Hugo, avec une moyenne de 6,29/10 par match, tu es donc l'Aiglon d'Or de cette saison 2006-2007, digne successeur de Florent Balmont et Rod Fanni, les co-vainqueurs de l'an dernier. Que penses-tu de cette distinction ?

C’est toujours un plaisir de voir son travail reconnu, mais cette bonne moyenne dépend aussi du travail collectif. C’est le truc qu’on dit tout le temps dans ce genre de situation, mais c’est loin d’être faux. Un bon gardien c’est avant tout une bonne défense, un bon milieu, ainsi de suite…

C'est pas mal quand même pour une première saison dans la peau d'un titulaire !

C’est vrai que c’est très encourageant. Mais le chemin est encore long. Je ne veux pas m’arrêter là-dessus, je le prends comme une motivation supplémentaire pour continuer à bosser et à progresser. Juste derrière toi sur le podium, on retrouve deux autres jeunes joueurs : Apam et Diakité.

Quel regard poses-tu sur leurs performances respectives ?

Nous sommes plusieurs jeunes à jouer régulièrement, il y a un énorme potentiel, ils peuvent tous aller loin. Concernant Apam et Drissa ça fait d’autant plus plaisir de les retrouver là que nous sommes amis.

Quand on sait qu'Ederson termine cinquième du classement, on a la réelle impression que les jeunes ont pris le pouvoir à l'OGC Nice...

Quand même pas, mais c’est vrai qu’on est plusieurs à avoir du potentiel. Maintenant il faut aussi voir jusqu’où on peut aller, mais on a vraiment besoin de l’expérience
des plus anciens. Sans eux, sans leur soutien, nous aurions eu plus de mal à nous fondre dans le moule du haut niveau.

Parlons un peu de tes performances, qui n'ont pas laissé insensibles nombre d'observateurs...

Je ne fais pas trop attention à tout ça. Je suis resté concentré sur l’objectif. On a quand même vécu une saison bien difficile… C’est pour cela que je reste au maximum dans ma bulle, ce qui se dit ne m’intéresse pas. Je m’occupe de moi, de ma famille. Je ne veux pas tomber dans le piège des compliments. Beaucoup se sont brûlé les ailes, il faut être méfiant. Mais pour cela, je suis bien entouré.

En début de saison tu stigmatisais le fait de ne pas être assez décisif. Peut-on dire que tu as fini par inverser la tendance ?

Au départ, c’était la découverte. Il m’a fallu 15 à 20 matchs pour me roder et prendre des repères. A partir de décembre j’ai pris plus d’assurance. La confiance vient au fil des matchs. Quand on enchaîne les rencontres on prend de la bouteille, on change un peu de peau. Mais on paie toujours un peu pour apprendre.

Retiendrais-tu Nice-Auxerre comme ton meilleur match de la saison ?

Non, je ne pense pas. C’est un match spectaculaire car j’ai touché beaucoup de ballons, mais d’autres matchs ont été beaucoup plus durs. Quand tu ne touches pas trop de ballons il faut être présent au bon moment, c’est encore plus difficile car la concentration doit être à son maximum. Pour moi Auxerre est un match parmi d’autres. J’ai fait mon boulot c’est tout.

Et le pire ?

Pour moi le pire c’est à Nancy. A Marseille j’ai fait une erreur, mais c’est une erreur de trajectoire, rien de grave même si on en a beaucoup parlé car c’était Marseille. A Nancy on perdait 3-0 à la mi-temps, il pleuvait, c’était le match cauchemar. Rien ne nous réussissait, le contraire d’Auxerre, un soir à vite oublier.

Pour nous, ton arrêt le plus marquant reste celui réalisé contre Sedan sur la tête de Boutabout. Et pour toi ?

C’est vrai que le ballon peut passer entre les jambes ou à côté de moi, j’ai un peu de réussite et je la sors du pied… C’est l’arrêt le plus important sans être le plus
beau. Si on avait perdu là, ça aurait été très difficile de s’en remettre après avoir mené 1-0.

Quel est l'attaquant qui t'a le plus marqué cette saison ?

Baros m’a impressionné. Il a quelque chose en plus. Je l’ai trouvé très bon dos au but et Apam me l’a confirmé, c’est la classe internationale même s’il n’a pas eu trop de réussite avec Lyon cette saison.

En tout cas, sur comme hors du terrain, tu auras beaucoup appris tout au long de cet exercice 2006- 2007...

