Cyril Rool:

 

"C'est un club qui me ressemble..."

 

Extrait

 

 

Cyril, rentrons directement dans le vif du sujet, nous aurons toujours le temps de te « titiller » après...

D'accord.

Es-tu déçu par ce début de saison ?

Disons que sur un plan comptable, c'est certain que nous pouvons avoir quelques regrets, mais sur le plan du jeu, je ne crois pas. Sans rougir, il n'y a qu'au niveau des points que nous sommes déçus.

N'est-ce pas frustrant d'avoir autant de décalage entre vos prestations et le nombre de points pris en championnat ?

Je suis persuadé que nous méritons d'avoir au moins 4 points de plus au compteur. C'est encourageant car nous produisons du jeu, mais c'est vrai qu'avec quelques points de plus, nous aurions été réellement récompensés de nos efforts sur le terrain.

Comment expliques-tu cette différence comptable ?

Pour moi, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. C'est avant tout un problème de concentration. Nous prenons des buts à la « con » et tout s'enchaîne négativement ensuite. Prenons la rencontre face à Sochaux même si le contexte fut assez particulier, nous aurions pu mettre avant ce deuxième but qui aurait atténué la portée des décisions
arbitrales. On n'arrive pas à tuer les matches et c'est peut-être notre seul problème actuel.

Le match à Paris arrive à point nommé pour faire retomber la pression née autour de vos premières sorties...

Nous allons à Paris, sans pression. Ils sont favoris, ont pris un sacré départ et semblent déjà bien en place. C'est tout bon car personne ne nous attend sur ce match. Pour nous, tout ce qui peut arriver de positif n'est que du bonus pour la suite...

N'est-ce pas l'occasion de montrer que vous pouvez rivaliser avec n'importe qui ?

Je vous rassure, on n'y va pas pour défendre. Nous voulons vraiment faire quelque chose, mais ce n'est pas pour cette raison qu'il faut en parler forcément (rires) ! Je suis persuadé que nous pouvons les gêner. Nous sommes assez emmerdants pour enrayer les plans des grandes équipes cette année.

Que reste-t-il de votre victoire en amical durant la préparation ?

De quelle rencontre, vous me parlez ? (NDLR : 1-3 à Evry face au PSG) Vous savez les matches amicaux... Il y a deux mondes qui séparent une rencontre amicale de début de saison d'un match de championnat. La compétition, c'est vraiment différent, surtout qu'au mois de juillet, la plupart d'entre eux venaient juste de reprendre l'entraînement.

La victoire à Toulouse est peut-être un signe. Cette équipe du Gym n'est-elle pas plus à l'aise à l'extérieur ?

Je vous rappelle juste que nous n'avons fait qu'un match à l'extérieur. Difficile de tirer des enseignements. Attendons quatre ou cinq déplacements pour pouvoir se lancer dans de grandes analyses... Je plaisante, mais personne ne peut se fier à un déplacement pour clamer qu'une équipe est plus à l'aise à l'extérieur.

Personnellement, de quelle manière analyses-tu ton début de saison ?

J'ai eu une blessure qui m'a gêné au début et qui m'a limité dans la préparation. Je sais juste que j'ai besoin de rythme et d'enchaîner les matches pour me sentir bien. Il faut que je prenne mes marques au milieu. Je pense que ça ira de mieux en mieux...

Il te faut sans doute du temps pour être à 100%...

C'est vrai que je suis davantage un diesel.

Tiens donc, c'était notre question d'après où nous voulions te demander : plus un Diesel qu'un Turbo ?

Oui, c'est ça... J'ai besoin d'enchaîner les matches. Après, je crois que c'est pour tout le monde pareil. Mis à part les jeunes qui ont besoin de prouver tout de suite, les autres ont tendance à enfiler les performances pour monter en puissance.

Même s'il ne sert à rien de revenir en arrière, les événements contre Sochaux ne vous ont-ils pas freinés pour la suite ?

Les événements nous ont surtout cassé le match. Nous aurions dû prendre au moins un point. Nous faisons vraiment une mauvaise opération comptable, mais peut-être bonne au niveau de l'expérience. Je fais un peu la même réponse que tout à l'heure, mais il sera important à l'avenir de retenir cette leçon. À la limite, c'est un mal pour un bien pour la suite...

Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, tu es resté assez calme sur le terrain...

Sur le coup, qu'est-ce que tu veux faire ?

Nous voulions juste dire que c'est bizarre de te voir rester calme au moment où tout le monde attend que tu partes en vrille ». Alors dix ans après, tu n'avais pas envie de lui en mettre « une » au bon vieux Lee Dixon d'Arsenal, lors d'une historique victoire à Wembley avec Lens ?

