COHEN ET le Conseil d'éthique

                                                         

 

Le « cas Everson » aura au moins eu le mérite de faire bouger les choses et de rappeler qu'en matière de football, comme dans bien d'autres domaines d'ailleurs, « l'esprit et la lettre » doivent rester des notions bien distinctes en matière de jugement.
La décision prise mercredi dernier par la Commission d'appel de discipline et de l'éthique — une grande première — d'annuler en totalité la sanction qui avait frappé en première instance le milieu défensif brésilien du Gym sur saisine du CNE (Conseil national de l'éthique) a provoqué dès le lendemain un certain nombre de réactions. Tant de la part du CNE lui-même, pas vraiment ravi de voir ainsi son action « jetée aux orties », que du Bureau Fédéral qui a aussitôt décidé d'évoquer cette « passe d'armes » entre les différentes commissions à l'occasion de la prochaine réunion du Conseil de la FFF le 4 avril, au cours de laquelle sera d'ailleurs créé un « groupe de réflexion » chargé d'analyser le fonctionnement du CNE et d'en définir les vrais pouvoirs ainsi que.les limites...


« La vidéo oui, mais pour préserver l'esprit du jeu »


« C'est une très bonne initiative car il me semble qu'on a mis en place ce Conseil de l'éthique un peu vite et suivant un règlement qui manque de clarté », considère pour sa part Maurice Cohen qui participera, en fin d'après-midi à Paris, à une réunion de l'UCPF (Union des Clubs Professionnels de Football) sous la direction de Frédéric Thi-riez, le Président de la Ligue.
« L'ordre du jour concernera surtout l'attribution des droits télé, mais je soulèverai devant mes collègues ce problème lié au CNE. Il serait souhaitable, en effet, que
l'UCPF, tout comme va certainement le faire également l'UNFP, le syndicat des joueurs, adopte une position franche, claire et unitaire vis-à-vis du rôle de l'organisme présidé par M. Rocheteau. Le rôle du CNE doit être défini, et on doit déterminer à quel moment et par qui il doit être saisi, ainsi que de quelle façon... ».
Qualifié de « tribunal d'exception » par Maurice Cohen après l'action à retardement prise par le CNE à propos d'Everson, il apparaît que deux aspects du dossier « chatouillent » actuellement le monde du football professionnel.
« D'abord une règle bien claire celle-là dit qu'on ne revient pas sur une affaire jugée par l'arbitre, reprend le président niçois. Or, dans le cas Everson, M. Valéo a accordé un coup franc aux Guin-gampais. Sans aucun avertissement, sans blessure de l'adversaire... donc il n'y avait pas à revenir sur cette action a posteriori. En s'appuyant sur la vidéo, c'est pourtant ce qu'a fait le CNE et il a donc enfreint la règle que j'évoquais à l'instant et par le fait contesté la légitimité et le jugement des quatre arbitres présents sur le terrain ce soir-là ! ».
Difficile dans ces conditions, on en conviendra, que le référé reste maître du jeu et des décisions à prendre. « Si on laisse passer ça, le CNE va bientôt être débordé par des dizaines de requêtes et de réclamations à chaque match et on ne s'en sortira jamais », estime Maurice Cohen.
« Selon moi, le Conseil de l'éthique ne doit intervenir î qu'en cas d'actions contraires à l'esprit du jeu : un coup par-derrière non sanctionné et sans rapport direct avec l'action par exemple ou bien des injures proférées à l'intention de l'arbitre ou d'un délégué, d'une tricherie caractérisée ayant une influence sur le résultat, comme ce fut le cas pour Fiorèse où il y a eu simulation débouchant sur un penalty... ».


Le foot pro monte au créneau


Deuxième volet : la création, en fin de saison, d'une Commission Supérieure d'Appel en lieu et place des actuelles « Fédérale d'appel » (FFF) et « Commission d'appel de discipline et de l'éthique » (Ligue).
« Le foot professionnel ne peut être jugé par son homologue amateur, ce serait inconcevable », poursuit le président de l'OGCN. « II faut que nous nous battions pour que l'existence de la Commission présidée par M. Dave-nas, composée en majorité de magistrats, de juristes, de membres compétents et indépendants, ne soit pas remise en cause. »
Bien conscient que son groupe de travail « dérange », ce dernier, procureur de la Cour de cassation à Paris, a déjà prévenu : « Ce que je veux, c'est que le nouvel organe, à savoir cette future Commission supérieure d'appel, soit constituée d'au moins les trois-quarts des membres de ma commission actuelle ! Ce serait une véritable catastrophe pour le football professionnel d'être jugé en dernière instance par le monde amateur... ».
On peut donc s'attendre à une belle partie de « manivelle » entre les deux camps ces prochaines semaines. L'un dérange les instances fédérales, l'autre veut retrouver certaines de ses prérogatives.
« C'est pourquoi il convient à nous, présidents de clubs pro, de faire clairement et rapidement connaître notre position. »
C'est ce à quoi s'emploieront Maurice Cohen et ses collègues aujourd'hui même.

 

                                                                                   Extrait