Noé Pamarot:
"Si je pars du Gym, c'est pour passer un cap"
Extrait
Alors, comment ça va la tête, Noé ?
Très bien, merci. Bien
mieux, même ! Il me reste cependant une belle cicatrice et 6 points de suture.
Je ne vais pas me plaindre, car à côté de José, ce n'est rien. En fait, le plus
ennuyeux furent les minutes qui ont suivi notre carambolage», je ne savais plus
où j'étais... Je ne voyais plus la balle et j'avais vraiment du mal selon les
trajectoires. Bon, n'y allons pas trop fort, tout s'est très bien passé ensuite.
Deux cachets et au lit
À ce sujet, les
quinze jours sans rencontre officielle ne vous feront pas de mal...
Nous devrions tous bien
récupérer. L'infirmerie bat son plein en ce moment. Une vraie-hécatombe ! Il
faut impérativement soigner les petits bobos pour la suite. Cette mini-trêve
pourra nous permettre aussi de refermer les cicatrices morales de cette défaite.
Parce que celle-là, elle n'est vraiment pas méritée... Je me demande encore
comment ils ont fait pour sortir avec les trois points ! Pourtant tout au long
de la rencontre, je croyais que rien ne pouvait nous arriver. Enfin, c'est ça le
foot !
Trois défaites
d'affilée en championnat, jamais vous n'aviez connu une série aussi délicate. De
la même manière que l'an dernier, est-ce que le relâchement n'était pas
inéluctable finalement avec le maintien en poche?
Non, je ne pense pas
qu'il soit question de relâchement. Maintenant, il est vrai que nous sommes plus
libérés et que nous cherchons avant tout à produire du jeu. Quand vous voulez
absolument aller de l'avant, il arrive parfois d'oublier les fondamentaux. Mais
en rapport à la qualité du jeu fourni, il n'y a pas lieu de s'alarmer, d'autant
plus que si nous ne prenons pas de risques maintenant...
Cette réflexion permet néanmoins de faire les détracteurs qui vous reprochent un jeu trop défensif, malgré les résultats convaincants depuis deux saisons...
Exact. Dès qu'on essaie
de se lâcher, vous vous rendez facilement compte que c'est plus difficile de
conserver notre assise défensive.
Si on s'autorise à
sortir le côté positif de cette période : ne vaut-il pas mieux accumuler un
manque crucial de réussite aujourd'hui plutôt qu'en début de saison prochaine
par exemple ?
Oui. Vu de cette façon,
c'est mieux, surtout que les productions d'ensemble nous donnent énormément de
confiance pour la suite. Je le répète, nous perdons, mais nous ne passons jamais
à travers. Vous connaissez l'aspect aléatoire du foot : ce n'est pas parce que
vous jouez bien que les résultats suivent irrémédiablement. Mais cela va finir
par payer et aller dans notre sens...
Malgré tout, cette
saison semble plutôt bien réussie pour vous...
Pour l'instant, oui, dans
la mesure où l'objectif de départ a été rapidement atteint. Si ces trois
défaites de rang bouleversent quelque peu nos autres objectifs, il n'y aura pas
d'abandon collectif comme tout le monde le pense.
Revenons à une
analyse plus personnelle. Comment expliques-tu le contraste entre ta baisse de
régime en début de saison et ton explosion du début d'année ?
La canicule de l'été
dernier m'a laissé sur le carreau pendant un bout de temps. Il m'a fallu du
temps pour récupérer. Alors pour reprendre le rythme, je ne vous raconte même
pas ! Vous savez, après, tout s'enchaîne, fatigue de l'intertoto, perte de
confiance etc... Je me suis donc cherché un peu et puis à force d'aligner les
matches, c'est revenu progressivement.
Une question nous
taraude toujours l'esprit à ton sujet : quelle est ta place de prédilection sur
le terrain, latéral ou défenseur central ?
Peu importe. L'essentiel
est de jouer. Ce n'est pas vraiment original comme type de réponse, mais c'est
la réalité de tout joueur. Il faut donner le maximum pour qu'il n'y ait rien à
reprocher, notamment vis-à-vis de mes coéquipiers.
Quoi qu'il arrive,
ton positionnement dans le couloir te permet de gagner en technicité avant
peut-être de t'ancrer définitivement dans l'axe ?
C'est vrai que sur le
côté, vous êtes amené à tenter davantage que dans l'axe. Une erreur en tant que
dernier défenseur et vous êtes mort ! Dans le couloir, il y a beaucoup plus de
liberté, d'espace et de prise de risque. Techniquement, il faut suivre et
apporter dans la construction. C'est donc un véritable moyen de progresser pour
moi. Malgré tout, je n'ai pas de préférence particulière.
