Varrault retrouve les Aiglons
Le Progrès
Il était
l'un des symboles de l'OGC Nice. Après huit ans de bons et loyaux services,
Cédric Varrault a décidé de voler de ses propres ailes cet été. Deux mois à
peine lui ont suffi pour faire son nid chez les Verts
De Blois à Menton
« Mes
parents sont originaires de Nice. Mon père s'était fait muter à Blois, où je
suis né. A l'âge de 3 ans, nous sommes redescendus à Marseille. J'y ai pris ma
première licence de footballeur, à l'US Amicale Saint-Just. C'était l'époque des
Boli, Waddle, Mozer, Papin. Nous allions souvent au Vélodrome. Puis, ce fut
Menton. J'avais 12 ans. Nous allions voir les matchs à Monaco, c'était ce qu'il
y avait de plus près ».
L'arrivée à Nice
« Je
jouais en senior avec le club de Menton, on évoluait en DHR. J'avais 18 ans. Des
coéquipiers, anciens niçois, ont parlé de moi à Roger Ricort, le directeur du
centre de formation de l'OGC Nice. Il a envoyé des gens me voir jouer. Après
trois jours d'essai, on me proposait de signer un contrat de stagiaire de trois
ans. Je me suis dit «pourquoi pas ?». Je n'avais pas connu de centre de
formation, je ne privilégiais pas le foot par rapport au reste. J'aimais bien ça
mais à aucun moment j'ai pensé faire carrière. J'ai simplement saisi une
opportunité ».
Débuts en pro
« Au bout d'un an et demi, j'ai commencé à intégrer les entraînements de l'équipe professionnelle. La saison d'après, je participais à une dizaine de matchs en D2. Le premier c'était contre Lorient au stade du Ray. Ça fait quelque chose. J'étais entré en jeu en toute fin de match, nous avions gagné ».
Une montée mémorable
« Je l'ai
connue à la fin de la saison 2001-2002. Cela n'avait pas été facile. L'OGC Nice
est un club du Sud, il se passe beaucoup de choses en coulisses. Nous avons fait
avec. Le club n'était pas très stable mais nous, joueurs, nous avions atteint
notre rêve. Un groupe est né. L'équipe était assez jeune, avec aussi quelques
joueurs revanchards. Je me souviens de mes débuts en L1, à domicile face au
Havre. Compte tenu de notre manque d'expérience, tout le monde nous voyait finir
dernier mais on a réussi malgré tout un bon parcours (Nice avait terminé à la
10e place). Nous faisions avec les moyens du bord. On a pris confiance, ça s'est
enchaîné ».
Rohr/Antonetti, deux
écoles
« Gernot
Rohr a réussi à tirer le meilleur de nous-mêmes. C'est quelqu'un de très humain,
qui privilégie le côté relationnel. Il est parvenu à nous mettre en confiance.
Rohr fut un défenseur rugueux, il nous a transmis sa gnac, sa rigueur. Il savait
nous motiver.
Frédéric Antonetti est différent. C'est un entraîneur très droit dans le
travail, qui sait ce qu'il fait. Il est exigeant et a une grande connaissance du
football. Il travaille beaucoup l'aspect tactique, la mise en place. Il y a plus
de jeu. Antonetti a mis beaucoup de choses en place. Ce sont deux méthodes
différentes, deux styles, c'est bien de les avoir connus ».
Pamarot et les autres
« Mis à
part Djetou et Essien, Noé Pamarot était le joueur le plus puissant du
championnat. Nous avons joué deux ans ensemble, avant qu'il parte en Angleterre
(il évolue aujourd'hui à Portsmouth). On s'est encore appelé récemment.
Je me souviens aussi de Pablo Rodriguez, un Argentin qui était techniquement
très fort, Kaba Diawara, Everson, Pitau, Laslandes, Rool ».
