Cédric Kanté:
"Il était écrit que je signe un jour à Nice"
Cédric, tout d'abord comment se passe la vie d'un footballeur qui pose ses valises dans un nouveau club et sans encore avoir trouvé un pied-à-terre ?
C'est difficile (rire).
La bonne nouvelle c'est que je viens de trouver une maison. La mauvaise c'est
qu'il va falloir attendre le mois d'août avant de pouvoir emménager. Pour
l'instant je suis toujours à l'hôtel avec mon compagnon de route, Matt Moussilou.
Ce n'est pas une situation évidente et j'attends avec impatience d'avoir mon
chez moi. C'est toujours bien de pouvoir rentrer chez soi et de se reposer
tranquillement, surtout en cette période de reprise où l'on s'entraîne dur. Le
rythme est soutenu. Cela nécessite donc beaucoup de repos. Mais le plus dur
c'est certainement d'être éloigné de sa femme et de ses deux enfants.
Les repères sur le
terrain cette fois ?
Il n'y a aucun problème. Cela se passe très bien, ce d'autant plus que nous avons commencé à disputer quelques matches amicaux (contre Toulon et Istres). Cela permet de mettre en pratique ce que l'on travaille à l'entraînement et de voir où l'on en est physiquement. Pour l'instant tout roule. Le staff fait vraiment du bon boulot.
La reprise de l'entraînement sous une grosse chaleur ?
C'est un peu difficile,
surtout d'enchaîner les efforts tout au long d'une semaine d'entraînement. Mais
à Nice, le coach et le staff ont adapté les horaires des deux séances
quotidiennes. Nous nous entraînons dès 8 heures du matin et en fin d'après-midi,
vers 18 heures. C'est beaucoup plus supportable. Mais bon, vous savez je suis
d'origine malienne et les grosses chaleurs je sais ce que c'est (sourire).
L'essentiel reste de bien s'hydrater et de respecter de bons temps de repos. La
sieste est d'autant plus sacrée (rire).
Tes premières impressions sur le groupe ?
Cela fait pratiquement
deux semaines que je m'entraîne avec l'OGC Nice et tout se passe très bien. On
m'avait parlé du contexte, comme quoi le Gym était un club familial et je n'ai
pas été déçu. Je m'attendais exactement à ce que je peux voir aujourd'hui de mes
propres yeux. Le groupe vit bien. Sereinement. Et avec tous ces ingrédients,
forcément cela devient beaucoup plus facile lorsque l'on est un petit nouveau.
Pour l'instant je suis encore dans la phase du joueur qui vient de poser ses
valises dans son nouveau club. Il faut encore un petit temps d'adaptation pour
que je fasse ma place mais je ne me fais pas de soucis pour cela. L'ambiance est
extra à Nice. Le Gym dispose d'un groupe travailleur, de qualité, qui ne lâche
rien sur le terrain. Un peu à l'image de la saison que vient de réaliser
l'effectif 2005-2006. C'est de bon augure pour la suite. Il n'y a pas de raison
pour que cela ne continue pas.
Le premier match
amical face à Toulon n'aura pas été une grande réussite sur et en dehors du
terrain...(I'OGC Nice était mené 2-0 avant que la partie ne soit interrompue à
la mi-temps en raison d'incidents dans les tribunes).
C'est certain. Nous nous
attendions à autre chose. Comme je l'ai dit précédemment, nous étions curieux de
savoir où nous en étions curieux de savoir où nous en étions. Malheureusement,
nous n'avons eu droit qu'à 45 minutes de jeu. C'est dommage pour les joueurs qui
devaient disputer la deuxième mi-temps. Nous n'avons pas pu faire le turnover
que souhaitait le coach. On ne peut donc pas tirer beaucoup d'enseignements sur
cette rencontre. Sur la mi-temps que nous avons disputée nous prenons deux buts
un peu « casquette ». Sur l'un d'entre eux nous nous gênons avec Pancho,
l'attaquant bénéficie d'un contre favorable et à l'arrivée cela fait but. C'est
un peu regrettable mais cela reste anecdotique surtout avec seulement 45 minutes
passées sur le terrain. Nous étions donc tous contents de pouvoir rejouer dès
mardi face à Istres au stade du Ray (Nice et Istres se sont séparés sur un score
nul, 2-2).
