Cette fois, c’est sérieux !
Voir la tribune Ganay dépouillée
dans ses sommets est finalement d’actualité. Un match au sommet du championnat
de Ligue 1 dans un stade Vélodrome n’affichant pas complet, voilà un désordre
dans le paysage du football français. Les dirigeants olympiens ont mené une
action hier matin (voir deux pages plus loin) pour alerter l’opinion, la Ligue
aussi. Leur combat a finalement une image: un Vélodrome ne chantant pas avec
toute sa chorale.
On s’est ainsi demandé, le temps d’une mi-temps, si les Olympiens ne
souffriraient pas de l’absence de ces 4 ou 5000 voix. Ce n’est pas que les
autres ne criaient pas assez fort, simplement ce sacré mistral, balayant le
terrain, avait tendance à diluer la portée du soutien populaire.
L’espace d’une mi-temps, les interrogations ont fleuri au tempo des occasions
olympiennes jusqu’à ce coup venteux dans le temps additionnel. Une sorte de
mistral tournant, puis gagnant, Damien Grégorini, trompé par la trajectoire du
ballon, donnait l’occasion à Van Buyten de devenir le deuxième meilleur buteur
olympien.
Ce n’était pas un déni de justice, tant les Olympiens, par moment nerveux,
s’étaient installés dans le camp niçois. Ces dispositions n’étaient pas frappées
par le sceau d’une entrée en matière tonitruante, plutôt d’une montée en
puissance, le temps de remettre le moteur dans le bon ordre de marche. Tantôt
disposée en 3-3-3-1, tantôt en 3-4-3, l’organisation marseillaise coulissait de
sorte à contrarier toutes les intentions azuréennes.
Sytchev joue aussi de la tête
Elle permettait aussi aux défenseurs axiaux de venir apporter leur soutien dans
l’entrejeu, à l’image de Lebœuf s’intercalant à plusieurs reprises ou encore Van
Buyten, décochant une frappe terrible de 35 mètres mourant de quelques
centimètres, millimètres peut-être, au-dessus de la transversale de Grégorini.
Celestini l’imitait dans les minutes suivantes sans connaître plus de réussite.
Les Olympiens péchaient par moment par excès de précipitation, butant sur une
défense soudée et compacte: il y avait toujours un pied, un genou, une petite
main même, contrant in extremis une possibilité de s’installer plus
confortablement dans la partie.
C’est alors qu’Olembé apportait son écot avec un pied gauche précis, témoin ce
ballon déposé sur la tête de Sytchev pour le but du retour en solitaire en tête
du championnat. Une fête gâchée par un geste nerveux de Bakayoko, déjà tendu au
Parc des Princes. Cette deuxième expulsion en deux matches est le point noir
d’une soirée au terme de laquelle Nice se trouve rejetée à trois points. Portés
par un mistral gagnant, les Olympiens ont répondu présents physiquement après
les 120 minutes parisiennes. Leur faculté de récupération les porte vers les
sommets, il n’y a aucune raison qu’ils en redescendent. A défaut de se régaler,
le Vélodrome continue d’apprécier, d’une part les victoires empilées les unes
sur les autres à domicile, d’autre part ce parcours dont on ne comprendrait plus
qu’il subisse l’usure du temps. C’est encore trop neuf. Il paraît même que plus
c’est long, plus c’est bon...
Thierry MURATELLE
Mistral gagnant pour Van Buyten et Sytchev
Comme face à Strasbourg, ce
vent bien de chez nous aura soufflé dans le sens de l’OM. Van Buyten en aura été
le principal bénéficiaire. Quant à Sytchev, il est en passe de devenir la star
du Vel’
Redouté pour ses effets imprévisibles, craint pour les trajectoires déroutantes
qu’il peut donner au ballon, le mistral se révèle pourtant cette saison comme
l’allié de l’OM.
Demandez donc à Damien Grégorini ce qu’il en pense ? Lui qui, dans les ultimes
secondes de la première mi-temps, laissait échapper cette satanée balle poussée
par un vent capricieux.
Pour offrir bien involontairement à Daniel Van Buyten, déjà décisif à Paris
samedi soir, son quatrième but de la saison en championnat.
Etrange coïncidence, avant lui, Fernandao avait également bénéficié du même coup
de pouce météorologique. C’était face à Strasbourg pour le but gag de l’année.
Certains voyaient là le tournant d’une rencontre qui, jusqu’alors, avait
ressemblé à un jeu d’attaque-défense dans lequel les Olympiens avaient
systématiquement pris l’ascendant sans pour autant gagner la partie. Une rafale
aura donc suffi à soulager un groupe qui, après les efforts consentis au Parc
des Princes, craignait le coup de pompe. Comme celui qui renvoya Fernandao vers
les vestiaires, bien avant la fin de la rencontre.
Mais hier soir, en dépit des baisses de jus, le souffle de la victoire avait
choisi son camp.
Et Alain Perrin avait beau gesticuler devant son banc, les éléments avaient de
toute façon choisi leur couleur.
Le petit tsar aux anges
Le dispositif adopté, à trois lignes distinctes, avait pour but de laisser le
minimum de liberté aux Niçois. Ce fut le cas.