En dehors d'une
entrée en matière moins fringante, tu devrais boucler un championnat plein de
promesses, de quoi nourrir certaines sollicitations. Comment les gères-tu ?
Normalement. Au niveau du
jeu, il y a toujours à redire. J'évite de retenir le côté positif de mes
productions. Après chaque match, il me revient plutôt en tête les erreurs que
j'ai commises. Tant que j'aurai autant de déchets, il me sera difficile de
pavaner sur certaines productions. Je cherche avant tout à progresser et gommer
les lacunes de mon jeu, alors les sollicitations, vous savez...
Est-ce vrai que le
Werder de Brême a voulu t'arracher aux couleurs rouge et noire à la trêve ?
Comment êtes-vous au
courant ? Il y a eu des contacts cet hiver, mais rien d'officiel. Je vous
promets, vraiment rien de concret. Pour que la presse ne soit pas au courant...
D'ailleurs, je ne sais même pas si le club est rentré dans des négociations. Des
appels du pied de ce type arrivent tous les jours. On connaît la musique : deux
tacles, un coup franc et vous êtes le roi du monde dans la bouche des
recruteurs. Mais ensuite, de là à ce que l'affaire se finalise... Il n'y a donc
aucune raison de s'affoler et d'être perturbé. De toute façon, je ne suis pas le
seul décideur étant donné que je suis encore sous contrat.
Et la piste
insistante du Stade Rennais pour l'an prochain...
Là par contre, ça été
plus chaud que le Werder. Il y a vraiment une demande du Stade Rennais. Les
dirigeants ont dû en parler ensemble, à mon avis. Mais une conclusion prédomine
dans cette discussions : si je pars du Gym, c'est pour passer un cap.
Aujourd'hui et sans froisser personne, je n'ai pas peur de dire que nous n'avons
rien à
envier, à part peut-être les installations, aux Rennais.
Comment un jeune
joueur décide de la marche à suivre pour la suite à donner à sa carrière ?
C'est tout un ensemble.
N'oubliez pas que je découvre encore la L1. Pour la plupart, nous n'avons qu'une
saison et demie dans les jambes. Maintenant, il est vrai que dans un deuxième
temps, j'aimerais aspirer à mieux et ne plus viser uniquement le maintien.
J'essaie de bosser dans ce sens et c'est ma façon de voir les choses. Il est
tout à fait normal de programmer une carrière par pallier, sans brûler les
étapes. J'ai vraiment une réflexion personnelle car j'estime que chacun gère ses
intérêts comme il le sent.
Ton relatif échec à
Portsmouth, il y a quelques saisons, peut-il t'inciter à privilégier une piste
dans l'Hexagone ?
Oui, dans la mesure où je suis encore jeune pour m'expatrier, et non car imaginez qu'aucun club français ne veuille de moi et que les dirigeants trouvent une offre « sympathique» uniquement d'un club étranger... Et puis, je vois les choses différemment qu'à l'époque de mon départ en Angleterre. Je saurai aussi ne pas rééditer les mêmes erreurs.
Justement, quelles ont été ces erreurs ?
Elles sont simples. Quand vous arrivez dans un nouveau club, qui plus est à l'étranger, c'est à vous de faciliter votre arrivée et pas l'inverse. Ce n'est pas en restant dans votre coin que vous simplifiez les démarches. Il faut s'investir pour gommer les différences. Je n'étais sûrement pas, vu mon échec, dans cet esprit-là. C'est vraiment un ensemble de choses qui contribue à la réussite d'une intégration. L'effort de langage par exemple peut accélérer les relations avec tes nouveaux partenaires. À Portsmouth, je pensais peut-être aussi que j'avais un super niveau tactique et ce n'est que bien plus tard que je me suis aperçu m'être trompé.
Si une offre mirobolante se présentait sur le bureau du Président Cohen de la part de cinq clubs, Marseille, Paris, Monaco, Lyon et Fulham, lequel choisirais-tu ?
Je mettrais sans hésiter
le PSG en premier. Ma famille me manque parfois et je ne serais pas contre un
rapprochement. II y a longtemps que je suis parti de la maison. À certaines
occasions, je me rends vraiment compte que je n'ai pas passé assez de temps avec
eux. L'aspect sportif semble également important dans une décision aussi
importante. Je préférerais un club qui va chercher à bâtir et renverser la donne
depuis quelques saisons que l'inverse. C'est pour cette raison que Paris paraît
à mes yeux devant Lyon en terme de préférence. L'OL est la meilleure équipe
française et renverser la vapeur avec un concurrent ne me déplairait pas. Monaco
suit ensuite avec Fulham. Je placerais l'OM en dernier car je n'ai pas que des
bons souvenirs
avec eux (rire) !
