Lilian Laslandes: " Le plaisir de jouer pour moteur"
Extrait France Football
Lilion Laslandes, à
trente-cinq ans, pourquoi avoir quitté Bordeaux, postulant à l'Europe, pour
Nice, candidat au maintien?
Je suis originaire de Pauillac, et je n'étais pas le seul à me voir finir aux Girondins. Mais quand Nice m'a proposé six mois avec une saison optionnelle en cas de sauvetage, j'ai été franc avec les dirigeants bordelais. Ceux-ci n'ont pas dérogé à la règle qu'ils se sont imposée, à savoir repousser à mai toutes les discussions sur d'éventuelles prolongations de contrat. Je ne leur en veux pas. Ce n'est d'ailleurs pas sans un pincement que j'ai quitté le Haillon après un dernier discours très émouvant du coach, du staff médical, des anciens. Ils m'ont laissé libre de mon choix. Celui du coeur, pour ce Gym envers qui je me sens redevable. Celui, également, d'une passion intacte pour le jeu. Pas celui de l'argent, car mon salaire est inchangé.
Vous n'avez quand même pas opté pour la facilité ?
J'avance au feeling. J'aime le foot. Croyez-moi, je ne vais pas à reculons aux entraînements. Je ne revendique pas de temps de jeu, Ricardo m'en accordait. Je tenais à une année de plus. Il aurait été cependant plus simple de terminer mon contrat girondin. A tous points de vue. Mon épouse et mes deux filles resteront en Gironde jusqu'en juin et nous ferons des aller-retour les jours de repos ou de vacances scolaires. Mais Nice est un club à part dans mon esprit. Chaque fois que j'évoque la retraite avec les anciens pros, tous me parlent du manque. Moi, je suis en pleine forme. Aux tests physiques, j'ai toujours le même rendement. Je connais bien mon corps. Si je prends la responsabilité d'aller sur le terrain, c'est que je peux l'assumer. Le jour où il n'en sera plus de même, je tirerai le rideau. Et je jouerai avec des amis pour le seul plaisir.
Après quinze ans au plus haut niveau, 2 titres de champion, 2 Coupes... qu'est-ce qui peut encore vous faire galoper, vous le meilleur buteur français en exercice ?
Le désir d'aider Nice à se sauver, de revivre ce que j'ai vécu en 2002-03 (NDLR 10 buts marqués et 33 matches joués avec Nice). Je ne suis pas le messie, mais je vais tout donner pour qu'on relève tous ensemble le challenge. Il sera difficile, mais il y a de quoi faire pour peu que tous unissent leurs forces. Quand je vois la qualité du groupe niçois, de l'investissement de chacun à l'entraînement, du niveau de jeu proposé, je suis perplexe et frustré. Si on persévère, la chance finira par tourner. Le maintien se gagnera en grande partie au Ray.
L'âge occupe-t-il une trop grande place dans la réflexion des recruteurs ?
Je ne l'ai pas ressenti (Toulouse était également sur les rangs). Il me semble que le mental et le caractère sont plus déterminants. Et puis, une équipe aura toujours besoin de gars d'expérience. La nouvelle génération a des qualités physiques que nous n'avions pas, mais elle n'a aucun recul sur les événements. Samedi, à Nantes (0-1, but de Pieroni 92e), ils m'ont dit : " Ça fait six mois qu'on subit ce type de déconvenue. " Cette déception doit nous servir. On en a déjà discuté entre nous. Il y a deux saisons, on avait également l'impression d'être maudits avec Bordeaux. On s'en est sorti avec un moral renforcé et, l'année d'après, on décrochait la Ligue des champions.
Songez-vous tout de même à votre future reconversion ?
Je sais que le vestiaire me manquera terriblement. Les étirements, les discussions d'avant-match, la vie de groupe. Mais je saurai me dire : Lilian, il est temps d'arrêter. J'ai plein d'idées pour la suite. Je pense notamment à la mise en place de séances spécifiques aux attaquants d'un club. Des 15 ans aux pros. Un entraînement hebdomadaire par catégories d'âge, comme cela se pratique avec les gardiens. Mais j'ai le temps, et un contrat joueur que je tiens à honorer jusqu'en juin 2008.