Cyril Rool:
"Je ressemble aux supporters du gym"
Extrait
Vous restez sur une belle victoire face à Nancy... Avec 43 points le premier objectif, le maintien, est désormais acquis...
C'est sûr, c'est déjà une bonne chose de faite. Se sauver à 7 journées de la fin c'est quelque part un soulagement surtout que la saison dernière le club avait attendu la toute fin de championnat pour assurer son maintien. Maintenant il ne faut pas s'arrêter là et continuer à cravacher pour obtenir le meilleur classement possible en fin de saison. Nous avons connu un départ chaotique notamment à domicile mais à chacune de nos sorties nous sentions qu'il y avait un contenu. Nous nous sommes appuyés là dessus et cela a fini par payer.
Avec cette victoire face aux Lorrains, peut-on parler d'avantage psychologique avant la finale de la Coupe de la Ligue ?
Je ne pense pas. Une finale cela reste spécial et c'est complètement différent d'un match de championnat. Il n'y a pas 3 points à prendre à la fin du match mais un trophée à soulever donc nous n'aborderons pas ce match de la même façon. Le 22 avril, au coup d'envoi ça sera du 50/50.
Une rencontre particulièrement tendue, hasard ou coïncidence ?
(Rires)... Je ne sais
pas. C'est difficile de répondre à cette question. Je crois qu'aujourd'hui cela
ne sert à rien de polémiquer. Le match est joué, nous avons pris les 3 points et
maintenant il faut tourner la page.
Comment expliques-tu
les dérapages de fin de match ?
C'était assez tendu c'est
certain. Il y a eu quelques gros tacles sur Marama (Vahirua) et Baky (Koné) ce
qui a fait monter la tension sur le terrain. Nous avons des joueurs talentueux
dans l'équipe qui posent des problèmes à leurs adversaires. Marama et Baky sont
vifs et techniques, donc certains emploient la manière forte pour les stopper.
Pour le reste, cela ne sert à rien d'en parler. Maintenant c'est du passé.
Cela s'annonce chaud
dans un peu moins d'un mois au Stade de France...
Il faut s'attendre à un
match complètement différent. C'est la finale de Coupe de la Ligue. Disputer une
finale cela reste avant tout un plaisir et je pense que d'ici là de l'eau aura
coulé sous les ponts. Comme je l'ai dit, d'ici le 22 avril tout le monde aura
tourné la page.
Les points forts de
Nancy ?
Je ne les ai pas
particulièrement suivis cette saison. Ce qui est sûr c'est qu'ils font un bon
championnat. Leur classement est là pour en témoigner. Sur les deux matches que
nous avons joués contre eux, nous leur avons quand même pris quatre points (0-0
à Nancy et victoire du Gym 1-0 au Ray). Malgré tout, les deux matches ont été
très serrés avec un seul but marqué en 180 minutes. C'est une équipe qui ne
lâche rien et qui sait mettre le pied. La preuve, ils ont terminé à dix lors des
deux matches qu'ils ont joués contre nous (rires).
Peut-on parler
d'avantage au niveau de l'expérience du côté du Gym ?
J'espère que oui (il
sourit)... Après, jouer une finale c'est toujours quelque chose de particulier.
On ne se rappelle que du vainqueur, jamais du finaliste. C'est un moment qui
reste gravé dans les mémoires. Je crois qu'il ne faudra pas jouer le match dans
nos têtes. Il ne faut pas avoir de regrets. Rester soi-même, avec ses qualités
et jouer le coup à fond.
Un peu comme vous
l'avez fait depuis le début de la compétition ?
Absolument, je crois que
c'était la meilleure des méthodes. Nous avons pris match après match sans nous
poser de questions. Il faut également un peu de réussite. Il ne faut pas oublier
non plus le premier match face à Châteauroux où nous avons dû attendre la
prolongation pour nous qualifier. Même chose contre Bordeaux sans oublier qu'à
Monaco Vieri frappe la barre en deuxième mi-temps. La réussite est un ingrédient
essentiel. C'est en repensant aussi à tout ça que nous nous disons que cette
année est peut-être la bonne pour aller jusqu'au bout. C'est de bon augure.