Le grand départ
« J'avais
fait le tour de la question à Nice, je voulais voir autre chose. Cela s'est fait
cette saison avec Saint-Étienne mais ça aurait pu arriver avant. J'avais des
propositions mais le club n'était pas très chaud pour me laisser partir. Il
voulait réaliser une belle opération financière. Là, comme il ne me restait plus
qu'un an de contrat, la donne a changé. Quand on a connu plein de choses dans
une équipe, c'est bien de changer. Cela permet de se remettre en question. Nice
est un club familial qui cherche encore à grandir. Il n'y arrivera pas tant
qu'il n'y aura pas un nouveau stade, plus moderne, pouvant accueillir plus de
gens. Il faut trouver un peu d'argent. L'OGCN essaye de franchir un cap,
malheureusement il se passe plein de trucs en coulisses qui font qu'il n'avance
pas très vite. Voilà deux ou trois ans que ça s'était calmé mais la saison
dernière ce fut vraiment le «bordel». C'est parti dans tous les sens. Pour
franchir des paliers, quand on est joueur, il faut voir plus haut ».
Un Chaudron comme
terre d'adoption
« Les
infrastructures des deux clubs ne sont pas les mêmes. Les vestiaires, la salle
de musculation..., ce n'est pas du tout pareil. L'ASSE est un club mythique. On
connaît l'attente qui règne tout autour. Saint-Étienne est une ville de
football, plus que Nice en tout cas. L'engouement est réel. C'est bien de jouer
dans ce genre d'endroit. Si ça se passe bien, on prend confiance et ça peut
aller loin.
Je suis vraiment content d'être là. Je ne vois que des côtés positifs, même au
niveau de la ville. Il y a tout ce que je recherchais. On l'a encore vu ce
week-end contre Caen. Ça chante tout le temps, je prends sincèrement du plaisir
à jouer dans ce stade. Quand j'étais venu en L2 avec Nice, il y avait déjà 25
000 supporters qui poussaient et de l'ambiance. On voit ça nulle part ailleurs.
J'ai la chance en plus d'évoluer dans une belle équipe, une équipe qui joue.
Quand on arrive dans un nouveau club, il faut s'adapter aux autres joueurs,
trouver des affinités sur le terrain. Je n'ai pas raté un match et j'ai
l'impression de me sentir de mieux en mieux. Le seul truc, c'est le froid. On
m'a dit de faire attention (il sourit) ».
Quel accueil au
Stade du Ray ?
«Le
public était un peu partagé à mon sujet. Il le sera encore samedi soir, je
crois. C'est la mentalité du Sud, il y a pas mal de jalousie. J'ai été
capitaine, certains ne l'ont pas accepté. J'ai connu des hauts, des bas, je me
suis fait siffler. Quand on joue chez soi, ça fait mal au coeur. J'ai vécu des
moments difficiles où l'on s'est fait bouger, insulter. Samedi soir, je vais
retrouver Abardonado, Balmont, Rool, Echouafni, Laslandes, ça fait plaisir. Il
me semble que c'est la première fois que je vais mettre les pieds dans le
vestiaire visiteur ».
Nice-ASSE, match explosif
« On sait
qu'il existe une rivalité entre les deux clubs. C'est comme quand Nice reçoit
Marseille, Paris ou Monaco pour le derby entre le riche et le pauvre. Les
supporters niçois et stéphanois soutiennent leur équipe, sont à fond derrière
elle. Lors de ces confrontations, il y a une compétition entre eux, ils veulent
savoir lesquels sont les meilleurs.
Nice est une équipe qui joue le maintien. Son salut passe par les matchs à
domicile. Il faut qu'ils prennent le plus de points possibles au stade du Ray.
Les Niçois vont tout faire pour bien rentrer dans le match. Et comme ils
viennent de perdre à Auxerre, je pense qu'ils vont être motivés. Ils ont de bons
joueurs, un bon fond de jeu, des arguments à l'image de Lilian (Laslandes) qui
est efficace ».
Un droitier qui joue à gauche
« Chez
les jeunes, j'évoluais au milieu de terrain. A Nice, je suis descendu d'un cran.
En D2, je jouais souvent en défense centrale. J'ai été aligné sur le côté quand
nous sommes montés en L1. Le titulaire du poste à gauche (Thibault Scotto) s'est
blessé pendant les matchs de préparation. J'ai fait une rencontre pour dépanner
et tout s'est enchaîné. J'avais la confiance du coach. Et comme à droite Noé (Pamarot)
était titulaire. Quand il est parti, les dirigeants l'ont remplacé poste pour
poste ».