Roger Ricort:
"L'équipe est le résultat d'un club"
Actufoot 06
Qui dit
nouvelle saison, dit doutes, expectative et montée d'adrénaline. Malgré une
saison éprouvante l'an passé, le Gym est retombé sur ses pieds afin de monter un
groupe des plus compétitifs. Roger Ricort fait le point sur le recrutement rouge
et noir, conscient de tous les progrès à accomplir pour pérenniser le Gym dans
la première partie de tableau de Ligue 1.
Le recrutement
On est
globalement satisfait ! Il a fallu tenir compte de la volonté de chacun, des
moyens à disposition et définir ensuite les grandes lignes. En priorité, nous
souhaitions conserver certains de nos joueurs et hormis le départ de Fanni, nous
y sommes parvenus.
Le pessimisme
Je sais
que je suis dans une ville où il faut savoir assumer ses responsabilités et
tenir compte de l'attractivité du club et l'intérêt qu'il génère. Beaucoup de
gens s'expriment sans avoir toutes les données entre leurs mains. Vous savez,
entre l'optimisme d'hier, il y a un an, et le pessimisme d'aujourd'hui, il y a
une marge avec la réalité. Néanmoins, je préfère les gens qui donnent leur avis
avant le début du championnat. Par la suite, on peut juger s'ils ont eu tort ou
raison. Ceux qui par contre se sont tus et se mettent alors à critiquer sont les
plus forts (ironique) !
Les profils
recherchés
Nous
recherchions en tout des joueurs matures ayant un vécu en L1, hormis Yahaya, qui
correspond à un profil différent et une autre politique. Les recrues connaissent
bien l'élite du championnat, ont un vrai potentiel à leur poste. On nous avait
demandé de faire des économies et nous avons globalement réussi à faire ce que
l'on voulait. Aujourd'hui les contours de l'équipe se dessinent, il ne reste
plus qu'à trouver l'équilibre entre la jeunesse du groupe et cette expérience.
La politique de
l'avenir
Ils sont
trois dans l'effectif à être nés en 88, Modeste, Yahaya et Traoré. Eux sont
encore des joueurs à façonner, par contre Lloris, Apam, Ederson et Diakité
notamment sont d'ores et déjà « productifs » et encadrés dans le groupe par des
joueurs d'expérience en milieu ou en fin de carrière. On réfléchit comme cela
aujourd'hui...
L'argent des
transferts
Si je
vous dis que Lloris, Apam, Diakité et Ederson sont de nouveaux joueurs car le
principal était de réussir à les conserver ! (Le club a consenti des efforts
financiers pour ce faire, ndlr) Je n'en veux pas aux gens qui parlent sans tout
savoir, mais je suis fatigué de devoir passer le message qu'il ne s'agit pas
d'un manque d'ambition, mais d'un manque de moyens...
La politique des
essais
Nous
avons mis trois joueurs à l'essai jusque-là. (Abanda, Assous et actuellement
Asamoah, ndlr) Sur chaque dossier, Nice se doit d'avoir un côté malin car les
moyens ne sont pas là. Nous avons des réseaux, des amis, des anciens joueurs qui
nous renseignent. Mais s'il faut expliquer qu'à l'intérieur du club, ça
travaille à chaque fois, je ne vais pas m’en sortir !
La cellule de
recrutement
Elle
compte aujourd'hui... une personne ! Je n'ai pas envie de pleurer, mais il y a
beaucoup de choses à revoir, ce n'est pas un secret de polichinelle. L'ambition
vient avec les moyens. Si l'unique passion des gens est de voir vingt-cinq
transferts par an, soit ! Comme depuis vingt ans en réalité. Mais il faut se
rappeler des années 2000 au cours desquelles on a vu arriver des Sarli, Shakpoke,
Vassallo ou encore Nicodemo que l'on avait qualifié de cerise sur le gâteau. On
a pris les Niçois pour des cons ! Aujourd'hui, trois pauvres types (Antonetti,
Cohen et Ricort, ndlr) ont vendu un joueur près de quatre millions d'euro.
L'histoire de Nice, je la connais par coeur...
