Nice prend de la hauteur...
extrait
Ils sont de retour.. Comme la saison
passée, les aiglons ont profité d'un mois d'août caniculaire pour se poser sur
le toit du championnat.
De là-haut, l'air est plus vif. La vue, plus belle. Le bonheur, jamais trop
loin. (Ses drôles d'oiseaux sont même en avance par rapport à l'an dernier où
ils avaient attendu quatrième journée pour s'installer au sommet... Décidémènt,
ils n'en finiront jamais de nous étonner. De nous épater. De nous enchanter.
revoilà donc les Niçois leader.Au bout de deux petits rendez-vous.
Pourtant, le calendrier ne leur avait pas fait de cadeau. Il y a plus rassurant
que de se frotter à Auxerre et Sochaux en quinze jours. Surtout lorsqu'on sort
d'une étouffante double confrontation avec le Werder de Brème. Mais le Gym,
version 2003-2004, sera encore difficile à plumer.
« II reste 36 points à prendre...»
Il y a un an, on évoquait le miracle niçois.
Aujourd'hui, on parle de surprise.
De bonne surprise.
La nuance résume le chemin parcouru par ce club revenu de l'enfer pour goûter au
paradis.
Voir la France du foot se pencher ,
de nouveau, vers l'extrême sud, est un ravissement pour les "Nissarts" de tous
bords et un illogisme pour les pragmatiques de tous poils.
Ceux qui attendaient Lyon, Paris, Monaco ou Bordeaux devront patienter un peu...
Seuls ceux qui espéraient Marseille ne sont pas déçus pour autant. Mais sur le
tableau, l'OM est juste derrière l'OGCN...
En tirer des conclusions alors que le championnat fait ses premiers pas serait
déplacé et même ridicule.
D'ailleurs, pour Cobos et les siens, cette place de premier est anecdotique.
Elle ne leur fera pas perdre la tête. « C'est sympa, mais ça ne changera rien à
notre comportement et à nos plans », souffle le capitaine.
De son côté, Gernot Rohr savoure. Sans en rajouter.
« Je ne pensais pas qu'on prendrait le maillot jaune. C'est bien. On est heureux de revivre ces moments forts. Mais cette joie ne nous éloignera pas de nos objectifs. Il nous reste 36 points à prendre pour assurer le maintien... », sourit, avec malice, le coach qui connaît ses classiques et maîtrise son credo.
Gernot Rohr : « Je suis un Joueur d'échecs »
En 2002-2003, Nice avait été leader à douze reprises, se faisant chiper le titre de champion d'automne, sur le fil, par Marseille. Gernot Rohr, qui n'a jamais été un doux rêveur, n'imagine pas l'histoire se répéter. « Franchement, je ne crois pas que l'on pourra tenir si longtemps. Parce que les gros comme Lyon, Marseille, Paris ou Monaco sont mieux armés. Non, je ne nous vois pas faire la course en tête... », affirme l'entraîneur qui, évidemment, fera tout pour prolonger l'échappée...
L'été dernier, le peloton de la L1 ne s'était guère méfié de ce groupe rouge et noir que les penseurs du ballon avaient condamné avant même le début de l'épreuve.
Aujourd'hui, tout le monde connaît
les vertus et les qualités de l'OGCN façon Gernot Rohr.
Pourtant, Nice continue de dérouter ses adversaires.
« L'effet de surprise n'est plus ,
le même. Plus personne ne nous prend à la légère. Alors, maintenant, c'est
tactiquement qu'on essaie d'être d'être déconcertant... "
dicte le décideur.
Avec l'arrivée de Lavandes et l'explosion de Die, Gernot Rohr possède une
palette de choix plus complète que par le passé.
« Ces deux joueurs supportent un plus indéniable. Dié nous offre sa créativité
et sa vivacité. Laslandes nous amene son expérience et sa présence aerienne.
Grâce à eux, je peux varier mes choix. Opter pour une seule pointe devant un
milieu étoffé comme à Auxerre et durant la première heure face à Sochaux, ou
trancher pour deux attaquants, n'oubliez pas que je suis un joueur d'échecs qui,
entre parenthèse, ne prend pas ses garçons pour des pions. J'adore tout ce qui
est stratégie. Et,là, je me régale...», glisse Gernot Rohr qui, samedi, a
embrouillé les schémas et les idées de Guy Lacombe qui n'est pourtant pas le
premier venu.
L'entraîneur sochalien ne s'attendant pas vraiment à voir, par exemple, Die en
position reculé et Pitau dans le rôle d'un vrai milieu offensif.
« Nous sommes en avance sur les autres»
Mais les raisons de la réussite
azuréenne ne tiennent pas uniquement sur le tableau noir de la tactique. Gernot
Rohr le sait. Il le dit : «Nous avons repris le 25 juin. C'est-à-dire bien avant
tout le monde. Grâce au rythme de l'Intertoto, nous sommes en avance sur les
autres. Nous avons beaucoup travaillé, beaucoup sué. Peut-être allons nous payer
tous ces efforts à un moment ou à un autre... Mais actuellement, malgré la
canicule, nous sommes bien. De plus, l'équipe a mûri. Elle maîtrise mieux le
jeu, le temps, l'adversaire, l'arbitre, le ballon, l'environnement. Tout ce qui
fait le foot. Elle est plus mature. Plus forte. Elle a trouvé un style et
surtout elle a préservé ses valeurs. Elle est généreuse, solidaire, combative,
lucide, rigoureuse. Elle ne se complique pas. Elle sait que tout commence
derrière. Et notre socle défensif est toujours aussi solide. Voilà pourquoi nous
en sommes là ».
On appelle ça une évolution.
Dans la douceur.
Sans douleur.
Le Gym a l'intelligence de s'appuyer sur ce qui a fait sa force lors du dernier
championnat pour rester debout.Il a la lucidité d'y ajouter quelques richesses
pour
continuer à avancer.
Les meilleurs joueront
« L'état d'esprit est le même. Avec
des hommes comme Cobos, Abardonado, Roy, Laslandes, Everson et autres, il ne
peut pas changer. Ce sont des verriers, des gagneurs. Ils nous donnent
l'assurance de vivre encore de grandes émotions », insiste Gernot Rohr.
Samedi, le leader niçois se rendra au Mans. Un promu. Un sans-grade. On se
souvient que, la saison dernière, les "rouge et oir" avaient perdu quelques
couleurs et bien des illusions face à ces clubs sans grand nom ni renom.
Comme à Sedan, à Troyes, à Ajaccio ou au Havre.
« II n'y a pas de petit ! », prévient déjà Gernot Rohr dont l'ego et celui des
siens n'a pas grandi.
La question est maintenant de savoir si l'architecte du jeu qu'il est sortira un
nouveau schéma de son imagination...
« On ne peut pas innover à chaque fois. Ce que je sais, c'est que les meilleurs
joueront. J'adapterai mon plan. Et ce toute la saison. Mais sachez déjà qu'on
n'évoluera pas avec quatre attaquants... Ce serait être fou ou prétentieux ».
Ce n'est pas le cas de ces Niçois.