Gernot Rohr:
"Il faut savoir changer son discours"
Extrait
La victoire contre Nantes... C'est tout bon pour le moral de vos troupes, non ?
Oui... Mais je crois que
c'est surtout très bon pour notre compte... presque
bancaire d'ailleurs ! Plus sérieusement, nous avons récolté trois points de plus
et en restant plus terre à terre, on peut même dire qu'avec 22 points, nous
avons accompli plus de 50 % du chemin qui nous mène au maintien. Ensuite, c'est
vrai que moralement, la victoire récompensent les efforts d'un groupe depuis un
moment déjà. Cela faisait quelques semaines qu'il y avait un décalage entre le
jeu produit et le capital ponts. Maintenant, on a un peu rétabli l'équilibre qui
faut confirmer à domicile.
Est ce qu'une victoire contre l'ACA pourrait faire basculer définitivement vers le bon côté du championnat?
Définitivement, non ! Il est encore trop tôt et les écarts trop serrés pour s'emballer au mois de décembre. Pare contre, je vous rejoins dans l'analyse car avec une victoire de plus, la distance avec les premiers relégables va s'accentuer. Nous pouvons ainsi avoir une marge de sécurité, importante et jouer encore plus libérés. Mais aujourd'hui, il faut encore regarder derrière nous et assurer nos arrières.
Samedi, une bataille tactique s'annonce avec un entraîneur que vous connaissez bien...
C'est certain. Ils
restent sur de sacrés résultats et Rolland Courbis a réussi à leur ,redonner
confiance en très peu de temps. Vous vous rendez compte, ils ont accroché eux,
chez eux, Lyon à domicile et battu l'OM sur les trois derniers matches. La
performance démontre la qualité d'un effectif que l'on a peut-être enterré trop
vite. Parrallèlement, je en crois pas que la bataille sera avant tout tactique.
A mon, avis sur ce genre de match, c'est avant tout au niveau des hommes que
cela se joue. La réponse vient toujours du terrain avec de nombreux duels, de
l'engagement et de la passion . c'est pklus important à mon avis. La différence
se situe peut-être a ce niveau avec Rolland. Contrairement à lui, qui pense
qu'un coach est pour 70% dans la réussite d'une équipe, je préfère dire que le
joueur a un pourcentage beaucoup plus important dans un résultat. Que
voulez-vous, c'est deux écoles qui s'affrontent (rire) !
En parlant tactique,
la mutation de votre équipe est-elle définitive ?
Je sais juste que nous
allons continuer comme ça... C'est certain. La victoire à Nantes
confirme aussi que nous sommes dans le vrai. L'équipe produit du jeu et plus
encore, elle commence à acquérir un fonds de jeu intéressant. Le public semble
également satisfait du spectacle produit. Ce n'est donc pas le moment de changer
notre fusil d'épaule. Les résultats peuvent avec le temps libérer les joueurs et
les inciter à prendre plus de risques. Je crois que nous ne sommes qu'au début
de ce que nous pouvons faire au niveau offensif.
À quel moment
avez-vous décidé tout miser sur l'offensive ?
Le match à Lille nous a
incité à évoluer. Nous avons fait un match sérieux pour finir avec une défaite à
la 95e minutes qui aurait pu nous plonger dans le doute. Au contraire, c'est
cela qui nous a permis de créer l'étincelle. Il n'y avait plus d'autres choix.
Il fallait attaquer et aller chercher cette première victoire. Nous avons
ensuite récupéré tout le monde et le tout conjugué nous a amené à prendre cette
décision avant de recevoir Sochaux...
Ce changement
n'était-il pas prévu par rapport aux difficultés dans le jeu entrevues à la fin
de la saison dernière ?
