Sébastien Roudet :

 

«Tous dans le même bateau !»

 

Extrait

 

Tu reviens samedi dans le onze face à Nantes après deux mois d'absence. Il était temps...

Je dois avouer que j'ai des fourmis dans les jambes depuis un bon bout de temps. J'avais dépassé le stade où j'en avais vraiment marre d'être dans les tribunes. Surtout que lorsque l'on traverse une passe difficile comme celle vécue par le groupe depuis janvier, on a envie de l'aider à redresser la barre. Mais là, j'étais totalement impuissant. Heureusement que je peux revenir pour ce sprint final, cela m'aurait fait trop de mal de vivre ce match capital contre Nantes des tribunes.

Quelles ont été tes sensations pour ton retour à la compétition avec la CFA face à Toulouse la semaine dernière ?

J'ai eu un peu de mal lors des dix premières minutes pour retrouver le rythme, mais je m'y attendais un peu. Même si j'ai repris avec le groupe, il y a trois semaines, rien ne remplace la compétition. Sinon j'ai joué une heure et j'ai bien tenu au niveau physique et cardiaque. Après, c'est difficile de tirer des enseignements sur le jeu parce que nous avions une équipe mixte, donc forcément c'était délicat au niveau des automatismes et des repères. Le principal, c'est que je me sois senti bien dans mes crampons.

Penses-tu être prêt pour l'opération commando qui se prépare ?

Cela fait quinze jours que l'on travaille bien. Personnellement, comme je le disais, j'ai repris avec le groupe, il y a trois semaines, donc je me sens totalement d'attaque pour cette « opération commando ». Sur le plan physique, je sais que je suis prêt, je garde juste une petite appréhension au niveau de ma blessure. Mais je pense que dès le premier coup de sifflet de l'arbitre, je me lâcherai totalement. Même si habituellement les duels ce n'est pas trop mon truc, là, il faudra que je sois vraiment présent. Eux aussi, les Nantais, vont devoir forcer leur nature, parce qu'avant tout, la rencontre se gagnera dans les duels. Même s'ils ont retrouvé leur football, il s'agira d'un match pour le maintien où il faudra s'imposer d'abord physiquement. Nous devrons « leur marcher dessus », et après seulement nous pourrons jouer au ballon.

De l'infirmerie, comment as-tu vécu cette période de crise de résultats ?

Un peu de l'extérieur... Même si j'étais impliqué parce que je fais partie du groupe, je ne l'ai pas vécue comme si j'étais chaque semaine dans les seize, dans le vestiaire et sur le terrain avec eux. Il y a ce côté impuissant qui rend fou. Cette envie de les aider, mais finalement de ne rien pouvoir faire. Mais malgré tout, je suis resté confiant parce que l'on a toujours su relever la tête dans les moments difficiles jusqu'à aujourd'hui et il n'y a pas de raison que cela change. Cela fait partie de l'histoire et de la mentalité de ce groupe.

Penses-tu connaître les raisons de ces difficultés ?

Je ne sais pas trop... (il réfléchit) Je pense qu'il y a plusieurs facteurs qui sont liés. À la fois une perte de confiance et la blessure de plusieurs joueurs comme Chouf (Echouafni), Marama (Vahirua) ou Bis (Bisconti). On avait trouvé une belle complémentarité dans le jeu et forcément avec ceux qui les ont remplacés il a fallu repartir de zéro. En quelque sorte, on peut dire qu'une nouvelle saison a démarré en janvier, et ce n'est pas évident.

Les chiffres démontrent que l'organisation de début de saison, avec toi à gauche et Marama à droite, a pris trois fois plus de points que toutes les autres configurations. Comment l'expliques-tu ?

Cela rejoint un peu ce que je viens de dire. On s'était créé des automatismes avec Bis et Flo au milieu. On avait tout le temps la même équipe et l'on sentait que l'on progressait de match en match. Il n'y a pas de secret en football, lorsque vous commencez à vous trouver les yeux fermés, c'est que vous êtes sur la bonne voie, et c'était presque le cas. Ensuite, les blessures ont amené le coach à changer d'option. Il a opté pour un système plus défensif. Cela n'a pas été forcément facile de s'exprimer dans cette nouvelle configuration tactique. À partir de là, on est rentré dans une spirale négative... dont il faut absolument sortir samedi.

Justement, imaginais-tu, à la. trêve, pouvoir être dans une telle situation à quatre journées de la fin ?

En fait, on a vécu un championnat assez bizarre puisque l'on s'est retrouvé dans la zone rouge dès le premier mois avec la peur qui s'est installée d'y passer toute la saison. Et puis les choses se sont progressivement améliorées pour finir la première partie de championnat dans une super dynamique avec notamment un grand match à Auxerre avant la trêve malgré la défaite 4-3. À ce moment, on s'est dit que l'on pouvait viser autre chose que le maintien et qu'une place dans la première moitié du classement était largement dans nos cordes. Je pense vraiment que l'on avait une
équipe pour avoir ces prétentions, sans être trop gourmand. Mais bon la vérité du terrain est là et nous en sommes à jouer notre peau à quatre journées de la fin.

Pour toi, un changement était-il nécessaire pour amener un vent frais dans le groupe ?

Je ne pense que ce soit notre rôle de joueur de juger de ces choses puisque nous sommes aussi les premiers responsables de cette situation, mais c'est vrai que nous avions peut-être besoin de nouveauté. Je ne sais pas si c'était ce qu'il fallait faire, mais j'ai le sentiment qu'il fallait changer quelque chose. On s'entraînait de la même façon depuis un moment, on n'était pas alarmé par la situation.