C'est vrai que je me souviens de cette rencontre. Mais bon, une réaction ne s'explique pas. Tu peux craquer sur le terrain à des moments où personne ne s'y attend et que ton équipe mène 3-0. Il n'y a pas de vérité. Ça veut strictement rien dire et ça ne s'explique pas ! Maintenant, je viens d'avoir 30 ans et c'est vrai que je réagis moins à  chaud ». J'arrive davantage à me canaliser...

Des centaines de journalistes ont dû te poser la question : quels sont tes rapports avec les arbitres sur le terrain ?

Alors là, ça dépend... Il y a des matches où personne ne peut saquer l'autre et d'autres où il y a presque de la complicité entre nous. J'ai assisté à des scènes hallucinantes où l'arbitre vient me voir et me glisse d'entrée : « Tu fais pas deux minutes et je te mets un rouge !», le tout en me regardant droit dans les yeux. Je trouve qu'il y a un changement et parfois moins de respect de leur part. Je vais pousser le bouchon un peu loin, mais ça ressemblerait presque à une certaine jouissance de dégainer les cartons à tout va. Comme le foot est beaucoup plus médiatisé, il y a davantage de distance entre nous. Aujourd'hui, il n'est plus question de prendre un arbitre par l'épaule ou de discuter avec lui. À la limite, il faudrait rétablir le dialogue entre nous. Le problème, c'est qu'ils prennent pas mal d'importance sur le terrain et c'est ce qui me gêne aussi...

Le cliché du « casseur » de jambes n'est-il pas lourd à porter sur certaines rencontres ?

Vous êtes gentil... Mais je veux juste préciser que malgré les apparences, je n'ai jamais blessé quelqu'un sur un terrain. Je « rentre », d'accord, mais toujours dans l'esprit. Jamais pour faire mal. Enfin, je touche du bois (rires) !

Avec deux jaunes en trois matches, les statistiques confirment que les arbitres ne te laissent rien passer...

Oui, c'est un peu vrai. Contre Sochaux, je fais une faute. Ça n'a pas loupé, un carton a suivi... Mais je ne revendique rien, c'est comme ça. Je sais pertinemment que je n'ai pas le droit à l'erreur.

Par rapport à tes débuts, as-tu l'impression de t'être calmé sur le terrain ?

Oui. Je suis vraiment plus calme. Ça n'a même rien à voir avec mes débuts ! Après, je vous répète, tout dépend du déroulement d'un match.

Mais finalement, n'est-ce pas une partie intégrante de ton jeu ?

C'est certain. Je dirai que c'est même ma force. Après si vous regardez bien, je ne crois pas faire plus de fautes qu'un Heinze au PSG ! Avec lui, les médias n'en font pas un flanc systématiquement... Mais que voulez-vous, en France, lorsqu'on vous colle une étiquette, c'est dur de l'enlever ! À un moment, je me suis dit :« Cyril, cette année, il faut te calmer... » Et au final, cela n'a pas servi à grand-chose dans la mesure où cette agressivité sur le terrain fait partie intégrante de mon jeu. Je pense même que j'ai été pro grâce à ça aussi...

Justement, est-ce vrai que Courbis, à Lens, avait établi un pacte anti-rouge avec toi ?

Oui, nous avons même fait un pari à ce sujet.

Et alors, l'as-tu tenu ?

Oui, je n'en ai pas pris. Pour autant, je me suis aperçu que sur certains matches, plus je faisais attention, moins j'étais bon ! Après cette histoire de Lens, c'est aussi du Rolland tout craché... La presse s'en est mêlée et les arbitres aussi. Cette médiatisation autour de cette histoire nous a certainement aidés à ne pas diaboliser mon personnage.

Le discours d'Antonetti en début de saison était-il de la même teneur ?

Non, pas vraiment. II me connaît et il m'a simplement expliqué qu'il s'était engagé vis-à-vis des dirigeants. Je pense qu'il n'y aura pas trop de problèmes à ce niveau car je connais sa façon de fonctionner et lui aussi. Rassurez-vous, notre passé commun fait qu'il ne se gêne pas pour me dire les choses en face !

As-tu déjà fait le compte du nombre d'avertissements pris au cours de ta carrière ?

Personnellement, non, car je ne ressens pas de fierté particulière. Simplement, je sais que le journal L'Equipe avait sorti un chiffre de 90 jaunes et 18 rouges. J'étais vraiment loin devant Di Meco, je crois (rires) ! À la limite, personne ne viendra me prendre ce record (rires)...

Question pour un repenti : y a-t-il un geste ou un tacle que tu as regretté ensuite ?