Oui, nous y avons
effectivement travaillé durant l'intersaison. C'est une réflexion commune qui a
donné le ton de ce changement. Nous nous sommes rendus compte que depuis deux
ans, l'équipe commençait bien, avec un gros pressing et une présence athlétique
intéressante, mais finissait difficilement son parcours en championnat. Les deux
premières saisons, nous avons effectivement baissé de pied dans la deuxième
partie de saison On s'est dit que le seul moyen d'atténuer l'impact du
physique dans notre jeu, les débauches d'énergie que l'on finit par payer avec
le retour des terrains gras en janvier était tout simplement de produire plus de
jeu. Automatiquement, il a fallu recruter en conséquence et cibler notre
recrutement à partir de cette volonté. Si on voulait faire une saison plus
équilibrée, il fallait peut-être s'appuyer davantage sur une technique plus
élevée.
La pression populaire a-t-elle eu une incidence sur ce choix?
La question est intéressante, mais je vous réponds pas du tout. Bien au contraire. Rappelez-vous de la situation, il y a deux mois, après Lille... Nous étions simplement derniers avant de recevoir Sochaux puisque la rencontre était décalée. Dans ce genre de situation, vous avez plutôt tendance à serrer les vis et faire le dos rond. Nous sommes pourtant allés à contre-courant et cela a marché. Le deuxième cap important est venu de la rencontre face à Monaco. Là, nous revenons à un schéma plus prudent. Mais cela ne marche pas bien et après vingt minutes, nous décidons de changer avec le résultat que vous savez...
Sans parler de l'attente du public... Disons simplement qu'à l'image des politiciens, les grandes lignes de votre « mandat » ne s'inscrivaient-elles pas dans ce passage à l'offensive ?
C'est difficile à répondre. Je crois qu'il y a aussi une réflexion plus personnelle qui aide à avancer. Je ne dirais pas plus pro... mais plus philosophique. Au bout d'un certain temps, il est impératif de proposer autre chose. Il faut savoir évoluer au bon moment et changer son discours comme sa méthode. C'est cette analyse qui a entraîné cette remise en cause avant tout personnelle. Ensuite, le choix des hommes a fait la différence. Vous oubliez de dire que l'effectif a subi une mutation profonde avec le départ de quatre de nos meilleurs joueurs. Ce n'est pas rien. Mais cela nous a permis aussi de changer notre façon de jouer par l'arrivée de joueurs avec d'autres profils. Et puis, il y a un projet qui s'inscrit sur la durée. Le but est aussi d'être prêt dans trois ans, date de la livraison du Grand Stade. Pour remplir une enceinte, vous devez produire du jeu et satisfaire à la demande. Mais tout ça se prépare sur du long terme, on ne décide pas de partir à l'abordage du jour au lendemain. Il est important de construire pas à pas un plan de jeu...
Il ne manque pas grand-chose pour que votre équipe passe la vitesse supérieure dans ce championnat. Est-ce que le mercato peut vous aider à accélérer la montée en puissance ?
Je vous arrête tout de suite... Nous n'avons pas besoin de grand-chose, non plus. Si vous scrutez l'effectif, il y a sept nouveaux. C'est important et l'on ne va pas chambouler l'effectif alors qu'il commence seulement à se mettre en place. Je ne réclame rien. Sauf bien sûr, si certains joueurs s'en vont. Dans ce cas-là, nous les remplacerons, mais je suis persuadé que nous n'en prendrons pas un de plus. Je le répète, notre première recrue sera Christophe Meslin. La tactique peut lui convenir et j'espère qu'il en aura fini avec ses pépins. Ça me suffit amplement et c'est rare d'entendre ça dans la bouche d'un coach, mais je suis entièrement satisfait de l'effectif que j'ai à ma disposition. À la limite, seule la possibilité de réaliser une belle affaire peut nous faire bouger. Je vous assure, ce n'est pas un manque d'ambition, bien au contraire...
En ce qui concerne Djetou, est-ce juste une question de formalités administratives ?
C'est une question d'argent aussi ! Honnêtement, ce serait mentir de dire que le dossier est proche d'être conclu car nous sommes très loin de ce qu'il réclame... et automatiquement, nous sommes très loin de finaliser son arrivée.
