Le réveil inattendu du CNE
Extrait Sport24.com
En sommeil depuis le terrible désaveu qu’il avait subi au moment du PSG-OM de
mars dernier, le Conseil National de l’Ethique revient sur le devant de la scène
en sanctionnant d’un mois de suspension ferme les présidents niçois et nancéien
pour propos déplacés envers l’arbitrage.
Pour ceux qui en doutaient, le Conseil National de l’Ethique (CNE) existe
encore. Apparu sur le devant de la scène lors du PSG-OM de la saison dernière,
l’organe présidé par Dominique Rocheteau n’avait pas hésité à frapper très fort
les deux clubs en leur retirant le point du match nul qui avait sanctionné leur
rencontre, assorti de trois mois de suspension ferme à l’encontre de leur
président respectif, Pierre Blayau et Pape Diouf. La raison ? La formation
phocéenne s’était déplacée avec son équipe réserve au Parc des Princes en raison
d’un imbroglio concernant le nombre de places allouées à ses supporters lors de
cet affrontement. Un grand moment de n’importe quoi dont le CNE estimait «qu’il
portait gravement atteinte à l’image du football.» Indignés, les deux clubs se
tournaient alors vers la Commission supérieure d’appel de la FFF qui… leur
donnait en partie raison en levant le retrait d’un point. La légitimité du CNE
en prenait un dur coup, avant que le CNOSF ne lui porte ce que l’on pensait être
le coup de grâce en relaxant les deux présidents de toute peine. Sa réaction à
l’époque était sans équivoque : «Après avoir évoqué les raisons qui ont amené
l'Assemblée fédérale de juillet 2005 à lui accorder un pouvoir disciplinaire, le
Conseil considère que compte tenu de la spécificité de l'éthique, les sanctions
qu'il est amené à prendre ne peuvent pas forcément coïncider avec les usages en
vigueur, mais doivent avant tout avoir une valeur d'exemple afin de servir
l'intérêt supérieur du football.» Sous-entendu, en l’absence d’un véritable
pouvoir et aussi d’un véritable soutien, le CNE considère qu’il ne sert à rien.
Point final ?
Des présidents
sanctionnés
Pas vraiment, car tout le
petit monde du football a conscience de la nécessité de cet organe disciplinaire
alors que les manquements à l’éthique se font sans cesse plus nombreux. Encore
fallait-il lui donner les moyens d’agir, ce que soutenait Frédéric Thiriez à la
fin de la saison dernière : «Pour avoir été à l’initiative de sa création (…) et
avoir milité pour qu’il soit doté d’un pouvoir disciplinaire, je soutiens la
démarche du CNE de voir renforcer ses compétences. Je ferai des propositions en
ce sens très rapidement. Le football français a besoin d’une autorité de
l’éthique forte et indépendante.» Des propositions qui ont longtemps fait figure
de lettres mortes, jusqu’à ce mardi où le CNE semble renaître de ses cendres. En
effet, en plein débat sur l’arbitrage, le Conseil a décidé de sanctionner les
propos de certains acteurs de la Ligue 1 qui s’en prenaient sévèrement aux
hommes en noir. Ainsi, le «Tant qu’on aura un arbitrage à la c…, on n’y arrivera
pas» du président nancéien Jacques Rousselot lui rapporte un mois de suspension
ferme. Même sanction pour son homologue niçois Maurice Cohen, qui s’était plaint
avec véhémence après la défaite de son équipe à Rennes lors de la 10e journée
(1-0).
Son entraîneur, Frédéric Antonetti, n’y était pas allé non plus de main morte,
en évoquant «un manque de courage des arbitres» et en faisant référence au
scandale des matches truqués en Italie par un «les problèmes ne s’arrêtent pas à
Vintimille.» Conséquence, trois matches de suspension, dont seulement un ferme
en raison de la repentance dont a fait preuve le Corse dans la presse dans les
jours qui suivirent. Maintenant, chat échaudé craignant l’eau froide, le CNE va
attendre avec une certaine impatience, mêlée d’inquiétude, l’issue des appels
que le président niçois a décidé d’interjeter (au contraire d'Antonetti et de
Rousselot, qui ont décidé de ne pas faire appel). Avant de se pencher sur
d’autres cas, comme celui de Guy Lacombe et son DVD exclusif sur toutes les
fautes d’arbitrage ayant frappés le Paris SG depuis le début de la saison ?