Stade du Ray : les extrémistes ne passeront pas !
Les derniers incidents,
drapeau, slogans dans les « secondes » ont rappelé combien la politisation
extrémiste de l'ultra droite radicale était rampante, dangereuse mais totalement
désavouée par la majorité des supporters .
Promis, juré, personne ne s'y attendait ! Des supporters ont même du se pincer
lors des deux derniers matchs. Ils ne rêvaient pas : une croix celtique, des
slogans et une petite phalange avaient fait leur apparition au sein des «
secondes » en plein stade du Ray.
Et ce cuir-là sentait à plein nez les « Identitaires », à savoir les anciens ou
nouveaux réactivés du défunt et interdit Unité Radicale (voir encadré) : à
savoir l'ultra droite radicale.
Cette apparition aussi visible qu'un bouton d'or dans un champ de luzerne
était-elle imprévisible ?
Ceux qui refusent tout angélisme admettront que le passé n'a pas toujours été
d'une innocence absolue et que les tentatives d'infiltration de divers
phalanstères extrémistes ne sont pas une grande nouveauté.
Et justement les supporters qui ont pris quelques cours de rhétorique en
connaissent les dangers.
Aussi le lancement de l'OPA des groupuscules de l'ultra droite radicale sur les
« secondes » du Ray n'a laissé personne de bois.
L'assaut a même jeté un grand trouble, comme si une guerre froide version
niçoise s'était abattue sur les tribunes, avec taupes, agents doubles,
infiltrés, sous influence et officiers traitants au programme, sans oublier
l'escouade de mercenaires rompue aux actions directes.
Une affaire délicate
Bref en deux matchs les dégâts sont déjà apparents : tout le monde se méfie de
tout le monde. Et le temps de l'espionnite ne semble pas encore révolu.
Les clubs de supporters ont lancé des missions très diplomatiques pour tâter le
terrain, peut-être infiltré, rappeler les fondamentaux du sport, de
l'apolitisme, pointer les dangers.
« C'est une situation difficile, une affaire délicate, à prendre avec des
pincettes », expliquait un autre président de supporters en rappelant que des
drapeaux du Che Guevara faisaient également leur apparition. Le rappel à l'ordre
de l'apolitisme devra donc bannir tous les symboles et le recadrage devra être
dosé pour ne pas réactiver de vieux conflits.
On a même parlé de mise en quarantaine de certaines formations de supporters
suspectées d'avoir été infiltrées.
Bref la grande famille niçoise qui vivait en assez bonne entente s'est trouvée
révulsée par les dérives, cette fois outrancière, de certains et inquiétée par
un danger venant cette fois de l'intérieur. A tel point que certains étaient
prêts à jeter l'éponge.
« Des pères ne veulent plus amener leurs enfants, explique un supporter, On nous
a promis de nous chasser. Mais ne donnez pas mon nom ». La crainte des
représailles est donc bien présente.
Evidemment la meilleure solution était d'écarter l'ombre qui venait de
s'abattre. Pour Maurice Cohen, le président du club, l'affaire est déjà entendue
: « Les fauteurs de trouble ont été identifiés, isolés et sortis du milieu avec
l'aide de tous dirigeants, élus, supporters, policiers. Nous sommes conscients
du problème, nous refusons l'envahissement et nous avons réagi dès la seconde
fois ».
Les identitaires vont-ils réellement décamper ? Une chose est acquise : la
résistance active va continuer : « Nous restons vigilants : un dispositif adapté
sera maintenu en liaison avec les forces publiques ».
Le président du club estime également que les envahisseurs ont été surpris par
la réactivité et l'opposition rencontrées.
Les prochaines rencontres diront s'il s'agit d'optimisme ou d'efficacité.
Les volontés expansionnistes de l'ultra-droite niçoise
Qui sont ces
supporters engagés qui tentent de gangrener les kops de supporters niçois ? Des
militants identitaires issus, pour la plupart, de la mouvance « Unité-Radicale »
qui, après l'attentat manqué contre Jacques Chirac le 14 juillet dernier, avait
pourtant été dissoute. Cette mesure exceptionnelle n'a, semble-t-il, pas eu
l'effet escompté. « Au contraire, confirme Fabrice Robert, le leader niçois de
ce groupuscule d'ultra droite, le nombre de nos sympathisants a même doublé,
passant à près de 3 000 au niveau national, depuis la dissolution. »
Parmi eux, certains fréquentent donc le Ray. Même si Fabrice Robert se défend de
vouloir mener une « action planifiée » d'infiltration, il affiche clairement son
intention « d'occuper tous les terrains identitaires et populaires, y compris
celui du football qui s'avère particulièrement propice. On a des camarades qui
vont au stade, souvent depuis longtemps, et qui tentent de resserrer les liens
avec d'autres supporters. »
Cette entreprise de séduction semble avoir porté quelques fruits avant de se
heurter à une véritable levée de bouclier. « C'est un échange de bons procédés,
confie en effet cet extrémiste. Lorsqu'ils ont besoin de nous, on est là... Et
réciproquement. » Autrement dit lorsqu'il s'agit de donner du coup de poing
l'ultra droite n'est pas loin ? « Notre objectif n'est pas d'organiser des
bastons générales, mais il est vrai que le clan doit faire bloc lorsqu'il est
attaqué. » Bref, le recours à la violence est loin d'être exclu, qualifié même
de « naturel ».
Sur tous les fronts
Le « clan », c'est à craindre, pourrait donc s'agrandir si l'on n'y prend garde.
Et aurait donc déjà rencontré quelques succès dans son entreprise de
contamination des esprits. A Nice, mais pas seulement, car le groupuscule
d'ultra droite ne se contente pas d'infiltrer les aficionados du Gym.
« Nous sommes également actifs au sein des supporters parisiens, mais aussi
lensois, lillois et lyonnais », assure Fabrice Robert.
Ce phénomène n'est pas non plus l'apanage du foot, ou même du sport. « Nous
sommes en fait présents là où le peuple se trouve, explique encore Fabrice
Robert, pour le politiser le plus possible : parmi les supporters, mais aussi, à
Nice, au sein d'associations de lutte pour la préservation du patrimoine ou des
traditions, dans des cercles de réflexion, ou dans le milieu musical... »