Rohr :
"Nous avons gagné en maturité et en qualité de jeu"
Extrait
Avec les arrivées de Simone et Léonard, le prêt de Dié et le vrai-faux départ de Pitau, la période des transferts fut plutôt animée sur la Côte. Un mois donc après la fin du mercato, que pouvez-vous dire sur les mouvements effectués ?
On peut dire qu'il a été positif
pour l'OGC Nice dans la mesure où nous avons, entre autres, réussi à concrétiser
la venue de Léonard. C'est un garçon qui s'entraînait avec le groupe depuis un
moment et que nous souhaitions voir s'engager officiellement, sa signature a
donc constitué une bonne nouvelle. Ensuite, il y a eu le prêt de Serge Dié à
Metz. Il est revenu en retard pour la reprise après la trêve et il a manifesté
le désir de partir pour gagner en temps de jeu, la solution qui a été trouvée
était donc la meilleure pour tout le monde. Enfin, il y a le coup exceptionnel
réalisé avec la signature de Marco Simone. Il faut lui laisser encore un peu de
temps. Il travaille beaucoup à l'entraînement et il devrait rapidement montrer
qu'il peut apporter énormément à l'équipe par sa justesse technique et son
expérience.
L'accumulation des rencontres,
notamment à l'extérieur, a peut-être eu une incidence sur la fraîcheur de votre
équipe. Après coup, regrettez-vous certains choix tactiques ?
La fraîcheur a été évidemment un
élément déterminant. Faire huit déplacements sur dix rencontres en plein hiver
joue de toute façon sur le physique d'une équipe. Au cours de cette période, le
groupe a réalisé de bonnes choses, et d'autres moins bonnes. Je pense que mis à
part Le Mans à domicile, Nantes et St-Etienne à l'extérieur, nous avons montré
notre force de réaction.
C'est très positif. Quand vous jetez un oeil sur notre parcours, il en ressort
quelques prestations solides comme à Sochaux, Monaco, Ajaccio, Toulouse ou
Lille, et c'est cette constance qui est indéniablement le point fort
d'aujourd'hui. Après, vous pouvez toujours regretter certains choix après une
défaite, mais comme nous ne perdons pas beaucoup, je n'ai pas trop l'occasion de
les regretter !
Désormais, quasiment tout le
monde est sur le pont. Comment allez-vous gérer la concurrence ?
Elle ne me fait pas peur. Au
contraire, je parlerais davantage d'émulation que de concurrence. À partir du
moment où les choses se passent sainement, il n'y a pas de problèmes. Je n'ai vu
aucun élément ne pas jouer la carte du groupe et mettre la pression pour devenir
titulaire. Notre choix se porte uniquement sur le domaine sportif, sans aucun
critère annexe. Nous essayons de bâtir la meilleure équipe possible. Tout
simplement. Il est possible de se tromper, mais généralement, on ne le sait
qu'après la rencontre. À nous de limiter au maximum les erreurs de casting pour
que tout reste propre dans le vestiaire. Mais il n'y a aucun souci. Chez nous,
tout le monde respecte tout le monde !
De quelle manière maintenir la
compétitivité dans l'équipe et conserver l'implication de chacun ?
Cela se fait automatiquement, vu l'envie que les joueurs ont de participer aux grands matches qui nous attendent. J'ai un groupe fort, qui n'a pas besoin de moi pour ça. Si un joueur lâche,les autres se chargent de le récupérer. II ne faut pas oublier que c'est la mentalité qui fait la force de cet effectif.
Toujours placé fin février, pensez-vous avoir les ressources pour faire mieux que l'an dernier ?
Au fil des rencontres, on se rend
compte que par rapport à la saison dernière, nous avons gagné en maturité, mais
aussi en qualité de jeu. Notre dernière sortie à Lille abonde dans ce sens. On
présente un jeu plus cohérent à l'extérieur que par le passé, nous sommes
désormais capables de marquer partout : le but à Nantes, dans un contexte
difficile et face à une formation qui prend peu de buts à domicile, le prouve.
Ensuite, nous avons un calendrier qui peut être magnifique avec la
réception de tous les ténors. Si on parvient à battre l'OM, les portes
pourront s'ouvrir sur de nouvelles ambitions avec un retour à un petit point de
notre adversaire du jour. Enfin, cela fait un moment que nous n'avions pas eu un
effectif complet (seuls manques Cherrad et Audel). Les blessures ont permis à
des joueurs comme Madjid Ben Haddou de revenir dans le coup et désormais, je
dispose d'un groupe compétitif et pleinement concerné. C'est de bon augure avant
un sprint qui peut nous réserver de belles émotions.
