Ton portable aux couleurs du gym

 

Hugo Lloris:

"Je dois m'affirmer"

 

Extrait

 

 

Pékin 2008, un rêve qui s'est éteint la semaine dernière pour toi et les espoirs français. Comment le groupe a-t-il vécu cet échec face aux Israéliens ?

La pilule a été un peu difficile à avaler... On a eu le tort de les prendre de haut au match aller et je pense que c'est là qu'on a gâché nos chances. On est tombé sur une équipe solide et solidaire, et quand elle a commencé à croire en elle, c'est devenu très dur. C'est décevant, surtout pour la génération dont c'était la fin chez les espoirs, maintenant il faut passer à autre chose. Place aux jeunes avec une nouvelle génération très prometteuse.

Dont tu devrais faire partie...

C'est ma génération donc si tout va bien (rires)... En tout cas, l'envie est là, car avec des Nasri, Benzema, Ménez ou Ben Arfa, et j'en oublie, on a vraiment une génération talentueuse. Mais bon, les beaux noms ne font pas tout... En plus avec le titre européen remporté l'an dernier en -19 ans, je pense qu'on sera attendus au tournant, à nous de répondre présent.

Te concernant, peut-on dire que c'est la première grosse déception de ta carrière même si tu n'étais que la doublure de Steeve Mandanda sur les deux match face à Israël ?

Non. La déception pour moi, c'est cette défaite en finale de la coupe de la Ligue. Bien sûr, je suis déçu de voir le championnat d'Europe et les JO de Pékin s'envoler comme ça, mais comme je l'ai dit, maintenant on doit passer à autre chose.

En sélection, tu évolues aux côtés de joueurs comme Diarra, Gourcuff ou Sinama-Pongole. Tous jouent ou ont joué dans un grand club européen. Pour ta part, malgré quelques propositions intéressantes, tu as décidé de débuter en professionnel avec l'OGC Nice en signant ton premier contrat pro la saison passée. Qu'est-ce qui t'a poussé à faire ce choix ?

Pour un jeune, rejoindre un grand club est très risqué en raison de la grande concurrence qui y règne. Et si c'est le cas pour un joueur de champ, imaginez alors pour un gardien ! Je pense que le plus important pour moi aujourd'hui, c'est d'enchaîner les matchs, de continuer à apprendre et progresser. L'OGC Nice m'offre cette chance et je lui en suis très reconnaissant. Imaginez. Je suis Niçois, je joue pour le Gym, comment ne pas être comblé ? Après, qui ne rêve pas de porter un jour le maillot d'un grand club...

Venons-en à cette victoire contre Lorient...

Qui nous fait le plus grand bien ! Nous sommes encore loin du compte malgré tout, mais nous sommes sortis de la zone rouge, pour l'instant, c'est le plus important. Maintenant, il est évident qu'il ne faut pas s'arrêter là. C'est
plus difficile à dire qu'à faire, mais si on pouvait faire une bonne série en grappillant des points à l'extérieur et en continuant à gagner chez nous ce serait le top.

C'est vraiment le leitmotiv du groupe en ce moment ?

Nous sommes tous conscients dans l'équipe que notre redressement passera par là.

En tout cas, contre Lorient, une fois de plus le public a su se montrer présent...

C'est une belle marque de reconnaissance de sa part. Sur le terrain, ça nous porte... Pourvu que ça dure... Je pense d'ailleurs qu'avec un résultat à Rennes, on pourra leur offrir un super Nice-Marseille. Si on y arrive, ça sera vraiment chaud le 29 octobre au Ray (rires) !

Les matchs « chauds », la pression, ça ne semble pas te déranger outre mesure...

Au contraire, j'aime ça ! L'enjeu, la pression, les critiques, c'est le lot de tous les sportifs de haut niveau, c'est pour vivre ça que je m'accroche tous les jours depuis des années.

Quand on évoque un gardien qui gère bien la pression, tu sais à qui on pense...

Certainement à Barthez, mais ne vous enflammez pas, la comparaison s'arrête là (rire).

Les compliments semblent plus te gêner qu'autre chose. Mais c'est quand même difficile d'y rester insensible. Comment fais tu toi ?

Déjà, j'ai toujours eu plus ou moins la tête sur les épaules, ce n'est pas trop mon genre de me prendre pour un autre. Et puis je suis très bien entouré. Si un jour je venais à manquer d'humilité, ma famille et mes amis proches ne manqueraient pas de me réveiller.

Même si tu n'en as pas forcément besoin, avec Damien Gregorini à tes côtés tu es à bonne école pour la modestie. Quels rapports entretiens-tu avec lui au jour le jour ?

Notre quotidien se passe très bien. Damien est toujours à 100%, c'est un grand compétiteur et il me pousse toujours à me donner à fond. Sur le terrain, on se comprend toujours et en dehors, j'ai vraiment beaucoup de respect pour lui.

Vu que lui comme toi n'êtes pas de grands bavards, on imagine que tout ça ne doit pas trop passer par la parole...

