Le jour d'un buteur ( extrait )
Kaba Diawara a l'humeur ensoleillée
et l'humour ciblé. Alors, il chambre l'un, branche l'autre. Et avant de grimper
dans sa voiture, il s'offre un dernier coup de griffe afin d'égratigner
l'orgueil de deux jeunots récemment éliminés de la Coupe Gambardella par le
Cavigal. Eux boivent ses paroles comme du petit lait aigrelet...
Railleur, taquin, moqueur, l'attaquant aime bien distribuer les tacles ironiques
qui n'ont jamais blessé personne.
Et lorsque Kaba ouvre les vannes, tout le monde se retrouve cul par-dessus tête.
Lui se gondole, se tord, se poile.
Celui qui se disait "frit", ces dernières semaines, rissole d'envie, frémit
d'enthousiasme.
« J'ai hâte de jouer. Comme tout le monde. Nice-Lyon est une superbe affiche. Le
stade va être plein. La France du foot suivra la soirée devant Canal. Ici,
personne ne souhaite rater ce rendez-vous. Nous voulons, tous, faire un grand
match. »
Quand la compétition pointe le bout de ses émotions, le bougre ne plaisante
plus. Il frissonne.
La cheville nettoyée, le buteur se sent tout neuf. « Maintenant, ça va. Ma tête,
mon corps, mon pied, tout est reposé. »
Ça se voit. Ça se sent. Bien sûr, il respecte Lyon.Evidemment, il craint Anderson,
Govou et tous leurs petits amis.
Mais Kaba veut en finir avec la série des nuls. « Quatre d'affilée, ça suffit.
On joue toujours pour gagner. Là encore plus 1 », lâche le battant aux ambitions
toujours vivaces.
« Qui sera champion ? Le Gym... Non, je m'enflamme, je rigole. Moi, je vote pour
Monaco, Sinon, Bordeaux. Mais attention, on n'est pas mort. Je ne parle pas là
du titre suprême... Mais il y a d'autres billets en jeu non ? »
Kaba a toujours faim. De
victoires... et de buts. Il faut dire qu'il est à la diète depuis trop
longtemps. Deux mois qu'il n'a
pas marqué. « Le dernier, c'était à Montpellier, Une éternité.J'avais pris la
bonne habitude de claquer. De faire le beau. Ça
commence sérieusement à me manquer. »
On se souvient qu'à Gerland, il
avait dédié son but à un "Poussin" Meslin alors cloué sur un lit de douleur et
de frustration. Un match aller (2-2) qui lui laisse des souvenirs émouvants et
gais. « Coupet sort. Et crac, je la mets au fond. Nous avions été costauds,
généreux, solidaires. Et puis, comment oublier l'égalisation de "Pancho" à la
dernière minute. Plus qu'un but. Un symbole. »
La deuxième manche arrive. Kaba s'en fait une joie. Il veut aussi en faire une
fête.
Dimanche sera peut-être le jour du buteur. Les paroissiens du Ray n'attendent
que ça.