Cyril Rool:
"Je comprends les sifflets"
Extrait
Après celui ramené de Monaco dans le derby, peut-on dire que ce nul réalisé à Auxerre représente le premier point réellement pris à l'extérieur ?
C'est
vrai qu'à Monaco c'est toujours un peu particulier, mais vu qu'on n'a pas ramené
cinquante points de l'extérieur, je vais quand même compter celui du nul à
Louis-II. On est donc à deux points hors de nos bases... C'est certainement pas
assez. Maintenant, en regardant le bon côté des choses, on peut se dire que
revenir d'Auxerre avec un point, c'est quand même pas mal. On est souvent revenu
de là-bas avec rien du tout.
Il y a quelque temps,
Hugo Lions nous avait confié qu'il restait sur sa faim concernant ses
performances qu'il ne jugeait pas assez décisives, notamment à l'extérieur On
imagine qu'après les deux derniers matches, il peut être satisfait, et vous
aussi...
(il coupe) Pour moi Hugo était déjà performant avant ces deux matches, mais c'est vrai que contre Sedan puis Auxerre, il nous a tenus à flot. Il a fait de sacrés arrêts qui chaque fois nous ont permis de rester dans le match, vraiment rien à dire à part "félicitations et continue comme ça".
Pour ta part, on retient trois images fortes dans ton actualité récente. La première, c'est ton but contre Marseille et la réaction discrète que tu as eue. À quoi as-tu pensé ?
J'étais
étonné, marquer ça ne m'arrive pas si souvent (rires) ! J'étais aussi concentré
car il restait soixante minutes à jouer derrière, donc rien n'était fait. En
plus, avec l'accident du pompier en début de match, je n'allais pas me mettre à
courir de partout. De toute façon, je ne l'ai jamais fait, j'ai toujours plus
savouré une victoire qu'un but ou un exploit personnel.
Marquer contre
Marseille, ton ancien club, ça ne t'a rien fait de particulier ?
Si, ça
m'a fait un petit truc, mais sans plus. J'étais plus heureux d'avoir marqué que
de l'avoir fait contre l'OM. Je ne m'attache pas à ces choses-là.
Passons aux deux
autres images fortes qui nous ont interpellé contre Sedan. Tout d'abord ta
réaction de colère envers la tribune...
Remettons
les choses dans le contexte. Au départ, je rate un coup franc, et franchement
dans un tel cas, j'ai la haine. En plus, à ce moment-là, l'équipe est ballottée
et n'arrive pas à jouer. Dans ces moments-là, tu as les nerfs et c'est normal...
Alors oui, j'ai répondu à des sifflets de la tribune présidentielle, mais ce
n'était pas méchant... Et comme d'habitude, il y en a qui en ont rajouté, je ne
suis pas surpris...
La troisième image
marquante que l'on a retenue, c'est quand tu as donné le ballon du 2-1 à Cédric
Kanté sur coup franc. Après Cyril Rool buteur, on a eu Cyril Rool passeur... et
toujours fort en gueule, puisque que tu n'as pas manqué de faire un nouveau
signe à la tribune...
Pareil,
il faut arrêter d'en faire trop. J'ai réagi à chaud, OK, mais c'était juste pour
dire que celui-là, je ne l'avais pas raté de coup franc, c'était un clin d'oeil
à la << présidentielle >> (rires).
Mais bon, quand le
public voit son équipe se faire jongler à domicile par un promu, qui plus est
déjà relégable, la pilule a quand même du mai à passer !
Le problème est que ceux qui taillent le plus ne sont pas ceux qui nous encouragent le plus. Mais bon, je n'ai pas envie de polémiquer. Bien sûr que je n'attends pas d'applaudissements quand mon équipe n'arrive à rien. Je comprends les sifflets du public quand il voit son équipe se faire dominer comme cela a été le cas. Mais sur le terrain, je donne tout. Je suis entier et j'ai les réactions d'un mec entier, c'est tout.
Que s'est-il passé contre Sedan ?
On a
préparé ce match pour le gagner comme tous les autres. On savait que Sedan était
mal classé, que c'était une belle occasion de les laisser derrière, mais sur le
terrain, dès le départ on a senti qu'on n'y était pas. Ça arrive à toutes lés
équipes... Malgré tout, on a eu une belle réaction d'orgueil en revenant au
score puis en prenant l'avantage. Et puis Sedan a fini par égaliser, mais
c'était logique, on ne méritait pas de gagner... Enfin, on pourrait dire la même
chose de Saint-Étienne contre nous. Carjamais on ne doit perdre là-bas. C'est
comme ça. Quand on est mal classé, rien ne va jamais dans notre sens. Alors
après, c'est l'engrenage. On n'arrive à rien à l'extérieur, donc on se met plus
de pression que l'on devrait à domicile. Parfois ça passe, parfois ça casse. Et
dans un championnat qui m'a l'air très homogène, où sur un match, à part Lyon,
toutes les équipes se valent, on n'est jamais à l'abri.
Le paradoxe, c'est de
tenir une des équipes en forme du moment Sochaux, d'en bousculer une autre sur
ses terres, Saint-Étienne, ou encore de ramener un nul d'Auxerre où ce n'est
jamais simple, et de se faire complètement dépasser dans le jeu par un relégable
potentiel. Comment l'analyses-tu ?
Je pense
que c'est dû à un manque de confiance global de l'équipe. Et puis, ce
championnat est parfois bizarre. On peut en mettre trois à Lorient qui est
quasiment invaincu à l'extérieur et n'arriver à rien contre Sedan qui, pourtant,
semble en crise. C'est pour cela qu'il faut absolument que l'on arrive à gratter
des points hors de nos bases. Cela nous évitera d'avoir sans cesse le couteau
sous la gorge au Ray, et cela nous aidera aussi à nous rassurer.
