Roger Ricort:
"On assume"
Extrait
Déçu ?
Forcément.
La première question
est logiquement de savoir ce que tu penses de la situation ?
(Il hésite) On ne maîtrise pas tout. Vous savez, même quand vous essayez de tout prévoir et que vous pensez avoir donné le meilleur de vous-même, il arrive de se retrouver face à une situation imprévue. On n'anticipe pas les situations délicates, mais on sait pertinemment qu'elles arrivent à un moment donné dans une saison. Nous, on l'a subi simplement d'entrée.
Le club était-il préparé à ce type de démarrage ?
J'ai 48 ans. Je pense
qu'avec 300 matches en pro et quelques années d'entraîneur et de directeur
sportif derrière moi, il m'est arrivé de vivre des épreuves bien pires. On sait
que dans le foot il peut arriver n'importe quoi à tout moment et que l'on peut
très très vite passer du négatif au positif. On est toujours préparé à ça. C'est
aussi pour cette raison que vous nous avez pas vu euphoriques après notre 8e
place de l'an dernier. Je crois que quels que soient les résultats, nous sommes
condamnés à rester modérés.
Malgré un recrutement
rapidement mené et une préparation sans grand bouleversement, pourquoi ce manque
d'assurance depuis le départ ?
On a entendu beaucoup de
louanges, souvent méritées, parfois exagérées. On sait avec Fred que l'on ne
peut pas se servir d'une saison pour préparer une autre. On s'est donc préparé à
certaines difficultés sans tenir compte des commentaires et des comparaisons. On
vit aussi au quotidien avec l'équipe et contrairement à ce que l'on pense, il y
a eu beaucoup de changements. Pas forcément dans l'équipe type, mais dans le
groupe.
Nous reviendrons
après sur cette notion de groupe, mais n'y a-t-il pas une attente trop forte
autour de l'équipe ?
Non, parce que je pense que l'on a tout ce qu'il faut pour bien se positionner dans ce championnat et montrer à nos supporters que notre équipe est performante.
De la part des médias surtout...
C'est aussi votre rôle.
Nos deux derniers matches amicaux étaient sur la continuité de la saison
dernière. Il ne sert à rien de chercher à l'extérieur une solution à nos
problèmes. Nous les réglerons en interne.
Vous semblez en colère contre les attaques concernant Moussilou, notamment...
Je ne suis pas en colère,
mais il y a des limites à tout. Moussilou est arrivé en manque de confiance. Il
s'est créé des occasions. Lorsqu'un avant-centre se procure des occasions, il
n'est pas si loin de ce qu'on lui demande. Après, entre le tir à côté et le but,
il n'y a souvent que 10 centimètres. Permettez moi d'admettre que ce n'est
peut-être qu'une affaire de réglage après 4 journées... (rire)
La pression est-elle
trop grande à son sujet ?
Ce n'est pas sa faute si l'on a décidé d'investir sur lui et si l'on s'est battu avec des grands clubs européens pour s'attacher ses services. À Nice, on a souvent l'habitude de régler les problèmes collectifs en s'attaquant à des individualités. Je ne crois pas que Matt ait l'entière responsabilité de nos échecs. Je veux qu'on évite de faire ça avec un joueur qui, je persiste à dire, a d'énormes qualités.
Au niveau des maladresses, il aurait pu se passer de rejoindre une sélection bis congolaise en milieu de semaine...
D'une part, il faut
laisser la possibilité aux joueurs de choisir l'équipe nationale avec laquelle
ils veulent jouer et de l'autre, on a solutionné le problème avec lui puisqu'il
n'est pas parti en sélection cette semaine. Il a donc fait passer les intérêts
du club avant les siens.
Globalement, le plus
dur à avaler reste d'être jugé après 4 journées...
Non... On l'accepte. La
différence entre ce qu'on est capable de faire et ce que l'on a produit est
énorme, donc il est normal que les gens se posent des questions. Je sais qu'on
reviendra plus fort. Cette période ne se prévoit pas. On la redoute. Mais est-ce
que l'on n'avait pas besoin de ça pour oublier la saison dernière et rebondir ?
Les difficultés ne viennent-elles pas d'un vestiaire qui tarde à se faire une
personnalité ?
Si l'on fait allusion à
Sammy...
Non, pas forcément...
Une ambiance ne se
décrète pas. Elle se fait naturellement. J'entends que les joueurs s'apprécient
ou ne s'apprécient pas, mais il est inutile de rentrer dans ce type de
considération. Quand on perd Sammy Traoré, on perd beaucoup de vie dans un
vestiaire. Il avait cette capacité de rendre joyeux un vestiaire. Mais était-il
seul à le faire ? Parallèlement, un vestiaire, ça appartient aux joueurs. C'est
un endroit intime. Moi, j'y vais assez rarement. C'est là que naissent les
groupes et que le collectif se crée. Il y a une nouvelle philosophie aussi, elle
consiste à intégrer de jeunes joueurs, même si cela doit prendre du temps.
Y a-t-il des
approches trop différentes entre la classe biberon et les anciens ?
Peut-être... Mais je constate aussi que 17 joueurs sont restés. J'aimerais qu'on arrête de me dire que c'est Veigneau ou Touré qui empêchent les autres de respirer. Il y a eu les départs de Traoré et de Bagayoko, remplacés par Kanté et Moussilou. J'aimerais que les anciens fassent la place comme on leur a fait quand ils sont arrivés. Nous y sommes presque (rire)...
Samedi, c'est l'absence de révolte après le 3e but qui a choqué...
