Sébastien Roudet:

"J'ai faim de matchs"

 

Extrait

 

 

Tout d'abord félicitations pour l'heureux événement...

Merci, c'est vraiment le plein de bonheur en ce moment. L'accouchement s'est bien passé au lendemain de notre qualification contre Bordeaux. Nous sommes rentrés à l'hôpital à 8h00 et Léane est née à 12h06. Elle se porte bien, ma femme aussi, c'est vraiment un grand moment dans une vie.

Qu'est-ce que cela va changer pour toi désormais ?

Je ne me rends pas encore bien compte... J'espère être à la hauteur, être père c'est une très grande responsabilité. J'espère aussi que ça va être un déclic dans ma vie.

En tout cas, avec un but à Sochaux, une rentrée décisive contre Bordeaux et la naissance de Léane, on peut dire que c'est une  bonne période pour toi...

C'est vrai que je suis plutôt dans le positif en ce moment. Comme on dit, pourvu que ça dure ! Ce serait bien que je garde cette dynamique et que la réussite continue de me sourire. A Sochaux, j'ai enfin retrouvé le chemin des filets en inscrivant mon second but de la saison, un total insuffisant au regard du nombre d'occasions que je me suis procurés depuis le début de la saison. Contre Bordeaux le coach m'a dit de me lâcher, ça ne s'est pas trop mal passé même si là aussi j'aurais dû convertir mes occasions en but. Je reste un peu sur ma faim, mais si j'ai pu apporter ma pierre à l'édifice de la qualification, c'est tant mieux ! Enfin, il y a eu cette victoire contre le PSG, ce qui est bien c'est que l'on arrive à enchaîner. On peut dire que c'est un bon mois de janvier.

Au sujet de ce Nice-PSG, comment le groupe perçu la réaction des Parisiens après le match ?

Faut qu'ils arrêtent ! Les Parisiens se plaignent à chaque fois qu'ils perdent. La plupart des équipes qui perdent contre nous ont toujours de bonnes excuses d'ailleurs... En ce qui les concerne, les Parisiens ont joué l'action. J'ai revu les images et le coup de sifflet n'a rien changé car Samy avait déjà pris le dessus sur Yepes. On voit aussi qu'ils ne sont pas arrêtés net... Enfin, tout ça pour dire qu'on marque logiquement et qu'il n'y a rien d'autre à dire. Certes, ce coup de sifflet n'est pas très fair-play, mais ça arrive souvent et là tout était joué. Je trouve que leur réaction est petite. Ils n'avaient qu'à marquer un but s'ils voulaient gagner...

Il semble que le Gym soit reparti sur de nouvelles bases en 2006, qu'en penses-tu ?

Comme je l'ai dit, c'est gros mois de janvier que nous vivons. Si nous pouvions faire un truc à St-Etienne ce serait presque parfait. Une seule petite tâche là-dedans, notre défaite à Brest. C'est dommage.

Justement, avec le recul comment analyses-tu cette défaite en coupe de France ?

Le coach avait fait tourner mais l'équipe avait quand même les moyens de faire mieux... A ce sujet, j'ai trouvé les propos de la plupart des journaux très durs envers l'équipe. J'ai lu et entendu certaines choses pas très correctes. Moi, je ne considère pas qu'il s'agissait d'une équipe bis. Les gars qui ont joué ce match, et j'en fais partie, ont tous mérité d'être là. Ils sont dans l'effectif, ils ont le niveau ! Chacun voulait d'ailleurs prouver au coach de quoi il était capable, mais il faut aussi reconnaître que nous sommes tombés sur une excellente équipe de Brest. C'est le sport, ça ne va pas toujours dans le sens qu'on veut et il faut l'accepter. Perdre 3-0 contre une L2 ne fait jamais plaisir, mais dans le contexte de la coupe ce n'est pas honteux non plus. Si nous n'avons pas été à la hauteur, nous nous sommes quand même battus sur le terrain.