Contre Nantes, Lyon, Bordeaux et Sedan, le Gym s'est fait remonter au score,
c'est aussi dû à ce manque de confiance selon toi ?
Certainement, mais d'autres facteurs entrent aussi en jeu. Je ne vais pas vous
faire un dessin. Parfois, vous avez les occasions, vous ne les mettez pas et
vous le payez cher. Parfois, vous vous faites remonter sur des buts bêtes et
parfois même, c'est une erreur d'arbitrage qui vous plombe un résultat. On a
connu tous ces cas de figure depuis le début. Maintenant à nous de faire en
sorte que cela ne se reproduise pas à tous les matches.
Que manque-t-il au
Gym aujourd'hui pour respirer un peu mieux au classement ?
Tout
d'abord faire fructifier le résultat d'Auxerre en gagnant à domicile contre
Nancy. Et puis surtout réussir à enchaîner derrière à Paris. Aujourd'hui, en y
regardant bien, ce sont les six premiers matches de la saison qui nous font mal.
On n'a pris qu'un seul point au cours de ces six matches et depuis, on se
traire. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour être mieux. Aujourd'hui, je ne
pense pas que c'est abuser de dire que l'on devrait avoir au moins trois points
de plus. Et avec ces trois points, on n'aurait pas la même discussion
aujourd'hui.
Même si dernièrement
Baky Koné et David Bellion ont trouvé le chemin des filets, l'attaque reste tout
de même déficitaire en buts depuis le début de saison...
(il coupe) Pour moi, c'est collectif avant tout. Des maladresses il y en a dans la première passe, dans la dernière encore plus souvent, et parfois dans le dernier geste devant le but. Comme au niveau défensif, c'est en équipe qu'il faut trouver les solutions offensives. Et si on tire tous dans le même sens, il n'y a pas de raison pour que cela ne vienne pas. Mais pour l'instant, c'est comme ça... Il y a toujours un truc qui te fiche en l'air le match. Du coup, tu manques de sérénité. Pour être en confiance, il faut des résultats.
Après un départ timide, on sent en tout cas que le « tridente » du milieu rayonne globalement un peu plus depuis quelques matches. Tu le ressens ?
(il
hésite) Encore une fois, je pense que c'est tout le collectif qui a eu du mal à
entrer dans la compétition. Mais je n'ai pas envie de polémiquer sur notre début
de saison, je regarde vers l'avant.
En ce qui te
concerne, tu ne te sens pas mieux aujourd'hui qu'au mois d'août ?
L'équipe est mieux, je suis mieux. C'est aussi simple que ça. On oublie trop souvent que le foot est avant tout un sport collectif. Et quand une équipe est au fond du trou, tu peux mettre Ronaldo sur le terrain, ça ne change rien. Quand c'est dur, ça l'est pour tout le monde. C'est pour ça qu'il n'y a qu'ensemble que l'on peut relever la tête. La dernière chose à faire aujourd'hui, c'est de jouer sa carte perso.
Sinon, toujours pas de rouge à l'horizon depuis que tu portes le maillot niçois. Te serais-tu assagi avec l'âge ?
Je prends
quand même pas mal de jaunes. Là, je crois que j'en suis à 7 ou 8, mais c'est
vrai toujours pas de rouge. J'ai l'impression que les arbitres sont un peu plus
cools avec moi en ce moment. Et d'une manière générale, depuis qu'ils ont arrêté
leur délire de penaltys sur les corners, j'ai l'impression que cela va un peu
mieux. Quand il n'y a pas de zèle mal placé, ça se passe plutôt bien. Pour nous,
depuis Saint-Étienne, j'ai trouvé les arbitres plutôt bons même si contre Sedan,
il y a un hors-jeu imaginaire sur Matt. Quand c'est le cas, il faut aussi le
dire. Et puis de toute façon, je trouve que les problèmes d'arbitres sont plutôt
d'ordre individuels. Ce sont, à peu près, toujours les mêmes qui font les mêmes
erreurs. Je ne veux pas être méchant, mais il y en a quand même qui n'ont pas le
niveau.
Que comptes-tu faire
pour conserver ta place dans l'équipe "des Salopards" de nos confrères de So
Foot aux côtés des Heinze, Materazzi, Rooney, Van Bommel et autres Gravesen ?
(rires)
Je n'en sais rien ! J'ai quand même pas mal d'expérience en treize ans de
carrière. Je suis encore compétitif (rires) !
Tu as l'air
confiant...
T'inquiète, je suis encore pas mal (rires)...
La question qui
tue...
Selon toi, dans ce
championnat très homogène, le Gym est-il parti pour galérer jusqu'à la fin pour
le maintien ?
Ça va être dur, il va falloir se battre pour éviter un tel scénario, mais d'un autre côté, ça ne tient pas à grand chose. La saison passée, nous avions 22 points à la trêve et 58 à la fin. En faisant une bonne série avant Noël, on n'en sera pas loin du tout de ces 22 points, donc il ne faut pas paniquer non plus. Aujourd'hui, on paie encore nos six premiers matches, à nous de compenser. On sait aussi que l'hiver, il y a toujours des équipes prétendues en forme qui finissent par craquer et d'autres, comme nous l'an passé, qui arrivent au contraire à remonter la pente. C'est une question à laquelle il est difficile de répondre. Il suffit de réaliser une série pour que la donne change complètement, et ça, je sais que nous en sommes capables.
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