À l'entraînement, les méthodes sont totalement différentes avec l'arrivée de Gérard Buscher. Pour toi, quels sont les plus gros changements dans l'approche ?

On travaille beaucoup plus physiquement. Je crois que c'est à ce niveau que se situe le plus gros changement, même si c'est sûr que les hommes et les méthodes sont très différents. Gérard Buscher nous parle beaucoup pendant les séances, il essaye de nous situer, de nous conseiller sur nos choix.

Et dans le discours ?

Il est beaucoup plus direct. Il nous rentre dedans, qu'on l'accepte ou pas. De toute manière, on est tous dans le même bateau et si on coule, ce sera tous ensemble, donc on sait que tout ce qu'il nous dit n'est dit que pour aller dans le bon sens. Son premier souci a été de nous faire prendre conscience de l'importance de la situation, une sorte d'électrochoc pour que l'on ne se réveille pas trop tard, et de nous redonner confiance.

Au niveau du jeu également des modifications ont dû intervenir ?

Il nous a expliqué que le maintien passerait par le jeu, que si l'on attendait après des matchs nuls, on risquerait de tout perdre. Dès sa prise de fonction, il nous a présenté les quatre matches à venir comme quatre finales de Ligue des Champions. Au niveau du jeu, il souhaite que l'on soutienne plus Victor devant. Il veut que l'on lui donne des solutions dès qu'il a le ballon. Forcément cela va impliquer que l'on resserre les lignes et que l'on joue plus haut.

Est-ce que cela suffira pour décrocher le maintien ?

Je pense parce que l'on a le retour de tout le monde. Depuis quinze jours, on sent que le travail est logique et étudié pour nous amener du mieux possible jusqu'à ce rendez-vous de samedi au Ray. À l'approche du match, le coach a réduit le groupe pour que les joueurs concernés rentrent progressivement dans l'événement. De toute manière, on n'a pas le on n'a pas le choix, il faut que cela soit suffisant. Il faut aller chercher ce maintien.

Pour toi, qui est votre principal adversaire direct ?

Je réfléchis plus en termes d'objectif. Le premier est Nantes samedi. Si on les bat, on les met à deux points derrière nous. Cela nous permettrait de pouvoir envisager le déplacement à Ajaccio sans avoir l'obligation de gagner, où un nul pourrait nous assurer définitivement le maintien. Le tout est vraiment d'éviter d'avoir une trop grosse pression pour la réception d'Auxerre parce que sur un match tout peut se passer, le meilleur... comme le pire.

Et Nantes dans tout ça ?

Il semble qu'ils aient retrouvé leur football depuis quelques semaines et leur performance contre Marseille l'a prouvé. Mais ce match a aussi montré que mentalement ils restent très fragiles puisqu'en menant 2-0 en deuxième mi-temps, ils n'ont pas réussi à tenir le score. S'ils sont bons. techniquement et physiquement, les Nantais sont friables mentalement.

C'est un club qui doit te rappeler certains souvenirs puisqu'il semble qu'il avait tenté de te recruter...

C'est vrai, c'était l'année avant que je signe à Nice. Mais cela ne s'est pas fait pour des raisons d'indemnités de transfert. Je ne regrette pas du tout parce que malgré nos difficultés cette saison, je me sens très bien ici.

Les supporters ont déjà promis l'enfer aux Nantais...

Ça, c'est bien pour nous. II faut absolument que tous les supporters soient
derrière l'équipe. Ils l'ont toujours été, mais ce match est capital. Je ne suis ici que depuis un an, mais je pense qu'il s'agit du plus important depuis la remontée. II faut qu'il y ait une ambiance de corrida. Ils doivent nous aider à les bouger. Mais ce sera à nous dès les premières minutes de donner le ton.

Et vous, qu'est-ce que vous pouvez leur promettre aux supporters ?

La victoire et surtout le maintien ! On a des supporters qui méritent la Ligue 1 et l'on va tout faire pour qu'ils y restent. Depuis le début de saison, ils nous ont soutenu sans jamais rien lâcher et on leur doit bien ça. Contre Nantes, ils peuvent donc s'attendre à voir sur la pelouse onze guerriers qui feront tout pour les trois points.

As-tu déjà imaginé le Gym être rétrogradé à l'issue de ces quatre journes ?

On y pense forcément un petit peu, mais je suis confiant. J'essaye d'évacuer le plus possible ce côté négatif parce que le football est aussi psychologique. Donc, on positive et de toute manière, on a notre destin entre nos pieds et il n'y a aucune raison que l'on ne s'en sorte pas.

Tu as dit que tu ne voulais plus reconnaître la Ligue 2. Cela voudrait-il dire que tu partirais en cas de descente ?

Disons que j'ai bien connu ce championnat de Ligue 2, et sans dire que je crache dessus, c'est forcément un niveau que je n'ai pas envie de retrouver. Il faut vraiment être très costaud pour monter. Mais il ne sert à rien de parler de cette éventualité, je compte être toujours avec le maillot rouge et noir la saison prochaine, et en Ligue 1!

(Roberto Bisconti débarque et demande à poser une question)

Est-ce que tu crois que tu vas pouvoir jouer quatre matches sans te blesser ?

(rire)En tout cas, je vais tout faire pour. Je touche du bois, mais si tu commences déjà à me mettre la pression alors que je n'ai pas encore rejoué, ça risque d'être dur... (rire)

 

cette semaine

Les interviews de Bagayoko, Cobos, Gagnier, Sorlin ...

Toutes sur le match capital Nice-Nantes

Un mois avec  M.Vahirua (1 ème partie)

Et toute l'actu du foot amateur

1.50 euros

   Pas d'idée pour offrir ? Toutes les idées cadeaux sont ici !