C'était le match piège par excellence...

Exactement. J'ai connu ça avec Châteauroux. Il y a deux ans nous avions atteint la finale, malheureusement perdue contre le PSG. Contre des équipes qui nous étaient supérieures nous avions joué sans complexes, complètement libérés. C'était beaucoup plus facile que le championnat. Du coup, contre une L1 qui n'était pas forcément bien, nous avions nos chances. C'est ce qui est arrivé à Brest. Maintenant, il faut tourner la page.

Notamment pour en écrire une très belle en  coupe de la Ligue. Que penses-tu du tirage de la demi-finale ?

Depuis le début, nous recevions, il fallait bien se déplacer... Dans ce contexte, aller à Monaco était le plus simple. Ce sera plus facile pour nos supporters de faire le déplacement et nous savons déjà que dans le stade au moins 50% des gens seront derrière nous. A ce stade de la compétition c'est vraiment important. Après, on sait que Monaco est une excellente équipe avec de grands joueurs. Il va falloir se surpasser comme nous avons réussi à le faire contre Bordeaux. A ce stade, les deux équipes sont aux portes de la finale, ça va se jouer à pas grand-chose, mais sans m'enflammer, j'y crois, je suis confiant. Maintenant, il va falloir aller chercher la finale.

Eviter un déplacement au Mans ou à Nancy c'est ce que tu voulais ?

Chaque adversaire à ses qualités et ses défauts. Je n'avais pas de préférence à part recevoir. Maintenant, se déplacer à Monaco est le moins pire qu'il pouvait nous arriver. C'est la plus grosse écurie du dernier carré, mais si on met le soutien populaire dans la balance, ce n'est pas si mal. J'aimerais vraiment faire plaisir aux supporters...

Et retourner au Stade de France serait pas mal non plus. Pour l'avoir connue il y a deux ans, qu'as-tu à nous dire sur cette enceinte pour nous faire saliver ?

C'est un stade mythique, l'ambiance y est vraiment extra. La France y a été championne du monde, c'est un lieu grandiose. J'y ai vu des matchs, j'y ai joué en 2004 contre le PSG. Il me reste quand même un goût amer depuis mon dernier passage là-bas. C'est sûr que j'aimerais bien prendre une petite revanche sur le sort, mais n'en parlons pas trop non plus. Le foot est parfois cruel et il ne faut pas oublier qu'il reste au moins 90 minutes de haut standing à réaliser pour s'offrir ce bonheur.

Cela doit faire du bien de mettre un peu de piment dans la saison...

Exactement. Cela bonifie notre saison. On parle du club, de la ville et des joueurs, cette petite médiatisation fait du bien à tout le monde. On a en plus la possibilité d'accentuer tout cela avec une finale. Avec notre regain de forme en championnat, c'est aussi très profitable pour le groupe qui voit enfin ses efforts récompensés.

Entre le championnat et la coupe où va la priorité maintenant selon toi ?

Il faut prendre la coupe comme un plus et disputer cette demi sans arrière-pensées. C'est comme ça que nous parviendrons à nos fins, pas en focalisant et en jouant le match dans nos têtes. Maintenant, il serait bête de négliger le championnat. Nous avons encore de belles choses à y faire. Il y a déjà ce déplacement à St-Etienne, puis la réception de Lille, deux équipes contre qui nous avons une revanche à prendre après les matchs aller. Nous avons bien l'intention de faire un truc à Geoffroy-Guichard, c'est un match important pour notre staff et nos supporters. Et puis enchaîner à domicile contre des Lillois toujours redoutables pourrait nous redonner un peu d'ambition. On a encore notre mot à dire dans ce championnat.

Pour ta part, quel bilan fais-tu de ta première partie de saison ?