Comment le Gym pourrait arriver à te garder encore quelques saisons ?
Bien sûr qu'il y a des chances ! Je ne suis pas encore parti. Si le club conserve la plupart des joueurs, offre un challenge intéressant et pérennise cette même ambiance, je ne vois pas pourquoi j'irais chercher ailleurs ce qui marche avec Nice. Outre l'aspect financier, de nombreux paramètres influencent les décisions des joueurs. Dans cet esprit, l'unité qui existe autour du club agit de façon positive sur son image.
Un petit pourcentage sur les chances de te revoir en rouge et noir ?
Je vais allumer un peu en
disant 50-50 !
Varrault, Everson,
Pitau ou toi alimentent régulièrement la rubrique transferts des journaux... Un
renouvellement semble se dessiner au sein de l'effectif rouge et noir. De quelle
manière le club va-t-il régler cette mutation ?
En recrutant des joueurs
motivés. Si les dirigeants réussissent des gros coups sur le marché, c'est avant
tout en misant sur la mentalité des recrues. Des joueurs avec du potentiel, il y
en a. Des joueurs avec un super mental, moins. C'est à ce niveau que le
rendement de l'équipe prend naissance. Si tous les observateurs louent notre
état d'esprit, ce n'est d'ailleurs pas un hasard.
Hors jeu, tu étais assez proche de Malek Cherrad. Comment vis-tu l'évolution de
sa situation ?
Je ne vous cache pas mon
inquiétude. Cette histoire trotte dans ma tête et des multitudes de questions
restent sans réponse. Inévitablement, j'ai des images noires qui défilent en
moi, comme celle de l'assassinat du Colombien Escobar lors de la Coupe du Monde
94, pour un malheureux but contre son camp. Personne ne me contredira, nous
sommes tous obligés d'y penser et il en sera ainsi jusqu'à ce que des nouvelles
rassurantes nous seront données.
Ton attitude saine et sans détour démontre une nouvelle fois une super mentalité et une attitude très humaine. Comment expliques-tu ce côté naturel ?
La question me dérange
dans la mesure où je vis comme tout le monde. C'est naturel de rendre aux gens
l'investissement qu'ils démontrent chaque week-end pour venir nous voir, Malgré
la médiatisation, nous restons des personnes comme les autres. Nous avons
évidemment un rôle à jouer en dehors de celui de répondre présent sur le
terrain. C'est pour cette raison que je me dois d'être disponible et attentif à
la demande.
Même à l'intérieur du
groupe, ton influence est grandissante. La preuve en est donnée par Marco Simone
qui t'a demandé de lire à l'équipe les raisons de son départ...
Vous ne pouvez imaginer comme ce geste m'a surpris. Peu avant l'entraînement, il m'a envoyé un texto me demandant de le faire devant toute l'équipe. C'est tout. Mais forcément, cette responsabilité me touche. Pour moi, Marco, c'est Marco du Milan de la grande époque. Tout simplement, un monstre. Alors le sentir m'accorder autant de confiance, c'est... Jeannine du journal L'Equipe m'a expliqué ensuite qu'au cours d'une discussion, il lui avait fait part d'une certaine sympathie et que je n'étais pas celui qu'on croyait à l'extérieur. Finalement, cela vous laisse penser à l'image que j'ai dans les autres clubs (rire) ! Enfin peu importe, je ne changerai pas mon comportement sur le terrain quand même...
Et un jeune joueur à la cote florissante sur la Côte d'Azur, comment fait-il pour limiter les sorties tardives et les sollicitations diverses ?
Je fais attention.
Ensuite, je ne vous cache pas que je suis une personne qui gère mal le côte
affectif. Voilà, je le dis : j'ai un problème avec les filles ! Alors
maintenant, j'essaie de rester tranquille dans mon coin, car je me débrouille
moins bien que sur le terrain. Je préfère le tourner à la rigolade mais à ce
niveau aussi, j'ai besoin d'expérience.
Les filles ?
Comme on dit : "J'suis
tout bidon avec les meufs ! ". Je demeure un grand timide, d'un
caractère très réservé et croyez-moi, c'est pas facile pour aller vers les gens
!
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