Nice-Saint Etienne

Le Progrès

 

 

Une belle gifle


Après une entame poussive les Verts ont tenté de réagir mais ont manqué de percussion. La fin de match fut pénible et l'addition aurait pu être plus corsée

Les retours de Tavlaridis et Nivaldo avaient poussé Perrin et Landrin sur le banc, Nilsson, visiblement totalement déboussolé, dans les tribunes.

D'où il put assister à un début de rencontre équilibré jusqu'à la septième minute et un centre tendu de Balmont pour Koné. Sur le coup de tête, tout sauf académique de l'international ivoirien, le ballon retomba dans la lucarne opposée de Jérémie Janot surpris, et peut-être pas sur ses appuis.
Sur leur première véritable incursion dans la surface stéphanoise, les Niçois, avec un brin de réussite, trouvaient l'ouverture. Hognon, sur un coup franc de Hellebuyck aurait pu doubler la mise (12e). Pas grave pour les Aiglons puisque sur une action d'école ils ajoutaient un second but. Sur un centre de Rool, la défense centrale stéphanoise fut totalement passive. Laslandes remisa pour le petit Koné qui ajusta Janot pour la seconde fois, toujours de la tête (19e).
Les hommes de Roussey, déjà bien timorés depuis le coup d'envoi, étaient sonnés. D'autant plus inquiétant que ceux d'Antonetti n'avaient aucunement imposé une épreuve physique. Ils se contentaient de réciter calmement leur football, de faire circuler le ballon sur la largeur du terrain avant de chercher et souvent de trouver la profondeur. Ilan tenta de réagir mais il fut semble-t-il accroché à l'entrée de la surface sans que M. Layec réagisse. Ce fut même le Brésilien qui écopa d'un avertissement pour contestation (26e).

Il y avait trop de déchets techniques, trop de mauvais choix, pas suffisamment d'engagement pour bousculer une formation niçoise sereine. Ilan tenta une seconde fois de ramener les siens dans le match. Son tir à ras de terre fut parfaitement détourné par Letizi (33e). En cette fin de première période les Verts retrouvaient tout de même quelques couleurs. Disons plutôt qu'ils étaient moins pâlichons. Il est vrai également que les Niçois tenaient avant tout à rentrer aux vestiaires avec un avantage de deux buts. Ils ne s'exposaient pas, demeuraient en place en attendant éventuellement de placer un contre au sein d'une défense stéphanoise bien fébrile. Afin de donner peut-être plus de consistance au jeu de son équipe, Roussey remplaça Matuidi par Landrin (46e).

Il y avait du mieux dans l'élaboration du jeu. Letizi dut effectuer une belle parade sur un coup de tête de Ilan à la réception d'un centre de Payet (51e). Le Brésilien était de loin le plus incisif et le plus inspiré puisqu'il obligea Letizi à un nouvel arrêt (55e). Ilan, qui ne s'est pas entraîné de la semaine, céda sa place à Guarin (57e). Dans la foulée, son compatriote, Nivaldo, réduisit l'écart mais son but fut refusé logiquement pour une position de hors jeu. Le jeu devenait plus ouvert. Janot effectua un bel arrêt, le premier d'ailleurs, sur une frappe de Laslandes (59e).

Ederson mit à nouveau le portier stéphanois à contribution (72e). Sur cette action, Payet se blessa et fut remplacé par Dernis. L'ASSE monopolisait certes le plus souvent le ballon mais son football manquait singulièrement de percussion, de variété également dans les vingt derniers mètres. Ce qui facilitait grandement la tâche des Niçois. Les hommes d'Antonetti se dirigeaient tranquillement vers une victoire à la fois précieuse et aisée. Ce qui ne les empêchait pas de placer de belles accélérations comme celle dont bénéficia Job qui vit sa frappe repoussée par Janot (80e).

Deux minutes plus tard Hellebuyck, à l'entrée de la surface de réparation, ne lui laissa aucune chance (80e). L'ASSE était à la dérive. Tavlaridis (1) faucha Job en plein coeur de la surface. Le Camerounais voulut se faire justice. Janot stoppa sa première tentative. L'arbitre fit retirer la sanction et Janot renouvela son exploit.