Exactement ! J’ai appris à gérer une saison sur la durée. Vivre ce que j’ai vécu pour ma première saison à ce niveau c’est super enrichissant, même si j’aurais évidemment préféré que cela se passe un peu mieux pour l’équipe.

Tu sembles ne pas avoir trop de mal à gérer la pression, ce qui est pourtant la chose la plus redoutée pour un jeune gardien. C'est dû au travail ou à ta personnalité ?

C’est plutôt ma personnalité. Au contraire, je pense que quand on est joueur professionnel on prend vraiment son pied dans les matchs à enjeu. La pression ça m’épanouit plutôt qu’autre chose. Si on commence à se poser des questions, à douter, ce n’est pas bon. Cela m’est arrivé cette saison, mais il ne faut pas bloquer. La remise en question est permanente. Après, pour faire ce métier il faut être solide dans la tête. Surtout si on veut aller au plus haut niveau.

Tu assumes d’ailleurs assez bien tes ambitions pour un jeune joueur…

Je le dis clairement, je veux jouer au plus haut niveau. Ce n’est pas de la prétention, c’est de l’ambition, c’est ce qui me motive pour bosser chaque jour, même quand
c’est dur. C’est le plus beau métier du monde que nous faisons, on ne va pas se plaindre…

Tu n'as pas l'air non plus très flatté, ni même embêté, par la médiatisation de plus en plus importante qui est la tienne...

C’est plutôt la vision que les gens ont de moi qui change. Moi je reste le même. Je suis très famille, très copains,mon entourage joue beaucoup. Je lis la presse sportive, au début ça fait bizarre de voir que l’on parle de toi, mais la médiatisation fait partie du job. Que ce soit des éloges ou des critiques, cela reste un bout de papier. Il faut faire la part des choses et se concentrer sur le plus important.

Cette intersaison qui démarre doit sans doute te faire passer un cran supplémentaire en termes de renommée et de sollicitation. Le ressens-tu ?

Oui, mais c’est la loi du sport professionnel. Souvent il y a des choses que l’on ne maîtrise pas, mais il ne faut surtout pas se précipiter et rester lucide pour faire le bon choix. Et ne jamais croire que c’est arrivé parce qu’un grand club s’intéresse à toi !

En fait, même si tu es toujours resté concentré sur le terrain, on a l'impression que ton intersaison a commencé bien avant la fin du championnat avec les incessantes rumeurs te concernant...

Je n’ai pas prêté attention à tout ça. Il y a deux semaines de ça je faisais abstraction de tout à part du maintien de l’équipe. Maintenant c’est différent, il faut penser à soi, faire les bons choix et savoir ce que l’on veut.

Quel est ton souhait aujourd'hui quant à ton avenir au club alors qu'il te reste encore un an de contrat ?

En toute sincérité, je ressens le besoin de faire encore une année à Nice. Maintenant ça ne dépend pas que de moi, il y a des problèmes à régler au club et ce n’est pas un domaine que je maîtrise. Ce qui est certain c’est que sur ces six derniers mois il y a eu une instabilité inquiétante pour un joueur. Cela fait réfléchir, mais je n’ai pas encore fait de coupure, j’attends d’être loin de tout ça pour pouvoir le faire tranquillement. Pour le moment je repars Niçois la saison prochaine et si je reste je signerai un an de plus pour rendre au club ce qu’il m’a donné. Ma décision ne sera pas financière. Je veux simplement des garanties pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions.

Plusieurs clubs dont la Lazio de Rome ou Lyon n'ont pas caché leur intérêt pour toi. Même si tu affirmes vouloir continuer à Nice la saison prochaine cela ne doit pas te laisser insensible...

Il faut savoir quelle est la priorité. Oui, cela ne laisse pas indifférent, mais il faut jouer pour progresser. Ici, j’ai mes repères, une bonne entente avec les défenseurs, c’est pour moi le contexte le plus favorable pour l’instant.

Terminons sur ton statut d'international espoir qui te rend potentiellement sélectionnable pour l'Euro 2008 au poste de 3e gardien. Cela peut-il représenter un objectif pour toi la saison prochaine ?

Je ne me suis pas posé la question. Je pense que cela dépendra de la première partie de saison que j’effectuerai. Après, jouer la place de numéro un peut être un objectif à l’avenir, mais être dans les trois ne va pas guider ma vie sportive même si je répondrais bien sûr présent si on faisait appel à moi. Mais gardien c’est un poste à part. Si on n’est pas numéro 1, ce n’est pas pareil.

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