Pour revenir à ta
signature à Nice, tu arrives de Strasbourg, club relégué en Ligue 2, tu devais
te poser pas mal de questions sur ton avenir...
Oui et non car au fond de
moi il était clair que je voulais continuer ma carrière en Ligue 1. J'étais donc
serein quant à la situation même si je savais qu'avec la Coupe du Monde en
Allemagne, le marché mettrait du temps à se décanter. C'est mieux de partir en
vacances l'esprit tranquille mais je ne m'inquiétais pas pour mon avenir
(sourire). Cela a juste pris un peu plus de temps que prévu. A mon retour, j'ai
repris l'entraînement avec Strasbourg mais je savais que je n'allais pas rester
en Alsace. Les contacts avec Nice se sont ensuite précisés et tout s'est
accéléré. La suite vous la connaissez (sourire).
Signer dans une
équipe qui vient de terminer deuxième meilleure défense de Ligue 1, cela te
rajoute-t-il un peu plus de pression ?
Pas forcément. Je suis là
pour donner le meilleur de moi-même sur le terrain. Vous savez, la pression
permet d'avancer et si elle existe cela veut dire que le challenge est excitant.
C'est aussi pour ça que j'ai signé à Nice. Pour passer un cap. A moi de faire en
sorte que les dirigeants soient contents de leur investissement.
Revanchard après une
saison délicate avec Strasbourg ?
Non, pas vraiment ! Comme
je l'ai dit, je souhaite seulement rendre sur le terrain la confiance que les
dirigeants et le staff niçois ont placés en moi. Je veux également prouver que
je peux m'imposer ailleurs qu'à Strasbourg. Même si la saison dernière a été
difficile avec le Racing je pense avoir été régulier dans mes performances. Je
garde ma ligne de conduite. Et puis, savoir qu'un club comme Nice m'a pris dans
ses rangs, cela veut dire quelque part que mon travail est reconnu.
Pourquoi un tel échec
alors que Strasbourg venait de remporter une Coupe de la Ligue et disputait la
Coupe d'Europe de l'UEFA ?
C'est le paradoxe strasbourgeois. Je crois tout simplement que nous avons mal préparé la saison. Dès le départ nous n'étions pas dans les meilleures conditions pour réaliser un bon parcours en championnat. Les qualités étaient là mais le mental n'a peut-être pas suivi. C'est avant tout dans la tête que cela n'allait pas car sur le terrain nous avons prouvé, , notamment en Coupe d'Europe, que nous étions capables de faire de bons matches. C'est du gâchis car il y a un énorme potentiel à Strasbourg avec de très bons jeunes. Si l'on tire un bilan, la Coupe de l'UEFA aura été une très belle aventure. Elle nous aura permis de connaître le haut niveau et sans doute de s'accrocher encore plus en championnat. En vain... Maintenant nous pourrions en parler des heures mais cela ne changerait pas l'histoire. C'est dommage !
Pourquoi avoir choisi le Gym ?
Les premiers contacts se
sont passés au téléphone avec le coach qui m'a présenté le projet niçois.
Frédéric Antonetti m'a parlé du groupe, de ce qu'il attendait de ses
joueurs. Il avait de bons arguments vu la saison que venait de réaliser son
équipe (sourire). J'ai également compris que le coach me connaissait bien
(rire). J'ai de suite été convaincu. Si l'on ajoute à cela, les bons échos que
j'ai eus sur le club, il n'était pas difficile de se laisser séduire. Le Gym
fait partie des clubs qui sont susceptibles de s'installer durablement dans la
première moitié de tableau. En prenant des précautions car le football n'est pas
une science exacte. J'ai eu des contacts avec quelques équipes mais l'OGCN avait
le projet le plus ambitieux, le mieux défini et le plus cohérent. En signant au
Gym je sais où je mets les pieds. Je sais où je vais.
