Serge à la gloire de Dié

                                                                            

                                                            

« A l'école, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais invariablement footballeur ! ». Un sourire éclaire son visage. Comme un hommage rendu à ce gosse d'Abidjan qui, à force de ténacité, a fait de ses rêves de môme une réalité quotidienne.


Serge Dié.


II est là en face de nous, vêtu d'un costume de bonne coupe, cravate rouge et noire, un portable dernier cri dans la main (*). La réussite faite homme.
Image d'Epinal du footballeur arrivé.
Les années ont filé.
Le petit Serge a fait du chemin depuis les premiers dribbles dans les sections jeunes de l'Africa Sports d'Abidjan.
« C'est là-bas que j'ai fait mes gammes. A huit ans, les gens décelaient des qualités chez moi, et tout le monde me voyait réussir dans le métier
II parle ce français châtié caractéristique de l'Afrique francophone, qu'on a plaisir à écouter.
« En 1995 avec l'Africa, nous avons gagné le titre de champion de Côte d'Ivoire. Deux ans plus tard, en 97, je suis parti à la Coupe du monde des moins de 20 ans en Malaisie avec ma sélection, c'est là que j'ai été repéré ».


Petit gabarit (1m71 pour 68 kilos), milieu de terrain offensif axial, gaucher, Serge tape dans l'œil des dirigeants de la Reggina (l'équipe de Reggio Cala-bria), qui évolue alors en Série B.
A 20 ans, il va enfin franchir la Méditerranée pour matérialiser ses fantasmes.
Découvrir un autre type de football continental. Une autre école de vie.


L'Italie, l'autre pays du football...


Au pays de Baggio, le rêve va pourtant sacrement s'écorner : « Je crois que, pour un footballeur ivoirien, il est plus facile de venir en France. C'est dommage parce que juste avant de partir en Malaisie, j'avais eu des contacts avec Charles Camporo, le directeur sportif des Girondins, qui me voulait, mais on n'a pas eu le temps de finaliser. Pour un jeune Africain qui arrive directement en Italie, il faut repartir de zéro. En fait, tout ça m'a endurci... ».
Il n'en dira pas plus, par pudeur, mais on imagine sans peine quelques vexations subies dans un Calcio doré sur tranche qui broie sans état d'âme la chair à canon...
« II y a quand même eu de bons moments avec la montée en Série A de la Reggina et mon premier match à ce niveau contre Piacenza ». Hélas, l'aventure en Série A tournera au mauvais film de série B, Serge se retrouvant plus souvent qu'à son tour sur le banc, après que son club eut fait signer quelques vieilles gloires transalpines plus médiatiques que lui.
« Alors je suis parti en série C. Dans la vie, il faut savoir se remettre en question souvent ! ». Le choix sera judicieux. Deux étages en dessous, Serge Die retrouve très vite du crédit.
Au point que cette saison, sa deuxième à l'Avellino, le club sudiste (à 40 km de Naples) reçoit diverses propositions le concernant, des offres flatteuses même, émanant de Bologne et Parme !
« On était premier quand je suis parti. Ils n'ont pas compris que pour moi, ce n'était qu'un tremplin. Ils voulaient me garder, ou peut-être qu'ils avaient préparé le "deal" avec un club de Série A et que c'est pour ça qu'ils ont tout fait pour me bloquer, quand j'ai choisi Nice ».
Entre-temps effectivement est arrivée la proposition du Gym. Elle est née d'un match amical joué en novembre par les Aiglons contre l'équipe de Côte d'Ivoire, entraînée par Robert Nouzaret.


Die, qui a toujours évolué en sélections nationales dès son plus jeune âge, est un des cadres de la Côte d'Ivoire où Cyril Domoraud — qui n'est autre que son beau-frère — est capitaine.
« J'ai beaucoup apprécié le discours qui m'a été tenu par les Niçois. On en a discuté avec ma femme Lydia, et on a choisi la France et le challenge sportif {**). Depuis que je suis là, je ne regrette pas mon choix. Ici, on travaille plus la technique et le ballon alors qu'en Italie, c'est tout physique et tactique. En plus c'est un groupe humble qui me convient. On a tous envie d'aller de l'avant, chacun a envie de prouver ce qu'il vaut ».


Demain soir au Ray, Serge Die étrennera de nouvelles couleurs en même temps qu'un autre destin.
Lui qui ne vit et ne joue qu'à la gloire de Dieu : « Je suis quelqu'un de très croyant et pratiquant. Je pense que Nice, c'est le choix de Dieu. Jusqu'à présent, toute ma vie. Dieu m'a mené dans le bon chemin ».
On lui souhaite de réussir dans sa mission.
Car il est des soirs où le foot s'apparente parfois à une véritable pénitence.
Pour le public comme pour ses serviteurs...

 

(*) L'interview a été réalisée hier après-midi, après la visite des Aiglons à la Foire de Nice, dans leur nouvelle tenue de ville officielle.
(**) II a signé au Gym pourtrois ans et demi. Dès que la fédération italienne aura délivré sa lettre de sortie, il sera qualifié pour jouer en Ligue 1