À quel poste faudrait-il renforcer votre équipe ?
Il est tout simplement
important de préparer l'avenir. Et l'avenir, il se situe derrière dans l'axe.
Pamarot est le seul joueur que nous n'avons pas remplacé. Point barre. Ils nous
manque un joueur de son profil. Si on doit prendre quelqu'un, c'est davantage
dans cette optique-là...
La politique doit, sans doute, être définie à l'avance. Alors, disposez vous d'une enveloppe pour recruter ?
Les choses sont claires entre nous. Aujourd'hui, je ne demande rien, mais je suis certain que le club peut suivre sous certaines conditions. C'est très important, même si les actionnaires ne vont pas dépenser pour dépenser. Nous avons eu une discussion à ce sujet avec le Président et il m'a effectivement évoqué qu'une possibilité existait pour que l'on fasse quelque chose... Grosso modo, un petit effort est possible.
Vous savez qu'à partir de janvier des joueurs en fin de contrat peuvent signer où ils veulent. L'an dernier, vous aviez anticipé la venue d'un Roudet qui flambait avec Châteauroux en L2. Est-ce que vous pouvez adopter la même stratégie ?
Bien sûr... C'est même assez bien engagé. Nous sommes déjà sur un ou deux coups que l'on peut réaliser en janvier pour l'an prochain comme nous l'avons fait avec Roudet et Jarjat. Pour aller plus loin, je peux confirmer que deux joueurs libres rentrent dans ce cas de figure. Nous verrons bien après Noël si cela peut se conclure ou pas...
A quel poste faudrait-il renforcer votre équipe ?
II est tout simplement
important de préparer l'avenir. Et l'avenir, il se situe derrière dans l'axe.
Pamarot est le seul joueur que nous n'avons pas remplacé. Point barre. Ils nous
manque un joueur de son profil. Si on doit prendre quelqu'un, c'est davantage
dans cette optique-là...
Avant de songer à
recruter, la priorité n'estelle pas de faire resigner des garçons comme
Echouafni et Agali, libres en juin ?
Oui... oui. Cela va de soi que si on s'intéresse à des garçons qui peuvent donner leur accord d'ici peu, certains vont chercher à nous arracher logiquement les joueurs de chez nous en fin de contrat. La priorité est Agali. Je suis persuadé que nous devrions arriver à trouver un accord rapidement et mettre fin au suspense. Nous travaillons dessus. C'est la même chose pour Echouafni. Il aura bientôt l'occasion de prouver qu'il s'est bien remis de sa blessure. Si c'est le cas, je ne vois pas pourquoi il y aurait un problème. Pour ces deux garçons importants dans le groupe, tout devrait aller très vite...
Pourriez-vous accorder des bons de sortie à des joueurs un peu moins utilisés ?
C'est à l'étude et tout
dépendra des discussions. Tout est possible et nous ne fermerons pas la porte à
quelqu'un qui veut gagner du temps de jeu ailleurs.
Et le cas Linz...
Tout d'abord, Roland
n'est pas un cas... Il n'y a aucun problème avec lui. C'est un joueur avec un
état d'esprit irréprochable. Bon, que voulez-vous, il ne marque pas... Mais il
ne marque pas... comme Jankauskas. Vous savez, c'est toujours difficile pour un
étranger de s'adapter, qui plus est, s'il n'a pas beaucoup d'expérience. Je
garde confiance pour les deux et je suis persuadé que la réussite va
progressivement revenir.
Inversement. Un
ancien « Niçois » en mal du pays ne pourrait-il pas revenir se refaire un santé
en prêt ?
A qui faites-vous
allusion ?
A Everson, par
exemple...
On y a pensé. Effectivement, c'est une possibilité. Maintenant, reste à savoir s'il est totalement rétabli de sa blessure et si un prêt est possible avec les dirigeants de Benfica. Mais je ne vous cache pas que l'on y réfléchit...