La plupart de vos concurrents
directs (Marseille, Sochaux, Nantes, Bordeaux) sont encore en course dans
d'autres compétitions. Finalement, n'y a-t-il pas un gros coup, à jouer pour le
Gym en cette fin de saison ?
C'est vrai que la plupart des clubs qui nous entourent au classement auront, à un moment donné, autre chose en tête que le championnat. Paradoxalement, laissons-les régler ce genre de problème et évitons de focaliser sur une baisse de régime de leur part. Nous devons aborder chaque match comme un combat et nous concentrer exclusivement sur notre parcours. Même si nous avons la chance de recevoir tous les caïds du championnat, nous sommes conscients qu'ils perdent peu en déplacement. Tout sera donc question de motivation, et des sources, il n'en manque pas ! Il y a parfois une revanche à prendre sur la tournure du match, parfois une histoire passée, parfois un contentieux ou parfois une impression d'humiliation de la part d'un adversaire. Nous pouvons ressortir à chaque fois un élément pour nous galvaniser davantage. Des bons matchs, comme on les aime ! Le premier de cette longue série se présente dimanche...
Justement le coup du sort (ou plutôt de sifflet) du match aller est-il digéré ?
On en a gardé pas mal d'amertume parce que nous méritions vraiment ce nul. Je ne vais pas revenir sur ce coup de sifflet qui retentit alors que Sytchev venait de gaspiller l'avantage, mais elle nous ôte les points d'une belle prestation. C'est tout. Ensuite, il n'est pas question de se venger, peut-être juste prendre une revanche devant notre public !
Comment abordez-vous cette manche retour ?
Déterminés, très déterminés ! L'équipe a démontré des qualités de jeu certaines face à Lens et a également fait de bonnes choses à Lille, nous sommes donc dans une spirale positive et dans une période de confiance. On réussit à marquer plus de buts sans pour autant mettre en péril notre organisation défensive, même si nous gardons en tête la défaite à Nantes. Contre le grand OM, j'essaierai donc de mettre une équipe qui saura faire des choses offensives tout en étant rigoureuse.
On ne peut pas évoquer l'OM sans parler de son phénomène ivoirien. Y aura-t-il un plan anti-Drogba de votre part ?
Non. Un plan collectif, oui.
En plus, il y a des chances que José Anigo le laisse souffler deux jours après un match de coupe d'Europe...
Vous rigolez ? Ça m'étonnerait qu'il se prive de ce phénomène. Ils ont déjà eu de la veine que la Côte-d'Ivoire ne fasse pas la CAN et je ne vois pas pourquoi il le laisserait sur le banc délibérément pour ce derby qui est capital, pour eux aussi...
À l'image de votre effectif, le Gym
continue progressivement à se construire en coulisses. Quels sont les risques à
moyen terme pour la croissance du club ?
Le risque serait de ne pas être en Ligue 1 pour la livraison du stade en 2007.
Par contre, si on parvient à franchir ce cap tous les espoirs seront permis.
La célébration du centenaire
tout au long de la prochaine saison semble être le garant de la continuité de
l'engouement populaire derrière le club. Un facteur positif de plus...
Je ne pense pas que le centenaire,
tout seul, suffise à entretenir l'engouement. II faut des performances,
améliorer le jeu, faire des résultats pour conserver cet enthousiasme.
Statistiquement, la troisième année est considérée comme la plus difficile après
une accession, mais honnêtement je ne pense qu'il y ait de vérité. La suite de
l'histoire, nous devons nous mêmes l'écrire au quotidien dans les bureaux,dans
la formation, dans la détection et dans tous les petits détails qui contribuent
à faire avancer le club. Un jour ou l'autre il y aura une crise sportive et il
faudra que nous soyons prêts à l'assumer.
L'évolution de l'effectif se
dessine déjà pour l'an prochain et obligatoirement, vous devez penser aux futurs
contours de l'équipe. Est-ce que le onze qui finira la saison serait susceptible
d'évoluer en fonction de la saison prochaine ?
La question est vraiment intéressante. Forcément, cette hypothèse pourrait revenir à l'ordre du jour en fin de saison. Imaginez un dernier quart de championnat sans pression, le maintien en poche et l'Europe dans les mémoires. Il viendrait sûrement le temps de commencer à bâtir le groupe de l'an prochain. C'est donc une hypothèse qui peut se présenter, mais nous n'en sommes pas encore là.
