La méthode Antonetti
Nice est classé cinquième de L 1 au moment de défier Monaco dans un derby azuréen qui lui réussit bien (une défaite lors des onze dernières confrontations). C’est bien sûr une réussite collective. Mais c’est aussi le fruit du travail de Frédéric Antonetti. Depuis juillet 2005 et son arrivée au Gym, le technicien corse actualise des recettes qui lui ont souvent réussi, tout en s’adaptant au contexte. Décryptage d’une méthode qui, après une année éprouvante, commence à porter ses fruits.
ANTONETTI ET LA FIDÉLITÉ
Depuis ses débuts, Frédéric Antonetti n’a connu qu’un adjoint, Jean- Marie De Zerbi, rencontré sur les bancs du lycée à Bastia. Et depuis son passage à Saint-Étienne, il s’appuie aussi sur Nicolas Dyon, son préparateur physique. « Il a une énorme confiance en eux », témoigne Roger Ricort, directeur sportif de l’OGCN. Après chaque journée, il dissèque trois matches de Championnat et De Zerbi en regarde trois autres. C’est comme si Antonetti les avait vus lui-même. Une fidélité qui se retrouve au niveau des joueurs. À Nice, il a fait venir Rool, puis Hognon et Hellebuyck, qu’il avait déjà entraînés ailleurs. « La preuve que je n’ai pas que des rapports conflictuel s avec mes joueurs », sourit-il. « C’est un plus, précise De Zerbi. Ils savent comment fonctionne “Fred”. C’est un ciment pour le groupe. »Cyril Rool se réjouit de ces retrouvailles. « J’ai retrouvé le même entraîneur qu’à Bastia. Avec les mêmes valeurs et avec plus de bouteille. » Antonetti se déclare ainsi moins directif, plus à l’écoute de ses anciens en particulier. « Il tient compte de notre ressenti, explique Echouafni. On échange, il est plus ouvert. »Même si chacun reste spécifiquement dans son rôle.
ANTONETTI ET LE TRAVAIL
Partout où il est passé, Antonetti a laissé l’image d’un gros bosseur. « Mais il est tellement passionné que ça ne lui pèse pas », dit Echouafni. ÀSaint-Étienne, lors de son année sabbatique, il avalait les kilomètres pour voir aussi bien la Ligue des champions que la L 2. « Aujourd’hui, je n’ai plus le temps de bouger, alors je regarde les matches en vidéo », raconte-t-il. Et il picore toujours des idées. Le jeu de contre du Porto de Mourinho, le 4-4-2 de Manchester, le jeu défensif du PSV deHiddink.« À partir de là, il invente des exercices pour l’entraînement », explique De Zerbi. « Il m’est même arrivé de m’inspirer de matches à sept contre sept d’équipes de benjamins pour des entraînements sur surface réduite », glisse Antonetti. Téléphage, il fait des résumés d’une dizaine de minutes de tous les matches qu’il voit « pour [me] les repasser de temps en temps ». Mais il n’abrutit pas les joueurs avec ça. « Il a juste cette volonté de tout planifier et de ne rien laisser au hasard. Il ne faut pas chercher plus loin les raisons de notre sauvetage de la saison dernière », précise Ricort.
ANTONETTI ET L’AMOUR DU JEU
« Rien
n’énerve plus le coach que d’entendre dire que Nice est une équipe physique et
agressive », dit Echouafni. Antonetti défendra toujours des vertus de
combativité et de solidarité mais, aujourd’hui, son équipe produit du jeu,
souvent beaucoup de jeu. « À Bastia, ce n’était pas ça mais on sentait que ça le
démangeait qu’on joue », dit Rool. « À Bastia, je faisais avec les moyens qu’on
avait, précise Antonetti. On récupérait et on contrait. C’est à Saint-Étienne
que j’ai changé. On était les favoris en L 2, les adversaires restaient dans
leur moitié de terrain et il a bien fallu trouver des solutions. » Ça lui est
resté. Antonetti n’est jamais aussi heureux que quand son équipe ressort le
ballon, brille dans le jeu de passes et déstabilise son adversaire. « Il insiste
là-dessus sans cesse et veut qu’on aille vers l’avant, dit Echouafni. Ça
sous-entend beaucoup de répétition à l’entraînement pour prendre en compte les
qualités des joueurs et la coordination des mouvements. » « Mon job, dit
Antonetti, c’est d’arriver à faire penser la même chose en même temps aux
joueurs. Ça ne se fait que grâce à leur adhésion et leur talent. »