Le Stade de France tu
connais...
Oui c'est vrai j'ai déjà foulé cette pelouse mythique avec Lens où j'ai remporté la Coupe de la Ligue en 1999 (1-0 face à Metz). Cela reste un très bon souvenir. Le Stade de France c'est particulier. On a l'habitude de jouer dans de grosses ambiances toute la saison comme au Vélodrome ou au Parc des Princes mais on s'y habitue après quelques saisons. Là non, c'est complètement différent. Cela reste un événement dans une carrière. Et puis, c'est quand même dans cette enceinte que la France est devenue Championne du Monde. Pour jouer au Stade de France il n'y a pas cinquante solutions : une sélection en équipe de France ou une finale avec son club. C'est une chance immense car certains grands joueurs ne joueront jamais dans ce stade. C'est beau une finale ! Pour nous, mais aussi pour tous nos supporters.
On parle beaucoup de cette finale dans la ville, n'y a-t-il pas un risque de délaisser inconsciemment le championnat ?
Non, je ne pense pas
(catégorique). Au contraire même, je crois que c'est en faisant de
bons matches en championnat que nous pourrons nous présenter au stade de France
avec des certitudes. Si nous prenons trois « casquettes » avant de disputer la
finale cela ne sentira pas vraiment bon (rire). Pour l'instant nous nous
consacrons au championnat. Nous aurons ensuite toute la semaine précédant la
finale pour préparer ce match contre Nancy. Là, il sera largement temps de
penser à ce grand rendez-vous.
Le come-back du
championnat c'est dès dimanche à Bordeaux. Une équipe que vous avez dominée en
quart de finale de la Coupe de la Ligue...
C'est vrai, mais là, cela sera complètement différent. C'est un match de gala face au deuxième du championnat. Il n'y a pas trente-six rencontres comme celle-là dans la saison. Il y a Lyon, Marseille, Paris, Monaco et Bordeaux. C'est donc un bon test contre une équipe qui fait une superbe saison. Ils ont des joueurs talentueux et un effectif de qualité. Personnellement je suis content de disputer ce genre de match mais aussi de retourner à Bordeaux.
Un club que tu connais bien...
Absolument ! J'y ai passé
une très belle année la saison dernière. J'y ai aussi laissé des amis tant dans
l'équipe que dans le staff. C'est un club sain qui ne fait pas de bruit.
Une grande famille. L'équipe a de bons résultats mais elle reste beaucoup moins
médiatisée que des formations comme Marseille ou Paris. Cela leur permet
d'avancer sans faire trop de bruit. Et puis comment ne pas parler des
infrastructures ? C'est un plaisir que d'aller s'entraîner au « Château du
Haillan ». Je garde vraiment un très bon souvenir de mon passage à Bordeaux.
Les Bordelais qui
font un très bon championnat, es-tu surpris par le niveau affiché par les hommes
de Ricardo ?
Pas du tout ! En début de saison je ne les aurais peut-être pas classés deuxièmes mais au moins dans les cinq premiers du championnat donc cela n'est pas une surprise pour moi. Avec Lyon, ils sont au dessus du lot. Bordeaux c'est costaud dans tous les compartiments du jeu. La saison dernière nous avions terminé 15es. L'équipe tournait bien jusqu'à ce que des blessures viennent enrayer la la machine. Les jeunes ont été lancés dans le grand bain et grâce à cela, aujourd'hui ils ont gagné en expérience et en maturité. Cela porte sûrement ses fruits cette saison.
Que manque-t-il aujourd'hui au Gym pour rivaliser avec un club comme Bordeaux ?
Nice doit d'abord s'installer durablement en Ligue 1 et terminer régulièrement dans les dix premières places du championnat. Il faut de la stabilité et ne pas faire le « yoyo ». Après une fois que vous êtes dans la bonne moitié du classement, cela ne se joue à rien. Seulement quelques petits points séparent le 10e des places européennes. Cette saison le club a déjà franchi une étape en se qualifiant pour une finale. Il ne faut pas que cela soit un aboutissement mais plutôt une habitude à prendre. L'arrivée du Grand Stade devrait aller en ce sens et permettre au club de grandir un peu plus vite encore.