Dans les arrêts de jeu, Job trompa enfin Janot mais il était en position de hors jeu. Les Verts ont échappé de peu à une grosse catastrophe. Ils n'en ont pas moins reçu une belle gifle. Preuve de leur insuffisance loin de Geoffroy-Guichard.

Jacky Clavel

(1) Tavlaridis, qui a écopé de son troisième avertissement, sera suspendu contre Marseille.

 

Ils se font des illusions


A force de se répéter qu'ils jouent bien, se créent des occasions et ne manquent que de réussite, les Stéphanois ont fini par le croire. A quand le réveil ?


Après les trois buts encaissés à Nice, plus personne dans l'équipe stéphanoise n'a le droit de lancer le refrain trop souvent entendu après une défaite « On a pas mal joué ». Il est temps de se réveiller. C'est ce que Jérémie Janot a fait après cette gifle. Il a admis son erreur sur l'ouverture du score. Elle a changé toutes les données de la soirée parce que le schéma tactique privilégiait une fois encore l'aspect défensif et que ses coéquipiers semblent laisser leur coeur et leurs tripes à Geoffroy-Guichard. En tout cas, ils ont été incapables de réagir, de compenser la seule faute de leur gardien, lui qui leur a apporté tant de points.

Janot, lui, a redressé la tête et a évité le pire en fin de partie. C'était pour l'honneur déjà bien assez bafoué. « Notre équipe s'est forgée un mental dans les difficultés de la saison dernière » expliquait modestement Frédéric Antonetti à l'issue de la rencontre. Mais personne n'est dupe. On sait quel meneur d'hommes il est, quel fin tacticien aussi. Il avait bien préparé ce rendez-vous, aidé par une motivation naturelle chez certains comme Vincent Hognon.

L'ex Stéphanois n'avait pas apprécié qu'on parle de parasites au moment de son départ. Le mot utilisé par Laurent Roussey avait sans doute été mal interprété, mais samedi le parasite est devenu une araignée, tissant sa toile autour d'un Gomis mis sous l'éteignoir. Et avec lui Payet et Feindouno obligé de se contenter de faire admirer sa conduite de balle à quarante mètres des buts.

Dans cette zone qui tourne autour de la ligne médiane les Verts sont souvent impressionnants de maîtrise. La balle voyage allégrement de pieds en pieds. Ce n'est que mirage. L'ASSE, c'est le Barça du rond central mais en croyant endormir leurs adversaires les Stéphanois se bercent d'illusions.
Leur dispositif ne surprend plus. Leurs adversaires s'adaptent, les attendent, les laissent jouer loin de la surface et dès qu'ils récupèrent le ballon sautent le rideau supposé hermétique du milieu de terrain pour arriver lancés sur les défenseurs. Laurent Roussey constatait que « muscler l'axe et mettre de la taille n'avait pas été un gage de sécurité ».

Pourquoi se priver en effet d'un Landrin ou d'un Perrin ?

Alors que les Niçois exploitaient au mieux toutes les ouvertures, les Verts ont été incapables de trouver le moindre espace par manque d'ambition, sinon par Ilan, prêcheur dans un désert. Feindouno a joué trop loin de ses attaquants, Payet encore plus et ce ne sont ni Sall ni Matuidi qui pouvaient provoquer des failles. Eux ont besoin d'appuis pour relancer. Mais à qui donner le ballon dans une équipe sans mouvements ?

Laurent Roussey promet d'appuyer là où ça fait mal après cette défaite. Serait-ce celle de trop ? Frédéric Antonetti et Vincent Hognon ne se sont pas privés de souligner les différences de budget entre les deux clubs, pas mécontents d'avoir rafraîchi la mémoire à certains. Désormais les Niçois comptent trois points de plus que les Stéphanois. « Ça nous fait un petit matelas de sécurité » se félicitait Lilian Laslandes qui a donné une leçon de combativité ou plus simplement de football.

Au passage, l'ex-Bordelais rappelait la défaite de son équipe à Auxerre (0-2) : « On s'est bien rattrapé ». La transition s'impose d'elle même avant la coupe de la Ligue demain. Les Verts se rendent justement en terre auxerroise. Sauront-ils aussi se rattraper ?

Didier Bigard
  

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