations externes dont vous faites
preuve ?
Non, je crois qu'avec ce que j'ai vécu à Bordeaux je suis blindé. J'avais déjà
connu ces sollicitations en tant que joueur, mais la période la plus délicate
reste l'année où nous avons atteint la finale de la coupe de l'UEFA avec les
Girondins. Nous avions rencontré en finale le Bayern Munich. Vous imaginez ma
position en tant qu'entraîneur allemand assis sur le banc de l'équipe adverse.
Je pense qu'il me sera difficile de vivre une expérience où je serais encore
plus sollicité.
Comment gérez-vous cette
pression médiatique ?
J'arrête certaines fois mon portable pour souffler ! Mais je ne vais pas cracher
dans la soupe non plus, ces retombées sont gratifiante. Heureuseement qu'on les
a d'ailleurs .Au début de saison ,on est tous parti dans un esprit "portes
ouvertes"et je ne vois pas pourquoi on changerait quoi que ce doit. En tant que
petit poucet de la compettion , on ne peut savourer ce qui nous arrive...
Par contre celle du Ray vous convient à merveille. Alors 15 000 Niçois font toujours davantage de bruit que 35 000 Bordelais ?
(rire) Je peux vous dire que cela n'a pas plu aux Bordelais. D'ailleurs, un
journaliste m'a dit que face à Marseille il y avait une banderole au stade
Chaban-Delmas qui disait quelque chose comme : « Attention Gernot, on se
rapproche... » En fait, c'est devenu un jeu. Mais pour en revenir à la question,
j'ai le sentiment que notre équipe donne tout et que les supporters ne s'y
trompent jamais. Vous savez, plus que les résultats, les supporters demandent à
leurs joueurs de mouiller le maillot. Sinon, je trouve que la particularité
qu'il y a au Ray réside dans la communion de tout le public. On saute autant
derrière les buts que dans la tribune d'honneur. Il n'y a qu'ici où l'on voit
une telle osmose, même le président participe.
L'avant-dernier match contre
votre « club » girondin pourrait vous envoyer au paradis, il paraît que vous
attendez cette rencontre avec impatience...
Je ne vous cache pas qu'il nous tarde de jouer cette rencontre. Il y a plusieurs
raisons à ça : d'une part nous avons été battus en étant en-deçà de notre valeur
à l'aller, ensuite on garde en mémoire l'arbitrage et enfin certains joueurs se
sont fait chambrer tout le match. Il y en a assez pour faire un cocktail
détonnant pour la dernière réception au Ray, non ?
Si en fin de saison tes supporters se rendent à Laghet implorer que vous
restiez, a-t-on une chance de vous revoir début juillet ?
Je prévois de continuer, mais j'ai envie d'avoir une belle équipe. J'ai
confiance en nos actionnaires et en notre président pour faire les efforts dans
la mesure des moyens disponibles. Il ne faut pas beaucoup d'argent,mais de la
continuité.
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