José Cobos
La
division des actionnaires a engendré des décisions à l'emporte-pièce en janvier
dernier. On ne peut pas reprocher à Fred Antonetti de ne plus vouloir travailler
avec José même si, celui-ci, n'avait rien fait. On acceptant le poste
(d'entraîneur, ndlr) et vu le revirement de situation, le sportif s'est une
nouvelle fois retrouver tributaire de la situation. Une situation qui a provoqué
d'énormes dégâts en une seule semaine. Je savais qu'il voulait devenir un jour
entraîneur du Gym, mais je préférais qu'il prenne au préalable en main la CFA
pour gagner de l'expérience. Les événements ont fait que les choses ne soient
pas allés dans ce sens...
La dernière ligne
droite du mercato
On ne
sait pas ! Aujourd'hui, tout dépend de Cyril Rool.
Le rôle de Rool
Il a
entre les mains la possibilité d'y voir plus clair pour nous s'il joue arrière
gauche. Cela solutionnerait le problème car il n'y a guère de possibilités à ce
poste sur le marché. Beaucoup de demandes pour peu d'offres... Les bons de
sorties (Balmont et Abardonado sont les seuls concernés désormais, ndlr) Le
football a évolué. Une sorte d'ouverture s'est créée et que l'on ne peut plus
empêcher. Pancho et Balmont sont là depuis cinq et trois ans, mais je pense
néanmoins qu'ils seront avec nous cette saison...
Les dossiers qui se
sont enlisés
Chaque
fois qu'un joueur nous intéresse en France, un club arrive et augmente
considérablement l'offre et le salaire. Que ce soit pour Signorino ou pour Dramé
! Vous savez, l'équipe est le résultat d'un club. Pour bien recruter, il faut
être bien organisé, Ricort ou pas Ricort !
L'organisation
Si je
vous dis qu'un club c'est : un actionnaire fort, des infrastructures de grandes
qualités, une unité. Chacun est à même de faire sa conclusion !
Les arguments pour
recruter
(il
sourit) on a un point d'encrage fort en la personne de Frédéric Antonetti. Tous
les joueurs veulent le rencontrer, certains le connaissent... Nous n'avons pas
d'arguments sonnant et trébuchant, mais nous avons d'autres cartes à jouer comme
le bien-être à l'entraînement ou l'ambiance dans le groupe...
Le cambriolage
Il est
d'une logique implacable. Il faut savoir que depuis un an, des matches sauvages
sont organisés sur nos terrains d'entraînement, mais, ni la police, ni la
municipalité ne peuvent solutionner le problème. Un ou deux de nos buts mobiles
sont dégradés par week-end, ce qui nous coûte pour un seul but la somme de 1 500
euro, nos stadiers sont menacés... Et comme l'on est à Nice, tout le monde
trouve ça normal ! Mais je n'ose même pas demander un nouveau centre
d'entraînement de peur de voir se monter une association de défense pour les
installations actuelles du Parc des Sports...
L'image du club
Quatre
années durant nous avions réussi à redonner une certaine forme de crédibilité en
améliorant l'image du Gym. Mais l'on a vu qu'elle ne tenait qu'à un fil. Avec
l'épopée de la remontée en 2002, nous avions entretenu un discours de
circonstances avec peu de moyens. Mais certaines personnes qui trépignaient
d'impatience se sont servies de la saison dernière et de notre départ
catastrophique...
Le mois d'août
Il y a
beaucoup de points en jeu. Tout devient plus simple si l'on réussi son départ,
contrairement à l'année passée. Je ne préfère pas toutefois focaliser sur ce
mois d'août car il y a autant d'exemples de clubs ayant raté leur début de
saison avant de remonter que le contraire. Souvenez-vous de Rennes il y a deux
ans ! (Les Rennais s'étaient inclinés quatre fois lors des cinq premières
journées en encaissant pas moins de quatorze buts sans en rendre un seul et
avaient néanmoins terminé à la 7e place du championnat, ndlr)
L'impatience
D'un
point de vue sportif, l'effectif s'est développé. Concernant les moyens
financiers, ils auraient pu grandir avec la construction du grand stade. Car
sans lui, c'est l'impasse qui se profile. Il faut que tout le monde comprenne
que nous sommes aujourd'hui dans l'obligation de vendre nos meilleurs joueurs
pour boucler le budget !
Les tensions internes
Si l'on
prend Paris, Nantes ou Saint-Étienne, je pense que l'on n'est pas les seuls à
connaître les mêmes problèmes. Néanmoins on fait tout pour car ici, il y a deux
clubs ! Que ce soit Frédéric Antonetti, Maurice Cohen ou moi-même, nous avons
mis l'accent sur l'importance de l'unité. Mais je ne me fais aucune illusion car
je sais ce qui nous attend si nous n'avons pas de résultats.
