Retour en force
( extrait )
Les Niçois sont de sacrés farceurs. Après avoir glissé un poisson d'avril dans le dos de Didier Deschamps et de ses Monégasques, ils ont fait la même blague aux Auxerrois de Guy Roux.
Plaisantins, va...
Pourtant, bien des analystes du
football pensaient, haut et fort, que les mois de février et mars leur avaient
ôté, définitivement, l'envie de rigoler. Ces tristes sires aux prédictions
larmoyantes ont, aujourd'hui, l'air fin et la respiration hésitante.
Pendant ce temps, le Gym se marre. Six points sur six face à des candidats à
l'Europe alors que les censeurs pour échafaud avaient déjà rédigé l'avis de
décès de leurs espoirs, avouez qu'il y a de quoi se gondoler.
Si les "rouge et noir" se poilent autant, c'est qu'il n'y a aucun tur-lupin parmi eux. On ne bat pas Monaco et Auxerre avec une équipe de comiques troupiers. C'est ce qu'aura souligné Gernot Rohr, hier, visant là un journaliste parisien qui, la veille, trouva l'OGCN "parfois ridicule sur le plan technique". Une phrase qui ne fit rire personne du côté du parc Charles-Ehrmann.
Après cette petite mise au point, l'entraîneur retrouva ce sourire qui ne quitte que rarement sa mine ensoleillée.« Je suis content d'avoir battu le maître à deux reprises cette saison. Guy Roux est un exemple. Même dans la défaite puisqu'il est venu me féliciter à la fin de la rencontre. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde... », note un Gernot Rohr aussi malin que Guy Roux peut être rusé.
Ainsi, le chef d'une armée d'Aiglons
désarmants avait quelque peu modifié ses plans de bataille habituels pour lancer
un 4-1-3-2 à l'assaut des illusions de l'AJA.
« Avec quatre défenseurs bien en zone et Roy en position légèrement avancée, on
bouclait le marquage du carré d'as auxerrois, Ainsi, Roy bloquait Kapo, Traoré
suivait Fadiga, Varrault s'occupait de Lacbuer et Abardonado se chargeait de
Cissé. Avec Cobos en couverture. Ça a marché. Puis lorsque Benjani est entré, on
est passé en 3-5-2 avec deux stoppeurs (Abardonado-Traoré) et deux joueurs de
couloirs (Bigné-Varrault) qui, libérés, contournèrent parfaitement le bloc rival
»,explique le tacticien aux schémas sans rature et aux desseins ambitieux.
Un poisson pour Vahid ?
Après une nuit de recul, Cobos et les siens ne contestaient pas avoir souffert durant les 45 premières minutes. « Les Auxerrois m'ont plus impressionné que les Lyonnais. Ça Joue au ballon », avance le capitaine encore impeccable samedi soir. « On a souffert. Eux étaient dans le bon rythme pendant qu'on cherchait nos marques et notre souffle », remarque Yoann Bigné qui trouvera les solutions après la pause.
Une mi-temps qui permit à Gernot
Rohr de regonfler tous les poitrails et chaque moral. « Dans le vestiaire, je
les ai trouvés frustrés, déçus. Presque abattus. Il n'y avait pas de quoi. En
première période, ils s'étaient, tout simplement, mis trop de pression, ils
voulaient trop bien faire, confondant vitesse et précipitation. Pendant ce
temps, les Auxerrois étaient enjambes et en confiance. On a alors décidé de
monter d'un cran tout en passant, le plus souvent possible, par les côtés »,
raconte Rohr qui vit sa formation effectuer 45 dernières minutes tonitruantes
dans un Ray enchanté et chanteur. Le but d'Everson venant récompenser des tonnes
d'efforts et des kilomètres de course.
«On a retrouvé le Gym du début de saison », ose, avec raison, un Bigné ravi par
la tournure des choses mais choqué par la blessure à la tête de Mathis qui passa
par l'hôpital avant de regagner la Bourgogne.
Malgré ses deux victoires d'avril, l'OGCN ne découvre pas le fil qui voile ses
rêves de printemps.
« On ne change pas notre discours. Lens (11) n'est qu'à quatre points. Mais si
on a l'audace de regarder en haut, Bordeaux (4') n'a également que deux petites
longueurs d'avance sur nous. Et il y aura un Nice-Bordeaux fin mai... »,
frissonne, par avance, un Gernot Rohr excité par ce final à tentations.
Aujourd'hui sixièmes, avec un billet européen et des étoiles à portée de main,
les Niçois pensent d'abord à un voyage bien plus terre à terre. Celui qui les
mènera, samedi, à Rennes. Chez les hommes de coach Vahid qui viennent de signer
un succès capital au Havre.
Halilhodzic finira-t-il avec le même
poisson dans le dos que Deschamps et Roux ?
Une nouvelle farce conforterait le retour en force des déterminés du président
Maurice Cohen.
Ça rigole à l'OGC Nice. Normal, le
club n'a jamais été aussi sérieux.