Les coups francs d'Evi

 

extrait

 

 

Samedi dernier, 44e minute du match Le Mans - Nice au stade Léon-Bollée. A près de trente mètres des buts de Bedenik, légèrement sur la gauche, Fernande D'Amico vient de concéder un coup-franc.

Rapide conciliabule entre Everson, Pamarot et Pitau, les artificiers maison. A cette distance, c'est généralement le Brésilien qui s'y colle.

Effectivement, c'est lui qui va réclamer le droit de « tuer ».

Celui de tirer.

Dans son inimitable français mâtiné de délicieuses consonances brésiliennes, que nous avons expurgées pour l'occasion, il raconte :« J'ai vu que c'était un peu loin pour Noé et Romain, j'ai demandé de frapper. D'abord, je savais qu'il faudrait que je ne mette pas beaucoup de puissance, parce que le ballon était un peu bizarre... Je m'en étais aperçu déjà à réchauffement. J'ai regardé le gardien qui était placé au milieu et par rapport au mur, je me suis dit qu'il faudrait taper pour que le ballon prenne de l'effet juste après avoir dépassé le mur. J'ai tiré et ça a été exactement comme je le pensais. »

Résultat, une frappe magnifique qui s'en va mourir dans le coin du but manceau et offre l'égalisation aux Niçois.

José Cobos a chambré Evi en rigolant, parce que le ballon semblait être parti a " 30 à l'heure "...

Trente, soixante ou quatre-vingt-dix, peu importe. L'heure d'Everson avait sonné ! Et son but résonnait comme un coup de marteau sur la tête des Manceaux.

Une vieille histoire

Evi et les coups-francs, c'est une vieille histoire.

Une liaison pas dangereuse.

Fraternelle plutôt.

« J'ai toujours travaillé ma frappe de balle reprend le Brésilien. Les coups-francs, ça date de cinq ou sept ans. C'est pas vraiment une spécialité mais je m'entraîne régulièrement. Tout le monde dans notre équipe sait qu'à l'entraînement, j'arrive à les réussir souvent. J'essaie de beaucoup me concentrer pour y arriver. "

De fait les statistiques de la saison écoulée attestent s'il en était besoin, la faculté d'Evi à jouer les Goliath sur coup de pied arrêté.

Lors de la saison 2002-2003, Everson a marqué six buts dont trois l'ont été sur coup-franc : Nice-Marseille (2-0 ; but d'Everson à la 53") ; Nice-Monaco (1-0, coup-franc d'Everson renvoyé mais repris victorieusement par le Brésilien à la 24") ; Nice-Ajaccio (3-0, but d'Everson à la 25").

Autant dire que le milieu de terrain n'en est plus à sa première décharge d'adrénaline liée à des coup francs devenus buts.

S'il dit lui-même préférer désormais les coups de pied arrêtés à bonne distance et en force, Evi conserve plutôt le souvenir de quelques ballons joliment travaillés :
« II y en a un que j'ai marqué en Belgique qui était juste cadré. En Allemagne aussi, j'ai réussi des coups francs vraiment travaillés et très beaux. C'est un grand plaisir de voir la balle rentrer dans le but, de voir la réussite. C'est la concrétisation du travail. »

Avec deux buts au compteur en trois journées de L1, Everson est reparti tambour battant.

Jamais abattu. Toujours battant.

Même ses relations conflictuelles - ou supposées telles - avec le corps arbitral le laissent de marbre pour l'instant.

« Je fais attention. Je sais de toute façon que je vais prendre de cartons. Mais je sais que la tactique en ce moment, ça m'aide, parc que je joue plus offensif. On verra comment ça va se passer quand je vais décaler à l'arrière. Parce qu là, il faut s'arracher ! »

Depuis 270 minutes, il n'a pourtant déjà pas manqué de s'arraché Evi.

Après tout, c'est sa vie.