Poussin Meslin:

"Le gym n'a pas souffert"

 

Extrait

 

 

Un poteau, un but et une passe décisive, la soirée contre ton ancien club pouvait plus mal se passer...

Bien sûr. En plus, ce match me tenait à coeur. Si vous ajoutez la balle de match manquée à l'aller, j'étais particulièrement remonté contre eux. Souvent, lorsqu'un joueur rencontre son ancien club, il aborde le rendez-vous avec une motivation supplémentaire. Après il n'est pas certain que cela engendre une performance exceptionnelle. La plupart du temps, vous jouez le match dans votre tête et la suite ne se passe pas comme vous voulez. Donc en tenant compte de tous ces paramètres, je ne peux être que satisfait de la tournure prise par les événements. Avec plus de réussite, j'aurais même pu sortir avec un doublé. Bon ! Malgré tout, je confirme mon avance au classement des tirs sur les montants avec six poteaux... C'est pas mal, non ? Finalement, l'essentiel reste ce nombre d'occasions que l'on se procure. D'ailleurs, en une demi-saison, avec plus de réussite, j'aurais pu déjà atteindre mon objectif de dix buts !


Ces trois points vous permettent d'assurer votre place en L1. Comment envisages-tu la suite du championnat ?

Nous allons vraiment essayer de confirmer notre position actuelle. L'expérience aidant, la fin de saison devrait d'ailleurs nous permettre d'éviter le relâchement de l'an dernier. Il faut vraiment s'accrocher à cette sixième, septième place. Nous pouvons tous rêver car nous avons la chance de recevoir tous les gros du championnat. Des beaux matches nous attendent au Ray avec la perspective maintenant de se lâcher pour de bon. Mais ne nous enflammons pas non plus, jusqu'à la douzième place, tout est jouable. C'est assez serré. Aujourd'hui, nous devons vraiment retenir la manière dont le groupe a assuré le maintien. Pour la deuxième année consécutive, le Gym n'a pas souffert. Après tout ce que le club a connu, c'est vraiment exceptionnel de pouvoir bâtir sans crainte. Sportivement, c'est un sans-faute !

Et ton objectif personnel ?

Au début de saison, je m'étais fixé comme objectif une dizaine de buts sans aucune certitude. Pour moi, tout ce qui arrive n'est que du bonus. Je reviens de loin après une saison blanche. Il suffit de demander autour de vous de quelle manière une rupture de ligaments est vécue sur le plan physique pour comprendre la difficulté pour un joueur à revenir. Alors deux fois dans une carrière ! Après ça, on ne voit plus le football de la même manière. Au-delà des objectifs, c'est donc davantage le fait d'avoir réussi à saisir ma chance qui me satisfait véritablement.

En une demi-saison, tu sembles déjà avoir franchi un palier. Où te situes-tu par rapport aux autres attaquants du championnat ?

Les Frau, Drogba, Cissé, c'est encore la classe au-dessus. Ils sont vraiment très costauds et confirment d'année en année, les espoirs placés en eux. Je ne peux encore me comparer à ce type de joueurs. Je reste un débutant en L1. Un point, c'est
tout. Pour l'instant, les choses semblent bien se passer et je dois continuer dans ce sens avant de vouloir placer la barre plus haute.

Quels sont tes joueurs de référence ?

Jeune, c'était Van Basten. Aujourd'hui, c'est Ronaldo. Pour un attaquant, il reste la référence. Il ne rate jamais une occasion et n'a vraiment pas besoin de beaucoup
d'espace pour conclure. Il Fenomeno », tout simplement.

Dans un autre registre, la présence d'internationaux de la trempe de Simone et Laslandes peut-elle te permettre de gagner du temps dans ta progression ?

Oui. Un garçon comme Lilian n'arrête pas de me donner des conseils. C'est une vraie chance de pouvoir bénéficier de son expérience. Il a réussi une carrière énorme avec des titres, des sélections et pas mal de buts. D'ailleurs, je pense que notre entente est visible sur le terrain. Tout se passe hyper bien depuis qu'on joue ensemble. Quant à Marco, c'est tout simplement une star. Dire qu'il n'y a pas si longtemps, je le regardais avec le maillot du Milan sur les épaules ! En tant qu'attaquant, vous ne pouvez donc que bénéficier de la présence de tels personnages.
 

Avec ton expérience, quel conseil donnes-tu à un jeune attaquant comme Padovani qui intègre du bout du nez le monde pro ?

