Le Gym contre-attaque
L'OGC Nice va faire appel de la décision de la Commission de discipline, saisie par le Conseil national de l'éthique (CNE), d'infliger trois matches de suspension, dont un avec sursis, à Everson.
Ainsi en a décidé le président Maurice Cohen, après avoir mesuré toute la
journée, en compagnie de Gernot Rohr, l'opportunité de prolonger la procédure.
Le risque est de voir la Commission d'appel (date de comparution non encore
connue) aggraver la sanction, ce qui fut le cas du Parisien Fiorèse, jugé
coupable de plongeon dans la surface.
Le Gym en prend son parti. « Nous ne contestons pas la faute qui aurait mérité
un carton rouge. C'est le mode de fonctionnement du Conseil national de
l'éthique (qui s'est emparé de l'affaire après une photo de Nice-Guingamp parue
dans le journal l'Equipe) qui nous scandalise, et contre lequel nous voulons
mener campagne, avec l'appui de nos avocats », souligne Maurice Cohen.
Hier, sans revenir sur le cas Everson (le joueur, lui, ne souhaite pas commenter
la décision), le Conseil de l'éthique a implicitement reconnu ses limites. Le
CNE a fait part à la Fédération française de football de son souhait de pouvoir
visionner les cassettes de tous les matches de Ligue 1, « Afin de se saisir des
éventuels faits qui lui paraîtront devoir être examinés ». Une demande a déjà
été faite auprès des diffuseurs (Canal+ et TPS) afin d'obtenir les images, a
précisé la Fédération. Les modalités techniques restant encore à définir, on
ignore encore à quelle date cette mesure entrera en vigueur.Mais ce réveil
tardif fait-il bien sérieux ? A dix journées de la fin, changer son mode de
fonctionnement, c'est la preuve d'une certaine bonne volonté. C'est surtout une
façon de reconnaître une situation bancale et une véritable iniquité.
Le Conseil de l'éthique touche à
ses limites
La question de suspendre des joueurs au nom de l'éthique (pour des fautes ayant
échappé à l'arbitre) est un vœu pieux, mais lourd de conséquence. Qui mérite
assurément un tour d'horizon plus large qu'un visionnage des photos parues dans
la presse, à l'heure du petit-déjeuner.
« Cette demande de visionnage de toutes les images prouve que nous avons raison
et ne fait que renforcer notre volonté de faire appel », souligne Maurice Cohen.
« Pour un match, il y a trois arbitres, et quatre délégués. A quoi servent ces
gens-là s'il faut, a posteriori, décortiquer les actions à la loupe ? »,
s'interroge le président niçois.
Il est clair que le Conseil national de l'éthique, encore novice, se cherche
dans sa façon de procéder.
On peut douter qu'il trouvera un jour la bonne formule. Cette institution a été
créée pour venir au secours du beau jeu et des arbitres. Elle se retrouve
aujourd'hui coincée dans un mauvais compromis, entre un football qui ne veut pas
de l'assistance vidéo en direct, qui n'a pas encore inventé l'arbitrage
professionnel, et des clubs qui ne vont pas manquer de multiplier les
protestations à froid pour des fautes non sanctionnées. Un joli bazar en
perspective, qui pourrait rapidement lasser tout le monde. En attendant, c'est
l'OGC Nice qui a trinqué, pour l'exemple.