(rires) C'est vrai qu'entre lui et moi, c'est pas les grandes tirades ! Mais on n'a pas besoin de parler, un regard suffit.

Pour toi dont c'est un peu la saison d'apprentissage comme numéro 1, comment vis-tu le début de saison compliqué de l'équipe ?

Justement comme un excellent apprentissage. À ce niveau, chaque match est important et nécessite une remise en question. C'est sûr qu'au niveau collectif, c'est dur à vivre, mais dans ma position, c'est comme un cours
magistral, j'apprends énormément. Si c'était facile, ça ne me rendrait pas service. Là, il faut être fort, solide, toujours concentré... c'est dur, mais ça rend plus fort.

Qu'est-ce qui t'impressionne le plus en L1 ?

(Il hésite) Pas grand-chose en fait... Voir 25 000 Niçois au Stade de France, ça ne laisse pas indifférent, mais je le ressens plus en terme de plaisir que d'étonnement. Je savoure chaque seconde, tout est bon à prendre et moi j'emmagasine un maximum de choses.

Quand tu retrouves tes potes des autres clubs en sélection, parlez-vous un peu de vos expériences respectives ?

On en discute parfois, mais pour ceux qui sont dans des grands clubs, leur quotidien est complètement différent. Certains disputent la Ligue des Champions, c'est déjà un autre monde. Par contre, ce que je remarque chez tout le monde, c'est que le jeu passe très loin devant l'argent et ça, peu de gens en ont conscience à l'extérieur. On est là, on joue, on n'est pas encore blasé par des années de métier, on se sert de chaque match pour progresser. C'est notre quotidien à tous.

Tu as croisé pas mal de gardiens expérimentés depuis l'an dernier, de quel oeil voient-ils ton arrivées parmi eux ?

J'en sais rien (rires), faudrait leur demander... Il n'y a pas de sympathie particulière. Sincèrement, je pense que la fameuse "famille des gardiens " c'est plus un truc de journalistes qu'autre chose. En L1, il y a vingt gardiens, et si l'un d'eux peut te prendre la place la saison suivante, il n'y a pas de famille qui tienne. De mon côté, j'en découvre certains que je ne voyais qu'à la télévision auparavant, ça fait bizarre un moment, mais après on ne pense à rien d'autre qu'au match.

Depuis tes débuts en pros, tout semble te sourire sur le plan individuel. Quelle est la chose qui te manque le plus?


Être décisif à l'extérieur. En début de saison, je m'étais donné une dizaine de matchs pour m'adapter. Car ce n'est pas avec les quelques rencontres que j'ai jouées l'an dernier que je pouvais me jauger. La dizaine de journées, je crois que l'on va y arriver ce week-end et si je devais émettre un souhait, c'est celui-ci. Je dois encore m'affirmer, prendre de l'ampleur et surtout montrer à l'équipe comme au staff que je peux leur rapporter des points à l'extérieur. Si je regarde mon parcours avec lucidité jusqu'à présent, j'ai montré de belles choses c'est vrai, mais c'est loin d'être parfait. Aujourd'hui, je n'ai pas besoin qu'on me dise que je suis bon ou quelque chose comme ça, j'ai besoin de me prouver que je peux faire basculer un match.

On ne va pas revenir sur les difficultés de l'équipe à l'extérieur depuis le début de saison, en quoi le déplacement à Rennes pourrait-il constituer un déclic selon toi ?

Parce que pour nous il s'agirait d'un second résultat positif d'affilée, du premier à l'extérieur, et surtout face à une formation qui n'est qu'à deux points devant nous. Si c'est un nul, on restera derrière eux, mais on aura notre première référence à l'extérieur, si c'est une victoire, ce sera tout bonus!

Les deux victoires contre VA et Lorient, et la courte défaite à Lille sont elles autant d'éléments qui peuvent nous laisser penser que le Gym va mieux ?

Je le pense. À Lille, nous voulions un nul et nous ne sommes pas passés loin du tout... Malgré cette défaite, avec nos deux victoires à domicile, nous sommes mieux, c'est clair. Maintenant, on sait qu'il va falloir batailler jusqu'à la trêve pour prendre le plus de points possible et retrouver un classement plus conforme à notre valeur.

La question qui tue...

Comment as-tu vécu les critiques qui ont entouré le but encaissé à Lille ?

Le coach a dit ce qu'il avait à dire, c'est tout. Après, ça a dû faire parler, mais je ne m'en occupe pas, je reste dans ma bulle, concentré sur mon jeu. C'est en sélection que je me suis rendu compte de l'impact de ce but. Les gars croyaient que j'étais contesté mais je leur ai dit que ce n'était pas comme ça qu'il fallait le prendre. C'est le rôle du coach de nous bouger, surtout nous les plus jeunes... Après, j'ai juste perdu un face-à-face, je ne me sens pas particulièrement fautif, mais comme je vous l'ai dit, je reste déçu de ne pas avoir su être décisif sur ce match.

 

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