La vraie période charnière ne sera-t-elle pas cette intersaison avec un certain nombre de changements inévitables ?
Nécessairement et pour diverses
raisons il y aura des changements à l'intersaison. Nous ne garderons pas
certains joueurs en fin de contrat, mais par souci d'honnêteté nous le leur
dirons assez tôt pour qu'ils puissent se retourner, et nous discuterons aussi
avec d'autres qui ne jouent pas et dont l'intérêt sera peut-être de changer
d'air. Il y aura certainement aussi des propositions faites par d'autres clubs à
nos joueurs, et l'on prendra le temps d'étudier chaque cas.
Vous teniez à ce que José Cobos
continue l'aventure sportive une saison supplémentaire. Est-ce pour vous une
garantie importante pour la saison prochaine ?
Bien sûr ! Il s'agit de la garantie
de pouvoir travailler dans la continuité. José sait pousser le groupe et le
galvaniser, avec son état d'esprit, il est un moteur essentiel de notre
effectif. Je tiens également à saluer la prolongation de Bruno Valencony qui
reste également, de par son esprit, un rouage important.
Quand on parle d'avenir, le
Grand Stade revient inévitablement au coeur de la conversation. Alors, où en
est-on ?
Nous sommes dans les temps. La Ville
de Nice fait bien les choses et nous écoute. Ils ont compris que l'aventure ne
peut se pérenniser qu'à condition de construire sur du long terme et éviter de
faire du rafistolage. Nous ne pouvons quasiment pas faire mieux avec nos
modestes installations. 2007 semble être une bonne échéance pour tout le monde.
Maintenant, il faut y aller !
Même si le Conseil municipal
tranchera fin mars, le lieu de la Plaine du Var semble acquis. La dernière
question toujours en suspens concerne la capacité. Quel est votre avis ?
Je suis favorable à ce que l'on opte pour une formule à 40 000 places, modulable. C'est-à-dire qu'il faudrait que les architectes envisagent le fait que l'on puisse jouer devant 20 000 personnes sans avoir la sensation que l'enceinte est à moitié vide. Cette solution est tout à fait réalisable par les techniques modernes et elle nous permettrait de pouvoir accueillir l'équipe de France ou des grands matches européens.
On change d'actualité. Récemment, vous avez annoncé votre entrée en politique comme celle d'une ex-miss France dans une autre région...
J'ai simplement accepté d'intégrer une liste présentée par des amis en Aquitaine, mais je n'ai pas une position éligible. Je vous rassure, mes priorités n'ont pas changé... (rires)
Votre profil, et la cote de popularité dont vous faites preuve laissent entrevoir des qualités correspondant assez bien à celles d'un sélectionneur. Prendre les destinées d'une sélection nationale vous a-t-il déjà traversé l'esprit ?
Il y a quelques années, les
dirigeants de l'lle Maurice m'avaient approché, mais j'avais jugé qu'il était
encore trop tôt pour partir dans un paradis touristique. (rires) Je suis bien
ici. Devant l'enthousiasme connu à Nice, je ne me pose même pas la question. Ce
n'est pas le moment de partir. Il est tellement rare de trouver une telle osmose
au sein d'un club que je ne suis pas pressé de voir si c'est pareil
ailleurs...Le travail réalisé mérite d'être poursuivi et approfondi. Je n'ai
donc pas envie. Ce n'est pas le moment et je le répète, ma passion, je la vis
pleinement ici. Nous avons tous des émotions à partager encore pendant un
moment...
Une dernière question sur les
disparités fiscales entre la France et les grands pays européens de football. À
ce sujet, le gouvernement espagnol envisage de voter une loi pour alléger encore
les charges des clubs professionnels pour favoriser l'arrivée de nouveaux
joueurs étrangers dans la Liga. Quelle est votre position sur le sujet ?
Je suis européen, je revendique donc
naturellement que l'on soit tous sur un même pied d'égalité. Lorsque l'on voit
les systèmes fiscaux dans les autres pays, on se rend compte que c'est la France
qui devrait faire évoluer le sien. À terme, tout devrait se normaliser et notre
pays devrait combler son retard. C'est de toute manière le seul moyen pour ne
pas être totalement dépassé.
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La semaine de Pancho (4ème partie et fin)
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