Cela faisait déjà un bout de temps que le club te suivait...
Absolument ! Cela remonte à la saison 2002-2003. A l'époque, j'évoluais en Ligue 2 sous les couleurs de Valence. J'avais eu des contacts avec Nice qui à l'époque était dirigé par Gernot Rohr. J'avais même signé un avenant avec le Gym sans que cela ne débouche sur un transfert. Cela avait capoté au dernier moment. Finalement c'était juste « reculer pour mieux sauter ». Il était écrit que je signe un jour à Nice (rire) !
Le passage de témoin avec le leader du groupe qu'était Sammy Traoré ?
En effet, nous pouvons dire qu'il s'agit d'un passage de témoin. C'est un petit clin d'oeil puisque nous sommes amis et tous les deux originaires du Mali. Remplacer Sammy qui est un joueur qui a d'énormes qualités est un défi intéressant que je compte relever. J'espère rendre sur le terrain la confiance que l'on m'a accordée. Quand on évolue à Nice, un club qui a de réelles ambitions, on ne peut pas se permettre de prendre le championnat à la légère. Il faudra répondre présent dès le premier match de Ligue 1 le 5 août prochain au Mans.
As-tu été conseillé par Sammy avant de signer à Nice ?
Il est clair que nous en avons parlé ensemble. Avant que Sammy ne parte pour le Paris-Saint-Germain et après qu'il eut signé pour le club de la capitale. Il m'a donné son avis sur le groupe. Il m'a dit qu'il s'était éclaté à Nice. Qu'il aurait aimé rester au Gym mais que cela n'avait pas pu se faire. Nous avons donc parlé de tout cela mais sans plus. Sammy sait que je suis un grand garçon et que je ne prends pas mes décisions sur un coup de tête (rire).
La concurrence avec Pancho Abardonado et Anthar Yahia ?
Nous sommes trois pour
deux postes. Cela fait partie de notre métier d'être mis en concurrence. Pancho
et Anthar sont arrivés au club bien avant moi. C'est moi le nouveau (sourire) et
c'est donc à moi de prouver que je peux avoir ma chance dans cet effectif. J'ai
également signé à Nice pour progresser et apprendre. Tout ceci est très
motivant.
Tes souvenirs en tant
qu'adversaire du Gym ?
J'ai le souvenir de
matchs particulièrement engagés. Les joueurs n'hésitent pas à aller au contact
de l'adversaire. Nice a l'image d'une équipe soudée, combative. Au Gym la
solidarité n'est pas un vain mot. La saison dernière j'étais blessé lorsque Nice
est venu à la Meinau donc je n'ai pas de souvenir particulier de ce match
(sourire). Sur les trois dernières confrontations nous avons eu droit à des
rencontres accrochées qui se sont soldées par deux nuls et une défaite
strasbourgeoise. Ce dernier revers
est tout récent puisque c'était en fin de saison dernière au stade du Ray
(victoire de Nice, 3 buts à 1).
Le public niçois ?
Ah... c'est un public qui
sait mettre la pression sur l'adversaire, c'est le moins que
l'on puisse dire. Des supporters chauds qui sont toujours derrière leur équipe.
C'est l'impression que j'avais lorsque je venais au stade du Ray avec
Strasbourg. L'avantage c'est que maintenant je serai dans le même camp que les
supporters niçois (rire).
Tes points forts ?
C'est toujours difficile
de parler de soi mais je dirais la vitesse, l'explosivité et mon jeu de tête.
Des qualités nécessaires pour évoluer au poste de stoppeur.
Les points que tu
dois améliorer ?