Pourquoi avoir décidé de quitter un club aussi structuré pour un club comme Nice qui est moins médiatisé et qui dispose de beaucoup moins de moyens ?
Si j'ai signé pour quatre
saisons à Nice c'est un peu pour toutes les raisons évoquées à l'instant.
C'était déjà un club que j'aimais bien avant d'y poser mes crampons. L'ambiance
est extraordinaire sur et en dehors du terrain. A Nice le public est chaud. Et
puis je connaissais déjà le coach. En signant à Nice, je savais où je mettais
les pieds. Le côté médiatique cela ne m'intéresse pas. Je suis quelqu'un qui
marche avant tout à l'instinct, au feeling. Un peu comme sur le terrain. En
arrivant au Gym je n'ai pas l'impression d'avoir régressé, au contraire,
regardez, dans un peu moins d'un mois nous jouons la finale de la Coupe de la
Ligue (il sourit).
Cela n'a pourtant
jamais été facile pour toi au Ray avec le maillot d'un autre club sur le dos...
(Rire)... C'est vrai,
mais ce sont des ambiances que j'aime. Je m'éclate dans ce type de stade. Quand
je venais avec Bastia je savais que cela serait un bon match avec de
l'engagement et une grosse ambiance. Je préfère largement ces matches à ceux que
j'ai pu disputer dans une atmosphère paisible où l'on joue tranquillement pour
un score de 0-0 à l'arrivée... Le football doit faire vibrer les joueurs et les
supporters !
Tu dois aussi vibrer
quand tu entends des « Rool, Rool » descendre des gradins du Ray ?
(Rires)... Cela fait
toujours plaisir. Je ne sais pas si je suis le « chouchou» du Ray mais je pense
que je ressemble aux supporters du Gym. Je corresponds peut-être à l'image du
joueur qui mouille le maillot. Je suis un homme du Sud, c'est un public du Sud.
Je me suis toujours bien senti dans des villes qui respirent le football. J'aime
les stades qui vibrent. Qu'il y ait 10 ou 80.000 spectateurs je me donnerai
toujours à fond.
L'arrivée de Frédéric Antonetti à l'intersaison a-t-elle pesé dans la balance ?
Bien sur. Si le coach
n'avait pas signé à Nice je ne porterais peut-être pas le maillot rouge et noir
aujourd'hui ! Je l'ai côtoyé pendant plusieurs saisons à Bastia donc il me
connaissait déjà bien et il voulait que je vienne le rejoindre à Nice. Mon
arrivée s'est donc concrétisée assez naturellement.
Quel genre de
relation entretiens-tu avec le coach ?
De très bonnes relations. C'est un homme entier. Un homme du sud. Il va jusqu'au bout de ses idées que cela plaise ou non. Des fois cela dérange mais il est comme ça. C'est un entraîneur qui défend ses joueurs et qui aime construire.
A-t-il changé par rapport à celui que tu as connu à tes débuts à Bastia ?
Forcément, il a quelques
années de plus et il a pris de la bouteille. Ses expériences à Saint-Etienne ou
à l'étranger (au Japon) lui ont certainement beaucoup apporté au niveau de la
maturité. Les voyages permettent de découvrir de nouveaux horizons, d'autres
joueurs, de nouvelles mentalités. C'est tout cela qui permet ensuite de bien
gérer un groupe.
Dimanche tu vas
retrouver un ami de longue date : Franck Jurietti. Lui a connu les joies de
porter le maillot bleu, on te le promettait également, as-tu des regrets de ce
côté-là ?
C'est vrai ! Je connais Franck depuis l'époque bastiaise avant de l'avoir retrouvé la saison dernière à Bordeaux. Nous nous ressemblons un peu. C'est un joueur qui ne lâche rien sur le terrain mais qui sait rester simple et discret dans la vie. Sa sélection est une reconnaissance pour lui. Pour ma part je n'ai aucun regret. J'avais eu deux ou trois échos comme quoi j'avais mes chances pour intégrer la sélection mais rien de plus. Cela n'était pas la même époque non plus (rires). Il y avait un peu de concurrence avec les Zidane, Lizarazu ou Vieira (il sourit).
