Ils sont déjà si forts
Extrait L'Equipe
Photo Reuters
L’Olympique
Lyonnais est une sorte de paquebot qui roule à la vitesse d’un offshore. Un
monstre insatiable. Puissant et virevoltant. En cette fin du mois d’août, et
même si cela demandera bien sûr confirmation dans les semaines qui viennent, il
ne semble vraiment plus rien manquer à Lyon. Son calendrier de début de saison
avait provoqué l’agacement de Jean-Michel Aulas, son président, et laissait
imaginer que la moindre faille serait sanctionnée. Pour la première fois, le
discours de ses concurrents potentiels était d’ailleurs marqué d’une part
d’ambition. Mais le « boss » est allé s’imposer à Nantes (3-1), à Bordeaux
(2-1), puis à Nice (4-1), hier après-midi. Le quintuple champion de France n’a
perdu que deux points en chemin et, paradoxalement, c’était à domicile, contre
Toulouse (1-1).
Avant l’affrontement entre Marseille et Le Mans (18 heures), deux équipes qui
peuvent revenir à sa hauteur en cas de victoire, Lyon mène la danse et a déjà
écœuré du monde en chemin avant la trêve internationale. Il ne faut surtout pas
écouter ceux qui disent que le scénario de la Ligue 1 est déjà ficelé pour ce
qui concerne son sommet. Mais même si le recrutement, qui n’est toujours pas
terminé (lire par ailleurs), n’a pas encore donné satisfaction à tout le monde à
Lyon et a provoqué quelques désaccords entre les hommes forts du club, on se dit
forcément qu’il faudra vraiment être brillant pour titiller ces Gones-là. A
Nice, les coéquipiers de Juninho, malade et remplacé à la pause, ont encore été
menés au score. Comme à Nantes, comme à Bordeaux. Comme dans l’Ouest, ils se
sont imposés dans le Sud.
Ils avaient d’ailleurs été placés en position défavorable, contre toute logique,
à la suite d’une perte de balle de Juninho au milieu et d’un lob formidable de
Vahirua (27e), alors que Nice n’avait pas existé. Sur un centre de Réveillère
dégagé par Abardonado juste au-dessus (5e), sur une frappe de Wiltord repoussée
par Lloris d’un bel arrêt réflexe (5e), sur quelques actions brûlantes sur
corner et encore sur ce coup franc de Juninho juste au-dessus (21e), Lyon avait
déjà imposé sa marque.
Houllier : « On n’est pas parfaits »
Avant le but de Vahirua, Nice était perdu, dépassé par la maîtrise technique et
la puissance physique adverses, et même si l’OL fut un peu déstabilisé par
l’ouverture du score, Tiago, sur la barre (36e), et Juninho, sur un nouveau coup
franc détourné par Lloris (39e), avaient déjà failli égaliser avant la pause.
Cela n’avait pourtant pas totalement satisfait Houllier : « On a bien joué, mais
on a manqué d’un peu de mordant. On a été trop confortables dans certaines
zones. » Au retour des vestiaires, ses joueurs ont encore élevé leur niveau.
Wiltord a été remarquable, Tiago immense, Malouda a égalisé (49e) sur une passe
en retrait de rêve du Portugais. Il a ensuite délivré deux passes décisives, à
Tiago, sur coup franc (3-1, 74e), et à Benzema, juste avant (2-1, 69e). Ce
dernier, préféré à Carew pour succéder à Fred en cours de match, profita du
temps additionnel pour marquer un quatrième but sur un penalty consécutif à une
main de Yahia (90e + 1).
Au-delà du score, c’est l’impression offerte par les Lyonnais après
l’égalisation qui a marqué les esprits. Ils ont alors maîtrisé le jeu de manière
implacable, sans vraiment forcer, comme s’ils voulaient épuiser les Niçois en
les faisant courir après le ballon, avant de les anéantir. L’OL et l’OGCN
étaient à égalité, mais c’est comme si plus personne ne doutait de l’issue
finale. « 4-1, c’est dur pour Nice, dira gentiment Houllier, mais en même temps,
techniquement, je crois qu’on était au-dessus. Le bilan du mois est très
positif. La victoire à Bordeaux et celle-ci sont très probantes, plus qu’à
Nantes, où elle avait été acquise à l’arraché. » Il lui fut alors demandé si ce
succès pouvait porter un coup au moral de ses adversaires dans la lutte pour le
titre. Il assura que non, forcément : « On n’est pas parfaits, la preuve, on a
pris un but (comme à chaque rencontre depuis le début de saison). »
Hier, Squillaci a été préféré à Caçapa, si rarement remplaçant lorsqu’il n’est
pas blessé, comme si l’ancien sélectionneur des Bleus voulait aussi adresser un
signe à tout son groupe : « C’est aussi le but, oui. Mais je n’ai pas sanctionné
Claudio. Sylvain (Wiltord) a également remplacé François (Clerc). Simplement,
tout le monde ne jouera pas tout, et ce n’est pas un problème. C’est fini, le
temps où les joueurs ne pensaient qu’à leur petite personne. Chez nous, en tout
cas, c’est dépassé. » A Nice, dernier avec un point après quatre journées, on
n’en est pas à parler de ces considérations. Frédéric Antonetti a même déjà
déclaré l’état d’urgence : « Moi, je suis concret : on est derniers et on joue
le maintien. »