Arrêtez ! On a connu ça aussi l'an dernier, contre Bordeaux notamment. Je vous accorde qu'il y a besoin d'une remise en cause, mais elle est permanente au club. La progression d'un club moyen demande des exigences de la part des joueurs et de l'encadrement. Tout le monde s'est peut-être laissé un peu aller, mais l'ensemble est conscient du chemin qu'il reste à parcourir. Heureusement, les difficultés sont collectives. Il n'est pas indispensable de désigner des coupables. Nous devons simplifier le message. Il suffit de se dire que si l'on se remet tous à faire plus, on va repartir sur des bonnes bases et le club sera à nouveau dans une situation à la hauteur de nos ambitions.
Le manque d'agressivité
reste un handicap majeur dans le foot d'aujourd'hui...
L'agressivité n'est que le reflet d'un comportement général. L'an dernier,
l'équipe a souffert les 6 premiers mois, n'est-ce pas cette période qui nous a
permis de gagner ensuite avec nos tripes ? On n'a jamais oublié que nous avions
souffert sur la phase aller. Quelque part, c'est un nouveau départ. C'est
logique, les boxeurs remettent bien leur titre en jeu à chaque combat. Nous
sommes dans cette position. Nous ne devons plus regarder ce que nous avons fait
mais davantage ce qui nous reste à produire pour retrouver le sourire.
VA, Lorient, Nancy ne semblent pas se poser les mêmes questions que nous sur le terrain...
On n'est pas dans la même
situation. Le Nice de 2002 n'avait pas les mêmes problèmes que celui de 2006. Le
club, les supporters ont pourtant eu besoin d'une évolution. En 2002, on nous a
fait des cadeaux. Aujourd'hui, c'est l'inverse, on cherche davantage à limiter
notre envol. mais on assume ce changement.
Les problèmes de
l'équipe ne sont-ils pas psychologiques ?
(Il prend son temps) Il y a deux hommes qui illustrent la période que nous vivons : Damien Grégorini et Cédric Varrault. Damien, je l'ai vu récemment et je lui ai proposé une prolongation de contrat. Nous avons besoin de lui. C'est un garçon positif, mais personne ne peut l'empêcher de s'être pris une claque et de devoir la digérer. Aujourd'hui, j'ai envie de dire à Damien:« Continue et garde le même esprit. On se reverra en décembre » , pour autant personne ne peut éviter qu'il se pose des questions sur son futur immédiat. De la même façon, Varrault reçoit une offre à quelques jours de la reprise. Cédric reste à Nice, sans faire d'histoires alors qu'il aurait pu réaliser une affaire financière. Par contre, comment voulez-vous éviter qu'il soit perturbé pendant une dizaine de jours ? Si on veut un nouveau statut, on a aussi besoin quel es joueurs nous aident à franchir un cap. Ça passe donc par la gestion de la concurrence et par une exigence au niveau de l'investissement de chacun. On demande plus aux joueurs, mais on sait aussi comprendre quand ça ne va pas. Vous imaginez maintenant pourquoi le coach dit qu'il soufflera à la fin du mercato...
L'équipe semble stressée
et brimée par l'enjeu ...Ne faudrait-il pas un bon week-end bringue pour
resserrer
les liens ?
Pas cette semaine car je ne suis pas là. Le jour où ça arrive, j'aimerais en profiter avec eux... Je vis toujours le pire.
Avec Frédéric Antonetti, vous devez, sans doute, réfléchir à la manière de libérer toute cette petite bande. Alors ?
On n'a pas le choix. Il faut assumer ce qui nous arrive et se réfugier dans le travail. Tout le club est mal avec ces résultats, mais cela ne doit pas empêcher de rester serein. L'attitude positive ne peut que nous permettre de revenir plus fort.
Rien ne sert donc de tout remettre en cause...
Exactement. Mais ne pas
tout remettre en cause, ne veut pas dire qu'on doit se masquer la vérité et
qu'il n'y a pas certains constats à faire. Les joueurs ont des obligations et le
boulot du club est de leur faire sentir qu'à un moment donné, il faut aussi
qu'ils se remettent en cause eux-mêmes. La chance est de pouvoir en discuter en
toute sérénité. Il n'y a pas de mauvais garçons dans ce groupe. Il y a
simplement un décalage : pour l'instant, les
dirigeants et le public sont plus convaincus de sa qualité que le groupe
lui-même...
Selon toi, le public
est-il indulgent?
Les supporters ont vu le match amical contre Lens. Ils sont ressortis satisfaits
sans savoir que les Lensois ne mettraient pas un pied devant l'autre tout le
mois d'Août. Ils nous ont vus contre Nantes. Je ne pense pas que
nous ayons fait un si mauvais match et, bien sûr, il y a Lyon. Là, c'est clair,
ils sont sous anti-dépresseur depuis (rire)...
Le jeu niçois
n'est-il pas prévisible ?
Je dirais plutôt que l'on
ne se rend pas compte à quel point l'adversaire nous prend au sérieux. Par
contre, je suis en partie d'accord. Si l'on veut un nouveau statut, il va
falloir l'assumer. Lorsque Valenciennes viendra au Ray, il faudra impérativement
être au niveau de l'engagement.
Imaginez que nous ne sommes pas au niveau de l'état d'esprit, en croyant que
l'on est supérieur à eux, on aura des déconvenues par la suite.
Les problèmes liés au
stade ont-t-ils une incidence ?
Nous ne l'avons jamais
avancée comme une excuse.
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