Gernot au JDD (10/11)( le journal qui écrivait au lendemain de la défaite à Sochaux NICE :"le début de la fin".Gernot avait même affiché l'article dans les vestiaires)
Gernot, comment vivez vous cette belle histoire ?
" C'est l'aventure la plus exceptionnelle que j'ai jamais vécue. Une histoire humaine avant tout, puis sportive et même administrative. Ce scénario est tellement complexe qu'il aurait fallu être un grand écrivain pour l'inventer"
Quels sont les moments fondateurs de cette aventure ?
"D'abord le 17 juin, la veille de notre appel à la DNCG. On a tous décidé de
renoncer à nos primes de montée, soit 760.000 € qui s'ajoutaient à une somme
proposée par Lens pour trois jeunes joueurs et l'aide la Mairie. Je me souviens
aussi du 2 juillet, jour de la reprise d'entraînement devant 5.000 supporters.
On a parlé au public avec des micros, j ' ai senti l'osmose et le début de la
communion, une véritable fusion entre une équipe qui voulait vivre et des gens
venus pour nous redonner le moral. Enfin le 19 juillet, jour de notre repêchage,
je revois l'explosion de joie quand j ' ai annoncé aux joueurs qu'on repartait
en Ligue 1."
Est-ce le groupe le plus facile à gérer de votre carrière ?
J'aime ce groupe très particulier, des laissés-pour-compte que j'ai pu choisir. Pour Everson, c'était sa dernière chance pour atteindre le niveau qu'il méritait. Là, il est en train de franchir un palier. Son histoire mérite une pleine page tant elle est fantastique. Idem pour Cobos, Roy, Gregorini, Pamarot ou encore Romain Pitau qui est trop longtemps resté dans l'anonymat de la banlieue parisienne. C'est ça Nice, beaucoup de petites et belles histoires.
Est-ce toujours aussi
facile de motiver vos hommes ?
Je dois trouver sans arrêt des mots différents pour parler de la même chose, à savoir le maintien. Ça va bien avec mes joueurs, un peu moins avec tous ceux qui veulent me faire dire qu'on joue désormais pour je ne sais quelle coupe. Mais on a trouvé la formule. Quand je dis : « Je veux aller le plus vite possible vers les 42 points », cela prouve déjà notre ambition.
Votre jeu très exigeant physiquement ne risque-t-il pas de vous handicaper plus tôt que les autres ?
On va devoir bien gérer cette débauche d'énergie, bien doser nos entraînements et penser à la récupération. Mais les terrains gras vont arriver, et on risque de souffrir de notre préparation hyper courte. On peut donc s'interroger sur la durée de nos exploits.
Samedi prochain, c'est encore un autre choc à Auxerre
Oui, bien qu'eux aussi jouent le maintien ' Ce sera notre quatrième terrible test consécutif après Lens, Lyon et Monaco. On avait un objectif de quatre points sur ces rencontres, on en a déjà pris cinq. L'équipe progresse dans le jeu, elle a pris confiance et aura un bon coup à jouer
Eric ROY à l'EQUIPE (10/11):
«VENDREDI, Nice a réussi un nouveau test face à un gros, Monaco (1-0)...
En attendant d'aller à Auxerre, on a déjà montré de quoi on était capables contre ces équipes-là. A Lyon (2-2), on avait montré de grandes qualités morales, et on avait peut-être bénéficié aussi de leur fatigue européenne. Mais là, contre Monaco, il n'y a pas eu de discussion, il me semble. On a dominé physiquement et dans le jeu, sans laisser d'occasions très franches aux Monégasques. On n'oublie pas que nos fondamentaux sont la solidité défensive et la solidarité. Certaines équipes ont un joueur exceptionnel, capable d'un exploit n'importe quand, nous, on a autre chose. Mais sur le terrain, je vois des joueurs progresser semaine après semaine
Qu'est-ce qui vous rend si difficiles à jouer ?
On est tous concernés quand on a perdu le ballon. Et on est onze concernés, encore, quand on le récupère. Cela paraît simple, mais j'ai connu beaucoup d'équipes où certains rechignent à défendre, et où des pseudostars se sentent moins concernées quand elles n' ont pas le ballon dans les pieds. Nous, nous jouons à l'unisson, et l'esprit de sacrifice n' est pas un vain mot. Dans les duels, on est toujours à deux ou à trois. On sait que si on est en difficulté, on aura immédiatement une aide défensive. Il y a des prises à deux, comme au basket. Il faut une grande mentalité pour ça. C'est la notre, et c'est logique : notre équipe est née dans la douleur.
Nice peut-il jouer autrement ?
On est cohérent dans ce qu'on fait. On n'est pas le Real l On sait très bien qu'on se mettrait en danger si l'on s'écartait de nos valeurs. Si on croit qu'on est arrivés, si on joue tranquille, en regardant le classement et en croyant que le reste suivra tout seul, on sera en difficulté. Alors, jouer autrement, ce ne serait pas une bonne idée. D'autant qu'une équipe, c'est une mécanique fragile. N'importe qui peut plonger n'importe quand, on l'a vu récemment avec Arsenal.
On dit toujours que vous êtes bien organisés. Mais, en même temps, vous n'êtes pas toujours organisés de la même manière ?
C'est vrai et cela montre que l'on sait s'adapter. C'est intéressant, cela montre qu'il y a beaucoup de joueurs intelligents dans l'effectif. Dès le début de la saison, on a pu voir que les qualités des uns et des autres étaient très complémentaires : derrière, on a joué à trois, à quatre ou à cinq, et cela n'a rien changé à l'efficacité défensive
Peut-on être devant et parler encore de maintien ?
Tant qu'on n'aura pas 42 points, je le répéterai. Il y a un personnage du foot français qui dit ça depuis vingt ans : il doit avoir raison, non ?
Nice s'est rebellé contre beaucoup de choses depuis le début de la saison. À présent qu'il est reconnu pour son jeu comme pour ses résultats, est-ce que cela peut changer votre état d'esprit ?
Déjà, au niveau de nos adversaires, cela fait un petit moment que l'effet de surprise ne fonctionne plus et que nous sommes attendus d'une manière très différente. Médiatiquement, c'est encore autre chose. Au départ, nous étions la bonne petite équipe qui passait par là. Beaucoup, maintenant, commencent à se demander s'il n'y a pas plus que cela derrière nos résultats. Car il y a des joueurs de talent dans cette équipe, et il faudra bien en parler à un moment ou à un autre,