Puisque l'on parle du futur de votre effectif, n'avez-vous pas peur que les performances de Balmont n'entraînent une surenchère et forcent l'OGC Nice à céder aux sirènes d'un grand club ?
C'est une plaisanterie ?
Pour quelle raison voulez-vous qu'il nous quitte maintenant ? Après, il est
certain que nous devons retenir les leçons de l'an dernier et ne pas s'alarmer à
la dernière minute. Le club grandit et nous devrions réussir à anticiper ce type
de mésaventure à l'avenir. Des discussions devraient d'ailleurs être entamées au
mois de janvier pour éviter que des joueurs soient trop en décalage au niveau
financier. Avec deux ou trois, nous allons peut-être essayer de les prolonger.
Mais nous ne sommes pas encore là. Ces garçons viennent juste d'arriver et nous
sommes assez loin de la situation du mois d'août. Aujourd'hui, je peux vous
garantir que personne ne partira au mercato. Si nous voulons construire sur du
long terme, il sera essentiel de savoir conserver nos meilleurs éléments.
Regardez Nantes dans l'état où se trouve le club après le départ massif de ses
piliers... Nous devrons éviter de s'amuser chaque année sous peine d'être
surpris le jour où l'on n'arrivera pas à trouver aussi bons ailleurs comme nous
avons pu le faire avec les Balmont, Agali, Roudet ou Bisconti...
En dehors du
renouvellement de l'effectif, il est question du renouvellement du staff lui
aussi libre en fin de saison...
N'allons pas vite en
besogne... C'est d'abord les joueurs, après le reste. Je me permets de parler de
cette façon car nous sommes sur,la même longueur d'onde. La mission essentielle
est d'abord d'enrichir l'effectif et ensuite de s'occuper du renouvellement du
staff. Ils peuvent attendre quelques semaines (rire) ! Nous parlerons d'abord
tous ensemble de la situation et nous ferons le point ensuite avec les
dirigeants. D'abord, c'est le potentiel joueurs qu'il faut développer. C'est la
priorité du mercato qui se termine au 31 janvier, alors que les contrats des
trois « staffeurs » courent jusqu'au 30 juin (rire) !
C'est important
aussi...
Oui, bien entendu.
Personnellement, je trouve intéressant et d'ailleurs, j'en suis forcément
reconnaissant, que le club me laisse choisir mes adjoints et les gens avec qui
on travaillera dans le futur. À Nice, c'est le cas. À partir de là, il y a plein
de paramètres qui vont influencer les décisions. Le salaire, les conditions de
travail, les ambitions, les problèmes personnels et à ce niveau, je ne peux pas
vous répondre à leur place. Nous ferons, quand ce sera le moment, un tour de
table pour évoquer tout ça. Ces derniers temps, nous étions trop concentrés sur
le jeu, les blessés, les suspensions et la tactique pour parler de ce que chacun
de mes trois adjoints décidera en juin prochain et ce que le club compte leur
proposer. Nous en avons vaguement parlé avec le Président... Tout devrait
s'accélérer mais ce n'est pas le moment. Après, c'est vrai que les choix humains
dans un club de notre taille sont importants pour compenser les lacunes
matérielles.
Comment voyez-vous la
suite de la saison ?
Je la vois... à la fois
délicate et sereine. D'une part, ce championnat est aussi serré qu'incertain, de
l'autre, notre fonds de jeu et nos dispositions peuvent nous amener
cette semaine Les interviews de
Porato, Cairaschi... Un mois avec Bisconti (2ème partie) L'enquête corse...(où tout savoir sur Nice-Ajaccio) Et toute l'actu du foot
amateur
1.50 euros Personnalisez
votre portable...
quelques certitudes. Analysez le classement : nous sommes à trois points de
l'Europe, mais seulement à six de la relégation ! Rien n'est acquis et il en
sera ainsi jusqu'au dernier moment. C'est un fait. Les victoires, il faut
vraiment aller les chercher avec les tripes, alors si la réussite s'en mêle,
tout peut aller très vite.