Soupçon de corruption autour d'un stade de Nice

 

                                               

 

NOUVELLE tourmente judiciaire à Nice, autour d'un des projets-phares de la mairie, le futur stade du Ray, un chantier de 100 millions d'euros. Ce « chaudron » devait être livré en 2006, et accueillir 32.000 spectateurs pour les matchs de foot de l'OGCN, un club littéralement ressuscité. Selon le procureur Eric de Montgolfier, d'autres grands travaux de la municipalité, comme le tramway et le futur hôtel de ville, pourraient être concernés. Aujourd'hui, l'avenir de ces projets est incertain.


Le doyen des juges de Nice, Christian Guéry, a mis en évidence que l'entreprise marseillaise ayant emporté le marché d'assistance à la maîtrise d'ouvrage (AMO) du futur stade avait été favorisée par une équipe de la mairie de Nice, en échange de sommes importantes (plusieurs dizaines de milliers d'euros).


Michel Vialatte, 43 ans, directeur général des services de la ville de Nice, a été mis en examen et écroué pour « corruption, favoritisme et trafic d'influence ». Même chose pour René Daolio, cadre au service du nettoiement et ancien des « brigades spéciales » de Jacques Médecin, pour Philippe Pariset, chef d'entreprise marseillais, et pour l'affairiste Piere Besrest, 61 ans. Quant à Bernard Orengo, 57 ans, l'adjoint aux sports du maire de Nice, il a échappé à la détendon non pas en sa qualité d'ancien
commissaire central de la ville, mais en raison de son état de santé.


L'enquête est partie d'un juge de Nanterre qui recherchait Pierre Besrest, surnommé dans les années 90 « l'as des marchés publics » et poursuivi dans plusieurs affaires liées au conseil général de l'Essonne. Il a transmis à la juridiction niçoise des écoutes téléphoniques évoquant des marchés publics à Nice. Le correspondant régulier de Besrest a été identifié rapidement : c'est Michel Vialatte, un haut fonctionnaire revenu à la tête des services de la mairie de Nice en 2001 après un séjour dans le privé. Ancien élu (RPR) de Besançon, il a dirigé pendant huit ans les services du département de l'Essonne sous la présidence (RPR) de Xavier Dugoin.


« Cette affaire confirme tout ce que je dis depuis mon arrivée, et notamment l'existence de liens entre l'affairisme et certains maçons », estime le procureur de Montgolfier. Jacques Peyrat, le sénateur-maire (UMP) de la ville, a suspendu les deux fonctionnaires municipaux et annoncé que la ville se constituait partie civile. Il a en revanche maintenu sa confiance à son adjoint. Le conseil municipal de vendredi s'annonce chaud. « II faudra bien que le maire s'explique sur le retour en mairie de Michel Vialatte, malgré une personnalité controversée et plusieurs enquêtes le concernant », estime Jean-François Knecht, conseiller municipal (PS) qui réclame « une opération mains propres » à Nice.

 

                                                              Extrait du JDD du 23/03