Samedi, je lui ai glissé qu'il ne fallait pas s'en faire et qu'il avait tout son temps pour prouver. Pour lui, c'est déjà une belle opportunité de côtoyer le groupe pro tous les jours. Maintenant, il faut qu'il se montre patient. Être dans les seize, c'est déjà bien. Mais ce n'est pas pour ça qu'il ne doit pas saisir sa chance dès qu'il en aura l'occasion !

Même lors de ta blessure, les supporters n'ont jamais cessé de t'encourager. Comment expliques-tu cette cote de popularité ?

Je ne les remercierai jamais assez. Quand vous luttez pour revenir, sentir un tel soutien décuple vos forces. C'est même votre raison d'être ! Chaque match, tu regardes les autres, tu ronges ton frein, tu écoutes les supporters et tu n'as qu'une envie, c'est de leur rendre le plus vite possible sur le terrain. Moralement, ils comptent pour beaucoup dans mon retour.

Pur Normand, cette relation privilégiée montre également que tu t'es parfaitement intégré sur la Côte. Alors, est-ce donc si difficile pour un Nordiste ?

Les mentalités sont différentes, les relations identiques. Quand vous n'êtes pas compliqué dans la vie, où que vous soyez le courant passera toujours. D'ailleurs, je m'adapte assez facilement et cela se ressent sur le terrain. Ensuite, je vous renverrai l'ascenseur en disant que c'est plus facile pour un Normand de s'adapter sur la Côte que le contraire !

Ta venue au Gym a été prédominante dans ton explosion au plus haut niveau. Quel est ton plan de carrière pour la suite ?

Je ne regrette pas. Je remercie surtout Rennes de ne pas m'avoir gardé. La montée, le parcours en L1, l'ambiance au stade, comment voulez-vous que je puisse m'être trompé ? En cette fin de saison, je rattrape aussi le temps perdu. Après la suite de ma carrière dépendra des opportunités. Je ne peux cacher que vous voulez aller toujours plus haut. L'avis du coach, la fin de saison, ma santé, il y a tellement de paramètres dans l'évolution d'une carrière qu'il est délicat de prévoir quoi que ce
soit. Quand vous subissez ce type de blessures, je le répète, vous voyez la suite d'une carrière différemment. Par contre, ne traduisez pas mon message comme une volonté de partir, nous n'en sommes pas là.

Et si Rolland Courbis qui avait cherché à t'arracher à son époque ajaccienne venait te relancer pour une aventure en Russie...

Non, non... Ce serait une erreur ! Enfin du moins pas maintenant. Je ne joue pas pour l'argent. C'est un facteur qui influencera mes choix dans le futur, mais j'estime avoir encore de belles années devant moi. Il est important aussi de ne pas s'enterrer.

Un championnat t'attire-t-il en particulier ?

L'Angleterre. Il y a pas mal d'espace et c'est le type de championnat qui me correspondrait parfaitement. Mais encore une fois, nous n'en sommes pas encore là !

Tout le monde s'est fait une idée de Meslin, côté terrain, alors qui est « Poussin » dans la vie de tous les jours ?

Quelqu'un de simple dans sa tête. Comme sur le terrain, je ne triche pas dans la vie. Je n'ai pas perdu mes racines et surtout pas mes vertus normandes. Le côté affectif prend vraiment le pas sur le reste. Je suis avant tout très famille...

Avec Evra, votre amitié semble toujours aussi forte...

J'ai eu la chance de le croiser au Gym. Nous nous voyons souvent et on s'appelle pratiquement tous les jours. Il mérite vraiment ce qui lui arrive. Je suis content pour lui car il prouve sans arrêt. Que voulez-vous, c'est mon pote. Le seul ennui pour lui est de m'avoir croisé un soir au Louis II et le seul moyen qu'il ait eu pour m'arrêter, fut de prendre un carton rouge, le seul de sa carrière... Mais c'est comme ça : les amis vous trahissent toujours ! (rires)

Il parait que tu aurais fait un sacré joueur de tennis aussi...

C'est vrai que je joue pas mal... Enfin, souvent... Car vous auriez pris ça comme un excès de zèle de ma part. Je suis vraiment un sportif dans l'âme. Dès qu'il y a moyen de jouer, basket, tennis, etc... J'y vais.


cette semaine

Les interviews de Feindouno, Morientes...

L'avis de Gernot sur Bordeaux

La semaine de Y.Bigné (3ème partie)

L'avis de A.Perrin et C.Leroy sur le quart monégasque de la Ligue des Champions

Et toute l'actu du foot amateur

1.50 euros