Ce sont peut-être des
points liés à mon passé de footballeur. Si l'on se réfère aux saisons
précédentes et aux résultats de mon club, il y a forcément un cap que je n'ai
pas encore réussi à passer. Au contact d'un joueur expérimenté comme Pancho (Abardonado)
je peux encore apprendre beaucoup de ce côté-là.
Ton regard sur cette
finale de Coupe du Monde entre la France et l'Italie ? Niveau défenses et
défenseurs de haut niveau tu as dû te régaler...
C'est certain ! Les deux équipes sont rodées de ce côté-là. Pour ce qui est de cette finale, cela aurait pu se terminer en apothéose avec un grand souvenir à la clé. Malheureusement cela se termine un peu en queue de poisson. Quand on voit la physionomie du match nous ne pouvons qu'être déçus du résultat. Les joueurs de l'équipe de France sont de grands compétiteurs et j'imagine leur déception même si les Bleus ont fait une grande Coupe du Monde.
L'incident Zidane - Materazzi ?
Sur le moment je n'ai pas
vu ce qu'il s'était passé. Après, quand on revoit les images au ralenti c'est
assez impressionnant. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Zinedine Zidane est
un joueur impulsif mais nous ne savons pas tout de l'histoire. S'il a été pris à
partie par le défenseur italien je peux comprendre sa réaction sans pour autant
l'excuser. C'est vraiment dommage pour lui. Mais soyez-en sûrs, le plus déçu
dans l'histoire c'est bien Zizou.
On en vient tout
naturellement à la sélection du Mali, une équipe qui avait la capacité de
figurer parmi les trente-deux qualifiés ?
Sans nul doute. L'équipe
nationale du Mali dispose de joueurs qui ont d'énormes qualités individuelles.
Il
manque peut-être l'esprit d'équipe. Et sans cela, il est très difficile de faire
des résultats dans la continuité. C'est vraiment dommage. C'est peut-être ce que
j'ai vécu avec Strasbourg la saison dernière. Nous produisions du jeu mais sans
être véritablementefficaces. Malgré tout, je suis optimiste pour la suite.
L'occasion justement
de regarder vers cette Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud...
Exactement. Il faut désormais se tourner vers cette échéance. Qui plus est, la compétition se disputera sur le continent africain. Je ne m'inquiète pas pour la sélection malienne. Cela va venir. Le potentiel est là. Le Mali peut rivaliser avec certaines équipes européennes. Nous avons des joueurs de haut niveau.
Cédric Kanté dans la vie de tous les jours ?
Il y a un temps pour tout
(sourire). Lorsque nous sommes en période de compétition je me repose beaucoup
pour recharger les batteries. Mais rassurez-vous, j'aime également profiter de
la vie et sortir (rire). Je suis un épicurien. J'aime le bon vin mais à doses
modérées (sourire). Sinon j'adore le cinéma même si depuis que je suis papa je
n'ai plus trop l'occasion d'y aller comme par le passé. Côté musique c'est plus
facile. Un CD et c'est parti. J'écoute du rap et du hip-hop mais aussi un peu de
tout.
La Côte d'Azur ?
Vous savez, je viens de
Strasbourg qui est sans aucun doute l'une des villes les plus froides de France,
le contraste est saisissant avec Nice (rire). Mais bon, j'ai connu des villes du
Sud comme Istres et Valence et je m'y suis fait. On ne va pas cracher sur le
soleil mais je n'ai jamais pris de décisions professionnelles en fonction de la
région où j'allais atterrir. Ce qui compte le plus à mes yeux ce sont les
ambitions du club où je signe. Pour ce qui est de la Côte d'Azur, ce sont plus
ma femme et mes deux filles qui pourront en profiter (sourire).
Un voeu pour cette
saison 2006-2007 ?
Que l'équipe termine le
championnat à la place qu'elle mérite. Personnellement, je vais faire dans le
banal, mais si je pouvais éviter les blessures cela serait pas mal (rire).
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