Bakari Koné:

"Oser, moi j'aime ça! actuellement, j'ose moins..."

 

Extrait

 

 

Le moral ?

Très bien. Je ne me suis jamais pris la tête et ne vais pas commercer aujourd'hui. Depuis que je joue au foot, je relève des défis. Il faut le faire pour être un homme.

Un but au compteur...

C'est rien du tout et ça me déçoit. J'ai envie de progresser, pas de régresser. C'est à moi d'améliorer mon bilan. Et je prends tout à mon compte parce que j'ai les occasions. Je suis le premier fautif. Quand je suis seul devant le but ou face au gardien, tout est de ma responsabilité.

Le doute ?

C'est vrai qu'il finit par vous gagner. On commence à se dire :« ça va venir ». Puis le doute s'installe petit à petit. J'avais un peu perdu la confiance mais elle est revenue.

Quand ?

Je ne sais pas. Je ne regarde pas les minutes, les heures, les jours... Le fait que mon épouse et notre fils Sâid, il a six mois, me rejoignent à Nice fin septembre m'a fait du bien. La famille a toujours été très importante dans ma vie.

La condition physique ?

Tout va parfaitement bien. Aucun handicap.

Manque de réussite ou manque de confiance ?

Plutôt un manque de réussite. Mais comme l'on dit, la réussite, ça se provoque. Je ne concrétise pas les occasions que j'aurais mises au fond avant. Lors de ma seconde saison lorientaise, je suis resté deux mois sans marquer. Je me suis dit que le vent allait bien finir par tourner. Ce fut le cas et ensuite tout a marché comme sur des roulettes. Je revenais de sélection et le déclic s'est produit. Tu marques un ou deux buts et ensuite il faut enchaîner, ce qui est le plus dur. A l'entraînement, tu répètes les actions et tu essayes d'être le plus lucide possible en match, dans les moments décisifs. Mais parfois tu manques de « bol ». Reste qu'il ne faut pas se focaliser sur tous ces petits trucs qui forment la chance. Il faut travailler pour que l'efficacité revienne et que je démontre mon talent à tout le monde. Mais j'apprends toujours. Le chemin est long : il passe par chaque entraînement, chaque match.

Travailler, c'est à dire ?

Sur le terrain. Et même à la maison, en pensant au jeu, à tout ce que tu peux faire. En fait il faut rester concentré tout en essayant de se libérer l'esprit, de penser à autre chose. C'est vrai qu'actuellement je n'ai pas trop la baraka. Mais c'est le genre d'épreuve qu'il faut surmonter en étant assez fort... Il ne m'est jamais arrivé de baisser les bras. Dans la vie, j'ai eu tant d'obstacles à surmonter. Et j'ai toujours relevé les défis, la tête. Je sais que j'ai des qualités. A moi de les exploiter au maximum.

Te sens-tu loin de ton niveau de la saison passée ?

Non. Mais c'est vrai que je ne vais pas au bout de mes actions. A cause de ce petit manque de confiance... A Lorient, Gcurcuff me demandait de prendre du plaisir, de me lâcher. Il intervenait quand ça n'allait pas et j'essayais de me corriger. Dans le jeu, il ne faut pas se dire : que
va-t-on penser de moi si je fais ceci ou cela ? Conserver son instinct, oser, moi j'aime ça. Actuellement, j'ose moins..

Si tu étais journaliste, que dirais-tu des débuts niçois de Koné ?

Je ne vais pas me mettre dans la peau d'un journaliste. Chacun son métier. Je n'ai pas à me juger.

Après la défaite au Ray contre Bordeaux, tu as dit: « Les tâches défensives fatiguent et il faut de la lucidité devant le but »

C'est vrai.

Et tu as ajouté : « S'il faut défendre, je défendrai. S'il faut jouer latéral droit, je jouerai latéral droit »...

Pour le bien de l'équipe. Parce que je suis au service du collectif. Quand nous n'avons pas le ballon, il faut tous s'y mettre pour le récupérer. Je ne vais pas regarder les autres se battre comme des chiens et ne jouer que lorsque j'ai le ballon dans les pieds. On ne doit jamais trahir son équipe.

Ta position sur le terrain ?

Je n'ai pas envie d'en parler. Je joue là où le coach pense que je suis le plus performant, je suis à la
disposition du collectif. Mais j'ai toujours dit que je préfère évoluer dans l'axe : je me retrouve plus facilement devant le but.

La formule vue contre Lyon. Bagayoko-Koné en pointe avec Vahirua en soutien ?