C'est plutôt mitigé. J'ai manqué de confiance, parfois de détermination et j'ai surtout été maladroit dans le dernier geste. A chaque match, je me procure des occasions et je ne suis qu'à deux buts ! Ce n'est pas satisfaisant pour moi et je suis plutôt déçu. Heureusement que 2006 s'annonce sous de meilleurs auspices. J'espère être décisif et aider l'équipe à atteindre ses buts. Je peux donner beaucoup plus. Je voudrais aussi retrouver plus de temps de jeu, prouver au coach que j'ai ma place dans le onze de départ.

A Nice depuis un an et demi, comment juges tu ton évolution au sein du club et ce relatif changement de statut puisque tu dois maintenant faire face à la concurrence ?

L'an dernier, le coach me faisait totalement confiance. Il m'avait recruté pour remplacer Everson sur le côté gauche et m'avait lancé rapidement dans le grand bain. Et comme j'avais eu la chance de marquer assez vite, j'ai ensuite passé une saison plutôt heureuse malgré quelques pépins physiques qui m'ont un peu coupé dans mon élan. Cette saison, Frédéric Antonetti est arrivé, le club a réalisé un bon recrutement, et il a fallu repartir de zéro et faire ses preuves à nouveau. Ce n'est pas simple, il faut batailler, mais ça fait progresser.

A Nice tu as connu les blessures pour la première fois, est-ce aussi une première au niveau de la concurrence ?

Oui. Enfin, j'ai toujours baigné dans la concurrence mais à Châteauroux comme ici l'an dernier, j'avais un total crédit et le temps de jeu qui allait avec. C'est vrai qu'aujourd'hui c'est plus dur. Depuis le début de saison, j'ai connu quelques frustrations. Quand je suis remplaçant, cela ne me fait jamais plaisir car je suis un compétiteur et je veux toujours jouer, m'éclater sur un terrain. Mais quelque part, cela m'endurcit et me pousse à me battre encore plus. Et je comprends qu'il faille toujours prouver au staff que l'on peut apporter quelque chose. En l'occurrence, l'équipe dispose de plusieurs systèmes de jeu et si je n'y ai pas une place naturelle de par mon profil de joueur de couloir, je peux m'adapter et donner ce que j'ai à donner.

Depuis le début de saison, le coach t'a pas mal bougé, notamment lors des entraînements. A plusieurs reprises on t'a d'ailleurs vu agacé. Quels sont tes rapports avec lui ?

Je reconnais que cela n'a pas été des plus faciles entre nous au début. Je suis d'un naturel plutôt discret, mais j'ai aussi mon sale caractère. Cela peut en surprendre quelques-uns... Après, je sais très bien que s(il est toujours derrière moi, c'est qu'il attend beaucoup. Mieux vaut ça que le contraire même s'il faut des fois ravaler son orgueil. Et puis le coach vit le football à 200%, je comprends qu'avec tant d'investissement personnel il se montre exigeant. Il fallu un temps d'adaptation pour que l'on arrive à se comprendre avec Frédéric Antonetti, mais on a fait un pas en avant au fil des mois. Quand on apprend à connaître quelqu'un, tout ne colle pas toujours dès le départ. Pour ma part, il m'a aussi fallu encaisser les nouvelles règles pour repartir de l'avant et reprendre confiance en moi.

Contre Bordeaux, on a vu Frédéric Antonetti te parler très vivement à la mi-temps des prolongations. On a même cru qu'il t'engueulait. Peux-tu nous en dire plus sur ce moment particulier ?

En fait, à la fin du temps réglementaire, le coach n'était pas content, il me reprochait mon comportement sur une action. Par contre, quand vous l'avez vu me parler, il m'encourageait et me disait qu'il comptait sur moi pour faire la différence.

T'avait-on déjà parlé avec tant de ferveur ?