Devant Runje, c’est donc le trio Van Buyten-Lebœuf-Ecker qui était chargé de
bloquer tout élan azuréen. Et cela, jusqu’à la 74e minute, au moment où le grand
Dany, main sur les adducteurs quittait la pelouse sous les acclamations. De
cette muraille, enrichie ensuite par Meïté, auteur d’un formidable sauvetage
devant Diawara en fin de rencontre, s’est dégagée comme une impression de
sérénité. Malgré quelques inquiétantes bourrasques.
On retiendra entre autres, le retour en forme de Johnny Ecker qui, se plaignant
du genou, aura néanmoins parfaitement tenu son rôle.
Au milieu, c’est un quatre majeur qui était aligné. Celestini - Johansen -
Hemdani - Olembé. Il y avait là des kilomètres parcourus et des kilos de bonnes
intentions.
Hemdani n’a pas démenti sa forme étincelante du moment. Dans son sillage,
Celestini non plus, collé à ses adversaires, disponible et efficace. A gauche,
Olembé est presque parvenu à faire oublier Manuel Dos Santos, suspendu. Le
Camerounais offrait même sur unplateau le but de break à Sytchev. Devant enfin,
Sakho, Chapuis, Fernandao puis Baka auront tout essayé. Sans grande réussite.
Pire, Baka décidant de se faire justice face à Cobos était renvoyé directement
aux vestiaires.
Des attaquants malheureux donc. Pas tous. Puisque Sytchev, l’idole du Vel’,
réussissait, quelques minutes après son entrée, à transformer un caviar en but
retentissant. Le petit tsar était aux anges, le Vel’ aussi. Et le mistral dans
tout ça ? Il faillit rendre fou les joueurs dans la mêlée générale suivant
l’expulsion de Bakayoko.
Mais son influence sur le déroulement d’une soirée, synonyme de sommet pour l’OM,
aura franchement été bénéfique. "Décisive", vous dira Van Buyten...
Eric PUECH
Réactions
Daniel Van Buyten:
"Nous avons bien dominé la première mi-temps. Et il y avait au bout un sentiment
de frustration parce que nous aurions pu en marquer plus. A la mi-temps, le
coach a poussé une grosse gueulante parce que dominer autant sans avoir de
grosses occasions ne lui convenait pas, il ne se contentait pas de nos bribes
d’occasions.
"A l’arrivée, nous l’avons emporté. Personnellement, mes adducteurs couinent, le
coach m’a permis de souffler dans la perspective de Bordeaux. Dimanche, nous
avons un nouveau rendez-vous important et il faut maintenant ramener plus de
points de l’extérieur. Que je sois le deuxième meilleur buteur de l’équipe est
anecdotique, peut-être que nos attaquants vont se lâcher à partir de
maintenant."
Gernot Rohr:
"Je n’ai pas de regrets. Mes joueurs ont tout essayé, l’adversaire était plus
fort, un point c’est tout. Peut-être que ceux qui découvraient le contexte
marseillais sont un peu restés en dedans; nous avons également pris un but dans
le temps additionnel qui nous a fait beaucoup de mal. J’ai trouvé les
Marseillais vexés de leur élimination à Paris, remontés pour reprendre leur
marche en avant. Perdre contre un adversaire de qualité n’est pas du tout
décevant."
Eric Roy:
"La victoire de l’OM est méritée. Nous avons bien tenu et puis il y a eu ce but
terrible au plus mauvais moment. C’est d’ailleurs là notre principal regret car,
à 0-0 en deuxième mi-temps, on aurait peut-être vécu un tout autre scénario.
Mais il faut aussi savoir rester à sa place. Nous ne pouvons en effet pas
comparer l’OM au Gym. Il nous reste encore pas mal de matches pour confirmer
notre position d’outsider. Nous ne comptons pas lâcher notre position parmi les
meilleures équipes de L1."
Albert Emon (porte-parole
d’Alain Perrin):
"Nice est une équipe très difficile à jouer. En plus, le vent leur a permis de
mieux défendre. Mais notre équipe, en dépit de la fatigue accumulée à Paris, est
parvenue à rester conquérante. Pour la suite du championnat, c’est une victoire
très importante face à un concurrent direct et qui intervient après un très bon
nul à Auxerre, un autre concurrent.
"Aujourd’hui, nous sommes très bien installés dans le championnat. Nous voulons
rester en tête, nous souhaitons accrocher l’une des trois premières places.
Dommage simplement qu’il y ait eu ce rouge stupide pour Bakayoko car, cette
saison, nous avons besoin de tout le monde."
Fabio Celestini:
"Nous n’étions pas là pour faire joli. Nous voulions absolument gagner. Pour
cela, il a fallu répondre présent à tous les duels, faire preuve d’agressivité.
Au bout du compte, nous avons réussi là où beaucoup d’équipes sont tombées. Ça
s’est bien passé. Nous avons été patients, nous ne nous sommes jamais énervés.
"Enchaîner de si belles brochettes de matches avec en plus de bons résultats est
une très bonne chose pour notre marche en avant dans le championnat. Et puis, il
vaut mieux s’habituer pour la saison prochaine à évoluer de cette manière tous
les trois jours."