Mionner , l'icone du nord

extrait

 

C'est l'histoire d'un mec bien, qui avait décidé de mettre sa vie au service des handicapés.
Et accessoirement, d'un ballon rond.

Jusqu'à ce qu'un jour, son efficacité redoutable balle au pied ne l'incite finalement à changer début.
Depuis cette année de CFA au Touquet où il termina meilleur réalisateur, Cédric Mionnet n'a cessé d'enchaîner les dribbles et les appels pour devenir ce qu'il est aujourd'hui : un footballeur professionnel.
« C'est vrai je n'ai pas fait de centre de formation. Après sept ans au Touquet, J'ai été remarqué par Lens où on m'a pris comme stagiaire pro une année. Mais ça s'est mal passé. En fait, je suis passe de trois entraînements par semaine à trois entraînements par jour ! C'était pas évident... ».

Le destin, parfois, s'ingénie sans que vous le sachiez à vous aiguiller dans la bonne direction.
Car, les Sang et Or l'ayant laissé sur le carreau, Cédric a migré de quelques dizaines de kilomètres plus au sud. A Sedan.
En National exactement.

Là-bas, dans ces Ardennes où le cœur ardent des hommes vous offre ce que la terre n'a pas su donner, Mionnet n'allait pas tarder à devenir l'égérie de tout un peuple.
« Tout de suite, ça s'est très bien passé avec le public acquiesce-t-il. Je ne suis pas de là-bas mais aujourd'hui, pour eux, je suis de Sedan. Il y a beaucoup de gens qui m'ont écrit et qui vont venir ici samedi, en partie pour me voir. A Sedan, j'étais assez proche des supporters. Après les matchs, on était une bande à aller au club-house. La bière coulait à flots... Je passais même derrière le bar ! Et puis j'ai fait aussi quelques actions auprès des handicapés, je pense que c'est de tout ça qu'est venue cette popularité ».

Ce que l'Aiglon (il a signé au Gym pour trois ans) ne dit pas, c'est que le parcours exceptionnel des Sangliers a profité de ses performances.

Après son arrivée, le CSSA est passé en quelques années du National.à la D1, avec finale de coupe de France, coupe Intertoto et coupe UEFA ! Dans l'intervalle, Cédric a réussi une saison à 17 buts, et tout lui souriait...

Jusqu'à ce maudit match de mars 2001 à La Beaujoire ou Nicolas Gillet allait pulvériser sa jambe droite (*), brisant net son élan. Six heures sur la table d'opération, sept mois pour revenir au football : « Ça a été dommage pour moi, j'avais marqué dix buts en championnat, il restait dix matchs à jouer et on pouvait atteindre la Ligue des Champions avec Sedan. Je commençais à intéresser du monde et j'avais pas mal de propositions de clubs étrangers et français.»

Blessé, le sanglier allait tarder à reprendre du poil de la bête.

Sans compter que l'arrivée d'Henri Stamboul! allait finir de déchoir l'idole : « II a cherché à m'écarter comme certains anciens... Il a fait ses choix, je les respecte. Je n'ai même pas esayé le dialogue... Mais c'était devenu dur, j'étais même dégoûté d'aller à l'entraînement. Je faisais tous les efforts mais ça ne payait pas. Aussi quand la proposition niçoise est arrivée, ça s'est fait en 48 heures. Mais quand la nouvelle de mon départ s'est sue en ville, ça a été le déclic... ».

Quinze jours plus tard, Stambouli était démis de ses fonctions tandis que Cédric découvrait Charles Ehrmann !

Mué en Aiglon, il s'est fait petit à petit à sa nouvelle peau.

Quelques apparitions en demi-teinte le temps de s'acclimater.

Et ce but extraordinaire à Rennes qui est venu rappeler que l'ex-Sanglier est tout sauf un manchot !
« C'est toujours très difficile pour un joueur qui n'a connu qu'un club de s'adapter à un nouvel environnement. Comme l'a dit Nicolas Sachy quand je suis parti, en 48 heures, j'ai gagné 14 degrés et 14 places au classement ! Ce n'est pas évident d'avoir de suite les automatismes, il faut bien connaître les joueurs, ici ils ne connaissaient pas mon jeu, mes appels. Mais je suis content de pouvoir finir ce championnat et préparer du mieux possible la saison future ».

Son jeu justement, quel est-il ?

Celui d'un pur neuf ou d'un neuf et demi décroché ?

« La saison où j'ai été le plus efficace, c'est quand Patrick Rémy faisait jouer N'Diefi en pointe et que je tournais autour de lui ».

Samedi pour peu qu'il soit de la partie, Cédric va croiser des Sangliers sur sa route.
« Ça va être très, très dur. Ils vont venir ici pour accrocher un point, peut-être même plus d'après les échos que j'en ai. En général, ils évoluent avec une seule pointe à l'extérieur, je pense que ce sera Plus. J'espère simplement qu'ils vont se sauver et qu'ils gagneront leurs trois prochains matchs. Après celui de Nice évidemment ! ».

Ainsi va Cédric Mîonnet.

Icône en Nord.

Pas fâché malgré tout d'avoir changé de chapelle...

(*) Rupture des ligaments croisés postérieur et antérieur,. du ligament latéral interne, des jumeaux, des coques, des quadriceps...