Gernot Rohr:

"Ce qui se passe à Nice n'est pas très clair"

 

Extrait L'Equipe

 

 

Comment vivez vous cette période trouble et les rumeurs sur votre limogeage ?

Avec une certaine philosophie. Cela fait plus de quatre ans que je suis ici et je commence à bien connaître le club et son entourage. Déjà quand j’étais arrivé, j’avais remarqué certaines choses. Donc je m’y attendais un petit peu. En fait, je voulais savoir comment cela se passerait pour moi lors de la première crise. Ce que j’ai vu et entendu est très intéressant

C’est à dire ? Vous êtes surpris, déçu ?

Ni l’un, ni l’autre. J’essaye juste d’être serein. Je ne suis ni surpris, ni déçu, ni étonné, ni frustré. Je m’étais préparé à faire face à ce genre d’événement. Vous parliez de période trouble, c’est une bonne expression. C’est exactement cela. Ce qui se passe à Nice n’est pas très clair

Certains vous reprochent notamment vos trop grandes prérogatives au sein du club?

Il y a beaucoup de confusion à ce niveau. En fait, on mélange un peu tout. Quand on m’a demandé d’entraîner Nice et d’en devenir, par la même occasion, le manager, c’est parce que à l’époque, il n’y avait personne pour occuper cette dernière fonction. Je n’avais rien demandé. Alors je me suis occupé du recrutement avec des moyens, il faut bien le dire, limités. Et je n’ai pas pu garder les joueurs que je voulais. Il serait bon de relativiser tout ça. Si on avait désigné un manager à mes côtés, j’aurais été très content.

Quels sont vos rapports avec votre président, Maurice Cohen, qui s’est cru obligé, la semaine dernière, de vous confirmer dans vos fonctions ?

Ils sont corrects. Ces derniers jours, il s’est rapproché de l’équipe et du staff. Ce qui a été fort apprécié. Vous savez, c’est un très jeune président dans le foot professionnel. Un très bon dirigeant … qui a beaucoup appris ces dernières semaines. Et je ne vous dis pas ça par hypocrisie

Vous voulez dire qu’il a un peu subi les récents événements ?

Cela m’embête de me prononcer publiquement sur mon président. Ce ne serait pas adroit de ma part, après toutes ces semaines d’agitation. Je peux juste vous dire que c’est un président réfléchi, assagi, et aujourd’hui solidaire ! la meilleure solution pour s’en sortir, c’est l’union sacrée.

Pourtant les supporters, en vous insultant, ne vous font pas de cadeau…

Je n’ai jamais été insulté. On a juste réclamé ma démission après le match contre Strasbourg. Ce n’est pas pareil. Je n’ai reçu que des lettres d’encouragement. Et puis, vous savez, les gens sont cyclothymiques. Les 80 supporters qui sifflent aujourd’hui sont ceux, qui, hier, m’applaudissaient.

Pensez-vous que les supporters aient pu être manipulés par certains dirigeants ?

Je ne veux pas le croire

Comment les joueurs vivent-ils ces remous ?

Cela a surtout servi à ressouder le groupe et le staff. Récemment quand certains joueurs sont venus fêter leur but avec moi, cela m’a procuré une émotion très forte. J’ai essayé de le cacher, mais je n’y suis pas vraiment parvenu.

Pensez-vous que certains supporters et dirigeants du club ont la mémoire courte ?

Si vous posez la question comme cela, je vous réponds non. Parce que la majorité des gens a de la mémoire. Nous sommes 13e ex æquo au classement, et je pense qu’il y a deux ou trois ans, tout le monde en aurait été heureux. Que l’on me siffle, je peux le comprendre, mais le plus important, c’est que les joueurs soient épargnés. Contre Strasbourg, ils l’ont été, malgré notre match assez insipide. Je suis là pour protéger les joueurs et c’est ce que je fais, un peu malgré moi, quand les sifflets me sont adressés.

Avez-vous réellement un avenir à Nice ?

On m’a donné et annoncé pour mort. Moi je pense que je vais en prendre pour 10 ans de plus… il me restera deux ans de contrat à la fin de cette saison. Alors je ne suis pas inquiet. Je le suis juste pour les membres de mon staff qui arrivent en fin de contrat et n’ont pas été renouvelés. Cela me pose un gros problème vis-à-vis de ces personnes.

Existe-t-il encore des règles et des valeurs dans le milieu du foot professionnel ?

C’est le foot-business et, malheureusement, il faut l’accepter. Moi j’ai toujours souhaité respecter certaines valeurs. C’est grâce à elles que l’on restera en L1. Ensuite, la balle sera dans le camp des dirigeants. Moi je fais mon travail et j’attends !