Je ne crois pas. Je vous rappelle que je n'ai jamais blessé personne. Les seules fois où j'ai regretté quelque chose, c'est les cartons pris pour contestation. Je ne le crie pas sur tous les toits, mais bon... Parfois ça fait du bien de dire ce que l'on pense. C'est bête comme attitude, mais je n'arrive jamais à me contrôler. C'est comme ça, lorsque j'ai quelque chose à dire...

Justement, à un moment donné, cette réputation n'a-t-elle pas été une entrave à ta carrière ?

Elle m'a autant servi que desservi... Vous savez, je reste intègre. Je peux me tromper, j'admets ne pas y mettre la forme et c'est vrai que parfois ça n'a pas lieu d'être, mais je joue toujours franc jeu avec les gens, mes coéquipiers et avec les médias. Dans le cas inverse, je ne pourrais pas regarder une personne en face. Le foot d'aujourd'hui exige des garçons policés et nous ne sommes pas près de retrouver un Cantona. Il faut rester discret et pratiquer la langue de bois. Je n'y arrive pas et ce n'est pas le foot que j'aime. Ça ne m'a pas aidé car à un moment donné, cette réputation m'a suivi. On ne voulait pas d'un garçon qui disait ce qu'il pensait à l'entraîneur et aux autres joueurs dans le vestiaire. J'ai des anecdotes en pagaille où un transfert ne s'est pas fait au dernier moment car un coach a eu peur de me prendre. Grosso modo, ma seule réponse est de dire qu'au final, j'ai été titulaire partout où je suis passé et que personne n'a été trompé sur la marchandise. On me prend comme je suis...

Après la sélection « espoir », l'étape du dessus était-elle si inaccessible ?

Presque... Vous vous rendez compte les « monstres » qui jouaient à mon époque. C'était dur de les toucher. Je vais être honnête en disant simplement que je n'avais pas ma place. Pourtant, j'ai failli approcher le groupe car Jacquet est venu me voir un jour en me disant qu'il avait un oeil sur moi et que je faisais partie d'une pré-liste de 35. Vu la concurrence dans cette génération, c'est déjà ça (rires) !

Pourtant, une certaine polyvalence pouvait jouer en ta faveur... Au fait, tu préfères latéral gauche ou milieu ?

Je préfère jouer au milieu. En ce qui concerne l'équipe de France, il suffit simplement de dire Lizarazu à gauche et Petit, Deschamps, Vieira en milieu défensif... Si ça, ce n'est pas intouchable (rires)...

Un départ à l'étranger aurait peut-être pu te donner une dimension supplémentaire. Pourquoi n'avoir jamais répondu aux sirènes anglaises, un championnat conçu pour toi ?

J'ai eu quelques touches, mais à chaque fois, soit l'affaire ne s'est pas faites, soit les clubs n'ont pas voulu me lâcher.

Il ressort une certaine fidélité au regard de ton CV...

C'est vrai. J'ai fait 5 ans à Bastia et 5 ans à Lens, plus une année à Monaco qui voulait me garder. Mais comme j'étais prêté, je suis retourné dans le Nord. Même pour Bordeaux, je me sentais bien là-bas et cela ne m'aurait pas dérangé de rester plus longtemps. Il y a eu simplement ce coup de coeur avec le Gym...

Ton destin et celui du Gym n'étaient-ils pas faits pour se rencontrer à un moment donné ?

Je pense sincèrement. C'est un club qui me ressemble. Je suis à l'aise ici. J'adore cette ambiance du Ray, elle
me fait penser au Furiani de mes débuts...

Une question nous est venue à l'esprit, te souviens-tu des deux dernières fois où tu a joué au Ray ?

Oui, les deux fois, cela s'est mal passé. La première, je me suis déboîté l'épaule et la deuxième, j'ai pris un rouge et je suis sorti de façon houleuse.

Les supporters ne t'en ont pas tenu rigueur puisque tu es vite devenu l'un des chouchous du public...

Chouchou, vous allez vite en besogne. Les supporters aiment qu'un joueur se batte et défende les couleurs. C'est le cas. Après, on fait attention à la performance. Dans tous les clubs, c'est pareil. Quand t'es bon, ça va, sinon c'est galère pour tout le monde...

Nous ne t'avons même pas demandé comment tu voyais la saison de cet OGC Nice, nouvelle formule ?

Je la vois bien, évidemment. Mais à Bordeaux aussi, je la voyais bien et pourtant nous avons failli descendre. Vous savez, une saison, ça tient à rien. Il est impossible de se projeter sur du long terme. C'est trop aléatoire. Parfois, vous gagnez et personne ne sait pourquoi et d'autres, vous perdez alors que vous ne le méritez pas, comme nous aujourd'hui...

 

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