La plainte de
Giudicelli
C'est
rare de voir un patron porté plainte contre ses employés ! Je vous laisse le
soin de juger tout ça. On parle ici de malversations sur deux transferts, et ça
a fait le tour de la ville... Plus grave encore, d'autres personnes colportent
la même rumeur sur la venue des jeunes africains...
Travailler au Gym
Je suis
persuadé que Nice a le potentiel pour devenir l'un des cinq meilleurs clubs
français. Je suis conscient d'être à un poste particulièrement exposé, mais les
gens qui me connaissent savent très bien que je ne suis pas du genre à me
laisser abattre, qu'en tant que Niçois, je suis fier d'avoir ces
responsabilités. Je suis seulement malheureux de voir à quel point certains sont
capables de glisser des peaux de bananes sur la route des autres, et qu'ils
soient plus heureux de faire échouer l'autre que de réussir eux-mêmes.
La pression et les
critiques
J'ai été
pro à dix-sept ans, cela fait maintenant trente ans que je suis dans ce milieu,
je suis donc habitué à vivre avec cela. La critique fait partie du métier et les
louanges sont d'ordinaires très éphémères. Je l'accepte ! J'espère juste qu'un
jour, je n'aurais plus à conduire une Minardi, mais une MacLaren... (rires)
La presse
Comme il
y a deux clubs dans le club, chacun est influencé par le discours des uns et des
autres. On a tous nos partisans et nos détracteurs. Quand on voit le centre
d'entraînement, on voit qu'il n'y a pas assez de rigueur avec les médias, mais
on le vit correctement. Mais avouons que nous n'avons pas pour l'instant de
problèmes majeurs.
Le regret de l'an
passé
Je pense
qu'en toute franchise, je me serais renseigné plus en profondeur sur le
caractère et les motivations des joueurs recrutés.
Celui du mercato
J'aurais
aimé garder Rod Fanni. Néanmoins, il faut souligner qu'il représente le plus
gros transfert réalisé dans l'histoire du club. Mais il ne faut pas oublier le
mercato hivernal que nous avons réalisé car sans Laslandes et Letizi, nous y
serions en L2 !
Le développement
Je
martèle qu'il nous faut un nouveau centre d'entraînement à Sophia-Antipolis.
Ensuite, je pense que la municipalité devrait tout mettre en oeuvre pour
construire un stade, et ce, quelque soit les gens qui s'occupent du club. Le
stade appartient à tous les Niçois et il y a un écart trop important entre les
attentes et ce qui est mis à disposition ! On ne peut pas vivre 24/24h en rouge
et noir et être obligé de remettre en cause un politique qui parle de foot une
fois par mois. C'est à se demander s'il y aura un jour un stade à Nice.
(Désabusé) J'avais entendu dire en 2001 que ce serait le mandat du sport...
La vente du club
Aujourd'hui, nous avons une configuration de club amateur. Je le répète, il faut
un actionnaire fort, des infrastructures de qualité, une direction sportive
dirigée par les pros et choisir les compétences. L'équipe première doit être la
locomotive du club certes, mais aujourd'hui, il n'y a même pas de rails ! Il n'y
a donc pas les ingrédients pour gagner et ne pas finir 15e... Il est évident que
nous entendons des bruits, on les subit aussi. J'espère que cela va se passer
dans la tranquillité, qu'un message clair sera adressé au public et aux joueurs.
Une fois de plus, nous sommes en plein « Ok-Corral ». On prend l'habitude...
Ricort aujourd'hui...
Mon rôle
est très difficile car je dois expliquer que l'on a une bonne équipe, que la
partie inhérente au club ne se développe pas. Nice est une ville où l'on doit
prendre ses responsabilités, où l'on doit faire appel à des politiques, aux
financiers. Le sportif dans tout ça est complètement tributaire...
Ricort demain...
Franchement, si je gagne à l'Euro-Millions, je rachète le club (sourire). Si un actionnaire fort vient et a besoin de moi, je serais partant pour être son bras-droit, mais quoi qu'il arrive au final, je serais toujours fier et respectueux du travail qu'accomplit Maurice Cohen.
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