Bordeaux reprend son bien

 

 

Laurent Blanc est à l’image de ses joueurs. Il prend toujours garde à regarder autour de lui. Ainsi, quand il s’est assis sur la petite estrade de la salle de presse du stade du Ray après le match, hier soir, il a fait attention à ce que sa chaise ne dépasse pas. « Je pourrais tomber, c’est dangereux. » Ce déplacement à Nice l’était aussi. Surtout que Le Mans avait profité de sa victoire à Lens (3-1) pour faire chuter Bordeaux du podium, samedi.

Il a aussitôt retrouvé sa place, hier. Comme trop souvent, la formation de Blanc s’est pourtant vite retrouvée menée sur un exploit de l’inévitable Koné (12e, 0-1). « Mais nous avons su réagir par le jeu, apprécie Planus. Nous avons même livré un de nos meilleurs matches de la saison au niveau du contenu. » C’est tout le paradoxe du Bordeaux de cette saison : déçu par sa victoire devant Helsingborg, jeudi (2-1), il se satisfait de son nul ramené de Nice. C’est dire si la culture du résultat nejustifie pas tout, en Aquitaine. Tel est le credo martelé par Blanc. À ses yeux, la forme se révèle tout aussi importante que le fond. Ce nul vaut dès lors plus que 1 point. « Il récompense tout le travail effectué depuis le début de la saison, décrypte Micoud. On essaye de mettre du jeu en place en partant de derrière. Cela nécessite beaucoup de mouvements, des passes courtes, de lâcher rapidement le ballon et de courir intelligemment. Et dans l’état d’esprit, on y était. » Micoud l’était aussi. C’est lui qui, secondé par Planus, a animé l’échauffement en parlant à ses équipiers. Et c’est encore lui qui a égalisé, retrouvant le chemin des filets en L 1 pour la première fois depuis le 23 septembre et un succès au Parc (2-0). « Mathieu (Chalmé) déborde. La balle m’arrive dessus et j’arrive à la décroiser », commente-t-il. Micoud s’est également montré performant pendant les cinquante premières minutes, les plus convaincantes des Girondins, apparus émoussés par la suite. « C’est vraiment bon pour le moral, glisse-til. Ce match nous indique la voie à suivre. » Laissera-t-il toutefois des regrets aux Girondins ? « Non, car on aurait pu prendre 2 points de plus, comme aucun », note Planus. Si la tête de Wendel (45e) et le tir de Bellion (51e) ont raté le cadre, M. Auriac aurait en effet dû siffler un penalty à la toute dernière seconde pour une faute de Jurietti sur Rool dans sa surface (90e + 3). Cela a déclenché la colère de la Brigade Sud, qui a passé sa soirée  à insulter la mère de Chamakh. « J’ai entendu, un peu. Mais ça ne m’a pas perturbé, assure le Marocain. Je les ai aussi chambrés en leur adressant un petit signe. Ils n’ont pas aimé. » Blanc apprécie en revanche de voir son équipe récupérer sa troisième place au bénéfice d’une meilleure différence de buts sur Le Mans. « On s’est battus toute la première partie de saison pour ça, rappelle-t-il. C’est important de ne pas décrocher. Ceserait trop bête de ne plus y être à la trêve. » C’est dire si Bordeaux aura à coeur de réussir ses deux dernières sorties en L 1, d’ici là (devant l’OM, dimanche et à Sochaux, le 22 décembre). « On espère les six points, confie Planus. Troisième, en plus de notre qualification en UEFA, constituerait un bilan satisfaisant. » Micoud voit encore plus loin : « Pourquoi ne pas viser plus haut ? » Au regard de ce qu’il a montré hier, Bordeaux en est capable.

 

Les joueurs

 

L’homme clé : B. KONÉ (Nice), 6,5

Non seulement il a marqué son 8e but en Championnat en contrôlant parfaitement un service millimétré de Hellebuyck et en exécutant Ramé dans un angle difficile (12e), mais il a posé beaucoup de problèmes à la défense bordelaise par sa vitesse et ses changements de direction. Il est parfois allé tellement vite qu’il a été signalé deux fois hors jeu à tort alors qu’il avait grillé la défense centrale adverse et s’en allait seul vers le but de Ramé.

NICE

LLORIS (5) : peu sollicité et toujours vigilant, il n’a rien pu faire sur le but de Micoud (17e).

JEUNECHAMP (5) : souvent en difficulté face à Bellion avant la pause. Il s’est repris ensuite pour livrer une deuxième période correcte.

APAM (6,5) : solide et tonique pour son retour dans l’axe, il n’a laissé que des miettes aux attaquants bordelais.

KANTÉ (6) : un match sans véritable fausse note pour l’ancien Strasbourgeois, avec des trajectoires coupées et des interventions de la tête.

ROOL (6) : toujours propre défensivement, il s’est évertué à pousser son équipe vers l’avant.

DIAKITÉ (6) : il est monté en régime au fil des minutes pour finir par abattre un travail énorme à la récupération. Un sauvetage bien venu face à Bellion (51e).

BALMONT (6,5) : un but immanquable raté (42e), mais toujours la même activité et la même générosité.

HELLEBUYCK (6,5) : une technique subtile, un rendement permanent avec en prime une merveille de passe décisive pour Koné.

EDERSON (5,5) : une facilité technique qui le grise parfois, d’où un rendement sur courant alternatif.

LASLANDES (6) : un point d’ancrage devenu indispensable au jeu niçois. Il joue et fait jouer les autres.

B. KONÉ : voir ci-dessus.

BORDEAUX

RAMÉ (5,5) : sa glissade l’a privé de bons appuis devant Koné. Mais il a sauvé deux fois en fin de match.

CHALMÉ (6,5) : ses montées ont apporté à chaque fois le danger. Son centre sur l’égalisation, synonyme de sa deuxième passe décisive de la saison, en témoigne. Retrouvé.

PLANUS(6) : un bon match, même s’il n’a pu reprendre Koné sur son but.

S.DIAWARA(4,5) : pris dans son dos sur l’ouverture du score, il l’a aussi été par un Balmont pourtant arrêté (42e). Mieux à la reprise.

JURIETTI (5,5) : à créditer d’un superbe tacle dans sa surface (30e). Mais il aurait dû être sanctionné d’un penalty à la dernière seconde.

FERNANDO(5,5) : auteur de l’avant-dernière passe sur l’égalisation et d’un match sérieux, malgré sa fatigue.

A. DIARRA (6) : son jeu de tête n’a pas payé. Une bonne sentinelle.

WENDEL (4,5) : comment a-t-il pu rater le cadre de la tête (45e) ?

MICOUD (6,5) : en plus d’inscrire son troisième but de la saison, son deuxième en L 1, il est apparu mobile.

CHAMAKH (6) : les insultes dont il a été bêtement l’objet ne l’ont pas freiné dans son combat. Indispensable.

BELLION (5) : son retour au stade du Ray a été discret.