Ta réputation a-t-elle pesé à l'époque ?
Peut-être... mais je n'avais peut-être pas non plus le niveau pour porter le maillot bleu. Comme je l'ai dit, l'équipe de France disposait d'un effectif riche et talentueux. Cela ne m'a jamais empêché de dormir de ne pas avoir été sélectionné (rires).
On en vient naturellement à l'arbitrage, est ce que Cyril Rool est aujourd'hui arbitré comme un autre joueur ?
La situation s'est
nettement arrangée par rapport à mes débuts chez les pros. Le match où j'ai été
injustement expulsé à Marseille, puis blanchi, a énormément pesé dans la
balance. Les arbitres ont un peu changé leur façon de voir les choses. Avant
c'était de la folie. J'étais dans le collimateur. On parlait de mes moindres
faits et gestes pendant des heures comme si j'avais tué dix personnes. Quand un
arbitre sifflait la fin d'un
match sans m'avoir mis un « jaune » il n'avait pas fait son match. En France
quand on vous colle une étiquette, il est très difficile de s'en débarrasser.
Par contre il y a des arbitres qui font bien leur job. A une époque cela se
passait très bien avec M. Quiniou par exemple. J'ai également apprécié
l'arbitrage de M. Malige lors du dernier Nice - Nancy qui n'était pourtant pas
facile à tenir.
Cyril Rool le « Gattuso » du championnat de France ?
(Rires) Il joue en rouge
et noir, il y a déjà une ressemblance. Je ressemble certainement plus à Gattuso
qu'à Pirlo (rires). C'est vrai que c'est un joueur hargneux qui ne lâche rien,
pas très conventionnel, un peu comme moi. Mais il n'est pas qu'un joueur
teigneux. S'il joue au Milan AC c'est qu'il a des qualités de footballeur au
dessus de la moyenne. Il n'est pas titulaire indiscutable dans l'un des plus
grands clubs at~ monde par hasard. '
N'as tu jamais été
attiré par le championnat anglais par exemple ?
Par le passé, j'ai eu
quelques touches avec des clubs anglais. Notamment Blackburn avec qui cela
aurait pu se faire. C'était très tentant ce d'autant plus qu'en France je «
morflais » pas mal niveau cartons et expulsions. Cela ne s'est pas fait, tant
pis. J'ai fait ce deuil aujourd'hui et je me dis qu'en disputant ma 13e saison
au haut niveau j'ai finalement acquis une certaine reconnaissance dans
l'Hexagone. J'approche des 300 matches en Ligue 1, c'est plutôt pas mal non ?
(Il sourit).
On connaît le Cyril Rool joueur, comment présenterais-tu l'homme ?
Je pense être quelqu'un
de réservé et de timide malgré les apparences. J'essaye de ne pas faire trop de
bruit et de faire ma vie comme je l'entends. Paisiblement avec mes proches, mon
épouse et mes deux filles. Depuis que je suis père de famille je me suis calmé.
Cela m'a permis de relativiser, de souffler et de couper un peu avec le monde du
ballon. Côté passion, j'aime bien la bourse. Je m'amuse un peu mais pas
régulièrement. Je n'ai pas trop de temps non plus mais c'est quelque chose qui
m'attire. Je reste quand même un « petit boursicoteur » (rires).
Une reconversion en vue à " Wall-Street"?
(Rires)... Je ne pense pas trop à l'après foot. Je suis encore sous contrat avec le Gym pour quelques saisons. Si le physique me le permet j'aimerais aller au bout de mon bail avec Nice. Après, je ne sais pas si je resterai dans le monde du foot. Le terrain va me manquer, c'est sûr. Par contre, certaines personnes ne me manqueront pas du tout ! Ce qui est sûr c'est que je resterai dans la région. Ici c'est chez moi !
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