Le foot, une histoire de famille

L'Yonne Républicaine

 

 

L'Auxerrois Pascal Vahirua et Marama, son cousin Niçois, se prêtent au jeu de l'interview croisée. Le premier est âgé de 26 ans et joue en Ligue 1 sous les couleurs de l'OGC Nice, après avoir été formé à Nantes. Le second a 41 ans, et il a repris une licence amateur à l'AJ Auxerre, son club formateur, après une carrière professionnelle ponctuée de 22 sélections en équipe de France. Marama et Pascal Vahirua vivront différemment, mais intensément la rencontre Nice - Auxerre de demain. Les deux cousins se voient rarement, mais ils ont appris, loin de leur Polynésie natale, à entretenir des liens familiaux solides, même à distance.

Quel souvenir gardez-vous de votre dernière rencontre ?

Pascal. C'était lors du match aller. C'était l'occasion de se revoir, de parler un peu du pays, de la façon dont Marama gère sa carrière.

Marama. Nous nous sommes vus quand je suis venu jouer à Auxerre l'année dernière. Nous avons parlé de foot, de famille, d'enfants... les choses normales !

Quel regard jetez-vous sur le parcours sportif de votre cousin ?

Pascal. Pour l'instant, la carrière de Marama ne fait que débuter. Ce n'est que du positif. En plus, à Nice, il évolue dans un autre registre : celui de numéro 10. Il est moins présent devant le but. Il doit d'adapter.

Marama. Je n'essaie pas de me comparer à lui, mais Pascal est loin devant moi. Au niveau des sélections, du respect... A son époque, tout le monde avait peur de lui. C'était l'un des meilleurs ailiers gauche du monde.

Lui enviez-vous quelque chose ?

Pascal. Personnellement, non. Je n'ai rien à lui envier car je ne peux que me satisfaire de ce que j'ai fait.

Marama. Son pied gauche ! Et ses sélections, qu'il a obtenues logiquement, grâce à sa qualité. Il était le meilleur.

Pour vous, peut-on être l'homme de plusieurs clubs ?

Pascal. Dans mon coeur, je ne vous cache pas que je n'en ai qu'un. Mon club, c'est l'AJA. Je suis fier de reporter ce maillot. Si je devais avoir un deuxième « club », ce serait la Polynésie. Pour Marama, c'est différent. Sa carrière commence seulement. A lui de la gérer, d'évoluer.

Marama. C'est encore possible aujourd'hui. Regardez Da Rocha (son ancien coéquipier, NDLR) : il a fait toute sa carrière à Nantes. Mais c'est de plus en plus rare. À l'époque de Pascal, c'était logique, normal. La mode des transferts n'existait pas. On restait dans un club à cause des sentiments. Maintenant, ça ne fonctionne plus comme ça. Les transferts sont devenus une chose habituelle.

Qu'est-ce qui vous manque le plus de la Polynésie ?

Pascal. C'est la famille. Mais la vie d'un footballeur demande des sacrifices. J'aimerais rendre à la Polynésie ce qu'elle m'a apporté. J'envisage sérieusement de retourner y vivre. Mais ce serait un nouveau sacrifice, pour ma famille cette fois.

Marama. Au-delà de ma famille, ce sont les gens, leur mentalité. Ici, tout le monde est stressé ! Si on reste deux secondes de trop à un feu rouge, on se fait klaxonner ! Chez moi, c'est cool ! Depuis mon enfance, je passe toutes mes vacances là-bas. Comme Pascal, je ne peux pas me séparer de tout ça, couper les ponts. Mais, moi, j'ai la chance d'avoir une femme Tahitienne ! Quand nous sommes en vacances, la question de la destination ne se pose même pas.

Quelle issue souhaitez-vous au match de demain ?

Pascal. Nous (sic) n'avons pas trop d'alternatives. Nous sommes quand même dans le négatif actuellement, à l'extérieur. Ce serait bien de mettre fin à cette série à Nice. Mais affronter Lyon et Nice, c'est complètement différent. J'ai un peu peur du relâchement.

Marama. La victoire, bien sûr ! Il nous manque trois ou quatre points pour nous sauver. Gagner ce week-end nous sauverait à 90 %. Alors j'aimerais que les Auxerrois viennent pas trop motivés, juste pour profiter du soleil !

Quel message voudriez-vous faire passer à votre cousin ?

Pascal. J'aimerais seulement lui souhaiter de continuer sur le même chemin, et lui dire qu'il a les moyens d'évoluer dans un club plus huppé.

Marama. Je voudrais qu'il rachète un téléphone ! Il en change tout le temps. Un coup il en a, un coup il n'en a plus ! Et j'aimerais lui passer le bonjour, parce que ça fait un petit moment que je ne l'ai pas fait.
 

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