C'est vrai que jamais un coach ne m'a parlé comme ça. Mais à ce moment-là d'un match, ça fait un bien fou, ça motive, ça transcende. Il savait que c'est comme ça que nous parviendrons à l'emporter. Après, c'est vrai qu'il faut s'y faire. Quand on n'a pas l'habitude ça fait un peu bizarre. C'est un peu un choc des cultures. C'est aussi le genre de chose qui fait progresser un homme même si parfois ça fait un peu mal.

De l'extérieur, vos rapports semblent un peu s'apparenter à ceux de Jacquet avec Pirès. Le coach te dit-il de muscler ton jeu ?

C'est un peu ça... Il me dit quelques fois d'être plus déterminé, de plus croire en moi. Il sait que c'est comme ça qu'on arrive à être décisif.

C'est vrai que l'on te voit souvent prendre des coups. As-tu l'impression d'être devenu une cible pour les défenseurs ?

Je ne sais pas si je suis une cible, mais je me souviens qu'à Châteauroux Victor Svunka me disait que j'ai un jeu à prendre des coups. Prendre des coups, il faut accepter cela quand on joue au football, mais des fois c'est pénible. Quand ça se répète dans un match, puis dans un autre et parfois dans la majorité, c'est dur. En plus, je ne suis pas très costaud et il faut déjà que je lutte au départ pour ne pas me faire marcher dessus. C'est énervant, ça peut vous faire sortir d'un match. Mais dans la plupart des cas, j'essaie toujours de montrer que malgré tout je ne lâche pas même s'il faut que je m'endurcisse encore.

Etre père, avoir de nouvelles responsabilités, cela va t'aider non ?

Je pense que cela va beaucoup m'apporter. J'apprends beaucoup en ce moment, tant dans ma vie familiale que professionnelle. Je suis encore jeune, c'est en quelque sorte la suite de mon apprentissage de la vie. Je suis plutôt introverti au départ, ce n'est pas facile de changer, mais petit à petit je sens que j'évolue. Il faut que j'arrive à retranscrire cela sur le terrain et c'est que j'essaie de faire chaque jour.

Que te manque-t-il aujourd'hui pour passer un palier supplémentaire ?

L'efficacité dans le dernier geste. Pour moi comme pour l'équipe cela pourrait changer beaucoup de choses. Je marquais à Châteauroux, j'ai un peu perdu ça depuis, mais je continue à bosser et cela va revenir. J'espère que dans l'élan de ce début d'année je vais faire un pas en avant dans ce domaine.

Quand tu dis que tu ne corresponds pas au profil de certains systèmes de jeu, que veux tu entendre ?

En fait, j'ai grandi avec un système de jeu à Châteauroux, un 4-4-2 à plat, et il faut que j'apprenne à évoluer autrement. Alors, hors de ce système, ça va presque naturellement quand j'ai tout le couloir gauche, mais c'est plus difficile pour moi quand il faut changer de registre, en deuxième attaquant ou dans un positionnement de milieu défensif gauche comme contre Bordeaux. Mais je continue d'apprendre et je ne demande que du temps de jeu pour accélérer tout ça. Enfin, je ne demande rien, je travaille pour ça à chaque entraînement.

Beaucoup d'ailiers gauches se sont reconvertis avec bonheur en latéraux par le passé, on pense à Di Méco, Lizarazu, Evra. Penses-tu que cela pourrait te convenir ?

Franchement, je n'aimerais pas jouer à ce poste. Reculer ne me plairait pas trop d'autant que je n~ sais pas trop défendre, je fais beaucoup de fautes quand il faut récupérer le ballon.,adon, j'espère rester devant (rire).

Quel est pour toi le plus grand changement entre le Sébastien Roudet de La Berrichone et celui du Gym ?

Le plus grand changement s'est fait dans la tête. Partir loin de chez soi est toujours une expérience particulière. Personnellement, cela m'a fait grandir. Châteauroux était un peu l'époque de l'insouciance alors que Nice est plus celle de la prise de conscience. J'ai beaucoup appris et encore pas mal à apprendre pour franchir un cap dans ma vie comme dans mon métier.



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