Des tensions mais pas d’inquiétude

                                                                                    

Nerveux les Olympiens ? Probablement.
L’attitude d’Alain Perrin, mardi soir depuis son banc de touche, symbolise parfaitement ce sentiment. Rarement en effet, le manager général était apparu aussi remonté, aussi fébrile. Il y eut tout d’abord une discussion "musclée" avec Fabio Celestini au sujet d’un tacle valant à l’international suisse un carton jaune.
Ce fut ensuite plusieurs contestations des décisions arbitrales. Une prise de bec avec l’assistant de M. -Garibian. Et, enfin, des échanges verbaux rugueux avec Chapuis, Meïté ou encore Ecker qui, se tenant le genou, souhaitait visiblement sortir.
Mais l’entraîneur olympien n’était pas le seul sous tension.
On retiendra, bien sûr, le coup de sang de Bakayoko qui, bousculé par Traoré, s’en prend alors à José Cobos. Pour, au bout du compte, un rouge totalement stupide. S’ensuivra une mêlée générale comme à Paris.
Dans les vestiaires, l’ambiance n’était pas non plus à la décontraction. Après la première mi-temps, marquée pourtant par le but de Van Buyten dans les ultimes secondes, les joueurs ont eu droit à la colère d’Alain Perrin. Idem en fin de match en dépit d’une victoire importantissime.
"Le coach n’était pas content de la manière, raconte tout simplement Daniel Van Buyten. Il nous l’a fait savoir. C’est sa façon de prévenir tout relâchement. Il vaut mieux que ça se passe là, plutôt qu’après trois défaites."
Vedran Runje: "La pression est totale et permanente"
Pour Vedran Runje, cet état d’irritation extrême s’explique par un contexte sportif tendu. "Avec des échéances déterminantes tous les trois jours, la pression est totale et permanente. Nous sommes toujours ensemble, nous vivons en vase clos, à force cela devient pesant. Depuis la reprise, j’ai passé beaucoup plus de temps avec mes coéquipiers qu’avec ma femme. Ce n’est pas tous les jours évident.
"Voilà pourquoi, face à Nice avec en plus des décisions de l’arbitre discutables, certains joueurs étaient à cran."
Fabio Celestini évoque pour sa part une volonté farouche de se faire respecter. "Dans ce type de duel, il faut faire preuve d’agressivité. Nous ne sommes pas là pour faire joli. Nice était un concurrent direct, nous ne pouvions donc pas aborder cette formation en dilettante."
Frank Lebœuf que l’on a souvent vu donner du geste et de la voix confirme. "C’était une rencontre à gros enjeu. Les événements ont fait que tout le monde s’est un peu énervé. De notre côté, il y avait aussi un certain agacement face aux difficultés à trouver la faille. Mais tout cela n’est en fait que très naturel."
On peut ainsi y voir la marque d’une formation décidée à ne rien lâcher. Et qui, au Vélodrome, refuse de céder.
"On va se battre jusqu’au bout, prévient Daniel Van Buyten. Des matches comme celui de mardi soir, nous en livrerons d’autres. La pression fait partie du jeu. Du moment où elle n’interfère en rien dans la vie du groupe, elle ne peut qu’être bénéfique."
"N’oublions pas que nous n’avons aucun joker à gaspiller, conclut Frank Lebœuf. Chaque point mérite que l’on se donne à fond, quitte à aller au combat." Bref, pour les Olympiens, les tensions ressenties au Vélodrome ne sont que la conséquence logique du train d’enfer mené par l’équipe. On peut aussi appeler ça de la force de caractère.


Eric PUECH