L'heure de Dié

 

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Avant le match, Serge Die a prié, parce que comme il dit, il « doit tout à Dieu ». Il ne se sentait « pas nerveux ». Il n'a pas osé aller trouver son ami Kalou, d'Auxerre, qu'il considère comme son frère, « ça m'aurait fait trop bizarre de le voir dans l'autre équipe ». Depuis 1997 et un championnat du monde juniors en Malaisie, ils font chambre commune avec la Côte d'Ivoire.

Serge Die a appris vendredi, veille du match, qu'il serait titulaire à Auxerre. Il s'en était « douté » mercredi, après une opposition à l'entraînement : pendant une petite demi-heure, seulement, il avait joué en position plus avancée. Milieu défensif en sélection, promu orchestreur de l'attaque, c'était sa première expérience en numéro 10. Une totale nouveauté, traduite en éclair dès la 8" minute, quand il a vu Lilian Lasiandes partir dans le dos de Mexès, servant au buteur le petit ballon en cloche... « Faire une passe décisive à un joueur de la trempe de Lilian, ça me met en valeur, note J'ancien d'Abidjan. Sur le moment, j'ai ressenti une joie immense, très intense », dit-il.
« Mon premier moment de bonheur, à Nice, ce fut lorsque le club a obtenu ma qualification par la FIFA (au printemps dernier, quand Die était en conflit avec Avellino, son ancien club). Jouer en numéro 10, c'est nouveau pour moi, le coach dit que j'ai les qualités pour. Je serais prêt à jouer n'importe où pour cette équipe, ajoute la révélation. Ce n'était pas facile de faire se place dans un groupe aussi soudé. Je me devais d'être patient, et je le serai encore ».

La réalité, c'est que la simplicité du bonhomme a rapidement conquis. Depuis qu'une consœur l'a surnommé « Claude » (pour un certain mimétisme avec Claude Makelele), il prend la chose avec son rire contagieux. Et un sens de la dérision. « Si je pouvais faire un quart de sa carrière, je serais le plus heureux ».

« Soutenu »

« L'OGC Nice, c'est le respect de la parole, le contraire de ce que j'ai vécu en Italie, ajoute-t-il. J'ai connu des moments difficiles, lorsque je n'étais pas qualifié, mais je me suis senti soutenu, et l'équipe dirigeante a fait le nécessaire. Je ne saurais trop les remercier ».

Serge Die se promettait aussi, hier, de passer un petit coup de fil à Robert Nouzaret, l'entraîneur de la Côte d'Ivoire, qui lui est cher. Avec son épouse, Lydia (qui est la sœur de Cyril Domoraud), il savoure aujourd'hui la vie à la niçoise.
Malgré son entame réussie à Auxerre, Serge Die n'est pas sûr d'être titulaire à nouveau, samedi contre Sochaux. Il le sait, ne s'en offusque pas. « Tout dépendra des choix tactiques de l'entraîneur. L'important, c'est d'être prêt quand on fait appel à vous. La solidité du groupe à Nice, ce ne sont pas que des mots », dit-il.

Aîné d'une famille de huit enfants, il n'a quitté la Côte d'Ivoire (Africa Sports) pour l'Italie qu'à 20 ans. Il n'oubliera pas son équipe juniors de 97 en Malaisie, dont très peu sont devenus pros, hormis Kalou et lui. « Un gâchis, dit-il. Mais le foot est parfois dur ».

Il a bien le droit de savourer son aventure avec Nice, Serge Die. Depuis samedi, il se pourrait bien qu'elle ait pris un tournant important.