On ne parle pas de formule.

Le public a apprécié...

Oui, mais je ne dirai rien. Sinon que ce sont l'animation du jeu et les valeurs individuelles qui font un système.

Pas encore un seul but de Koné au Ray...

Ça me contrarie. Mais j'ai toujours envie de marquer partout.

Quand Gourcuff, ton entraîneur à Lorient, te dit, dimanche dernier que tu dois en faire davantage ?

Je lui ai répondu qu'il avait raison. Il m'a aussi dit de ne pas baisser les bras, que la réussite allait venir. Il me connaît parfaitement, Christian. Et ça m'a fait du bien de le voir. Je le connais bien comme homme, pas seulement comme entraîneur. Il est compréhensif, attentif.

Le message d'Antonetti à Koné ?

Son message collectif est : il faut y croire et ne rien lâcher. Ce qu'il me dit en tête à tête est confidentiel.

Te considères-tu comme un buteur ?

J'ai terminé meilleur réalisateur de Ligue 2. Comment pourrais-je alors ne pas penser que je suis un buteur ? Même si j'ai plus de plaisir quand je réussis une passe décisive. Mais lorsque je peux marquer, je ne m'en prive pas.

Le buteur type ?

C'est un renard des surfaces. Romario ou Gerd Muller. Il est né pour marquer. Il attire le ballon comme un aimant. Même dans les pires cafouillages...

La qualité que tu aimerais avoir en tant que joueur?

On veut out avoir.Mais pour moi, l'essentiel est de prendre du plaisir et d'en donner. Le foot est un jeu, une passion, une profession. Je suis toujours content de m'entraîner, de disputer un match. Le foot est pour moi une perpétuelle source de bonheur. Je n'ai pas envie d'avoir une baguette magique. Mais si j'en avais une, je pourrais me contenter d'aller jouer le samedi, de marcher sur le terrain et de marquer des buts. Mais ça, c'est de la fiction. Et je vis dans la réalité.

La difficulté qu'ont parfois certains joueurs pour passer de la Ligue 2 à la Ligue 1?

Je n'y crois pas. Parce qu'il n'existe pas de fossé. Il y a beaucoup d'espaces en Ligue 1. Et des équipes de Ligue 2 battent des formations de Ligue 1.

A ton arrivée tu disais : « Le Gym m'a fait confiance, je ferai tout pour lui rendre la pareille »...

C'est toujours mon état d'esprit, mais je suis en retard au niveau des buts.

L'attitude du public niçois à ton égard ?

Très accueillante. Rentrer sur le terrain fait chaud au coeur. Nous savons tous qu'il va nous pousser, nous aider à donner le meilleur de nous- mêmes. Il y a une communion. Nous sommes tous dans le même bateau.

Le groupe ?

Il vit bien, rigole, s'amuse. Mais quand il faut travailler, il travaille.

Nice quinzième après dix-sept journées ?

Nous sommes frustrés. Avec tout ce que nous faisons, le jeu que nous produisons. Maintenant, il faut prendre les matchs comme des rencontres de Coupe, l'un après l'autre. Nous ne devons pas ressasser le passé mais ne plus commettre les erreurs qui nous ont fait perdre des points.

Ajaccio ?

Comme un match de Coupe. Il faut absolument gagner. Rien d'autre à ajouter.

La qualification de la Côte d'Ivoire pour la Coupe du Monde ?

Un miracle, un exceptionnel moment d'émotion. Il nous restait un petit espoir mais nous n'étions plus maîtres de notre destin.

Les « Eléphants » en Allemagne ?

Nous sommes tous prêts pour bien représenter le pays, réussir cette première. Et il n'y a pas lieu d'être impressionnés : nous avons une bonne équipe. La plupart des joueurs évoluent en Europe, sont habitués au haut niveau. Nous pouvons surprendre. Le match amical perdu contre la France cet été nous a appris qu'il fallait se serrer les coudes, être plus solidaires.

Pas facile pour toi d'être titulaire avec des « clients » tels que Drogba et Dindane ?

Ce sera dur pour tout le monde. Surtout pour le coach Henri Michel qui devra faire des choix.

Tu rappelles souvent: « La vie est belle. On ne doit jamais se prendre la tête».

Ça vient de mon éducation. Quand on vieillit et que l'on se retrouve sur les chemins de la mort, on ne doit pas se dire : « j'aurais dû profiter ». Il faut mordre dans la vie à pleines dents. Pour ne pas avoir de regrets.

  

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